00:00Hervé Neveli, bienvenue à Patron en Question.
00:02Merci.
00:03Je suis enchantée de recevoir un ministre qui sache ce que c'est que l'entreprise.
00:07Parce que d'abord, on vous doit les auto-entrepreneurs, c'était quand même extraordinaire.
00:12Ça a changé une mentalité, parce qu'au-delà du statut, etc., on se remettait à son compte.
00:19Mais vous savez, j'étais entrepreneur avant la vie publique, et ça change tout.
00:24J'ai dirigé pendant près d'un quart de siècle deux petites entreprises.
00:28Mon père, brutalement décédé, m'a mis dans l'obligation de reprendre ces deux boîtes.
00:37Ça change tout.
00:38Ça change tout, parce que j'ai abordé toutes les problématiques que l'on connaît aujourd'hui dans la vie publique.
00:44La transmission des entreprises, les charges trop importantes qui pèsent sur le travail.
00:52Bref, je l'avais expérimenté.
00:53Donc, lorsque je suis arrivé en responsabilité...
00:58Alors, quelle drôle d'idée d'appeler ça en responsabilité.
01:00Excusez-moi.
01:01En responsabilité, c'est quand on est dans une boîte.
01:03Quand on est au gouvernement, c'est en irresponsabilité.
01:06J'ai le langage de l'entrepreneur, si j'ose dire.
01:09Non, mais quand je suis rentré au gouvernement, je savais quoi faire.
01:13Pourquoi ?
01:14Je pense qu'on s'était dit, là où ça se décide, je n'ai jamais très bien su à qui je devais cette nomination.
01:22Le président de la République, c'est lui qui en décide.
01:25C'était Nicolas Sarkozy.
01:26Oui.
01:26Et il m'a dit, ne me déçois pas.
01:28Donc, j'ai été obligé de mettre en application ce que je sentais vraiment.
01:35Et c'est ça la différence entre l'homme politique et l'entrepreneur.
01:37Oui, d'accord, mais vous êtes arrivé à le mettre en application.
01:39J'ai l'impression que plus personne n'arrive à mettre quoi que ce soit.
01:41Et vous savez, j'étais avec cette mentalité d'entrepreneur.
01:44Un entrepreneur, s'il ne règle pas les problèmes dans son entreprise, c'est la mort de l'entreprise.
01:50Un homme politique vit souvent de discours et des problèmes qui demeurent.
01:55Et moi, j'ai voulu régler un certain nombre de dossiers.
01:58La simplification.
01:59Bon, j'ai fait le statut de l'auto-entrepreneur.
02:02Il y avait beaucoup de problèmes dans l'hôtellerie, dans la restauration.
02:06Oui, parce que vous avez été ministre, rappelons-le, du tourisme.
02:08Oui, aussi.
02:08Et j'ai pu faire, comme cela, des réformes importantes.
02:12J'ai créé les VTC.
02:13J'ai créé, alors, avec les polémiques qui vont.
02:15Mais aujourd'hui, il y a plus de gens qui vous transportent qu'auparavant.
02:20J'ai fait la cinquième étoile.
02:21J'ai fait les palaces.
02:22Oui, la cinquième étoile, je me souviens.
02:24Ça m'a coûté cher, la cinquième étoile.
02:25Des choses qui intéressaient peu, je dirais, l'infrastructure technocratique, mais qui intéressaient beaucoup les gens.
02:35Et la microéconomie, c'est ce à quoi je m'étais consacré pendant un quart de siècle.
02:39C'est ce que j'ai voulu tenter de résoudre en étant au gouvernement.
02:43Et on appréciait énormément, nous, entrepreneurs, à l'époque, je me souviens.
02:48Et alors, comment vous avez déjà basculé l'entrepreneuriat à la politique ?
02:52Et alors, l'après-politique, vous êtes retombé dans l'entrepreneuriat, finalement.
02:56Oui, c'est quand même ce qui m'a motivé.
02:59Moi, j'ai fait de la politique par passion.
03:01Je n'ai pas fait de la politique pour faire carrière.
03:03Ma carrière en politique s'est faite de manière assez inopinée, inattendue.
03:09Par contre, j'ai toujours adoré l'entrepreneuriat, la capacité qu'ont les entrepreneurs à voir le futur, à l'anticiper.
03:20Et tout cela m'a conduit à reprendre, sans dommage, un rôle.
03:25J'ai mon entreprise aujourd'hui, je conseille en stratégie, en développement, un certain nombre de grandes entreprises ou de fonds d'investissement.
03:34Et ça me passionne.
03:36Moi, ce que j'aime, c'est régler les problèmes.
03:37Ce n'est pas vraiment les regarder.
03:39Vous êtes vraiment un entrepreneur.
03:41Vraiment un entrepreneur.
03:42Mais en particulier, alors vous avez votre activité de conseil, effectivement.
03:46Vous êtes très créatif, paraît-il, d'ailleurs.
03:48Mais vous êtes lancé, parce qu'il y a un truc extraordinaire, c'est le no-tourisme.
03:55Alors ça, ça vous est venu un peu de votre expérience de ministre du Tourisme ?
03:58Alors, j'ai vu arriver dans mon bureau, quand j'étais en charge du tourisme,
04:02j'ai vu arriver quelqu'un d'exceptionnel qui s'appelle Paul Dubrul.
04:05Le fondateur d'accord, le co-fondateur d'accord, et qui m'a dit, regarde, lis ce rapport, personne ne l'a lu.
04:11Et c'était un rapport sur le no-tourisme, c'est-à-dire comment faire en sorte que le vin,
04:17qui est un produit d'excellence française,
04:19le vin puisse être une clé d'entrée et de compréhension du territoire dans lequel il est produit.
04:24Des gens qui font, des hôteliers, des restaurateurs, de l'urbanisme, de l'architecture, des paysages.
04:31Et ça m'a semblé être une réponse exceptionnelle au désespoir d'un certain nombre de territoires ruraux.
04:38Et c'est pour cela que j'ai mis en oeuvre cette politique.
04:39Ça se rapproche bien sûr de l'agriculture, en plus.
04:41Bien sûr, c'est l'alliance d'un produit agricole, le vin.
04:45Un produit de luxe, d'ailleurs.
04:47Et de la France, championne du monde de la fréquentation touristique.
04:51Et je me suis dit, en mariant les deux, le no-tourisme, on doit faire une filière d'excellence pour notre pays.
04:57Et c'est ce que j'ai mis en oeuvre, relayé et aidé par, je dois le dire, la ministre actuelle du Tourisme,
05:04qui m'a fait confiance et qui m'a demandé de faire une feuille de route sur le no-tourisme pour faire de la France
05:08la première destination no-touristique à l'horizon 2030.
05:12Et je lui ai remis ce rapport.
05:14Alors bon, les rapports, ce n'est pas ça qui m'impressionne, mais vous l'avez remis.
05:16La feuille de route, on va dire.
05:17Même, mais la feuille de route, qui prend la route ?
05:20Vous l'avez prise un peu ?
05:21Alors moi, je fais des propositions.
05:24Ensuite, au pouvoir public, de mettre en oeuvre certaines propositions qui sont de leur ressort.
05:30Et puis, moi, ce que j'aime, c'est mobiliser les entrepreneurs de cette filière, les viticulteurs, les opérateurs de tourisme.
05:41On sait qu'il y a des régions, alors là, forcément, la Bourgogne, forcément, Viticole.
05:45Je pense à Arbois, etc.
05:48Mais imaginons une région qui a du bon vin.
05:51Comment vous vous y prenez ?
05:52Alors, j'avais créé un label.
05:54Ce label s'appelle Vignoble et Découverte.
05:57Et aujourd'hui, ce label couvre tous les territoires vitivinicoles français.
06:01Il y a aujourd'hui 9000 entités, des restaurateurs, des viticulteurs, bien sûr, des hôteliers, des offices de tourisme,
06:08qui sont porteurs de ce label et qui, ce label est un gage de qualité, comme je l'avais fait pour la classification hôtelière.
06:15Et c'est devenu un must ?
06:16C'est dans les agences de voyage ?
06:18C'est devenu un must.
06:20Deux tiers du territoire français est couvert par des vignes et donc par ce label qui couvre aujourd'hui tous les territoires vitivinicoles.
06:29Et donc, ce label, lorsqu'on trouve un label apposé dans ce territoire, on sait qu'on y sera bien accueilli, qu'on boira du vin produit localement,
06:39que l'on aura toutes les qualités d'un accueil pour que les touristes deviennent aussi des clients, ce dont on a bien besoin aujourd'hui.
06:47Et comment ? Et c'est le mot de la fin, mais quand même, je ne résiste pas.
06:50Une petite question, vous revenez quand, là, un peu, comme ministre ?
06:54Non, parce que c'est vrai, ça pourrait être utile.
06:57Vous aimeriez, vous diriez non ?
06:59Je ne sais pas. Moi, ce qui m'intéresse, c'est de faire.
07:01Si c'est pour inaugurer...
07:04Et un ministre, aujourd'hui, dernière question, parce qu'on a fini le temps, mais un ministre peut faire ?
07:08Oui, il peut faire.
07:09Il peut.
07:10Quand il a les idées claires, quand il sait où il doit aller, quand il est convaincu que c'est la bonne option, il doit faire.
07:17Et il peut le faire, et je l'ai démontré, je crois.
07:19C'est vrai, c'est vrai.
07:21Et dernier point, je voudrais vous dire combien vous avez raison de recevoir le patron du Ponant,
07:26qui est cette merveilleuse compagnie dont j'ai l'honneur d'être administrateur.