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00:0013h, 14h, Europe 1 13h
00:03C'est la suite d'Europe 1 13h, Céline Géraud jusqu'à 14h avec vos deux débatteurs et invités Jules Torres et Nathan Devers
00:09Et c'est une ligne rouge que beaucoup de gouvernements n'avaient jusqu'ici préféré ne pas franchir
00:15Le Premier ministre François Berrou a donc enclenché une petite révolution budgétaire en s'attaquant aux retraités
00:21Ils ont donc proposé de geler effectivement les pensions de retraite, une année blanche
00:26Et en plus Eric Lombard a proposé la suppression de l'abattement fiscal de 10% pour le remplacer par un forfait de 2000 euros
00:32Mais alors est-ce que c'est juste de demander un effort au senior ?
00:36Pour le secrétaire général de la CPME Jean-Eude Duménil, c'est oui, il était l'invité d'Europe 1 soir avec Pierre Devineau
00:43C'est jamais une bonne nouvelle de taxer davantage quelqu'un, je crois que c'est vraiment le postulat de départ
00:47Après qu'on puisse dire que pour financer les régimes sociaux, la contribution des actifs est absolument impérative
00:55Il faut faire évidemment des économies, c'est la priorité
00:57Mais on n'échappera pas à une augmentation, ne serait-ce que pour des raisons démographiques
01:01À ce moment-là, ce n'est pas illogique de dire qu'une partie des retraités doit aussi contribuer dans la même mesure
01:07Vous savez, ce qu'on a constaté par exemple, c'est un décalage entre la revalorisation des pensions
01:13Et les augmentations moyennes des salaires des actifs
01:17Là, il y a quelque chose qui n'est pas très cohérent quand même
01:19C'est-à-dire qu'on ne peut pas considérer que l'augmentation va être plus forte pour ceux qui ne travaillent plus
01:24Et encore une fois, c'est légitime qu'ils puissent percevoir une retraite
01:27Mais que ceux qui sont au boulot ou tous les jours
01:29Voilà, les retraités n'ont plus le totem d'immunité, Jules Torres
01:33Vous avez raison, c'est en effet le choix sans doute le plus courageux de François Bayrou
01:38On sait que l'indexation des retraites sur l'inflation, c'est ce qui a coûté son poste à Michel Barnier
01:44C'était l'argument de Marine Le Pen pour censurer le gouvernement Barnier
01:48En effet, les retraités, il ne faut pas rentrer dans un conflit intergénérationnel
01:53Il ne faut pas dire qu'on va taper sur les retraités
01:55Qu'il faut baisser les retraites des retraités parce qu'ils gagneraient trop
02:00Le sujet, c'est est-ce que ce système de retraite est un système viable ?
02:06On voit bien que non
02:06La baisse de la démographie a provoqué le chiffre suivant
02:10C'est qu'on avait 4 cotisants il y a 30 ans
02:12On n'en a plus que 1,5 pour un retraité
02:17Ça fait en moyenne 320 euros de manque à gagner par ménage
02:21Absolument
02:22Donc l'indexation des retraités, il faut savoir que ce n'est pas forcément le cas
02:28Ce n'est pas systématique pour les salaires
02:29Donc je ne vois pas pourquoi les retraités seraient mieux lotis que les actifs
02:33Le système proposé par François Bayrou protège les plus petites retraites
02:37C'est en tout cas ce qu'il dit
02:40Puisqu'il propose un abattement, un forfait de 2000 euros pour les petites retraites
02:47Mais quoi qu'il arrive, c'est un sujet qui était un tabou, qui était un totem
02:50Et François Bayrou l'a levé
02:52On peut lui reconnaître ça
02:55D'ailleurs vous avez vu les premières réactions, que ce soit à gauche de la gauche ou au sein du Rassemblement National
03:00Ils sont montés au créneau sur ce sujet-là
03:03Alors que quand on veut chercher des économies, cette désindexation des retraites
03:07Elle est majeure puisqu'on sait que c'est plusieurs milliards d'un coup qui tombent
03:11Et qui finalement met les retraités au même niveau que les salariés
03:14La tour de verre, un changement radical pour vous de méthode ?
03:18Oui, je suis d'accord avec vous qu'il y avait une forme de tabou avec cette crainte de tomber dans une guerre de génération
03:24On n'est pas obligé du tout d'entrer dans cette musique-là
03:27Qui est en effet une musique dangereuse, caricaturale, essentialisante, etc.
03:31On peut cependant constater que d'un point de vue générationnel
03:34Tout le monde n'a pas vécu dans la même France
03:36Et que la génération, entre guillemets, des retraités
03:38Même si ce n'est pas un concept qui a la moindre pertinence en sciences sociales
03:42Parce que des retraités, il y en a dans toutes les catégories sociales
03:44Qui ont eu toutes sortes de parcours extrêmement différents d'un point de vue économique
03:48Mais enfin globalement, c'est une génération qui s'est mise à travailler
03:51Dans une France où il était beaucoup plus facile d'accéder à l'emploi
03:55D'avoir des revenus qui étaient importants
03:57D'avoir un métier qui était stable
03:58D'avoir moins de précarité de façon structurelle
04:03Et que la génération des jeunes travailleurs vit dans une France
04:07Qu'elle estime à beaucoup d'égards bloquée
04:10Bloquée sur la question des logements, bloquée sur la question des salaires
04:12Bloquée sur la question du pouvoir d'achat, etc.
04:15Et donc à partir de là, dire qu'on va demander une forme de contribution aux retraités
04:20Et notamment aux retraités les plus âgés
04:21J'ai trouvé ça intéressant, cette question des 2000 euros
04:24Pour pouvoir préserver les petites retraites
04:25Ça ne me semble pas délirant
04:27Ça ne me semble pas injuste d'un point de vue politique
04:31La seule petite nuance que je mettrais
04:33C'est, je trouve une forme d'hypocrisie
04:36Dans le fait de ne pas dire clairement
04:37On augmente les impôts
04:38Mais vous voyez, on supprime des abattements
04:40Alors qu'en fait, il s'agit de ça
04:42Il faut quand même rappeler que la France est un pays extrêmement taxé
04:44Et que le problème, la solution n'est pas nécessairement
04:46De rajouter de la taxe sur de la taxe
04:48Alors est-ce que ce sera suffisant, toutes ces mesures
04:50On en a parlé les jours fériés
04:51La retraite pour revenir à l'équilibre
04:54On le rappelle, 44 milliards d'euros d'économie
04:57Écoutez le député Modem de Réloir, Philippe Vigier
04:59Il était chez Pierre de Villeneuve d'un repinsoir
05:01Et il a son idée sur la question
05:02Il a rappelé qu'il fallait faire ces fameux 43,8 milliards d'économies
05:06Parce qu'on mettra plus sur la défense
05:08Le président de la République le voulait
05:09Il a annoncé l'ordre des adresses aux armées le 13 juillet
05:12Ça sera fait en 26 et en 27
05:13Ensuite, 40 milliards d'économies
05:15C'est pas pour se faire plaisir
05:16C'est simplement, si on fait ça sur 4 ans
05:18Enfin du moins, 40 milliards de cette année
05:20Et avec une diminution de la dépense publique
05:22Pour les 4 ans qui viennent
05:23C'est ramener le déficit public à moins de 3%
05:26Il y a 60 ans que dans ce pays
05:28Il n'y a pas eu un budget à l'équilibre
05:29Jules Torres
05:30On dépense juste la dette en fait avec ça
05:33En gros, on n'est plus à découvert
05:34On n'a plus le banquier qui nous appelle tous les jours
05:35En nous disant
05:36Il faudrait venir nous voir à la banque
05:38D'ailleurs, c'est 44 milliards
05:40Pas d'économie
05:41C'est plutôt 44 milliards d'efforts
05:44Puisqu'en réalité, la dépense publique va augmenter
05:46Avec ce budget
05:48Ça va augmenter de 29 ou 30 milliards
05:50Pour se porter à 1722 milliards de dépenses publiques
05:54On ne doit faire qu'augmenter
05:57Donc en réalité, c'est un budget
05:59On l'a dit
06:00Qui est une rustine pour une grosse crevaison
06:02Il faudra passer par bien plus que cela
06:05Si on veut régler la question de la dette
06:08Le problème, et ce n'est pas pour dédouaner François Bayrou
06:10Puisque de toute manière, il s'est autonomé à Matignon
06:12Donc il savait très bien la situation du pays
06:15Et la configuration de l'Assemblée nationale
06:16Mais avec un palais Bourbon aussi fragmenté
06:20Avec 3 couloirs de nage
06:22Entre la gauche, le centre
06:24Et le Rassemblement national
06:26C'est évidemment très compliqué aujourd'hui
06:27De pouvoir faire quelque chose de révolutionnaire
06:30Donc François Bayrou a le mérite d'avoir fait quelque chose
06:32D'un petit peu courageux
06:33Moi je pense qu'il devait aller beaucoup plus loin
06:35Il devait aller sur beaucoup d'autres sujets
06:37Qui sont des tabous pour le coup
06:39Il a fait des mesures très cosmétiques
06:42Comme la taxe sur les petits colis venant de Chine
06:44Qui va rapporter à peu près 500 millions d'euros
06:47De l'autre côté, il dit en gros
06:49Avec l'année blanche c'est 7 milliards
06:50Il va supprimer 3000 postes d'emploi publics
06:54Est-ce que vous en pensez toutes ces mesures ?
06:57C'est-à-dire que si vous voulez vraiment faire une révolution
07:00On était bien au-delà de 3000 emplois dans le service public
07:04Et j'ajoute les 1000 à 1500 qu'il pourrait y avoir sur les agences
07:08Il faut quand même savoir qu'il y a 6 millions d'agents publics en France aujourd'hui
07:11Ça représente 22% du salariat
07:14Le salariat public
07:15Donc évidemment qu'il y avait bien plus à faire
07:17Et qu'il y avait des économies
07:18Affaire ici, je vous rappelle quand même qu'Emmanuel Macron
07:21Avait promis de baisser le nombre de fonctionnaires
07:24Il y en a 180 000 en plus depuis 8 ans
07:26Et que le programme de François Fillon
07:27Qui était peut-être un peu radical
07:29Mais c'est peut-être ce que le pays attendait
07:30Et ce dont le pays avait besoin
07:31Prenait 400 000 fonctionnaires en moins
07:33Donc c'est pas avec les 3000 fonctionnaires en moins
07:35Qu'on va vraiment changer le visage de l'État
07:36Pour vous c'est encore une fois des petites rustines
07:38Sur les mesures, il y a aussi cet effort sur la fraude fiscale et sociale
07:42Il y a 17 milliards de fraudes trouvées
07:44Mais seulement 11 recouvrées
07:45On peut récupérer 6 milliards
07:46Oui, je pense qu'il y a aussi
07:47En fait, non seulement la question des rustines
07:49Mais en fait, la vraie révolution
07:51C'est de changer de culture
07:53Aussi bien du côté de l'opinion publique
07:55Que du côté des politiques
07:56Est-ce que c'est possible ça aujourd'hui ?
07:58Est-ce qu'avec le discours dramatisant qu'il a tenu ?
08:01Dans une situation de quinquennat
08:03Où la politique est devenue de plus en plus
08:05Une affaire de communication
08:06Dans une situation où les politiques
08:09Prennent des décisions de plus en plus
08:11A court terme
08:12Et d'ailleurs je crois que c'est une des principales causes
08:14De l'explosion du budget sur les dix dernières années
08:16Eh bien, il n'est tout simplement pas possible
08:18De changer cette question
08:20De la manière dont on envisage un budget
08:22Pourquoi ?
08:23Parce que faire des économies
08:24Ne pas engager des dépenses folles
08:26C'est fondamentalement, ontologiquement
08:28Impopulaire
08:29Et qu'à partir de là
08:30C'est la principale cause quand même
08:32De l'explosion des dépenses
08:33C'est que vous avez des politiques
08:35Qui se disent
08:35Nous allons sur du court terme
08:37Engager des dépenses
08:38Qui vont nous rendre populaires
08:40Et puis plus tard
08:41Quand ce sera la catastrophe
08:42Nous ne serons plus aux affaires
08:43Depuis longtemps
08:44C'est ça globalement qu'il s'agit de casser
08:46Et cette culture-là
08:47Je crois que François Bayrou
08:49N'est pas capable
08:49A lui seul
08:50Dans ce dialogue-là
08:52Mais

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