00:03On était obligés d'être là pour rendre un hommage à Claude Mougarou, on lui avait écrit un petit texte, une petite lettre au lit, et elle commence comme ça pour Claude.
00:16Je t'écoute dans la nuit comme si tu chantais pour moi. J'imagine ta démarche sur les pavés de ta ville. Je te pose des questions que tu n'entendras pas.
00:25Serais-t-on des amis si tu étais en vie ? Est-ce que tu aurais souri devant mes plus belles rimes au Claude, toi qui as écrit l'amour et la passion, ou peut-être serais-tu envieux et aigri devant les mélodies de ma génération ?
00:40Et je me fais des films, j'imagine nos regards. Toi le vieux qui a tout vu, moi le jeune qui veut tout voir. Nos reflets dans un café, sur le coin d'un trottoir, mes anecdotes de tournée te rappelleraient tes histoires.
00:52Et je te taquinerai avec un air débile en te disant que quatre stadiums, même toi tu ne l'as pas fait.
00:58Tu répondrais d'une voix grave qu'aujourd'hui c'est plus facile. Je serai entre les lignes et lire de la fierté.
01:05Je demande aux chanceux qui ont croisé ta route des détails sur ta vie. Je les couvre de questions.
01:10Comme si suivre tes pas faisaient taire tous mes doutes. Je les suis sans aller dans la même direction.
01:15Oh Claude, tu es là, dans le cœur des passants, même si à Toulouse le temps rabote les accents.
01:22Tes chansons éternelles et ta plume chérie, la place d'un demi-dieu, c'est bien le paradis.
01:28Je te parle dans mes rêves, héritier de ton combat et chantonne, oh Toulouse, dans cette agitation.
01:34C'est peut-être mieux comme ça. Toi là-haut, moi en bas, notre amitié durera dans mon imagination.
01:39Pour Claude.
01:40Alors Claude, c'était comment d'être loup-garot, la voix d'une ville, l'homme de chaque instant.
01:57D'être celui dont même tout là-haut, on parle encore le plus souvent.
02:02Tu montais le niveau des voyelles et consonnes, comme une écluse augmente celui de la Garonne.
02:08A la fin de tout spectacle, il y a la mort. Dans ton torrent de cailloux, il y avait de l'or.
02:15A Toulouse, il y a la brique, mais il y a toi d'abord.
02:19Ton parfum se dissipe comme on diffuse l'encens.
02:23J'aurais voulu qu'on discute, qu'on ne soit pas d'accord, que tu remettes en doute mes certitudes d'enfant.
02:30Qu'est-ce que tu penserais du rap, des pages qu'on déchire, de ces mots qui frappent, des syllabes qu'on mélange comme si c'était un jeu ?
02:36Prête-nous donc ta langue, qu'on la maltraite un peu.
02:40L'impression de te connaître, face à ta statue, toi le taureau que seule la mort a battu.
02:47Depuis qu'on y a pleuré, la Garonne est plus chaude.
02:51Alors nous, garrots, c'était comment d'être Claude ?
02:55En sa mémoire ce soir, un maximum d'applaudissements pour Claude, sa famille et pour l'Orchestre du Capitole.