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  • 10/07/2025
Lors de l'émission Face à l'Info du 10 juillet, la journaliste Gabrielle Cluzel a évoqué le palmarès des prénoms les plus donnés l'année dernière. 

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Transcription
00:00Oui, alors c'est ce qu'on appelle un marronnier, un marronnier au mois de juillet, ça fleurit pas normalement, bah là si.
00:05Donc, non mais c'est intéressant parce que, déjà le prénom a pris une place pléthorique dans notre société, vous avez remarqué, le nom de famille tend à disparaître.
00:15Il y avait un temps pas si lointain où on appelait les élèves, les écoliers par leur nom de famille, alors les garçons en général c'était le nom tout seul et les jeunes filles on disait mademoiselle machin.
00:24Et à la Légion d'honneur on les appelait par leur nom de famille, tout simple aussi, parce qu'on considérait que c'était en raison de leur ascendant qu'elles étaient à la Légion d'honneur.
00:34Famille Kelly.
00:37Alors c'est vrai que le prénom c'est plus familier, c'est peut-être plus sympathique mais ça fait quand même disparaître une lignée, vous voyez, quand on appelait un élève par son nom de famille, c'était une façon de lui dire est-ce que ce que tu as fait ça fait honneur à ta famille, vous voyez, à ton nom.
00:52Donc c'est quelque chose qui a disparu, cette représentation de la famille, un prénom c'est personnel même s'il y a des prénoms de famille, donc ça correspond mieux à l'individualisme du moment, on n'a de compte à rendre à personne, mais on sait bien que ne rendre de compte à personne ça fait partie aussi de nos problèmes.
01:07Alors les prénoms donc c'est très important mais ils sont aussi des marqueurs sociaux et des marqueurs géographiques et c'est aussi ce que l'on est mais aussi les projections de nos parents pour nous, parce qu'ils voient un projet quand ils nous donnent un prénom.
01:19Alors on se souvient des Kevin et Mathéo, cités par Gérald Darmanin, alors ils ont eu grand succès et puis on peut citer Jordan, vous savez on en a beaucoup parlé à propos de Jordan Bardella, il évoque ce prénom du reste dans son livre Ce que je cherche.
01:33Il a dit que ça avait été pour lui un sujet de moquerie, enfin il s'était fait beaucoup moquer pour ce prénom, mais il l'a retourné comme une force, explique-t-il, parce que c'est vrai que ça montre une certaine méritocratie et ça le rend plus proche peut-être des français plus simples.
01:49C'est vrai que dans ces cas-là c'est plus facile de s'appeler Jordan que Charles Hubert par exemple.
01:53Que notons dans le palmarès de cette année Gabrielle ?
01:57Alors on remarque tout d'abord à l'échelon national que Louise est en tête pour les filles et Gabrielle pour les garçons.
02:03Ma grand-mère s'appelait Louise.
02:05Il y a la grand-mère de beaucoup de monde qui s'appelait Louise sans vouloir vous offenser.
02:08Marc il rentre dans toutes les chroniques là.
02:11Monsieur Virgule.
02:12Et Louis arrive assez vite derrière, troisième pour les garçons, preuve qu'il y a quand même un certain classicisme,
02:21qui demeure votre grand-père, ça ne s'appelait pas Louis parce que moi il s'appelait.
02:23Non, Adrien.
02:25Et un certain sens de la transmission.
02:28Voilà, Louis on en trouve des listes entières sur les monuments aux morts et depuis toujours c'est un prénom qui transcende les classes sociales.
02:34Vous voyez, il n'avait jadis chez les rois et les paysans et aujourd'hui c'est très frappant.
02:38On en voit aussi bien dans le carnet du jour très mondain du Figaro que dans la rubrique naissance du journal de la presse quotidienne régionale de la France Profonde.
02:49Donc c'est presque un prénom d'unité nationale aussi bien sur le plan social que sur le plan des générations.
02:55Et on peut dire autant de Louise.
02:57Louise c'était une fille de Louis XV, Madame Louise de France, immortalisée par Nathier.
03:01Et puis c'est Louise, vous savez, la chanson, je suis très touchée par cette chanson de Gérard Berliner, vous savez, sur une jeune femme dont le fiancé est mort à la guerre de 14.
03:11Et bien aujourd'hui, il y a plein de petites Louise qui gambattent partout.
03:16Alors évidemment, si vous regardez dans les détails, les chiffres, c'est un peu différent parce qu'il y a beaucoup de variations en fonction des départements.
03:24Alors en Aveyron, Gabrielle et Louise arrivent tous les deux en premier.
03:27Mais dans le Cantal, c'est Gabrielle, toujours pour les garçons, et c'est Agathe pour les filles.
03:33En Seine-Saint-Denis, le premier prénom de fille est Inaya, celui du garçon Mohamed.
03:39Dans le Val-de-Marne, le premier prénom de fille, c'est Nour, et le premier prénom de garçon, c'est Ibrahim.
03:44Alors on voit qu'il y a les prénoms des villes et les prénoms des champs.
03:47Il faut savoir qu'à l'échelon mondial, à l'échelon national d'abord, le prénom Mohamed arrive à la 19e place.
03:56Il est rentré dans le top 20 des prénoms français en 2018.
04:00Et à l'échelon mondial, il y a deux prénoms qui se partagent le podium.
04:04C'est Mohamed et ses variantes, prénom masculin, et Marie et ses variantes, prénom féminin.
04:11Alors, puisqu'on en parle de Marie, on peut justement mettre en perspective la montée en puissance des Mohameds avec la perte de vitesse des maris.
04:22Vous savez, c'est décrit par le sociologue Jérôme Fourquet dans l'archipel français.
04:27Au début du XXe siècle, 20% des filles s'appelaient Marie.
04:31Et c'était tellement vrai que Régine Desforges en avait fait un livre, « Toutes les filles s'appellent Marie ».
04:36On aurait même pu dire aussi « Tous les garçons s'appellent Marie » parce que dans les familles catholiques,
04:41on rajoutait même « Marie » dans les prénoms de garçons.
04:44Ça se fait encore, mais c'est devenu plus rare.
04:47Eh bien, Marie, c'était plus que 1% au milieu des années 2000.
04:50Et le score a atteint 0,3% en 2016.
04:57Et puis, alors, il y a deux prénoms qui ont très mal résisté, qui n'ont pas du tout résisté comme Louis.
05:02C'est Jean et Pierre.
05:03Vous voyez, parmi les prénoms pourtant les plus donnés du début du XXe siècle,
05:08aujourd'hui, n'arrivent même pas dans les 100 premiers prénoms de 2024.
05:14Christine, c'est Asbine ou bien ?
05:16Christine, c'est Éternel.
05:17Oh, j'adore !
05:20Je croyais qu'il n'y avait pas de personnel dans les chroniques.
05:25Petitôt !
05:26Marc, c'est Éternel aussi.
05:27Sachez que mon grand-peur s'appelait Charlemagne.
05:30On est tous modestie.
05:31Mais là, c'est québécois, c'est une chose.
05:32On avait tous le même.
05:35On a perdu les mousquetaires ce soir.
05:37Dernière question, Gabrielle.
05:39Est-ce qu'on peut donc voir de grands changements en la matière depuis quelques années ?
05:43Ça évolue ?
05:44Oui, alors on ne parlera pas de grands remplacements, parce que c'est un gros mot,
05:47mais on parlera plus pudiquement de vases communiquants.
05:50Et d'ailleurs, le remplacement des prénoms ne veut pas dire nécessairement remplacement des populations.
05:55Et inversement, un prénom pour les parents est un choix, il ne s'impose pas à eux.
05:59Donc on pourrait très bien imaginer un changement de population et une permanence des prénoms.
06:04Donc par les prénoms, le prénom, encore une fois, les parents fabriquent une identité
06:08qui vient se rajouter à leur identité dont ils ont hérité.
06:12On peut vouloir un prénom qui fait chic ou un prénom de quelqu'un qu'on a beaucoup aimé ou admiré.
06:18Il va y avoir plein de petites Christines, je le prédis.
06:20Oui, oui, j'espère !
06:22Et en général, les parents sont bien intentionnés, donc les prénoms, pensent-ils, vont servir leurs enfants.
06:28Parfois, ils se trompent.
06:29On peut donc en conclure, et je trouve que c'est intéressant,
06:31parce que les associations antiracistes nous disent que les prénoms arabo-musulmans sont discriminés en France.
06:40Eh bien, écoutez, les parents ne doivent pas le juger de telle façon,
06:44puisque ce prénom est donné de façon importante.
06:48Ils n'anticipent pas cela, ça prouve que ce n'est pas prégnant,
06:52contrairement à ce que disent les associations antiracistes.
06:55Alors, de son côté, la descendance des innombrables maris a un peu abandonné cet état d'esprit.
07:02On peut vouloir inscrire son enfant par un prénom de famille dans une lignée,
07:05ou au contraire, vouloir un prénom complètement unique, incroyable pour un enfant qui sera unique et incroyable.
07:14Donc, on a vu beaucoup de prénoms émerger, un peu sortis de nulle part.
07:17Moi, j'ai remarqué, dans les vestiaires des maternelles, il y a des associations de phonèmes assez inhabituelles.
07:21Il y a même un humoriste suisse, parce que les Suisses sont drôles aussi,
07:26Nathanael Rocha, vous voyez, qui avait fait un sketch pour se moquer de ces associations,
07:30de ces prénoms un peu incroyables.
07:32Il parle notamment des consonnes pivotantes.
07:35On prend un prénom classique, Noémie qui devient Noélie, etc.
07:37Alors, si fantastique et imaginatif que soit le prénom, il finira un peu démodé,
07:44parce que c'est un peu la loi du genre.
07:46Et il y a des cycles, vous voyez.
07:47Noélie sera peut-être démodée en 2060, et puis Lucette reviendra.
07:53Alors, si vous voulez être disruptif en 2025,
07:55déjà avoir un enfant en 2025, c'est disruptif, parce qu'on a vu les résultats des taux de natalité.
08:01Mais vous appelez votre enfant Jean, Pierre ou Marie, ce sera extrêmement original.

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