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Six cas de botulisme ont été détectés dans la région de Cholet. Les patients sont hospitalisés depuis plusieurs jours après avoir mangé un gâteau à la carotte préparé à partir d'une carotte en bocal de manière artisanale. Qu'est-ce que le botulisme ? Quels gestes adopter pour éviter la toxine botulique ? On en parle avec Pr Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation à l'hôpital Lariboisière à Paris. - Tous les matins à 6h40, l'actualité du point de vue des auditeurs de RMC. Chaque jour, trois questions autour d'un sujet d'actualité. Témoignages, réactions et débats : RMC est LA radio de l'interactivité.

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Transcription
00:00Apolline Matin, Mathieu Béliard
00:026h45, 6 cas de botulisme détectés dans la région de Cholet.
00:07Les malades sont hospitalisés depuis plusieurs jours après avoir mangé un carotte cake,
00:11du gâteau à la carotte réalisé à partir de carottes mises en bocal de manière artisanale, du fait maison.
00:17Professeur Bruno Mégarban, rebonjour.
00:18Rebonjour.
00:19Vous êtes chef du service de la réanimation médicale et toxicologique à l'hôpital Lariboisière à Paris.
00:23On a besoin de comprendre d'abord, le botulisme, qu'est-ce que c'est ?
00:27C'est pas un virus, c'est pas une bactérie qu'on attrape.
00:30C'est une toxi-infection alimentaire, donc c'est une bactérie qui pousse dans des conditions où il n'y a pas d'oxygène,
00:39qui se trouve dans la terre et qui produit une toxine extrêmement dangereuse,
00:45qui est probablement la substance la plus dangereuse que l'on connaisse sur la planète,
00:49un million de fois plus toxique que le cyanure,
00:52et cette toxine va s'attaquer au système nerveux périphérique et entraîner des paralysies.
00:57D'accord, c'est flippant, pardon.
01:00D'ailleurs, juste pour vous dire, c'est la toxine que l'on utilise dans le botox.
01:04C'est exactement la même chose.
01:05La même étymologie, du coup ?
01:07C'est la même toxine, simplement, évidemment, en quantité extrêmement faible,
01:11pour relâcher les muscles et faire de la médecine esthétique.
01:18Par contre, ici, évidemment, en grande quantité,
01:19elle va s'attaquer à l'ensemble des muscles périphériques du corps,
01:22notamment les muscles respiratoires, et peut entraîner le décès.
01:24Alors, comment est-ce qu'on l'attrape ?
01:26C'est là qu'on tend l'oreille, qu'on monte le son à la maison.
01:28Il y a des gestes à éviter pour éviter d'attraper, d'ingérer la toxine botulique ?
01:34Alors, il faut effectivement, essentiellement, dans les conserves que l'on prépare,
01:38soit en famille, soit de façon artisanale.
01:41C'est exceptionnel avec les produits frais,
01:44c'est exceptionnel avec les produits de conserve de l'industrie.
01:47Parce qu'il y a des process industriels qui...
01:50Exactement, qui sont bien au point et qui préviennent le développement de la bactérie.
01:54Généralement, c'est parce qu'il y a eu un petit problème technique
01:56ou un problème d'hygiène au moment de la préparation de la conserve.
02:00Ça peut être des conserves de viande, de charcuterie,
02:02mais aussi de légumes, voire de poissons.
02:05Et à ce moment-là, évidemment, on va mettre les aliments mal nettoyés
02:10dans la boîte de conserve, à l'abri de l'oxygène,
02:13et la bactérie qui est entrée dans la boîte de conserve va se développer,
02:17produire la toxine.
02:19Et lorsque l'on va rendre le repas...
02:21Parce que, par exemple, quand on stérilise un bocal, on enlève l'oxygène.
02:25Exactement.
02:25Pour qu'on lui permette de se développer.
02:27Exactement.
02:27C'est pourquoi il y a un danger, évidemment.
02:30Et la toxine que l'on va manger au moment du repas,
02:33va produire cette toxi-infection.
02:37Une fois qu'elle arrive dans le tube digestif,
02:38elle va aller vers les nerfs,
02:40notamment les nerfs qui innervent les muscles périphériques
02:45et entraîner des paralysies généralisées.
02:47C'est quoi les symptômes qui doivent nous alerter tout de suite ?
02:49Parce que ça, j'ai regardé, le temps d'incubation est très rapide, en fait.
02:53Oui, tout à fait.
02:53C'est relativement rapide, on va dire quelques heures à 2-3 jours.
02:58Généralement, ça va commencer par une sorte de gastro-entérite classique,
03:01avec des douleurs au ventre et de la diarrhée,
03:04mais rapidement apparaissent des signes atypiques,
03:06comme le fait de voir double un flou visuel,
03:10une difficulté à fixer un objet,
03:13puis rapidement une voie un peu difficile,
03:16des difficultés à avaler,
03:18une sécheresse de la bouche.
03:19Là, c'est les urgences directement.
03:21Oui, tout à fait.
03:23Dès qu'on a des symptômes atypiques
03:24qui évoquent ce type de pathologie,
03:27il faut aller aux urgences.
03:28Le diagnostic n'est pas simple,
03:29parce que ce n'est pas quelque chose de fréquent.
03:30Il y a aussi des possibilités de diagnostic alternatif.
03:34Mais évidemment, dans le doute,
03:34on va hospitaliser le patient, le surveiller,
03:37et puis évidemment, on va donner des thérapeutiques très rapidement.
03:41Parce que c'est mortel.
03:42Parce que c'est mortel,
03:43parce qu'en fait, on va atteindre,
03:45on va paralyser les muscles respiratoires,
03:46et à ce moment-là, on peut décéder par manque d'oxygène,
03:49lié évidemment à un épuisement
03:51de quelqu'un qui va faire des efforts pour respirer.
03:53Dernière question, dans le cas des malades de Cholet,
03:55on comprend que des carottes ont été mises en bocal de façon artisanale,
03:59mais que les patients ont ingéré un carrot cake,
04:02un gâteau, donc c'est cuit.
04:03La cuisson ne tue pas la toxine ?
04:06Alors, la bactérie elle-même,
04:08sporule, et les spores sont extrêmement résistants.
04:11La toxine qui a déjà été produite dans le bocal
04:14est détruite par la température,
04:16mais il faut un temps d'ébullition extrêmement long.
04:19Donc probablement ici,
04:20il y avait à la fois de la bactérie,
04:22donc sous forme de spore,
04:24et de la toxine,
04:25et le cake,
04:26les carottes n'ont pas été cuites de façon suffisante,
04:29d'où le risque.
04:30Par contre, lorsqu'on ouvre la boîte,
04:31généralement,
04:32il va y avoir une odeur de putréfaction,
04:34une déformation de la boîte,
04:36ou du gaz qui s'échappe,
04:37et donc évidemment tout ça doit alerter
04:39pour ne pas consommer l'aliment en question.
04:41Dans ce cas-là, on jette.
04:42Merci Bruno Megarban,
04:43vous êtes chef du service de la réanimation médicale et toxicologique
04:46à l'hôpital Lariboisière à Paris.
04:47Merci de nous avoir éclairé.
04:48Je suis sûr qu'il y a des auditeurs ou auditrices
04:50qui font des bocaux à la maison,
04:51qui ont tendu l'oreille,
04:52qui ont monté le son,
04:53voire qui vont partager le podcast en famille.
04:55Vous n'hésitez pas,
04:56vous nous passez un petit coup de fil au 32 16 ce matin.
04:58Merci docteur, il est 6h50.

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