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Le Premier ministre François Bayrou a exposé son plan de redressement : gel des dépenses de l'État (hors dette et défense), une "année blanche" en 2026 (barèmes fiscaux, retraites et prestations figés), ou encore la suppression de deux jours fériés. Écoutez l'analyse de l'éditorialiste Franz‑Olivier Giesbert au micro de Agnès Bonfillon.
Regardez L'invité événement avec Agnès Bonfillon du 16 juillet 2025.

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Transcription
00:00Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:0324 heures après les annonces de François Bayrou pour économiser 43,8 milliards d'euros l'année prochaine,
00:10la colère ne retombe pas. Colère des oppositions, des syndicats, des Français,
00:14qui s'opposent entre autres à la suppression de jours fériés.
00:18Bonsoir François-Olivier Gisbert.
00:20Bonsoir Agnès Bonfillon.
00:22Vous êtes journaliste, éditorialiste, merci beaucoup d'être avec nous dans RTL Soir.
00:25Sur la forme, tout d'abord, qu'avez-vous pensé des annonces de François Bayrou ?
00:30Il s'est voulu très pédagogue, il a voulu marquer les esprits avec des mots, des formules chocs.
00:34Il a réussi son exercice, selon vous ?
00:38Écoutez, je ne sais pas si je vais vous choquer, mais enfin pour moi, il a tenu un discours présidentiel.
00:44Ça fait longtemps qu'on attendait quelqu'un qui donne le sentiment, en tout cas, d'être en charge
00:51et puis de prendre les mesures qu'il faut prendre, parce que la France est dans un État absolument pitoyable.
00:58Ça nous change des mesures de la finance et de l'économie, et de l'évitement aussi.
01:03Vous savez qu'on a eu quand même ces dernières années.
01:06Je pense qu'il s'est attaqué au problème.
01:07Alors évidemment, moi, les critiques que je ferai, c'est que ça ne va pas assez loin.
01:12Mais dans la conjoncture politique actuelle, il ne peut pas faire grand-chose,
01:15parce que de toute façon, il n'a pas de majorité, il faut qu'il bricole son plan avec les uns, avec les autres.
01:21Et puis là, sans doute, il y a des négociations qui vont commencer.
01:24Mais je pense que c'était le moins qu'on pouvait faire, et il l'a fait.
01:28Et c'est tout à fait nouveau, c'est presque historique, c'est très important.
01:32Je pense que là, les Français doivent se rendre compte que la situation est catastrophique.
01:37Nous avons un pays qui va rouler vers les 3 400 milliards d'endettements,
01:45dont là-dessus, ce sera 1 400 d'ailleurs qui sont imputables à Emmanuel Macron,
01:50parce qu'il a fait beaucoup de chèques depuis qu'il a été élu en 2017.
01:54Et c'est une situation qu'il faut traiter.
01:57Et on ne peut la traiter qu'en faisant des économies.
02:00Ça veut dire que les Français n'ont absolument pas conscience de la situation de la France aujourd'hui ?
02:06Ce n'est pas tout à fait exact.
02:07Je pense que les Français commencent à prendre peu à peu conscience.
02:11Mais on en est encore loin.
02:12Et puis, il a fait déjà un peu de pédagogie, François Bayrou.
02:16Emmanuel Macron, on attend toujours.
02:18On attend le grand discours.
02:19Sans doute parce qu'il sait, Emmanuel Macron, que ce type de discours rend impopulaire.
02:23C'est peut-être pour ça qu'il n'aime pas traiter ce type de sujet.
02:26Mais il va falloir le faire.
02:28Vous savez bien que...
02:30Si vous voulez, ça, c'est un début.
02:31C'est ce qu'a dit d'ailleurs François Bayrou.
02:34C'est une bonne formule d'ailleurs.
02:35C'est le premier calvaire avant la falaise.
02:38Mais bon, il y aura d'autres calvaires.
02:40Parce que la France, ce n'est pas Emmanuel Macron à qui il faut imputer, évidemment, les 3400 milliards.
02:46Ça fait très longtemps que la France a un modèle social exceptionnel.
02:49Il faut essayer de le garder, de le conserver.
02:51Mais c'est un modèle social qu'on paye en s'endettant.
02:53C'est-à-dire, d'abord, on produit beaucoup moins qu'on dépense.
02:57Et quand on fait ça, vous savez très bien, toute ménagère le sait,
03:00on est obligé d'emprunter.
03:01Et puis, l'emprunt, à un moment donné, ça devient du surendettement.
03:06Et on est un peu là, quand même, la charge de la dette,
03:09quand elle va représenter 50 milliards, et puis peut-être après 60, 70.
03:14On ne peut pas continuer comme ça.
03:16Et si vous voulez, les Français, à mon avis, sont conscients.
03:19Simplement, c'est vrai qu'ils ont des dirigeants qui ne leur ont pas assez dit la vérité sur les choses.
03:23Et là, d'ailleurs, c'est le début.
03:27Parce que le vrai sujet, c'est aussi la réduction des dépenses publiques.
03:30On dépense énormément, vous savez très bien.
03:33On est obligé d'ailleurs...
03:34On bat des records en matière des dépenses publiques,
03:37avec des services publics qui ne sont pas au rendez-vous, d'ailleurs.
03:39Et on bat des records en matière de prélèvements obligatoires,
03:42les impôts, les taxes, etc.
03:44Là, on bat aussi des records.
03:46Et c'est une situation, évidemment, qui fait que la France,
03:48si vous voulez, elle n'avance pas beaucoup,
03:50puisque la croissance est quand même à l'arrêt.
03:51Et ce qui fait que...
03:53Les pays gouvernés comme ça, avec de fortes dépenses,
03:57avec des gros difficiles,
03:58ce sont des pays qui n'ont pas de croissance.
04:00C'est toujours comme ça, des regards autour de nous.
04:02Et nous, bon, on n'a pas d'inflation.
04:04Ça, on peut s'en féliciter aujourd'hui.
04:06On a peu d'inflation.
04:08Mais en échange aussi, on n'a pas beaucoup de croissance.
04:10Un plan qui ne va pas assez loin,
04:12c'est ce que disait Edouard Philippe cet après-midi
04:14à nos confrères du Parisien.
04:17Il ne va peut-être pas assez loin,
04:18mais il est déjà très critiqué.
04:20On se demande même s'il va pouvoir être appliqué.
04:23Mais Edouard Philippe, là, il aurait me fait de se taire,
04:25parce que franchement, bon,
04:26la situation est mauvaise depuis longtemps.
04:29On est quelques-uns, quand même, en France, à dire,
04:32je l'ai écrit beaucoup dans le point,
04:33que ça ne peut pas continuer comme ça,
04:35avec un embêtement pareil.
04:36Et on ne l'a pas beaucoup entendu sur ce sujet,
04:38Edouard Philippe, sauf depuis quelques mois.
04:40Donc, évidemment, il se réveille, tant mieux.
04:42Et puis, c'est bien.
04:43Mais évidemment, ce n'est pas assez...
04:45Je suis d'accord.
04:46Mais simplement, c'est déjà un début.
04:47Et il faut continuer dans cette direction,
04:49en espérant qu'un jour,
04:50il y ait des majorités politiques pour faire ça.
04:52Parce que c'est absolument nécessaire.
04:54La France est un grand pays.
04:56Elle doit rester un grand pays.
04:57On voit bien que bientôt,
04:58enfin, il y a déjà une série de responsables étrangers
05:02qui se font un peu les pieds sur la France.
05:04Mais c'est vrai que vous savez,
05:05quand vous êtes obligés d'emprunter en permanence,
05:07c'est que vous empruntez plus cher que des pays,
05:09d'ailleurs, comme l'Italie, l'Espagne, le Portugal.
05:11Et que vous empruntez à peu près aussi cher à l'étranger aujourd'hui
05:14que la Grèce,
05:16qui n'est pas un pays qui se porte très bien
05:17après des années de crise.
05:19Bon, ça nous pousse quand même des problèmes.
05:23Il faut essayer de redresser.
05:25En fait, ce qu'il faut, c'est un plan de redressement,
05:27comme il y en a eu dans France,
05:28et qui ont très bien réussi, d'ailleurs, au pays.
05:30Puisqu'il y a eu, après, des croissances mirifiques,
05:32je pense notamment au plan de Gaulle.
05:35C'était avec Antoine Pinet et Jacques Rueff.
05:39Ce décélèbre plan d'austérité,
05:41de stabilisation et d'assainissement,
05:45c'est le mot qu'il y avait en 1958.
05:47Puis après, vous avez les différents plans barres.
05:49De toute façon, on est obligé de passer par là.
05:52De toute façon, si on veut éviter la crise financière,
05:55parce que c'est ça, ce qui nous guette,
05:57vous le savez très bien,
05:57qu'est-ce que ça veut dire la crise financière ?
05:59On augmente les taux de crédit,
06:02et évidemment, le pays s'arrête.
06:04François-Olivier Gisvert,
06:05j'ai une toute petite dernière question à vous poser,
06:07parce que le temps file.
06:09François Bayrou aime se référer,
06:11on le sait, à des événements historiques,
06:12mais aussi à des personnages.
06:14Et là, en l'occurrence,
06:15il l'a déjà dit,
06:16Mendes France,
06:17il prend exemple,
06:19il se dit que lui aussi
06:20est resté seulement 7 mois à Matignon,
06:24mais c'était une période suffisante
06:25pour qu'on se souvienne de lui
06:26comme un homme, disant la vérité.
06:28Il est là, le modèle de François Bayrou,
06:30aujourd'hui ?
06:31Oui, oui.
06:34Je peux dire d'ailleurs même,
06:35je pense que jusqu'à présent,
06:36quand on regarde les choses,
06:37il aurait été le meilleur Premier ministre
06:39d'Emmanuel Macron.
06:40Il ne fait pas la politique d'Emmanuel Macron,
06:42ça c'est sûr,
06:42ça claire les yeux.
06:44Les rapports entre eux ne sont pas bons.
06:45Mais en même temps,
06:46d'une certaine manière,
06:47en tout cas,
06:47il sert le pays.
06:49En servant le pays,
06:50il sert aussi le Président.
06:52Quitte, évidemment,
06:53à en prendre plein la figure,
06:55parce que c'est ce qui va se passer.
06:56De toute façon,
06:57nous avons une Assemblée nationale
06:58qui ressemble à celle de la Quatrième République,
07:00qui s'appelle le régime des partis,
07:01avec des gens qui hurlent de tous les côtés
07:03et qui ne pensent pas du tout au lendemain.
07:06Ils ne sont pas du tout dans le...
07:08Ils ne préparent pas la prochaine génération.
07:09Je veux dire,
07:10de certaine manière,
07:10ils n'ont rien à foutre.
07:11Ils sont sur la prochaine élection.
07:13Et je pense qu'il est temps
07:14de penser aussi
07:15aux prochaines générations
07:16et à penser à la France.
07:18Et on ne peut pas dire
07:19que François Bayrou
07:21ne l'est pas fait,
07:22même s'il prend un risque politique énorme.
07:24Merci infiniment,
07:25François-Olivier Gisbert,
07:26d'avoir été l'invité de RTL Soir.
07:29Dans un instant,
07:31notre série de l'été,
07:32les grandes évasions
07:33et notamment celle de Clairvaux.
07:36A tout de suite.
07:38RTL Soir
07:39Avec Agnès Bonfillon

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