La députée Stéphanie Rist prend la parole lors de la session “Santé des Femmes & Femmes dans la Santé” du Think & Do Tank Marie Claire – Agir pour l’Égalité. Dans une keynote engagée, elle appelle à repenser la manière dont la société considère la santé des femmes, notamment à travers une meilleure prise en compte de la ménopause.
“Quand une femme est fertile, elle est célébrée. Quand elle ne l’est plus, elle est oubliée.” Ce constat, porté avec force, rappelle l’urgence de sortir cette étape de vie de la marginalisation.
🔗 Stéphanie Rist : “Le paradoxe de la ménopause” : https://www.marieclaire.fr/stephanie-rist-quand-une-femme-est-fertile-elle-est-celebree-quand-elle-ne-l-est-plus-elle-est-oubliee,1497314.asp
00:00Bonjour. Bonjour mesdames et messieurs. Alors merci, merci au think tank Marie-Claire de permettre ce matin des paroles fortes pour la santé des femmes, domaine trop souvent oublié quand on parle d'égalité.
00:22Car je le crois profondément, il ne peut pas y avoir d'égalité femmes hommes sans égalité en santé. Si on parle d'accident vasculaire cérébral, pathologie cardiaque, on l'a dit, ostéoporose, troubles anxieux dépressifs, les femmes sont toujours soit plus concernées, soit moins bien prises en charge, cela aussi a été dit.
00:44C'est dans ce contexte et avec la volonté du président de la République de mieux prendre en compte la santé des femmes que j'ai été missionnée pour rendre un rapport sur la ménopause.
00:55J'en profite ici pour remercier les ministres qui font preuve du même volontarisme. Je crois que c'est important de le reconnaître.
01:04Le jour même de la sortie de mon rapport, elles se sont engagées à appliquer beaucoup de recommandations. Si je dois résumer ma mission en une phrase, elle serait que quand une femme est fertile, elle est célébrée, quand elle ne l'est plus, elle est oubliée.
01:21Le paradoxe de la ménopause, c'est qu'il est universel, elle est universelle et aussi marginalisée. Universelle parce qu'elle va toucher 100% des femmes, 85% d'entre elles auront des symptômes, 25% avec des symptômes très invalidants.
01:41On parle aujourd'hui de 17,2 millions de femmes de notre pays. Marginalisée, elle reste un tabou quand elle n'est pas utilisée comme une insulte. Le constat de ma mission, c'est que la ménopause est un impensé pour nos politiques, un impensé pour nos entreprises et c'est toujours un impensé du combat féministe.
02:05Or, je pense que le combat pour l'égalité ne peut pas s'arrêter à 45 ans. A contrario, au fil de la centaine d'auditions que j'ai pu mener, des plus de 2000 témoignages reçus, j'ai acquis une conviction.
02:19La ménopause est une chance. Elle est une chance pour les femmes elles-mêmes qui vont être libérées de certaines contraintes, un grand nombre.
02:27Elle est une chance pour notre société qui doit pouvoir profiter de l'expérience des femmes qu'elles ont acquis à 45 ans, à partir de 45 ans, et aussi du fait que leurs enfants sont plus grands qu'elles ont plus de temps.
02:41Elle est une chance pour nos entreprises.
02:44Mais pour que la ménopause devienne réellement une chance, il va falloir que ce ne soit plus un tabou.
02:50C'est pourquoi, face à l'impensé collectif, beaucoup de propositions de ma mission visent à en fait prendre conscience de ce sujet.
02:59La prise de conscience doit d'abord passer par l'écoute et l'information des femmes.
03:04Lever le couvercle et dire la ménopause, c'est déjà agir.
03:09Donc il faut écouter. Dans chacun des 2000 témoignages reçus, le mot qui ressortait à chaque fois, c'était la solitude.
03:1650% des femmes trouvent aussi le sujet très anxieux.
03:22Et la plupart se trouvent dans une errance diagnostique, parfois de plusieurs mois, plusieurs années.
03:27Écouter, c'est donc donner de l'information fiable, par des campagnes d'information, mais aussi via le planning familial, via des groupes locaux organisés dans tous les territoires.
03:38Mais c'est aussi sur Internet et les réseaux sociaux.
03:41La plupart des femmes ont accès à des solutions de bien-être, pour beaucoup peu efficaces, ou même à des fausses informations sur les réseaux.
03:50Faisons alors le pari de labelliser des influenceurs responsables et diffusons la bonne information.
03:57Lever le couvercle, c'est aussi faire bouger nos représentations.
04:02Tout le monde ici se rappelle de ces cours de reproduction au collège.
04:05On y tait le fait que la vie hormonale ne s'arrête pas à 45 ans.
04:12D'autres sociétés, d'ailleurs, valorisent culturellement les femmes ménopausées.
04:16Les Japonais parlent de second printemps.
04:18Dans certaines cultures africaines, vous avez le droit d'être élue à partir du moment où vous êtes ménopausée.
04:24Il faut donc que nos cours au collège et au lycée intègrent l'après-reproduction, c'est-à-dire la ménopause.
04:30Je n'ai pas ailleurs constaté que la ménopause ressemble à d'autres phénomènes sociétaux, là où les opinions remplacent très souvent la science.
04:41Il n'y a pas que les réseaux sociaux.
04:43L'errance médicale, elle est aussi due au manque de professionnels de santé dûment formés.
04:50Résultat, dans un climat anti-hormones, seuls 2,5% des femmes prêtent un traitement hormonal de ménopause dans notre pays.
04:59C'est ce qu'on a pu montrer dans ce rapport, notamment dans les départements les plus riches ou les départements avec le plus de gynécologues.
05:09J'ai donc recommandé que la Haute Autorité de Santé rende d'ici l'automne des recommandations sur toutes les thérapeutiques pour mieux traverser cette étape de la vie.
05:17Ces recommandations fondées sur la science serviront d'appui pour mieux former l'ensemble des professionnels de santé.
05:25Il faut aussi proposer un bilan à 360 degrés à 45 ans lors d'une consultation longue.
05:32Prendre le temps avec les femmes à cet âge, c'est prévenir la suite.
05:36Le gouvernement s'y est engagé le jour même de la sortie du rapport, je le remercie, et un parcours individualisé qui associera tous les professionnels, les sages-femmes, les kinés, les diététiciens et d'autres.
05:51Mais la ménopause, on l'oublie souvent, c'est aussi un phénomène économique en raison notamment de l'impact sur la vie au travail.
05:5750% des femmes considèrent que la ménopause a une conséquence sur leur vie au travail.
06:0410% des femmes démissionnent au Royaume-Uni lors de cette étape de la vie à cause des symptômes de la ménopause.
06:12L'absentéisme, la détérioration de la carrière, la retraite anticipée, ce sont autant de coûts cachés pour les entreprises et aussi pour la sécurité sociale.
06:20Cela a été chiffré au Japon, 11,5 milliards d'euros par an au Japon.
06:28Ici, en France, on ne sait pas chiffrer encore le coût de cette ménopause.
06:34On est dans une forme d'ignorance plus que de résistance.
06:38C'est pourquoi il faut le chiffrer, le gouvernement s'y est engagé, là aussi je l'en remercie.
06:43Il faut chiffrer pour que chacun saisisse l'intérêt d'agir.
06:48Ici encore, ce n'est pas la ménopause et les femmes ménopausées qui coûtent cher.
06:52C'est notre déni.
06:54Passer l'ignorance, il faut également mieux utiliser les outils en entreprise.
06:59Pouvoir ouvrir des fenêtres.
07:01Avoir des toilettes disposées d'une pièce pour se rafraîchir.
07:05Ça semble bateau, mais c'est indispensable dans cette étape de la vie.
07:08Il faut enfin utiliser la visite de mi-carrière à 45 ans pour aborder le sujet de la ménopause.
07:14Comme les hommes, toutes les femmes y ont le droit.
07:15Elle doit permettre d'adapter les postes, les conditions de travail des femmes qui souffrent trop en silence de ces symptômes.
07:23En conclusion, le rapport que j'ai rapporté, c'est trois priorités.
07:2925 recommandations, elles sont toutes applicables en deux ans.
07:32Je remercie encore une fois les ministres de s'en être emparés, mais il faut lancer un appel à tous les acteurs.
07:37Etats, entreprises, médias, rôle-modèles, c'est collectivement que nous ferons bouger les représentations.
07:46Il nous appartient collectivement de faire sortir la ménopause du placard.
07:50Réalisons que ce n'est pas la ménopause ou les femmes ménopausées le problème,
