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Notifications, scrolls, vidéos courtes, contenus calibrés pour captiver : notre attention est devenue une ressource précieuse, exploitée et monétisée. Derrière cette course à la captation se cache un modèle économique redoutablement efficace, mais aussi profondément transformateur.

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Transcription
00:00Nous terminons cette édition avec Étienne de Sainte-Marie, membre du Cercle de la Donnée,
00:11qui va nous parler de l'économie de l'attention.
00:14C'est un enjeu sociétal, pour ne pas dire civilisationnel.
00:18Peut-être Étienne d'abord revenir sur ce qu'on appelle l'économie de l'attention
00:21et pourquoi c'est un sujet crucial.
00:23Comme son nom l'indique, l'économie de l'attention repose sur la captation de l'attention.
00:28C'est ce qu'on appelle le gratuit, le fameux dicton que vous avez peut-être déjà entendu,
00:34« Si c'est gratuit, c'est toi le produit ».
00:35L'économie de l'attention, c'est un mécanisme qui consiste à capter au maximum notre attention
00:43et donc à nous garder connectés le plus possible à nos écrans
00:48pour drainer le maximum de données qui servent de monnaie à des fins de financement.
00:53Plus on est connecté, plus on veut cher.
00:55Et donc les algorithmes, les modèles ont intérêt à nous garder connectés
00:59et donc ça génère en fait mécaniquement, structurellement et pas accidentellement
01:02des biais que sont polarisation parce qu'on est toujours encouragé dans nos biais de...
01:09D'opinion.
01:11Oui c'est ça, exactement.
01:12Et puis du coup ensuite la censure parce que ça génère des excès,
01:15les addictions numériques, l'explosion des fake news parce qu'elles existaient avant.
01:18On sait qu'une fake news est relayée six fois plus vite parce qu'elle a ce côté sensationnel
01:21qui va vous garder connecté, vous faire réagir, etc.
01:24Et puis donc après toutes les conséquences à la fois individuelles et sociétales.
01:29Et qu'est-ce qui se passe dans notre cerveau ? On parle d'addiction au numérique.
01:33Et bien en fait justement les algorithmes sont conçus pour nous faire réagir
01:38et donc en fait ils nous connaissent avec le machine learning, etc.
01:41Ils nous connaissent mieux que nous-mêmes sur certains points.
01:44Ils sont conçus pour activer en permanence nos instincts.
01:46Et donc par exemple Sean Parker, premier président de Facebook, disait de lui-même
01:50et très tôt, nous savions que nous exploitions une faille de la psychologie humaine
01:55et nous l'avons fait quand même.
01:56Donc en fait ce n'est pas quelque chose de récent.
01:58Et donc ils sont appuyés sur des mécanismes de psychologie cognitive
02:02où ils se sont rendus compte qu'en récompensant, en générant certains comportements,
02:08le cerveau réagissait spontanément et les gens restaient connectés plus longtemps.
02:13Avec des conséquences très concrètes sur nos vies.
02:15Exactement.
02:17Oui typiquement vous êtes de droite, vous allez avoir de plus en plus de contenu de droite,
02:20vous êtes de gauche de plus en plus de contenu de gauche
02:21et en fait clairement on le voit dans nos sociétés après 20 ans,
02:24une société fragmentée et les réseaux sociaux ont clairement,
02:26alors ce n'est pas la seule raison, mais ont clairement amplifié ce phénomène
02:29et en fait maintenant ça s'est infiltré dans tous les recoins de nos vies.
02:34Vous diriez qu'aujourd'hui les réseaux sociaux sont irrécupérables ?
02:39Non, mais en fait il y a deux options, soit on ne fait rien et avec l'arrivée de l'intelligence artificielle
02:46qui va encore exponentialiser ce phénomène parce que ça va être encore bien plus puissant
02:50que les algorithmes qu'on connaît de l'économie de l'attention, ça va être de pire en pire,
02:56surtout qu'il y a ce que j'appelle ceux qui ont connu avant, vous, moi,
03:00mais maintenant ceux qui arrivent n'ont pas connu avant, donc avant c'est avant internet,
03:04c'est avant les réseaux sociaux.
03:04Et donc du coup soit on laisse faire ça, on va devenir vraiment des petits robots,
03:07ce qu'on est déjà pas mal, soit on choisit de casser ce business model.
03:12Et donc moi je pense vraiment que la première chose à faire c'est de couper cette dépendance financière
03:17à l'attention et pour ça il faut tout simplement revenir à réparer une anomalie
03:22qui à mon avis est unique dans l'histoire, c'est-à-dire la pseudo-gratuité d'une industrie de masse.
03:28Aucune industrie de masse générant autant d'argent ne peut être gratuite.
03:31On est tous victimes d'une hallucination collective et donc il faut casser.
03:36Et les réseaux sociaux devraient à mon sens être payants et rétribuer les utilisateurs pour leur activité.
03:40Que change l'arrivée de l'IA pour vous ?
03:42Eh bien en fait ça ne fait qu'exponentialiser le problème.
03:46Et puis donc comme j'ai dit tout à l'heure, l'IA, on est déjà impressionné par ce que l'IA a apporté depuis deux ans
03:53dans nos vies quotidiennes, chez GPT, etc.
03:54Mais on est vraiment à l'après-histoire et ça va aller de plus en plus vite.
03:59Donc ça, plus le fait que les générations qui arrivent et qui sont déjà là n'ont pas connu cet avant,
04:05ça peut être très dangereux.
04:08Et voilà, je pèse mes mots, je ne suis pas catastrophiste.
04:10Moi je crois vraiment qu'on est en train de changer.
04:13Les régulateurs, les politiques commencent à se pencher sur le problème.
04:16En plus vient s'ajouter ce contexte géopolitique qu'on connaît avec Trump, Poutine, Musk qui rachète X,
04:22l'Europe qui se sent un peu dénudée face à ça.
04:26Donc il y a une prise de conscience.
04:29Et moi je suis assez optimiste.
04:30Je pense que ça aboutira sur des changements.
04:34Merci beaucoup Étienne de Sainte-Marie.
04:36Je rappelle que vous êtes membre du Cercle de la Donnée.
04:38Merci pour votre participation.
04:40Merci à Lili Zalkin qui m'a accompagnée sur cette émission Smartech.
04:43Et merci à vous de nous suivre avec une grande fidélité sur la chaîne Bsmart4Chel.
04:47Vous pouvez aussi nous écouter en podcast.
04:49A très bientôt.

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