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Blanchiment, fraude fiscale, corruption, manipulation des cours... : depuis la crise de 2008, la banque HSBC est au coeur de tous les scandales.
Créée à Hong Kong, il y a un siècle et demi, par des commerçants écossais liés au trafic d’opium, HSBC (Hongkong and Shanghai Banking Corporation) n’a cessé de prospérer en marge de toute régulation. Aujourd’hui, la banque britannique à l’ADN pirate incarne à elle seule les excès et les dérives de la finance internationale. Blanchiment de l’argent du crime – celui des cartels de la drogue mexicains et colombiens –, évasion fiscale massive, corruption ou manipulation du cours des devises et des taux d’intérêt : depuis la crise de 2008, ce géant a été mêlé à de nombreux scandales avec régularité et en toute impunité. Car l’opaque HSBC, experte en sociétés-écrans, dont les coffres débordent d'argent liquide déposé par ses clients discrets et douteux, est devenue "too big to jail", "trop grosse pour aller en prison". La banque, riche de quelque 3 000 milliards de dollars, s’en tire chaque fois avec des amendes dérisoires. Trait d’union entre l’Orient et l’Occident, elle sert aussi désormais de pipeline pour les centaines de milliards d’euros de capitaux chinois partant à la conquête des marchés occidentaux : HSBC navigue aujourd'hui sous pavillon rouge.
Créée à Hong Kong, il y a un siècle et demi, par des commerçants écossais liés au trafic d’opium, HSBC (Hongkong and Shanghai Banking Corporation) n’a cessé de prospérer en marge de toute régulation. Aujourd’hui, la banque britannique à l’ADN pirate incarne à elle seule les excès et les dérives de la finance internationale. Blanchiment de l’argent du crime – celui des cartels de la drogue mexicains et colombiens –, évasion fiscale massive, corruption ou manipulation du cours des devises et des taux d’intérêt : depuis la crise de 2008, ce géant a été mêlé à de nombreux scandales avec régularité et en toute impunité. Car l’opaque HSBC, experte en sociétés-écrans, dont les coffres débordent d'argent liquide déposé par ses clients discrets et douteux, est devenue "too big to jail", "trop grosse pour aller en prison". La banque, riche de quelque 3 000 milliards de dollars, s’en tire chaque fois avec des amendes dérisoires. Trait d’union entre l’Orient et l’Occident, elle sert aussi désormais de pipeline pour les centaines de milliards d’euros de capitaux chinois partant à la conquête des marchés occidentaux : HSBC navigue aujourd'hui sous pavillon rouge.
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ÉducationTranscription
00:00:00A massive leak,
00:00:02more than 11 million records,
00:00:04is shedding light on how dark money
00:00:07flows through the global financial system.
00:00:13These types of offshore entities
00:00:15have been used for decades.
00:00:17These types of offshore entities
00:00:19have been used for decades.
00:00:24For involvement with terrorist organizations
00:00:29or authoritarian regimes,
00:00:30in North Korea and Syria.
00:00:33Chiefs and beneficiaries
00:00:34donnent des vertiges.
00:00:36On y trouve six chefs d'État.
00:00:38Depuis une dizaine d'années,
00:00:40les plus grandes banques internationales
00:00:41sont impliquées dans de multiples scandales.
00:00:43Un nom incarne les excès
00:00:48de cette finance hors-la-loi.
00:00:52HSBC.
00:00:55Quel que soit l'endroit où vous vivez
00:00:57et votre activité,
00:00:59si vous voulez offrir des comptes secrets
00:01:00à l'étranger,
00:01:01HSBC est votre banque.
00:01:07Il y a à la fois l'argent de la drogue,
00:01:09à la fois l'argent du terrorisme,
00:01:11à la fois l'argent des diamantaires belges,
00:01:13à la fois l'argent du Gotha,
00:01:15du showbiz.
00:01:22De Genève à Hong Kong,
00:01:24de New York à Paris,
00:01:26cet empire financier
00:01:27a su tisser un réseau unique
00:01:29pour faire tourner l'argent noir
00:01:31autour de la planète.
00:01:35HSBC est l'une des meilleures
00:01:37blanchisseuses d'argent sale au monde.
00:01:39Évasion fiscale,
00:01:43blanchiment de l'argent des mafias,
00:01:45manipulation du cours des monnaies,
00:01:47HSBC est de tous les mauvais coups.
00:01:50Des membres des cartels de la drogue
00:01:55venaient déposer dans les agences
00:01:57des centaines de milliers de dollars,
00:01:59parfois des millions de dollars en espèces.
00:02:01de l'argent du US.
00:02:04Nous sommes ici aujourd'hui
00:02:05pour annoncer la file
00:02:06des charges criminelles
00:02:07contre l'HSBC.
00:02:10Cette banque a violé
00:02:12toutes les règles
00:02:13qu'une banque peut violer.
00:02:17Souvent poursuivie,
00:02:19mais jamais condamnée.
00:02:20HSBC bénéficie d'une incroyable impunité
00:02:31et engrange toujours plus de profits.
00:02:36Normalement, cette banque aurait dû fermer.
00:02:38Elle aurait dû perdre sa licence.
00:02:43Depuis Londres,
00:02:45les banquiers d'HSBC
00:02:46ont réduit les gouvernements
00:02:48à l'impuissance.
00:02:52Est-ce que les banques
00:02:56s'en tirent toujours bien ?
00:02:57Oui, c'est le capitalisme
00:02:59et les banques ont beaucoup d'influence.
00:03:04On a besoin d'honnêteté
00:03:06et de morale.
00:03:07Et il faut que les grands patrons
00:03:09des grandes banques
00:03:09viennent s'expliquer devant le peuple.
00:03:15HSBC a été de tous les scandales.
00:03:18au moment où le cœur
00:03:19de la finance internationale
00:03:21se déplace vers l'Asie,
00:03:23la grande question, c'est
00:03:24quel est son prochain coup ?
00:03:26?
00:03:36Sous-titrage Société Radio-Canada
00:03:38Sous-titrage Société Radio-Canada
00:04:08C'est ici qu'elle est née et qu'elle réalise la majeure partie de ses profits.
00:04:21Car Hong Kong est le nouvel Eldorado de la finance mondiale.
00:04:26Chaque année, la ville s'enrichit des centaines de milliards d'euros
00:04:29accumulés par les nouvelles fortunes chinoises.
00:04:39Hong Kong est sans doute la seule ville au monde à comprendre la Chine.
00:04:48Vous voulez faire du commerce avec la Chine ?
00:04:51Vous n'y avez jamais mis les pieds ?
00:04:53Ce n'est pas un pays facile à comprendre.
00:04:55Mais nous, parce que nous sommes si proches culturellement,
00:04:58nous comprenons et savons ce que les businessmen chinois veulent.
00:05:01Nous sommes les meilleurs intermédiaires pour faire des affaires avec la Chine.
00:05:13En même temps, la plupart des Chinois ne savent pas comment l'Occident fonctionne.
00:05:18Alors, si je suis un riche chinois qui veut t'investir à l'étranger,
00:05:25je vais appeler en premier mes amis à Hong Kong
00:05:26et leur demander à qui dois-je m'adresser.
00:05:29À qui dois-je m'adresser ?
00:05:31Hong Kong symbolise le grand basculement de la richesse de l'Occident vers l'Asie.
00:05:41Et HSBC profite de sa position unique.
00:05:51Elle est la plus chinoise des banques occidentales
00:05:53ou la plus européenne des banques chinoises.
00:05:56Quand les Chinois viennent à Hong Kong,
00:06:12ils se tournent naturellement vers HSBC.
00:06:17On a souvent vu des touristes chinois
00:06:20débarquer dans nos agences avec des sacs remplis de billets de banque.
00:06:26Cela se passait comme ça au début, ce n'est pas un secret.
00:06:30C'est un secret, mais ça s'est passé.
00:06:32C'est un secret, mais ça s'est passé.
00:07:02Un régime semi-capitaliste, mais quand même plus capitaliste que la plupart des pays,
00:07:07c'est comme vivre dans un livre d'histoire.
00:07:12Et HSBC en fait partie.
00:07:14Je suis leur client depuis des années.
00:07:27Et je peux vous l'affirmer,
00:07:30HSBC a fait la richesse de la plupart des milliardaires de Hong Kong.
00:07:33Hong Kong est la Suisse de l'Asie.
00:07:45Au nouveau milliardaire chinois,
00:07:47elle sert de plaque tournante pour investir leur fortune.
00:07:51Au reste du monde,
00:07:53elle propose toute une palette de services financiers haut de gamme.
00:07:56Cette ville est faite pour attirer l'argent sale.
00:08:14C'est une juridiction extrêmement secrète,
00:08:19mais c'est aussi un immense entrepreneur financier
00:08:21et l'un des principaux centres de l'industrie offshore.
00:08:26Cette combinaison entre le volume des opérations
00:08:29et l'épaisseur du secret
00:08:31constitue l'une des plus grandes menaces
00:08:34pour la stabilité financière internationale.
00:08:36Depuis Hong Kong,
00:08:46c'est très facile de contacter les îles vierges britanniques
00:08:48et leur demander de créer une société.
00:08:54Ils le font en 24 heures.
00:09:00Au mois d'avril 2016,
00:09:02une poignée de journalistes d'investigation
00:09:05dévoilent un trésor.
00:09:0711 millions de documents confidentiels
00:09:09qui racontent le fonctionnement
00:09:10d'un cabinet d'avocats spécialiste de l'évasion fiscale.
00:09:15C'est le scandale des Panama Papers.
00:09:18L'onde de choc planétaire provoquée
00:09:20par le scandale Panama Papers.
00:09:26De cette boîte noire du blanchiment d'argent
00:09:29émergent deux acteurs clés,
00:09:32Hong Kong et la banque HSBC.
00:09:36Nous savions que c'était l'une des banques
00:09:48favorites de ceux qui souhaitaient bénéficier
00:09:50de comptes secrets à l'étranger.
00:09:52Alors, quand nous avons entré le nom HSBC
00:09:58dans notre banque de données,
00:10:01nous avons vu des milliers de résultats,
00:10:03des milliers de mails,
00:10:04de tableaux,
00:10:05de documents
00:10:06qui détaillaient le rôle d'HSBC
00:10:08dans l'industrie des comptes secrets.
00:10:10Hong Kong a toujours joué les aveugles
00:10:30quant à l'origine des fonds
00:10:32qui sont investis.
00:10:33L'impact des Panama Papers
00:10:40à Hong Kong
00:10:41a été bien plus faible
00:10:42que partout ailleurs,
00:10:43alors que ce sont les gens de Hong Kong
00:10:46qui ont créé la majorité
00:10:48de ces sociétés écrans.
00:10:49Et au milieu de cette vaste plateforme offshore
00:11:00règne l'une des plus grandes banques mondiales.
00:11:04C'est d'ailleurs exactement pour cela
00:11:06qu'elle a été créée.
00:11:06Hong Kong est le coffre-fort d'HSBC,
00:11:25un coffre-fort à double visage,
00:11:27celui de ces dizaines d'agences
00:11:29qui financent les particuliers
00:11:30et les entreprises,
00:11:32mais surtout celui invisible
00:11:34des sociétés écrans
00:11:35créés pour blanchir l'argent du crime,
00:11:38de la corruption
00:11:38et de la fraude fiscale.
00:11:45C'est intéressant de voir
00:11:50que la banque HSBC
00:11:51que nous connaissons,
00:11:52devant laquelle nous passons
00:11:53tous les jours
00:11:54en allant au travail
00:11:55ou à l'école,
00:11:56est à mille lieues de celles
00:11:58dont les activités
00:11:59et les clients
00:12:00apparaissent dans les Panama Papers.
00:12:05Un nombre incroyable
00:12:14d'hommes et de femmes
00:12:15d'affaires chinois
00:12:16et évidemment
00:12:17beaucoup de familles
00:12:18des dirigeants
00:12:18du parti communiste
00:12:19sont apparus
00:12:22dans les Panama Papers
00:12:23et ont utilisé Hong Kong
00:12:25comme plateforme
00:12:26pour accéder au monde
00:12:27des sociétés écrans.
00:12:28Ce n'est pas le genre
00:12:32de clients
00:12:33à entrer dans une agence
00:12:34pour encaisser un chèque
00:12:35ou déposer de l'argent.
00:12:44Je ne reviens pas
00:12:46de ce que je vois ici.
00:12:48Hong Kong n'exerce
00:12:49aucun contrôle
00:12:50à ses frontières.
00:12:51Si vous réussissez
00:12:52à sortir l'argent de Chine,
00:12:54vous arrivez ici
00:12:54avec un camion
00:12:55de 18 tonnes
00:12:56rempli de cash
00:12:56et personne ne vous posera
00:12:58de questions.
00:13:02Ancien agent infiltré
00:13:03au sein des réseaux
00:13:04de blanchiment
00:13:05des cartels de la drogue,
00:13:07Bill Mascher travaille maintenant
00:13:08pour le gouvernement chinois.
00:13:12Il traque les flux
00:13:13d'argent illégaux
00:13:14qui s'échappent du pays.
00:13:15Les deux plus grosses affaires
00:13:33de blanchiment d'argent
00:13:34à Hong Kong
00:13:34ces dernières années
00:13:35ont abouti
00:13:36à la condamnation
00:13:37d'une paysanne illettrée
00:13:39de 65 ans.
00:13:41Elle avait blanchi
00:13:41près d'un milliard d'euros.
00:13:43Ça fait beaucoup
00:13:52pour une vieille dame
00:13:53analfabète
00:13:53qui déposait chaque fois
00:13:5430 millions d'euros.
00:13:57Peu après,
00:13:59une autre personne
00:13:59est arrivée
00:14:00avec 13 milliards
00:14:01en liquide.
00:14:06C'était un jeune
00:14:07viré du lycée
00:14:08qui traversait
00:14:09chaque jour
00:14:09la frontière
00:14:10avec un camion
00:14:11transportant
00:14:1250 millions d'euros.
00:14:15Comment autant d'argent
00:14:17peut-il être injecté
00:14:18dans le système
00:14:19sans que personne
00:14:20à part deux idiots
00:14:21ne soit jeté en prison ?
00:14:23Il y a 40 ans,
00:14:40Hong Kong était peut-être
00:14:41le Far West,
00:14:42mais nous avons fait
00:14:43beaucoup de progrès
00:14:44et je ne crois pas
00:14:45qu'il soit juste
00:14:46de dire aujourd'hui
00:14:47que Hong Kong
00:14:48est un paradis fiscal.
00:14:48Je n'ai aucune idée
00:14:56des quantités d'argent
00:14:56qui arrivent de Chine.
00:14:59Nous ne gardons
00:14:59aucune trace
00:15:00de l'origine
00:15:00des fonds investis
00:15:01à Hong Kong,
00:15:03qu'ils viennent
00:15:03de Chine,
00:15:04d'Inde,
00:15:05de Singapour
00:15:05ou du Japon.
00:15:07Cela a toujours été
00:15:08et ce sera toujours
00:15:09le cas.
00:15:14Laura Cha
00:15:14est le visage
00:15:15du Manhattan
00:15:15de l'Asie.
00:15:16Elle incarne aussi
00:15:19toute l'opacité
00:15:19de cette place financière.
00:15:24Proche des dirigeants
00:15:25chinois pour qui
00:15:26elle a travaillé
00:15:26en tant que gendarme
00:15:27de la bourse,
00:15:29elle conseille aujourd'hui
00:15:30le gouvernement
00:15:30de Hong Kong
00:15:31tout en siégeant
00:15:33au conseil d'administration
00:15:34d'HSBC.
00:15:40Quel a été l'impact
00:15:41des Panama Papers
00:15:42à Hong Kong ?
00:15:44Ça a juste fait
00:15:46la une pendant
00:15:47quelques jours.
00:15:50Plus personne
00:15:51n'en parle.
00:15:56Aujourd'hui,
00:15:57il y a une exigence
00:15:58de morale.
00:15:59Or,
00:15:59l'évasion fiscale
00:16:00est immorale.
00:16:02Ça ne pose aucun problème
00:16:03aux entreprises
00:16:04de Hong Kong
00:16:04d'avoir des filiales
00:16:05aux Îles Vierges,
00:16:07aux Caïmans
00:16:07ou aux Bermudes.
00:16:09Certaines sont
00:16:09même cotées en bourse.
00:16:11Et ça ne pose
00:16:11aucun problème ?
00:16:12Non, aucun.
00:16:23À Hong Kong,
00:16:24HSBC fait figure
00:16:25d'intouchable.
00:16:31La banque préférée
00:16:32des Chinois
00:16:33est protégée
00:16:34par les plus hautes
00:16:34autorités.
00:16:37Elle est depuis toujours
00:16:39l'un des piliers
00:16:39du pouvoir local.
00:16:44HSBC fait partie
00:16:45de Hong Kong.
00:16:47Beaucoup de gens
00:16:47possèdent leur compte
00:16:48là-bas.
00:16:49Cette banque
00:16:50appartient
00:16:51à leur vie quotidienne.
00:16:53Peut-être est-ce
00:16:54la raison
00:16:54du succès
00:16:55d'HSBC ?
00:16:58L'histoire d'HSBC
00:17:04épouse celle
00:17:05de Hong Kong.
00:17:14La banque
00:17:15et l'ancienne
00:17:16colonie
00:17:16sont nées ensemble
00:17:17il y a plus
00:17:18de 150 ans.
00:17:19A l'époque,
00:17:26la couronne britannique
00:17:27rêve de conquérir
00:17:28le marché chinois
00:17:29interdit aux occidentaux.
00:17:32Les premiers colons
00:17:33choisissent
00:17:34le port de pêche
00:17:34de Hong Kong
00:17:35comme base avancée
00:17:36pour leur guerre commerciale.
00:17:37C'était un endroit
00:17:49connu pour la piraterie,
00:17:50pour les maladies
00:17:51et la prostitution
00:17:52où il ne faisait pas bon
00:17:54investir son argent.
00:17:56En Angleterre,
00:17:57dans les pubs,
00:17:58les gens chantaient
00:17:58cette chanson
00:17:59« Va à Hong Kong
00:18:00pour moi,
00:18:01je ne veux pas y aller.
00:18:01Ok ?
00:18:02Vas-y à ma place. »
00:18:06Les britanniques
00:18:07se lancent
00:18:08dans le commerce
00:18:08de l'opium
00:18:09à destination
00:18:10de la population chinoise.
00:18:21Devant le succès
00:18:22de la drogue,
00:18:23l'empereur fait brûler
00:18:24les cargaisons
00:18:25des trafiquants.
00:18:31Londres envoie
00:18:32sa flotte militaire
00:18:33et déclenche
00:18:34la guerre de l'opium.
00:18:36Les chinois capitulent
00:18:38et les britanniques
00:18:40obtiennent la possession
00:18:41de Hong Kong
00:18:41pour 99 ans.
00:18:51Les britanniques
00:18:52contrôlaient une grande partie
00:18:53de l'Inde
00:18:53où poussait l'opium.
00:18:55Ils ont compris
00:18:56que c'était ce que
00:18:57les chinois voulaient
00:18:57et qu'ils pouvaient
00:18:58en fournir
00:18:59de grandes quantités.
00:18:59avant que l'opium
00:19:04ne devienne populaire
00:19:05auprès des chinois,
00:19:06la balance commerciale
00:19:07penchait en leur faveur.
00:19:09Après,
00:19:09elle est devenue
00:19:10favorable aux britanniques.
00:19:17Le commerce de l'opium
00:19:19connaît son âge d'or.
00:19:21Les colons
00:19:21ont besoin d'une banque,
00:19:23ils créent HSBC,
00:19:25la Hong Kong
00:19:26and Shanghai Banking Corporation.
00:19:27Au premier conseil
00:19:35d'administration,
00:19:37siègent les plus gros
00:19:37trafiquants de la ville,
00:19:39la plupart écossais.
00:19:42HSBC n'a pas forcément
00:19:45été créé par des trafiquants
00:19:46d'opium,
00:19:46mais par des commerçants
00:19:48qui étaient impliqués
00:19:48dans ce trafic.
00:19:49On a souvent dit
00:20:01que la culture d'HSBC
00:20:03était imprégnée
00:20:04de la mentalité écossaise.
00:20:07C'était une manière polie
00:20:08de dire qu'ils étaient radins,
00:20:10mais aussi travailleurs
00:20:11et consciencieux.
00:20:12Les qualités traditionnelles
00:20:13des écossais, en somme.
00:20:14scottiques, en somme.
00:20:20C'étaient des gens
00:20:23à l'esprit pratique,
00:20:24pas des intellectuels.
00:20:26C'était comme un régiment
00:20:27avec sa propre culture
00:20:29qui regardait le monde extérieur
00:20:30avec suspicion.
00:20:33A Hong Kong, HSBC
00:20:39prend le pouvoir.
00:20:43Elle imprime la monnaie locale,
00:20:45finance la construction
00:20:46de la ville
00:20:47et sert les intérêts
00:20:48de sa majesté
00:20:49en Extrême-Orient.
00:20:58Il y avait trois ou quatre
00:21:01centres de pouvoir
00:21:02au sein de cette petite communauté.
00:21:04Le gouverneur, bien sûr,
00:21:06nommé par Londres,
00:21:07le président du jockey club
00:21:09à cause des courses de chevaux
00:21:10et le troisième
00:21:11était le président de HSBC.
00:21:13La banque s'est toujours
00:21:15maintenue au sommet.
00:21:16HSBC était toujours
00:21:17là, à la top.
00:21:26Hong Kong reste la principale
00:21:30source de profit pour HSBC.
00:21:31« Si Hong Kong va bien,
00:21:35HSBC va bien.
00:21:36Et si HSBC va bien,
00:21:38Hong Kong va bien. »
00:21:40HSBC n'a jamais changé son ADN.
00:21:47Hier, banque de pirates,
00:21:49elle continue d'officier
00:21:50du côté obscur de la finance.
00:21:54Seule différence,
00:21:56elle ne joue plus seulement
00:21:57à Hong Kong.
00:21:59La banque est devenue
00:22:00un empire mondial.
00:22:02HSBC a failli fermer.
00:22:25Le sort de la banque
00:22:26s'est joué aux Etats-Unis
00:22:27en 2012,
00:22:29quatre ans après
00:22:29le déclenchement
00:22:30de la crise.
00:22:31Nous sommes ici aujourd'hui
00:22:41pour annoncer
00:22:42le filing
00:22:43de charges criminelles
00:22:44contre l'HSBC
00:22:45pour son soutenir
00:22:47et systémique
00:22:47pour se protéger
00:22:48contre la corruption
00:22:49de notre système financier
00:22:50par les drogue-traffickers
00:22:52et autres criminels
00:22:53et pour éviter
00:22:54la loi de la loi de l'U.S.
00:22:54Le ministère de la Justice
00:23:01accuse HSBC
00:23:02de blanchir l'argent
00:23:03des cartels mexicains
00:23:04et colombiens
00:23:05qui contrôlent
00:23:06le trafic de la cocaïne.
00:23:11Près d'un milliard d'euros
00:23:12auraient transité
00:23:13par sa filiale mexicaine
00:23:14avant d'être recyclée
00:23:15dans l'économie américaine.
00:23:17Des membres des cartels
00:23:30de la drogue
00:23:30venaient déposer
00:23:31dans les agences
00:23:32des centaines
00:23:33de milliers de dollars,
00:23:34parfois des millions
00:23:35de dollars en espèces.
00:23:39Ils étaient remis
00:23:40au guichet
00:23:40dans des boîtes
00:23:41spécialement conçues
00:23:42pour passer
00:23:43par la vitre
00:23:43de protection.
00:23:46Les emplois
00:23:47employés d'HSBC
00:23:48acceptaient les dépôts,
00:23:49créditaient les comptes
00:23:50et fournissaient un reçu
00:23:52sans jamais dénoncer
00:23:53ces transactions.
00:23:58Il ne s'agissait pas
00:23:59d'incidents isolés,
00:24:01mais de pratiques
00:24:02systématiques
00:24:02pendant une décennie.
00:24:04Un jour,
00:24:18un individu
00:24:19a déposé
00:24:203 ou 4 millions
00:24:21de dollars.
00:24:24Les employés
00:24:25ont passé
00:24:25toute la journée
00:24:26à compter
00:24:27les coupures.
00:24:27Il s'agissait
00:24:31seulement
00:24:31de quelques millions.
00:24:33Imaginez cela
00:24:34multiplier
00:24:35plusieurs centaines
00:24:36de fois
00:24:36et vous obtenez
00:24:38881 millions
00:24:40de dollars.
00:24:45L'enquête
00:24:46est accablante.
00:24:48Non seulement
00:24:49des salariés
00:24:49de la banque
00:24:50ont travaillé
00:24:51main dans la main
00:24:51avec des organisations
00:24:52criminelles
00:24:53responsables
00:24:54de milliers
00:24:55d'assassinats,
00:24:57mais leur direction
00:24:58a ignoré
00:24:59toutes les alertes.
00:25:03Les autorités
00:25:04américaines
00:25:04et mexicaines
00:25:05ont alerté
00:25:06la banque
00:25:06à de multiples reprises.
00:25:09Elles l'ont même
00:25:09prévenu
00:25:10qu'elles avaient
00:25:10des enregistrements
00:25:11de trafiquants
00:25:12de drogue
00:25:13où ils affirmaient
00:25:14qu'HSBC
00:25:15était la banque
00:25:15idéale
00:25:16pour blanchir
00:25:16l'argent.
00:25:22Londres
00:25:22savait tout.
00:25:26Ils s'en foutaient.
00:25:27Ils ne s'en foutaient.
00:25:34L'enjeu est grave.
00:25:37La banque risque
00:25:37de perdre sa licence
00:25:38aux Etats-Unis.
00:25:40De quoi précipiter
00:25:41la chute d'une entreprise
00:25:42qui emploie
00:25:43300 000 salariés
00:25:44sur les 5 continents
00:25:45et gère un trésor
00:25:47de 3 000 milliards
00:25:48de dollars.
00:25:50Si HSBC
00:25:51était un pays,
00:25:52elle serait
00:25:53la 5e puissance
00:25:54économique mondiale.
00:25:55ses dirigeants
00:26:00se rendent
00:26:00à Washington
00:26:01pour être auditionnés
00:26:02par le Sénat.
00:26:04Il faut sauver
00:26:07le soldat
00:26:07HSBC.
00:26:08s'il vous plaît
00:26:09que la testimonie
00:26:10que vous vous donnez
00:26:11sera la vérité,
00:26:12la vérité,
00:26:12la vérité,
00:26:12et rien de la vérité,
00:26:13donc vous aidez-vous,
00:26:14Dieu.
00:26:14Oui, j'ai dit.
00:26:15Je reconnais
00:26:18qu'il y a eu
00:26:18des éléments
00:26:19significatifs
00:26:19d'erreur.
00:26:21Je l'ai dit
00:26:22avant et je le dirai
00:26:23encore,
00:26:24que,
00:26:24despite les meilleures
00:26:25efforts
00:26:25et intentions
00:26:26de nombreux
00:26:27professionnels dédicés,
00:26:28HSBC
00:26:29a fallu
00:26:30short
00:26:30de nos propres
00:26:30expectations
00:26:31et les expectations
00:26:33de nos régulateurs.
00:26:42Ils arrivent aux auditions,
00:26:44font acte de contrition,
00:26:46se défausse
00:26:46de leurs responsabilités,
00:26:48le Sénat pose
00:26:49plus de questions,
00:26:50ils s'excusent
00:26:50encore plus
00:26:51et c'est fini.
00:26:53Une déclaration
00:26:53aux médias
00:26:54et l'affaire
00:26:54est vite oubliée,
00:26:56ensuite un arrangement
00:26:57est conclu
00:26:57ou non.
00:27:12La plupart des dirigeants
00:27:17d'HSBC auditionnés
00:27:18ont esquivé
00:27:20toutes les questions.
00:27:23On a l'impression
00:27:24qu'ils lisaient
00:27:25le même script
00:27:26du même réalisateur
00:27:28qui avait dirigé
00:27:29auparavant
00:27:30les auditions
00:27:31des PDG
00:27:31des banques américaines.
00:27:49Le gouvernement Obama
00:27:50est divisé.
00:27:52Le ministère de la Justice
00:27:53veut faire un exemple
00:27:54tandis que le ministère
00:27:56du Trésor
00:27:56plaide pour un règlement
00:27:57à l'amiable.
00:28:02HSBC fait intervenir
00:28:04l'étoile montante
00:28:05de la politique britannique,
00:28:06le ministre de l'économie
00:28:07George Osborne.
00:28:13Il écrit une lettre
00:28:14à son homologue
00:28:15Timothy Geithner
00:28:16ainsi qu'au président
00:28:18de la banque centrale américaine
00:28:19Ben Bernanke
00:28:20dans laquelle il défend
00:28:22la cause d'HSBC.
00:28:26« Cher Ben,
00:28:28les questions sur la capacité
00:28:29durable d'HSBC
00:28:30de commercer en dollars
00:28:31risquent de déstabiliser
00:28:33la banque globalement
00:28:34avec de sérieuses conséquences
00:28:36pour la stabilité économique
00:28:37et financière,
00:28:39notamment en Europe
00:28:40et en Asie.
00:28:41J'adresse une copie
00:28:42de cette lettre
00:28:43au secrétaire au Trésor,
00:28:44M. Geithner,
00:28:45avec qui j'ai déjà évoqué
00:28:47cette question.
00:28:48Salutations sincères,
00:28:49George Osborne.
00:28:57Le ministre des Finances
00:28:58George Osborne
00:28:59a exercé
00:29:00d'énormes pressions politiques
00:29:02sur les autorités américaines.
00:29:05Pour lui,
00:29:06il s'agissait de protéger
00:29:07à tout prix
00:29:08la City de Londres.
00:29:11Normalement,
00:29:11la banque aurait dû être fermée
00:29:12et perdre sa licence
00:29:13aux États-Unis.
00:29:14On sort à peine
00:29:28de la crise de 2009.
00:29:30Il s'agit surtout
00:29:31de ne pas la relancer.
00:29:33Donc, George Osborne
00:29:34déclare
00:29:35« HSBC est une banque
00:29:37planétaire très puissante.
00:29:39Si vous l'inculpez,
00:29:40vous risquez de déstabiliser
00:29:42le système financier international.
00:29:44Cela en dit long
00:29:45sur le pouvoir des banques. »
00:29:51Deux mois plus tard,
00:29:52le gouvernement américain
00:29:53cède aux pressions
00:29:54de George Osborne
00:29:55et des milieux d'affaires.
00:30:01HSBC échappe au procès,
00:30:03ses dirigeants sont épargnés
00:30:04et les hauts fonctionnaires
00:30:06du ministère de la Justice
00:30:07font profil bas.
00:30:13La banque s'en tire
00:30:28avec une amende
00:30:29de 2 milliards d'euros,
00:30:30l'équivalent
00:30:31d'un mois de profit.
00:30:39Pour le citoyen lambda,
00:30:43l'amende paraît énorme.
00:30:45Pour une banque planétaire
00:30:47qui engrange
00:30:47des profits colossaux,
00:30:49l'amende est l'équivalent
00:30:50d'une contravention.
00:30:51en plus,
00:30:56à l'arrivée,
00:30:57elle n'est pas payée
00:30:58par les dirigeants
00:30:59de la banque,
00:30:59mais par les actionnaires.
00:31:04Donc,
00:31:04c'est une contravention
00:31:05adressée
00:31:06aux mauvaises personnes.
00:31:07Est-ce que j'ai le sentiment
00:31:12de m'être fait avoir
00:31:13avec cette amende ?
00:31:14Pas du tout.
00:31:17J'étais furieux
00:31:17contre le régulateur
00:31:19car le montant
00:31:20était obscène.
00:31:21Come on, Alan.
00:31:22Alan,
00:31:23soyez sérieux,
00:31:24ce ne sont pas
00:31:24les régulateurs
00:31:25qui sont sévères.
00:31:27Ce sont les banquiers
00:31:28d'HSBC
00:31:28qui commettent
00:31:29des choses abominables.
00:31:32Écoutez,
00:31:32quand on fait
00:31:33des affaires au Mexique,
00:31:35il y a forcément
00:31:36de l'argent de la drogue.
00:31:38Vous savez bien
00:31:39que cela fait partie
00:31:40du métier.
00:31:42L'argent a juste
00:31:42été transféré
00:31:43dans le monde entier.
00:31:46HSBC a été
00:31:47un peu naïve.
00:31:56HSBC a sauvé sa peau.
00:32:00La banque donne naissance
00:32:01à un nouveau privilège,
00:32:03celui d'être
00:32:04« too big to jail ».
00:32:05trop grosse
00:32:06pour être condamnée.
00:32:10C'est-à-dire
00:32:11au-dessus des lois.
00:32:16Mais le refus
00:32:16d'envoyer
00:32:17des banquiers
00:32:17en prison
00:32:18déclenche
00:32:18la colère
00:32:19de l'opinion.
00:32:25Les responsables
00:32:25du département
00:32:26du Trésor
00:32:27passent sur le grill.
00:32:28de l'avis.
00:32:29Merci.
00:32:29Merci, Mr.
00:32:29Chairman.
00:32:30Merci.
00:32:30And thank you
00:32:32all three
00:32:32for being here
00:32:33today.
00:32:33You know,
00:32:34how many
00:32:36billions
00:32:37of dollars
00:32:37do you have
00:32:38to launder
00:32:38for drug lords
00:32:40and how many
00:32:41economic sanctions
00:32:42do you have
00:32:42to violate
00:32:43before someone
00:32:46will consider
00:32:47shutting down
00:32:48a financial institution
00:32:50like this.
00:32:50Mr. Cohen,
00:32:51can we start
00:32:51with you?
00:32:53For our part,
00:32:54we impose
00:32:56on HSBC
00:32:57the largest penalties
00:32:59that we had
00:32:59ever imposed
00:33:00on any
00:33:00financial institution.
00:33:01Let me just
00:33:02move you along
00:33:03here, though,
00:33:03on the point,
00:33:03Mr. Cohen.
00:33:04My question is,
00:33:05in your opinion,
00:33:06how many billions
00:33:07of dollars
00:33:08do you have
00:33:09to launder
00:33:09for drug lords
00:33:10before somebody
00:33:12says,
00:33:12we're shutting
00:33:13you down?
00:33:14Well,
00:33:14Senator,
00:33:14the actions,
00:33:15and I'm sure
00:33:16the regulators
00:33:16can address
00:33:17this issue,
00:33:18the actions
00:33:18that we took
00:33:19in the HSBC
00:33:19case,
00:33:20we thought
00:33:21were appropriate
00:33:21in that instance.
00:33:23Governor Powell,
00:33:24perhaps you can
00:33:25help me out here?
00:33:26Sure.
00:33:26We don't do
00:33:27criminal investigation.
00:33:28And in the case
00:33:29of HSBC,
00:33:30we gave essentially
00:33:33the statutory
00:33:34maximum
00:33:34civil money penalties
00:33:35and we gave
00:33:36very stringent
00:33:39cease and desist
00:33:40orders
00:33:40and we did
00:33:41what we have
00:33:41the legal authority
00:33:41to do.
00:33:42I'll just say here,
00:33:43if you're caught
00:33:44with an ounce
00:33:45of cocaine,
00:33:46the chances are good
00:33:47you're going to go
00:33:47to jail.
00:33:48If it happens
00:33:49repeatedly,
00:33:50you may go to jail
00:33:51for the rest
00:33:52of your life.
00:33:52But evidently,
00:33:54if you launder
00:33:54nearly a billion dollars
00:33:56for drug cartels
00:33:58and violate
00:33:59our international
00:34:00sanctions,
00:34:01your company pays
00:34:02a fine and you go
00:34:03home and sleep
00:34:04in your own bed at night.
00:34:05Every single individual
00:34:06associated with this.
00:34:08I just, I think
00:34:09that's fundamentally wrong.
00:34:10you could say
00:34:13what banks
00:34:15are going to do
00:34:15with the criminals.
00:34:16Of course,
00:34:17because the individuals
00:34:19can't beat the system.
00:34:21But HSBC,
00:34:22yes.
00:34:32HSBC bought its impunity
00:34:34HSBC bought its immunity
00:34:36thanks to its grande
00:34:37taille.
00:34:38She could continue
00:34:39to operate
00:34:39with impunity.
00:34:47The banksters,
00:34:49the bankers-gangsters,
00:34:51have made it
00:34:51to the first
00:34:52economic power
00:34:53in the world
00:34:53in the
00:34:55so-called
00:34:56financial stability
00:34:57international.
00:34:58You have to ask
00:35:03if you don't
00:35:06follow these people
00:35:07who are you going to
00:35:08follow?
00:35:12Who has authority
00:35:14on an institution
00:35:16who operates
00:35:16in hundreds of countries?
00:35:17who can
00:35:22be able
00:35:23to attack
00:35:24a such a criminal
00:35:25enterprise?
00:35:32HSBC
00:35:33is already
00:35:33more than a bank.
00:35:37She changed
00:35:38its dimension
00:35:38and plays
00:35:39now in the
00:35:40court of the state.
00:35:44It's the
00:35:44aboutissement
00:35:45of a strategy
00:35:45that's 20
00:35:46years ago.
00:35:47tout démarre
00:35:58en 1997.
00:36:02La Grande-Bretagne
00:36:04restitue
00:36:04officiellement
00:36:05Hong Kong
00:36:05à la République
00:36:06Populaire
00:36:07de Chine.
00:36:11C'est la fin
00:36:12de l'Empire
00:36:12Britannique
00:36:13en Extrême-Orient
00:36:14après un siècle
00:36:15et demi
00:36:15de domination.
00:36:17La banque doit choisir,
00:36:39partir dans les valises
00:36:40de la couronne
00:36:41ou rester et passer
00:36:43sous la coupe de la Chine.
00:36:44La principale inquiétude
00:36:53d'HSBC
00:36:54pour la période
00:36:55post-1997
00:36:56était que les autorités
00:36:58chinoises
00:36:58imposent un changement
00:37:00à la tête de la banque,
00:37:01que les plus hauts cadres
00:37:02soient des Chinois,
00:37:05ce qui était
00:37:05totalement inacceptable
00:37:06pour toute cette génération
00:37:08de dirigeants britanniques.
00:37:20À cette époque,
00:37:23beaucoup à Hong Kong
00:37:24ont eu le sentiment
00:37:25d'être abandonnés.
00:37:27On s'est sentis trahis,
00:37:28comme si quelqu'un
00:37:29nous tournait le dos.
00:37:30On s'est dit
00:37:35« C'est la fin
00:37:36de la banque ».
00:37:39HSBC décide
00:37:44de jouer
00:37:44sur les deux tableaux.
00:37:50Elle déménage
00:37:51son siège
00:37:52à Londres
00:37:52mais conserve
00:37:54le cœur
00:37:55de ses affaires
00:37:55à Hong Kong.
00:38:01La Chine
00:38:02vient en effet
00:38:02d'ouvrir ses frontières
00:38:04et promet
00:38:04d'être un marché
00:38:05fabuleux.
00:38:08La priorité
00:38:09consiste à flatter
00:38:10les nouveaux maîtres
00:38:10de Pékin.
00:38:11Ils nous ont demandé
00:38:23de créer
00:38:24la plus belle banque
00:38:25du monde.
00:38:29Cette tour
00:38:29était une preuve
00:38:30de confiance
00:38:31dans l'avenir.
00:38:32C'était une manière
00:38:33de se projeter
00:38:34dans le futur,
00:38:36au-delà
00:38:36de la transformation
00:38:37de Hong Kong
00:38:38en territoire chinois.
00:38:41en même temps,
00:38:44c'était une manière
00:38:45d'afficher
00:38:45ses ambitions.
00:38:50HSBC
00:38:50était à l'époque
00:38:53une banque locale
00:38:53et ils sont devenus
00:38:55depuis des acteurs globaux.
00:39:02Mais nous n'avons
00:39:02vraiment réalisé
00:39:03cela que plus tard.
00:39:11Pionnière
00:39:13de la mondialisation,
00:39:15HSBC
00:39:15entend faire
00:39:16fructifier
00:39:17son ADN chinois.
00:39:26Dès le début
00:39:27des années 2000,
00:39:28elle est la première
00:39:29banque étrangère
00:39:29à s'implanter
00:39:30dans l'empire du milieu.
00:39:34Son président,
00:39:35Stephen Green,
00:39:37joue les ambassadeurs
00:39:38du capitalisme
00:39:39auprès des dirigeants
00:39:40du Parti communiste.
00:39:47Les dirigeants
00:39:50à Londres
00:39:50connaissent tellement
00:39:51bien la Chine.
00:39:55Ils passent au moins
00:39:56un tiers de leur temps
00:39:57à Hong Kong
00:39:57et voyagent
00:39:58sans cesse en Chine.
00:39:59Tandis que l'économie
00:40:08chinoise
00:40:09s'affirme
00:40:09comme le moteur
00:40:10de la croissance mondiale,
00:40:13les dirigeants
00:40:13d'HSBC
00:40:14placent leur pion.
00:40:19Au départ,
00:40:20nous étions
00:40:21les conseillers
00:40:21de la Banque
00:40:22de Shanghai
00:40:22qui souhaitaient
00:40:23lever des capitaux.
00:40:24son président
00:40:27me dit
00:40:28« Pourquoi
00:40:28votre banque
00:40:29ne deviendrait-elle
00:40:30pas actionnaire ? »
00:40:33Nous aimerions
00:40:34beaucoup
00:40:35qu'HSBC
00:40:35nous rejoignent.
00:40:38J'ai averti
00:40:39Stephen Green
00:40:40qui a immédiatement
00:40:41saisi la balle au bon.
00:40:42Il m'a rejoint
00:40:43et à l'issue
00:40:44du dîner
00:40:45avec le président
00:40:46de la Banque
00:40:46de Shanghai,
00:40:47Stephen m'a dit
00:40:48« J'aime bien
00:40:49cette banque
00:40:50et j'ai entièrement
00:40:51confiance en son patron.
00:40:52investissons.
00:40:56Et bien sûr,
00:40:57notre bénéfice
00:40:58a été intéressant aussi. »
00:41:09HSBC triple sa mise
00:41:11et empoche
00:41:12près de 300 millions d'euros.
00:41:20La banque prolonge
00:41:21sa lune de miel
00:41:22avec Pékin.
00:41:23Elle joue
00:41:24de son histoire.
00:41:28Sous la dictature
00:41:29de Mao,
00:41:30elle a été
00:41:31la seule
00:41:31à maintenir
00:41:32une présence
00:41:32en Chine.
00:41:35Quand le géant
00:41:36s'est réveillé,
00:41:37HSBC
00:41:38était déjà
00:41:38dans la place.
00:41:45HSBC
00:41:45a fait passer
00:41:46un message
00:41:46imparable.
00:41:48Elle disait
00:41:48« On a toujours
00:41:49été présents,
00:41:50on n'est jamais partis.
00:41:52elle se comparait
00:41:53aux banques
00:41:53américaines
00:41:54qui viennent
00:41:54et repartent.
00:41:55Son message
00:41:56était simple.
00:41:57Nous autres,
00:41:58britanniques,
00:41:58nous restons. »
00:42:02C'est la philosophie
00:42:07chinoise.
00:42:08Penser à long terme.
00:42:08Penser à long terme.
00:42:09Une nouvelle fois,
00:42:17l'histoire va accélérer
00:42:18le destin
00:42:19d'HSBC.
00:42:23En septembre 2007,
00:42:25la crise financière
00:42:26frappe les rues
00:42:27de Londres.
00:42:41La panique
00:42:42gagne les clients
00:42:43de la Northern Rock
00:42:44et menace
00:42:45de se propager
00:42:46aux autres banques.
00:42:50Le gouvernement
00:42:51britannique propose
00:42:52de leur prêter
00:42:52de l'argent
00:42:53en urgence.
00:42:55HSBC snobbe
00:42:56la réunion
00:42:57et refuse
00:42:58toute aide publique.
00:43:02Être renfloué
00:43:03par l'État
00:43:03signifie que
00:43:04le gouvernement
00:43:05a de l'influence
00:43:06sur vous.
00:43:07HSBC voulait dire
00:43:08aux autorités
00:43:09« Vous n'avez
00:43:10aucun pouvoir
00:43:11sur nous,
00:43:12nous sommes indépendants
00:43:12et capables
00:43:13de nous recapitaliser
00:43:14tout seuls.
00:43:15et si vous nous forcez
00:43:16à accepter
00:43:17votre argent,
00:43:18nous vous poursuivrons
00:43:19en justice.
00:43:21Vous pensez
00:43:22que c'est arrogant ?
00:43:23Oui, ça l'est. »
00:43:26La banque
00:43:26adressait un message
00:43:27aux autorités
00:43:27en disant
00:43:28« Nous sommes
00:43:29une banque mondiale,
00:43:30vous n'êtes
00:43:31qu'un gouvernement.
00:43:33Réfléchissez
00:43:33aux rapports
00:43:33de force
00:43:34entre nous. »
00:43:36Les banquiers
00:43:42d'HSBC
00:43:43préfèrent se tourner
00:43:43vers leurs amis.
00:43:45Les hommes d'affaires
00:43:46de Hong Kong
00:43:46qui ont fait fortune
00:43:47grâce au commerce
00:43:48avec la Chine.
00:43:50Ils proposent
00:43:51de leur vendre
00:43:52pour 18 milliards
00:43:53d'euros d'actions.
00:43:58« J'étais conscient
00:44:00que la banque
00:44:01avait des problèmes,
00:44:02qu'il fallait l'aider.
00:44:04À l'époque,
00:44:05son cours en bourse
00:44:06s'était au plancher.
00:44:09La plupart des hommes
00:44:10d'affaires se sont dit
00:44:11pourquoi ne pas souscrire
00:44:12à l'augmentation
00:44:12de capital.
00:44:15Et ces investisseurs
00:44:16ont fait un profit
00:44:17juteux,
00:44:18très juteux en fait.
00:44:19Et cet investissement
00:44:20vous a rapporté
00:44:21beaucoup ?
00:44:23Oui.
00:44:24Généralement,
00:44:24je ne fournis pas
00:44:25de chiffres
00:44:26sur mes profits.
00:44:28Mais j'ai réalisé
00:44:29un joli bénéfice.
00:44:30Mais c'était
00:44:31un bon profit.
00:44:33depuis cette opération,
00:44:41le cours de l'action
00:44:41a été multiplié
00:44:42par trois.
00:44:46HSBC a enrichi
00:44:47ses actionnaires,
00:44:48comme toujours.
00:44:50Mais l'histoire
00:44:51retiendra
00:44:52que pour la première fois,
00:44:53l'argent chinois
00:44:53a sauvé
00:44:54la banque britannique.
00:44:55désormais,
00:45:00c'est Pékin
00:45:00qui tient les reines
00:45:01du champion
00:45:01de la mondialisation.
00:45:02Le concept d'HSBC
00:45:23était de servir
00:45:24les entreprises
00:45:25partout dans le monde.
00:45:27Sans HSBC,
00:45:29la mondialisation
00:45:30n'aurait jamais été possible.
00:45:32une telle architecture
00:45:34financière
00:45:34était nécessaire
00:45:35pour alimenter
00:45:36l'économie mondialisée.
00:45:39Prenez l'exemple
00:45:41d'une entreprise chinoise
00:45:42qui veut faire des affaires
00:45:43avec une entreprise
00:45:44américaine.
00:45:46HSBC est la mieux placée
00:45:47car elle dispose
00:45:48de filiales
00:45:49dans les deux pays
00:45:50et peut suivre
00:45:51intégralement
00:45:52la transaction.
00:46:00Portée par ces affaires
00:46:01chinoises,
00:46:02HSBC profite
00:46:03de la crise.
00:46:08Tandis que ses concurrentes
00:46:10affichent des pertes,
00:46:11elle est couronnée
00:46:12à Westminster.
00:46:13son président Stephen Green
00:46:19fait son entrée
00:46:21à la Chambre des Lords.
00:46:22Le banquier,
00:46:41qui est aussi diacre,
00:46:43prêche la bonne parole
00:46:44le dimanche à l'église
00:46:45où ils critiquent
00:46:47le règne de l'argent.
00:46:52Lord Green
00:46:52était un membre
00:46:55éminent de l'establishment
00:46:56tout en étant considéré
00:46:57comme un banquier moral.
00:46:59Il était le visage
00:47:00acceptable de la profession
00:47:01à un moment
00:47:02où la plupart des banquiers
00:47:03étaient détestés.
00:47:04dans la foulée,
00:47:09Stephen Green
00:47:10entre au gouvernement
00:47:11comme secrétaire d'État
00:47:12au commerce.
00:47:15Le premier ministre,
00:47:17David Cameron,
00:47:18adopte la stratégie
00:47:19d'HSBC.
00:47:20Il rêve lui aussi
00:47:21de devenir le héros
00:47:22de la mondialisation.
00:47:41Green réalisait son rêve
00:47:44au moment où le gouvernement
00:47:46Cameron et son ministre
00:47:47George Osborne
00:47:48voulaient développer
00:47:49les liens
00:47:50entre le Royaume-Uni
00:47:51et la Chine.
00:47:52La promotion de Stephen Green
00:48:05est l'oeuvre
00:48:06du lobby pro-chinois
00:48:07emmené par le ministre
00:48:09de l'économie
00:48:10George Osborne.
00:48:14Le sauveur d'HSBC
00:48:16auprès de la justice américaine.
00:48:18Un pacte informel
00:48:23unit les deux acteurs.
00:48:25Stephen Green
00:48:26ouvre les portes
00:48:27du marché chinois
00:48:28aux entreprises britanniques.
00:48:31En échange,
00:48:32George Osborne
00:48:32s'engage à défendre
00:48:34les intérêts
00:48:34de la banque
00:48:35et de son ancien président
00:48:36partout dans le monde.
00:48:38George Osborne
00:48:47et moi partageons
00:48:50la même fascination
00:48:51pour la Chine
00:48:52pour une raison
00:48:52bien simple.
00:48:53L'importance
00:48:55de 1,3 milliard
00:48:56de Chinois
00:48:57pour l'avenir
00:48:57de l'économie mondiale
00:48:59et la nécessité
00:49:00de mettre
00:49:00le Royaume-Uni
00:49:01au cœur
00:49:02de cette relation.
00:49:03D'ailleurs,
00:49:06les Chinois
00:49:07ont apprécié
00:49:07la main
00:49:08qu'on leur tendait
00:49:08qui a permis
00:49:09de consolider
00:49:10cette relation privilégiée.
00:49:17Or,
00:49:18HSBC
00:49:19tient son histoire
00:49:20de la Chine.
00:49:21Ces banquiers
00:49:22pensent Chine.
00:49:30Rien ne semble
00:49:31pouvoir faire dérailler
00:49:32le géant bancaire.
00:49:37Protégé par Londres,
00:49:39béni par Pékin,
00:49:41HSBC sert
00:49:42de courroie
00:49:42de transmission
00:49:43entre les deux capitales.
00:49:46Qui oserait
00:49:47s'attaquer à elle ?
00:49:49A Paris,
00:50:07un haut fonctionnaire
00:50:07du ministère
00:50:08de l'économie
00:50:09attend son heure
00:50:10pour passer
00:50:10à l'offensive.
00:50:14Il a mis la main
00:50:15sur le secret
00:50:16le mieux gardé
00:50:16d'HSBC,
00:50:17la liste
00:50:19des 100 000 clients
00:50:20qui détiennent
00:50:21un compte en Suisse.
00:50:27Ces documents
00:50:27lui ont été remis
00:50:28par un ancien
00:50:29informaticien
00:50:30de la banque.
00:50:31Il révèle en détail
00:50:32les circuits clandestins
00:50:33qui permettent
00:50:34de blanchir
00:50:35l'argent noir.
00:50:35On parle de 180 milliards
00:50:41d'euros,
00:50:42soit plus que le budget
00:50:43de l'Union européenne.
00:50:44Il y a un service
00:51:00en France
00:51:00qui s'appelle
00:51:00l'ADNEF
00:51:01qui est basé
00:51:01à Pantin.
00:51:02Ce sont environ
00:51:02450 employés
00:51:04d'élite.
00:51:05Ce sont des espions
00:51:06fiscaux
00:51:06au bénéfice
00:51:07de la France
00:51:07qui traquent
00:51:08justement
00:51:09les fauteurs
00:51:10de troubles
00:51:11et délinquants fiscaux.
00:51:11Et là,
00:51:13en l'occurrence,
00:51:13ils s'étaient mis
00:51:13complètement au service
00:51:14de cette opération
00:51:15qu'ils avaient appelée
00:51:16l'opération Chocolat.
00:51:17Et évidemment,
00:51:18Chocolat Suisse.
00:51:19Ils ont l'esprit taquin
00:51:20à l'ADNEF.
00:51:21Et en l'occurrence,
00:51:22ils avaient donc
00:51:23un patron
00:51:23qui s'appelle
00:51:23Roland Veilpot
00:51:24qui était un patron
00:51:24extrêmement offensif,
00:51:25extrêmement agressif
00:51:26qui voulait récupérer
00:51:27cet argent.
00:51:28C'est un chasseur
00:51:28en quelque sorte.
00:51:39Pour les agents du fisc,
00:51:41pour les spécialistes
00:51:42de la finance,
00:51:44ce n'est pas quelque chose
00:51:44qu'on découvrait.
00:51:46Mais personne n'avait eu
00:51:48le loisir d'observer
00:51:49des choses qui, par nature,
00:51:50sont cachées ou secrètes.
00:51:52Et là, ce qu'on a vu apparaître,
00:51:54c'est quelque chose
00:51:55de gigantesque et industriel
00:51:57avec des armées d'avocats,
00:51:59d'experts comptables,
00:52:00de cabinets conseils
00:52:01et tout ça.
00:52:01Suisse Leaks.
00:52:14C'est sous ce nom
00:52:16que les médias du monde entier
00:52:17révèlent le scandale
00:52:18et publient le nom
00:52:19des fraudeurs.
00:52:22Mafieux,
00:52:22chefs d'État,
00:52:23dictateurs
00:52:23ou simples citoyens,
00:52:25à tous ses clients,
00:52:26HSBC propose
00:52:27des comptes numérotés
00:52:28anonymes
00:52:29et fournit des sociétés
00:52:30écrans clés en main
00:52:31pour échapper aux lois.
00:52:37Seule condition,
00:52:39disposer d'au moins
00:52:39un million d'euros.
00:52:43Il y a à la fois
00:52:44de l'argent de la drogue,
00:52:45à la fois l'argent du terrorisme,
00:52:46à la fois l'argent
00:52:47des diamantaires belges,
00:52:49à la fois l'argent
00:52:49des chirurgiens dentistes français,
00:52:51à la fois l'argent du gotha,
00:52:53du showbiz,
00:52:54de l'aristocratie française
00:52:56et européenne.
00:52:57C'est l'argent qui vient
00:52:57vraiment de tous les endroits,
00:52:59tous les domaines possibles.
00:53:00Là où il y a de l'argent,
00:53:00il fallait à un moment donné,
00:53:02c'était un sport national,
00:53:03cacher son argent
00:53:03en Suisse,
00:53:04chez HSBC.
00:53:25On proposait aux gens
00:53:27qui pour une raison
00:53:28ou une autre
00:53:29voulaient garder
00:53:29un profil bas.
00:53:32On leur proposait
00:53:33de s'acheter
00:53:34une société offshore,
00:53:36Panama, BVI,
00:53:38Cayman, n'importe quoi.
00:53:43Toutes les banques
00:53:44de la place
00:53:45se faisaient de la concurrence.
00:53:46C'est absolument clair.
00:53:48On ne pouvait grandir
00:53:49que par l'apport
00:53:50d'argent frais.
00:53:52au cœur de ce vaste réseau
00:53:59opèrent les gérants
00:54:00de fortune.
00:54:04Ils sont les envoyés
00:54:05spéciaux de la banque
00:54:07aux quatre coins du monde,
00:54:08chargés de démarcher
00:54:09les clients
00:54:10et de rapatrier
00:54:11les fonds en Suisse.
00:54:12Il fallait venir en France,
00:54:24traverser la frontière
00:54:24avec des manières
00:54:25un peu d'agents secrets.
00:54:26C'est-à-dire qu'il ne fallait
00:54:27évidemment pas
00:54:28que le fisc français
00:54:29soit au courant.
00:54:30Il y avait des méthodes
00:54:31qui étaient employées
00:54:31avec des ordinateurs
00:54:32dissimulés,
00:54:33des clés cryptées
00:54:34et autres.
00:54:35Et il fallait ensuite
00:54:36appâter les plus gros clients
00:54:38qu'on rapatriaient en Suisse.
00:54:39Chez HSBC,
00:54:45le blanchiment
00:54:46est organisé
00:54:47avec méthode.
00:54:51Les opérations clandestines
00:54:52font l'objet
00:54:53de rapports internes
00:54:54archivés
00:54:55dans les coffres suisses.
00:54:59Ce client nous interdit
00:55:00de le contacter
00:55:01en Belgique.
00:55:02C'est toujours lui
00:55:03qui nous appelle.
00:55:04Il se présente
00:55:05sous le nom
00:55:05d'un footballeur,
00:55:06Zidane ou Cruyff,
00:55:07par exemple,
00:55:08qui veut connaître
00:55:09le prix du caviar,
00:55:10c'est-à-dire
00:55:11le montant total
00:55:11de ses avoirs.
00:55:16HSBC s'est dit
00:55:17« Ok,
00:55:18on va pouvoir
00:55:19convaincre
00:55:21la clientèle
00:55:22que nous avons
00:55:23d'ouvrir des comptes
00:55:24à Genève,
00:55:26à Zurich
00:55:27ou à Lugano
00:55:27dans l'empire
00:55:28bancaire privé
00:55:29qu'ils ont acheté
00:55:30en Europe.
00:55:31Le fait que des banques
00:55:39se sont emparées
00:55:41de toutes les techniques
00:55:42modernes
00:55:43de production
00:55:44de documents,
00:55:45de trucs,
00:55:47pour la mettre
00:55:47au service
00:55:48de la fraude
00:55:48et du crime.
00:55:49J'ai trouvé ça,
00:55:50ça m'a déstabilisé.
00:55:51Genève,
00:55:59par rapport à Londres,
00:56:00n'était pas indépendante,
00:56:01il ne faut pas croire ça.
00:56:03C'est clair
00:56:03qu'il y avait
00:56:04un énorme travail
00:56:05de coordination
00:56:06et de direction
00:56:08qui venait
00:56:09de Londres,
00:56:10puisque nous avions
00:56:11des membres
00:56:14de la maison mère
00:56:16au conseil
00:56:17de la banque suisse.
00:56:19Donc Londres
00:56:20était informé
00:56:21de ce qui se passait
00:56:22à Genève.
00:56:27Après l'affaire
00:56:28du blanchiment
00:56:29de l'argent
00:56:30de la drogue
00:56:30aux Etats-Unis,
00:56:32les révélations
00:56:32sur l'évasion
00:56:33fiscale
00:56:34des VIP
00:56:34sont le scandale
00:56:35de trop.
00:56:40HSBC devient
00:56:41l'ennemi public
00:56:42numéro un.
00:56:43Même les Suisses
00:56:44se sentent obligés
00:56:45d'intervenir.
00:56:46une perquisition
00:56:49est organisée
00:56:50devant les caméras.
00:56:52Le but
00:56:52de cette enquête
00:56:54est précisément
00:56:55de vérifier
00:56:56si les informations
00:56:57qui ont été rendues publiques
00:56:58sont fondées
00:56:58et s'il y a
00:57:00de facto
00:57:01des reproches
00:57:01qui peuvent être fait.
00:57:03Voilà.
00:57:05Ici,
00:57:06on parle
00:57:06de gros dossiers,
00:57:08on parle
00:57:08de milliers
00:57:08de documents,
00:57:09on parle
00:57:09de quantité astronomique
00:57:11de données informatiques
00:57:12pour vous dire
00:57:13lorsque nous avons copié
00:57:15les serveurs
00:57:16d'HSBC,
00:57:17il a fallu
00:57:17plusieurs jours
00:57:18pour faire tourner
00:57:19les appareils
00:57:20servant à copier
00:57:20les données.
00:57:21Donc,
00:57:21voilà,
00:57:22c'était suffisamment
00:57:23important
00:57:24pour qu'il n'y ait pas
00:57:25moyen techniquement
00:57:27même
00:57:27d'effacer rapidement
00:57:28toutes ces données.
00:57:29Le problème
00:57:30du gouvernement suisse
00:57:31et des autorités
00:57:32publiques suisses,
00:57:33ils sont le dos au mur
00:57:34et ils voient
00:57:36immédiatement
00:57:36les conséquences
00:57:37titanées,
00:57:39c'est le tremblement
00:57:39de terre.
00:57:40Eux,
00:57:42ils partent
00:57:42du principe
00:57:43depuis un siècle
00:57:44qu'ils donnent
00:57:46tous les éléments
00:57:47pour que
00:57:49la finance internationale
00:57:51vienne en Suisse
00:57:52et y trouve
00:57:52un nid douillet
00:57:53où ils pourront
00:57:55faire leur business
00:57:56sans être embêtés.
00:58:00La justice suisse
00:58:01referme l'enquête
00:58:02trois mois plus tard.
00:58:05En échange
00:58:06de son engagement
00:58:07à purger
00:58:07les clients indésirables,
00:58:08HSBC s'acquittent
00:58:10d'une amende
00:58:11de 40 millions d'euros.
00:58:14Après la contravention
00:58:16infligée par les Américains,
00:58:18les Suisses
00:58:19se contentent
00:58:19d'un pourboire.
00:58:22L'amende maximale
00:58:24qui peut être infligée
00:58:25en droit suisse
00:58:26pour blanchiment d'argent
00:58:28est de 5 millions
00:58:29de francs suisses.
00:58:30Lorsque vous faites
00:58:30une négociation,
00:58:31il ne suffit pas
00:58:31d'avoir des cartes.
00:58:32Il y a aussi
00:58:33le colt que vous avez
00:58:34à la ceinture.
00:58:35Et en tant que procureur
00:58:35en Suisse,
00:58:36par rapport aux établissements
00:58:37financiers,
00:58:38c'est un colt
00:58:39de très petit calibre.
00:58:44Qu'ils aient réussi
00:58:45à négocier ça
00:58:46à 40 millions,
00:58:48c'est bien,
00:58:49ça prouve
00:58:50qu'ils ont
00:58:50de bons négociateurs.
00:58:52Je rêve d'un jour
00:58:53où les juges
00:58:56d'instruction français
00:58:57émettront
00:58:58des mandats
00:58:58d'arrêt internationaux
00:59:00contre les grands patrons
00:59:01des banques suisses
00:59:03et les obligeront
00:59:04à venir menotter
00:59:05à Paris.
00:59:06Alors,
00:59:06on m'a dit,
00:59:07non mais,
00:59:08véhicule comme d'habitude,
00:59:10il déconne,
00:59:10je ne déconne pas du tout.
00:59:11On a besoin
00:59:12d'honnêteté
00:59:13et de morale.
00:59:15Et il faut que
00:59:15les grands patrons
00:59:16des grandes banques
00:59:17qui commettent
00:59:18des choses comme ça
00:59:18viennent s'expliquer
00:59:19devant le peuple,
00:59:21c'est-à-dire
00:59:21à la barre d'un tribunal.
00:59:22Il n'y aura pas
00:59:27de procès
00:59:27contre HSBC
00:59:28ni de banquier
00:59:30à la barre d'un tribunal.
00:59:33En France
00:59:33et en Belgique,
00:59:34par exemple,
00:59:35les justices
00:59:36préfèrent négocier.
00:59:40Quant au fonctionnaire
00:59:41parisien
00:59:41qui s'était
00:59:42trop approché
00:59:42du soleil,
00:59:44il est dessaisi
00:59:45de l'enquête.
00:59:52Roland Veilpot,
00:59:54il est en vacances
00:59:55en Chine,
00:59:55on l'appelle.
00:59:56On lui dit
00:59:56« Roland,
00:59:57quand tu rentres,
00:59:58passe me voir ».
00:59:58C'était le directeur
00:59:59de relations humaines
01:00:00de Bercy
01:00:01qui lui a dit
01:00:01« Écoute,
01:00:02là, tu es déchargé
01:00:02du dossier,
01:00:03tu pars à Melun,
01:00:04je crois,
01:00:05pour devenir
01:00:05conservateur des hypothèques ».
01:00:07Ça faisait deux ans
01:00:07seulement qu'il était en poste.
01:00:09Normalement,
01:00:09on reste cinq ans en poste.
01:00:10Donc là,
01:00:11il a bien compris
01:00:11que c'était
01:00:12pour une raison simple.
01:00:13On l'avait déjà demandé avant.
01:00:14C'était
01:00:15« Arrête avec cette opération chocolat.
01:00:17Il y a trop d'enjeux.
01:00:18On se fâche avec la Suisse.
01:00:19On se fâche avec Nicolas Sarkozy.
01:00:21On se fâche avec beaucoup de gens.
01:00:23On va passer à autre chose.
01:00:24On va mettre un peu
01:00:24le pied dessus. »
01:00:33HSBC a été
01:00:34une nouvelle fois sauvée.
01:00:38La banque
01:00:39n'est plus seulement
01:00:40« too big,
01:00:41too gel ».
01:00:42Son influence
01:00:43dépasse la sphère financière
01:00:45et lui garantit
01:00:46une impunité
01:00:47sans faille.
01:00:56Seule concession,
01:00:57l'ancien président
01:00:58Stephen Green
01:00:59disparaît
01:01:00de la photo de famille.
01:01:05« Vous savez,
01:01:06quand vous étiez en charge
01:01:07de l'HSBC ? »
01:01:08« Je n'ai pas de commentaire. »
01:01:09« HBC,
01:01:09vos banqueurs
01:01:10étaient aidés
01:01:10à les gens
01:01:10à la taxe.
01:01:12Pourquoi vous les laissez
01:01:12faire ça ? »
01:01:13« Comme je l'ai expliqué,
01:01:14je ne suis pas prêt
01:01:15à faire des commentaires
01:01:16sur le business de HSBC. »
01:01:17L'ancien banquier modèle
01:01:21censé réconcilier
01:01:23finance et morale
01:01:24est désormais
01:01:25traqué
01:01:25comme un fugitif.
01:01:26« Je n'ai pas d'extraîné. »
01:01:37Any word? Anything you can say that defends what happened?
01:01:50No word.
01:01:58Le révérend Stephen Green, Lord Stephen Green, était un pilier de l'establishment.
01:02:03Je l'ai rencontré à plusieurs reprises et chaque fois j'ai eu l'impression qu'il détestait les projecteurs.
01:02:12C'est un homme qui est manipulateur et parfois machiavélique.
01:02:33Lord Green était le président d'HSBC quand ils ont acheté la filiale suisse.
01:02:44Il savait ce qui s'y passait.
01:02:48J'ai trouvé particulièrement choquant qu'il soit nommé secrétaire d'Etat au commerce par David Cameron.
01:02:54Je souhaitais qu'il rende personnellement des comptes devant la commission parlementaire que je présidais.
01:03:01Mais ce fut l'une des rares occasions où la politique l'a emporté.
01:03:04L'affaire est politique.
01:03:10Stephen Green, l'ancien secrétaire d'Etat, peut faire tomber le gouvernement de David Cameron.
01:03:16Est-ce que le Président, nous pensons que le Président, que dans le Président, il n'a jamais eu une conversation avec lui sur ce qui s'est passé à l'HSBC ?
01:03:28Ma responsabilité est la loi de la taxe du pays de ce pays, et personne n'a été plus tôt.
01:03:34Ce gouvernement n'a été plus tôt que d'un autre gouvernement précédent.
01:03:38C'est pourquoi ils sont desperés. C'est pourquoi ils sont perdus.
01:03:41Certains parlementaires refusent d'enterrer l'affaire et réclament des poursuites contre la banque.
01:04:02Mais aucune enquête ne sera lancée, ni par le fisc, ni par la justice britannique.
01:04:11Les élus devront se contenter d'entendre les dirigeants d'HSBC.
01:04:23Et c'est au tour du nouveau numéro 1, Stuart Gulliver, d'ouvrir le ballet des auditions.
01:04:28Trois ans après Washington, la même pièce, avec le même script, est rejouée à Londres.
01:04:41L'exemple vient d'en haut.
01:05:03Le directeur lui-même encaissait ses bonus sur un canton suisse, géré par une société fantôme basée au Panama.
01:05:14Il avait de la famille ici, il était né ici, ses enfants allaient à l'école ici, il travaillait ici, et il votait ici.
01:05:23Et comme il se déclarait résident de Hong Kong, il était exonéré d'impôts en Grande-Bretagne.
01:05:27Et quand nous lui avons demandé pourquoi, il a répondu qu'il ne voulait pas que les autres cadres de la banque sachent combien il gagnait.
01:05:36Stuart Gulliver était l'un des banquiers les mieux payés au monde.
01:05:58Cela montre à quel point il aimait l'argent.
01:06:00Il a dit ne pas comprendre pourquoi les questions étaient aussi agressives.
01:06:21C'est la preuve que les banquiers de sa génération, qui évoluaient dans le monde d'avant la crise, étaient coupés de la réalité.
01:06:34Face aux parlementaires, leur vie dans une bulle dorée est dévoilée au grand jour.
01:06:44A-t-il changé ?
01:06:45Je ne pense pas que Stuart Gulliver puisse changer.
01:06:57HSBC et ses dirigeants font définitivement figure d'intouchable.
01:07:06Premier employeur de la City, pilier de l'économie britannique, la banque fait régner sa loi au sein de l'establishment.
01:07:15Au moment des premières révélations du scandale Swiss Leaks,
01:07:24elle peut compter sur la censure imposée par le grand quotidien conservateur, le Daily Télégraphe.
01:07:34Son rédacteur en chef démissionne et dénonce publiquement l'influence d'HSBC.
01:07:39La récente couverture des affaires d'HSBC par le Télégraphe relève de l'escroquerie pour ses lecteurs.
01:07:55Les intérêts d'une des plus importantes banques internationales ont été placés au-dessus de son devoir d'informer.
01:08:01Il n'y a qu'un mot pour décrire cette situation.
01:08:03Terrible.
01:08:04HSBC pousse son avantage.
01:08:12Elle menace de s'affranchir de la tutelle de Londres et de rapatrier son siège à Hong Kong.
01:08:17Son parrain George Osborne, toujours ministre de l'économie, lui accorde des avantages fiscaux et une prime.
01:08:33La tête du gendarme de la City, Martin Wheatley.
01:08:40Un opposant de longue date.
01:08:43La banque renonce à déménager.
01:08:45Pendant les auditions, lors d'une suspension de séance, un membre du gouvernement m'a dit
01:08:55« Avez-vous conscience que vous êtes en train de les pousser à quitter le Royaume-Uni ? »
01:09:01J'ai cru à une blague, mais j'ai réalisé qu'il était sérieux.
01:09:04Le scandale « Swiss Leaks » représentait la dernière chance de sanctionner les pratiques d'HSBC.
01:09:20Les autorités ont préféré déléguer à la banque le pouvoir de se contrôler toute seule.
01:09:24Elle a recruté 9000 personnes censées repérer les transactions suspectes et les dénoncer en interne, à huis clos.
01:09:42Les banksters affirment avoir changé.
01:09:44Je suis les réglementations financières depuis des dizaines d'années.
01:09:59Combien de fois ai-je entendu ce refrain ?
01:10:01C'est du passé.
01:10:02Il y a dix ans déjà, HSBC répétait cela.
01:10:06Les derniers scandales prouvent qu'il s'agissait de promesses en l'air.
01:10:10Je ne crois plus en eux. Ils n'ont pas fait le ménage.
01:10:14On compare HSBC à un paquebot, incapable de changer de direction.
01:10:27Sommes-nous capables de réglementer les banques ?
01:10:31Bien sûr. Le voulons-nous vraiment ?
01:10:35Là est la vraie question.
01:10:41Le gouvernement britannique a tourné la page.
01:10:43Il a d'autres priorités et HSBC d'autres ambitions.
01:10:53La Chine a besoin de ses services.
01:10:56Pékin veut partir à la conquête du monde.
01:10:58Pouvez-vous imaginer que la Chine devienne un jour l'actionnaire principal d'HSBC ?
01:11:10Oui. Je serais surpris que des fonds chinois ne soient pas déjà actionnaires d'HSBC.
01:11:18Ils le sont probablement.
01:11:18Ils sont probablement atteint.
01:11:20Ils sont probablement atteint.
01:11:21Ils sont probablement atteint.
01:11:38Sous-titrage Société Radio-Canada
01:11:38En cette fin d'année 2015, le président chinois Xi Jinping débarque à Londres.
01:12:08Le Royaume-Uni déroule le tapis rouge et célèbre en grande pompe l'amitié sino-britannique.
01:12:38Ce nouvel âge d'or doit faire de Londres la tête de pont des investissements chinois en Europe
01:12:51et de HSBC le bras armé de Pékin pour acquérir la haute technologie occidentale.
01:12:58La banque frappe un grand coup en parrainant la signature du contrat nucléaire d'Inkley Point.
01:13:17Deux réacteurs de la dernière génération, construits sur le sol anglais par les ingénieurs français d'EDF,
01:13:25et financés pour un tiers par la Chine.
01:13:28Ce contrat du siècle est estimé à plus de 20 milliards d'euros.
01:13:48Les Chinois ont forcé le Royaume-Uni à signer Inkley Point.
01:14:06Grâce à leur puissance financière, ils ont tordu le bras du gouvernement
01:14:09en menaçant d'annuler d'autres investissements importants.
01:14:18Le Royaume-Uni a conclu un contrat que personne d'autre n'aurait accepté.
01:14:23C'était un choix politique pour renforcer les liens économiques avec la Chine.
01:14:32Presque une décision symbolique.
01:14:38En cédant aux Chinois leur approvisionnement en énergie,
01:14:42les dirigeants britanniques ont renoncé à une partie de leur souveraineté nationale.
01:14:46Et en coulisses, HSBC est omniprésente.
01:14:54Elle conseille EDF, défend les intérêts des actionnaires chinois
01:14:58et fait transiter les milliards d'euros de Pékin par ses comptes.
01:15:02HSBC est indispensable parce que vous avez besoin d'une banque internationale
01:15:18pour organiser les transactions.
01:15:20Il faut organiser le financement et lever des fonds.
01:15:24C'est ce que fait HSBC pour la Chine.
01:15:32Les centrales nucléaires d'Inkley Point font partie des grands travaux chinois
01:15:36baptisés la nouvelle route de la soie.
01:15:40Une sorte de plan Marshall lancé pour démultiplier le commerce
01:15:45entre Pékin et le reste du monde.
01:15:50Construction de routes, de chemins de fer, de ports,
01:15:54rien n'est trop beau pour exporter le Made in China
01:15:56et asseoir l'influence du nouvel empereur, Xi Jinping.
01:16:02Son objectif principal, c'est de conquérir le marché européen.
01:16:13Ce sont les 500 millions d'Européens.
01:16:23Beaucoup des investissements chinois à l'étranger
01:16:25sont accompagnés par HSBC, y compris Hinkley Point.
01:16:29HSBC a l'avantage d'être une marque reconnue mondialement,
01:16:34une marque positive,
01:16:35ce qui n'est pas le cas de la Chine en tant que pays,
01:16:37ce qui n'est pas le cas des banques chinoises.
01:16:39Le problème majeur, c'est que le nucléaire est différent.
01:16:55Il n'obéit pas aux lois du marché.
01:16:57Il est différent des autres sources d'énergie
01:16:58et des autres contrats financiers.
01:17:02Il n'existe pas un seul pays au monde,
01:17:04y compris les États-Unis,
01:17:06qui ouvrirait ces infrastructures nucléaires à la Chine.
01:17:10C'est incroyable que les Chinois aient été autorisés
01:17:13à accéder à ce secteur stratégique.
01:17:22Le siècle de la Chine a démarré
01:17:24et HSBC a changé de maître.
01:17:27L'ancienne banque des trafiquants d'opium,
01:17:31hier au service de sa majesté,
01:17:34navigue désormais sous pavillon rouge.
01:17:38Elle doit aider le régime communiste
01:17:39à réaliser son rêve,
01:17:42devenir à son tour
01:17:43un géant de la finance mondiale.
01:17:45Car les dirigeants de Pékin
01:17:49ont tiré une leçon
01:17:50de la crise financière de 2008.
01:17:53Ils ne veulent plus dépendre du dollar
01:17:55et des paris fous des traders de Wall Street.
01:18:04La Chine n'est pas encore
01:18:09une superpuissance économique,
01:18:11pour la simple raison
01:18:12qu'elle n'a pas encore
01:18:13d'industrie financière,
01:18:15ni de monnaie
01:18:15qui reflète son influence
01:18:17et son rang.
01:18:19Il est donc essentiel
01:18:20pour la Chine
01:18:22de combler ce fossé
01:18:23et d'avoir une monnaie
01:18:25qui pourrait être utilisée
01:18:26dans les échanges internationaux.
01:18:41La Chine a les moyens
01:18:43de ses ambitions.
01:18:45C'est le banquier du monde.
01:18:47Elle dispose
01:18:47des plus grandes réserves
01:18:48en devises,
01:18:50que ce soit en dollars,
01:18:51en euros,
01:18:52en yens,
01:18:52en francs-suisses,
01:18:54mais ce sont
01:18:55les monnaies des autres.
01:18:56Elle ne les contrôle pas.
01:18:58Et c'est pourquoi
01:18:59elle entend imposer
01:19:01sa propre monnaie,
01:19:02qui est le yuan,
01:19:04dans la cour des grands.
01:19:05Elle a 20 ans devant elle
01:19:07pour arriver à cet objectif.
01:19:09Ce que les Chinois veulent,
01:19:15c'est un monde
01:19:16où le dollar
01:19:17ne serait plus roi.
01:19:19Et Londres
01:19:20peut jouer un rôle
01:19:21en devenant
01:19:22un pôle important
01:19:23pour échanger
01:19:23leurs monnaies
01:19:24et un canal privilégié
01:19:26pour leurs investissements
01:19:27dans la finance internationale.
01:19:28Pour détrôner
01:19:40le roi dollar,
01:19:41la Chine doit faire
01:19:42accepter sa monnaie,
01:19:44le yuan,
01:19:45comme devise de référence
01:19:46dans les échanges internationaux.
01:19:55Pékin part de loin,
01:19:56sa monnaie du peuple
01:19:58est quasiment inconnue
01:20:00sur les marchés.
01:20:08HSBC est l'un des acteurs
01:20:12principaux du marché
01:20:13des devises
01:20:14à Hong Kong
01:20:15comme à Londres.
01:20:19Donc,
01:20:20la banque HSBC
01:20:21sert de pont naturel
01:20:22entre la Chine
01:20:23et la City.
01:20:26HSBC est la première
01:20:32banque étrangère
01:20:33à convertir
01:20:34la monnaie chinoise.
01:20:36Les grands travaux
01:20:37de la route de la soie
01:20:38financés en yuan
01:20:40servent de cheval de Troie
01:20:42pour l'imposer
01:20:42sur la scène internationale.
01:20:47HSBC tient son nouveau coup,
01:20:50devenir le pipeline
01:20:51des capitaux chinois
01:20:52investis à Londres.
01:20:5340 ans après
01:21:00les pétrodollars
01:21:00du Golfe,
01:21:02ce sont les milliards
01:21:02de Pékin
01:21:03qui font saliver
01:21:04la City.
01:21:06Et c'est le ministre
01:21:07de l'économie
01:21:08George Osborne,
01:21:09le meilleur ami
01:21:10d'HSBC,
01:21:11qui est toujours
01:21:12à la manœuvre.
01:21:12Le ministre a assoupli
01:21:22spécialement la réglementation
01:21:24pour accueillir
01:21:25les capitaux chinois.
01:21:28C'est le dernier étage
01:21:29d'une politique à haut risque
01:21:30qui ouvre les portes
01:21:32des marchés internationaux
01:21:33à la finance pilotée
01:21:35par Pékin.
01:21:35L'argent chinois
01:21:44est le trou noir
01:21:45des trous noirs
01:21:46au sein de la finance mondiale.
01:21:50Nous avons une vague idée
01:21:51des sommes
01:21:51qui quittent le territoire chinois
01:21:52grâce à Swiss Leaks
01:21:54et aux Panama Papers.
01:21:56Mais ce n'est qu'un petit aperçu
01:21:58de la vérité.
01:21:59La finance chinoise
01:22:04est totalement différente
01:22:06de la finance occidentale
01:22:08que nous connaissons.
01:22:10D'abord,
01:22:10elle n'est pas soumise
01:22:12aux mêmes impératifs
01:22:13de transparence
01:22:15et aux exigences
01:22:16de réglementation.
01:22:18Ensuite,
01:22:19elle est à la solde
01:22:20du parti communiste chinois
01:22:22dont elle sert
01:22:23les intérêts politiques.
01:22:25Et enfin,
01:22:26parallèlement
01:22:27à cette finance chinoise
01:22:29officielle
01:22:30dont on ne connaît rien,
01:22:33il existe
01:22:33une finance parallèle
01:22:35totalement opaque,
01:22:38totalement informelle,
01:22:40sans traces,
01:22:41qui est constituée
01:22:42d'une nébuleuse
01:22:43de dettes
01:22:44et de prêts.
01:22:47C'est la finance de l'ombre
01:22:48qui constitue
01:22:50un péril potentiel
01:22:52pour l'économie occidentale.
01:22:59La Chine a énormément
01:23:08de travail à accomplir
01:23:09pour rendre son système
01:23:10financier et ses banques
01:23:11plus sûres.
01:23:12C'est-à-dire un système
01:23:14capable de résister
01:23:16au mouvement
01:23:16des capitaux
01:23:17sur le marché,
01:23:18les capitaux qui entrent
01:23:19et ceux qui sortent.
01:23:21de l'économie occidentale
01:23:22et de l'économie occidentale.
01:23:24Le gouvernement ne sait pas
01:23:27comment contrôler
01:23:28ces flux.
01:23:28Ils ne sont pas régulés
01:23:30et cela pourrait même
01:23:31provoquer un crash.
01:23:32Lorsqu'une banque
01:23:48de la taille d'HSBC
01:23:49se marie avec
01:23:50les énormes banques chinoises,
01:23:53tous les ingrédients
01:23:53sont réunis
01:23:54pour un désastre potentiel.
01:24:02En arrimant
01:24:06la finance chinoise
01:24:08à la finance occidentale,
01:24:11HSBC a fait entrer,
01:24:12si on peut dire,
01:24:13le diable dans la boîte.
01:24:18Personne ne peut
01:24:19s'opposer à Pékin
01:24:20sur le plan financier.
01:24:24Personne n'est capable
01:24:25ou ne veut
01:24:27refuser
01:24:28les capitaux chinois
01:24:30dont les économies occidentales
01:24:33ont besoin.
01:24:37Et personne
01:24:38ne peut s'opposer
01:24:40aux hommes de main
01:24:41de Pékin
01:24:42que sont
01:24:43les banquiers
01:24:44d'HSBC.
01:24:50Dix ans après la crise,
01:24:52la stabilité financière
01:24:54est une illusion.
01:24:56En aidant la Chine
01:24:58à devenir le banquier du monde,
01:24:59HSBC a créé
01:25:01une menace nouvelle.
01:25:05Jusqu'à présent,
01:25:06Pékin a toujours réussi
01:25:07à cantonner
01:25:08ses crises financières
01:25:09à l'intérieur
01:25:10de ses frontières.
01:25:12Mais aujourd'hui,
01:25:13les banksters
01:25:14ont fait sauter
01:25:15les pare-feux.
01:25:18À la première étincelle,
01:25:20l'incendie
01:25:20se propagerait
01:25:21à l'Occident
01:25:21et devant l'impuissance
01:25:24des États,
01:25:25ce sont à nouveau
01:25:26les peuples
01:25:27qui paieront la note.
01:25:28qui paieront la note.
01:25:30Sous-titrage Société Radio-Canada
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