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  • il y a 3 jours
L’animateur et créateur visionnaire d’émissions a succombé à un cancer. L’outsider était devenu un monument du petit écran avec ses émissions désormais cultes comme « Tout le monde en parle » ou « Lunettes noires pour nuits blanches ».

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Transcription
00:00Thierry Ardisson est mort.
00:01Vous connaissez le principe ?
00:031, 2, 3...
00:04Magneto Serge !
00:06L'animateur de télé a succombé à un cancer à 76 ans,
00:09une maladie qu'il avait cachée jusqu'à sa disparition.
00:12Thierry Ardisson sait plus de 30 ans de télé,
00:14et 30 ans d'émissions cultes.
00:16On se souvient tous de Paris dernière...
00:18Bonsoir.
00:19Tu fais la gueule ?
00:21On se souvient de 93 pour Bourg-Saint-Honoré,
00:23quand il était dédîné chez lui, dans son vrai appartement,
00:26qui était transformé dans un studio de télé.
00:27Oui, allô ?
00:28Oui, si vous voulez, on peut aller dîner ailleurs aussi, hein ?
00:32Quatrième !
00:33Bien !
00:34T'as une vraie vieille lumière.
00:35Allons, c'est quatrième ?
00:36Oui.
00:36Oh là !
00:38Je t'accueille personnellement.
00:42Ça, c'est assez fou.
00:43On se souvient évidemment de Tout le monde en parle,
00:45qu'est l'émission emblématique des samedis soirs de France 2.
00:48C'est évidemment cette dernière émission qui reste dans les mémoires,
00:51Tout le monde en parle,
00:52une émission qu'il a animée tous les samedis soirs de 1998 à 2006 sur France 2.
00:56Dans ce programme, il recevait toutes sortes de personnalités,
00:59des artistes avec leur lot d'habitués comme Fabrice Lucchini ou Eric Heramzy,
01:02mais aussi des politiques comme Jean-Luc Mélenchon, Michel Rocard,
01:05ou encore le dernier dirigeant de l'Union soviétique,
01:08Mireille Gorbatchev.
01:09En fait, il mélangeait le sale gosse et les auditions.
01:11C'est-à-dire qu'en même temps, intellectuellement,
01:13c'était quand même des interviews de haute tenue,
01:14il avait des invités très forts.
01:16Le côté sale gosse, on le retrouve sur les radios,
01:18évidemment, Cyril Alouna incarné ça.
01:20Mais Cyril Alouna, il ne reçoit pas des prix Goncourt,
01:22il ne reçoit pas des personnes qui sont à l'Académie française,
01:26il ne reçoit pas les plus grands acteurs du cinéma français.
01:28Donc, oui, lui, il arrivait à être un sale gosse,
01:31tout en étant très pointu, très calé.
01:34C'était un intellectuel qui a passé sa vie
01:38à mettre en avant les intellectuels.
01:40Ardisson, c'est l'un des créateurs de l'infotainment,
01:43un jeu risqué qui mélangeait du politique, du people et du graveleux,
01:46un concept qui permet d'apporter de l'information,
01:49le tout enrobé dans du divertissement.
01:50Il a déridé la télé, c'est-à-dire que,
01:52notamment sur les interviews culturelles,
01:54c'était la grande époque de Jacques Chancel,
01:57donc des interviews très solennelles,
01:59on respectait beaucoup l'invité, on discutait.
02:01Lui, pas du tout, il voulait secouer ses invités.
02:04On va écouter un intellectuel parce qu'on sait que derrière,
02:06il y aura une bumbo, parce qu'on sait que derrière,
02:08il y aura une starlet de la chanson, de la télévision.
02:11C'était vraiment sa grande idée de la culture,
02:13c'est qu'il faut la rendre accessible,
02:14et pour la rendre accessible,
02:15c'est pas en les mettant en prime time
02:17et en faisant des interviews chiantes,
02:18c'est en les ping-pong et en faisant ces fameux questionnaires thématiques
02:21et la fameuse question, est-ce que le succès s'est trompé,
02:24qu'il a posé même à des premiers ministres.
02:26Donc voilà, il était quand même assez sans chute.
02:27Tu veux le sexe pour la nuit ?
02:29Pour les habitués des émissions d'Ardisson,
02:38difficile de le dissocier d'un autre personnage,
02:40son complice de toujours, Laurent Baffi,
02:42qui l'avait engagé dans son émission Double Jeux
02:44et qui l'a gardé à ses côtés dans
02:46Tout le monde en parle et salue les terriens.
02:47Vous allez vous remarié, là ?
02:49Oh, je ne vois pas.
02:51Non.
02:52Un amant, peut-être, mais pas.
02:54J'aimerais... Oui.
02:55Baffi, c'est une machine, il sort des punchlines dans une seconde.
03:00Là où Thierry Ardisson, dans ses émissions, c'était très écrit, très préparé.
03:04Il improvisait très peu, il n'était pas très beau en impro.
03:07Toutes les vannes étaient écrites, les relances étaient écrites,
03:10toutes étaient écrites.
03:11Et en fait, il avait besoin de quelqu'un pour apporter un peu de spontanéité.
03:14Il se trouve que Baffi, là-dessus, il est vraiment très, très fort.
03:18Et donc, du coup, ça faisait le bon mix entre l'interview,
03:20qui était bien construite, bien fluide.
03:22Puis à côté de ça, Baffi, quand on voyait dans tous les sens,
03:25c'était vraiment fort.
03:26L'homme en noir a débuté sa carrière dans la publicité.
03:30Vas-y, vas-y, vas-y, vas-y.
03:32J'ai huit secondes pour vous dire que la barre au bon machine,
03:35c'est de la dynamique.
03:36Tous ses slogans, c'est lui.
03:38Un goût des mots et des concepts.
03:39Les concepts, d'ailleurs, c'était sa marque de fabrique.
03:41Des auto-interviews.
03:42Do you believe in the existence of other dimensions, Nina ?
03:46À l'interview Alerte Rose,
03:52en passant par Descentes de Police et ses interviews musclées,
03:54Thierry Ardisson ne s'interdisait rien.
03:56Il ne s'interdisait aucune question, aucun invité.
03:59Et forcément, ça a donné des séquences cultes
04:01qui ont marqué l'histoire de la télévision.
04:03Quand les stars disaient,
04:04il ne faut pas lui parler de son enfance,
04:05il ne faut pas lui parler de ça,
04:06évidemment, c'est les premières questions que je posais.
04:08Et donc, du coup, il y a cette fameuse séquence
04:10où il a joué au huit,
04:10au bout de trois minutes d'une interview,
04:12jette son verre et c'est là.
04:13Et il n'en avait absolument rien à fiche,
04:14tout s'est à l'amusée.
04:15Il racontait même que parfois,
04:17quand il était un peu touchy,
04:18il envoyait les fausses émissions
04:20à la direction de France 2
04:21parce qu'il a enregistré en fin de semaine,
04:23c'était difficile le samedi.
04:24Et donc, c'est toujours validé par la chaîne
04:25qui regarde pour être sûr
04:26qu'il n'y a pas de problème juridique,
04:28qu'il n'y a pas de clash,
04:28qu'il n'y a pas de truc qui fait couper.
04:30Et il envoyait une version coupée.
04:33Et aux équipes qui envoient l'émission,
04:34il envoyait une version non censurée.
04:36Donc, ce n'était pas la même,
04:37celle qui était validée par son patron
04:38et celle qui passait à l'antenne.
04:39En avril 2024,
04:40L'Homme en Noir reçoit la Légion d'honneur
04:42des mains d'Emmanuel Macron
04:43qui loue un personnage d'une liberté totale,
04:45provocateur et érudit.
04:46Mais Thierry Ardisson avait aussi ses parts d'ombre.
04:49Et cette récompense a été fortement décriée
04:51par plusieurs femmes,
04:52notamment par l'écrivaine Christine Angot.
04:54Car Ardisson a régulièrement invité
04:55dans ses émissions,
04:56elle a qualifié le présentateur
04:57d'apôtre de l'humour-humiliation
04:59sur le service public pendant des années.
05:01Provocateur, intellectuel, novateur,
05:03parfois limite,
05:04la disparition de Thierry Ardisson
05:05laisse en tout cas un vide
05:06dans la télévision française.
05:07C'est un peu triste,
05:08mais en fait,
05:09il a laissé à la fois
05:10une liberté folle,
05:12mais qui n'a plus aujourd'hui.
05:14C'est-à-dire qu'en fait,
05:14il n'y a pas tellement d'héritiers
05:15de Thierry Ardisson.
05:16Aujourd'hui, à la télévision,
05:17on est beaucoup plus sage,
05:18on est beaucoup plus corsoté.
05:19Il y a les réseaux sociaux
05:20qui font très peur aux animateurs,
05:21qui ont peur des bad buzz,
05:22qui font très peur aux artistes.
05:23Et donc, cette liberté-là,
05:24malheureusement,
05:26il incarne ça
05:27et elle n'existe plus.

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