Camélia Jordana revient sur l'importance de ne pas hiérarchiser les vies humaines. Elle évoque une phrase marquante entendue d’un ami palestinien : "Les hommes qui se font b*ter comptent aussi" Interrogée par Azzeddine Ahmed-Chaouch sur la possibilité d’être artiste sans prendre position, elle rappelle que le silence est lui aussi un acte politique.
00:00J'entends beaucoup les femmes et les enfants, mais en fait, les hommes, c'est aussi pas cool de les lutter.
00:05C'est un pote palestinien qui m'a dit ça un jour, qui m'a dit en fait, les hommes palestiniens comptent aussi.
00:08Je me suis dit, mais c'est vrai que c'est quand même dingue.
00:10On en est à un point où on s'est convaincu que quand même, à partir du moment où c'est les femmes et les enfants, c'est pas possible.
00:16Mais en fait, les hommes non plus.
00:18Le seuil de l'or est tellement loin.
00:22Est-ce qu'on peut être un artiste aujourd'hui, être neutre et encore plus un artiste d'origine maghrébile en France être neutre, tu penses ?
00:29Est-ce qu'on peut ? Oui, on a cette liberté-là.
00:31Bien sûr. Est-ce que ça a du sens ?
00:33Que ça a du sens pour certaines personnes. Si ça a du sens pour elles, je le respecte.
00:41Moi, me concernant, ma définition d'être un être artiste, tu vois, j'ai vu le début d'une série documentaire magnifique qui va bientôt sortir sur Arte, sur Gavras.
00:56C'est l'immense monsieur qu'est Gavras et qui a été fait notamment avec Edwik Lennel.
01:07Et le premier carton du premier épisode, c'est chaque film est politique.
01:16En fait, chaque geste est politique.
01:19Et d'ailleurs, choisir de ne pas être politique, c'est politique.
01:28Et respectable.
01:29Chacun fait comme il veut.
01:31C'est ça aussi, si on croit deux secondes en la démocratie.