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Figure emblématique de la Résistance, Jean Moulin reste un symbole de courage. Jamy retrace son destin héroïque et tragique.

A la tête d'une équipe de passionnés, spécialistes dans leur domaine, qu'ils soient scientifiques, historiens, médecins, vétérinaires... Jamy nous invite à partager le goût de la connaissance sous toutes ses formes, pendant 26 minutes. Eveiller notre curiosité, questionner le quotidien qui nous entoure, pour nous éclairer sur tous les sujets y compris les plus surprenants, rien n'échappe à l'appétit de savoir de Jamy et de sa bande d'experts.
Les sujets traités sont expliqués, décryptés grâce à des visuels appropriés qui conjuguent réalité augmentée, infographies, 3D et images d'archives... Un éclairage ludique et inédit avec un ton mêlant décontraction, humour et bienveillance. Un programme accessible à tous les publics, qui permet d'apprendre en se divertissant.
Trois rubriques rythment l'émission :
- C chaud : Un thème est décrypté chaque jour par Jamy et son équipe à travers trois angles originaux et complémentaires. Sont abordés une richesse de thématiques et de sujets du quotidien.
- C l'idée : Ce sujet aborde le thème du jour par le prisme de l'environnement avec l'objectif de modifier nos habitudes pour être écoresponsables, sans pour autant être moralisateurs et culpabilisateurs.
- #DisJamy : Jamy répond chaque jour aux questions de sa communauté, « les Epicurieux ».

Année de production : 2021
Une coproduction Elephant et France.tv studio, avec la participation de France télévisions.
Présentée par Jamy Gourmaud,
Produite par Gaël Leiblang, Francois Ducroux, Christophe Guyomard.

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Transcription
00:00Sur cette photo, il m'a toujours fait penser à une star hollywoodienne.
00:04Une impression très vite chassée.
00:06Car nous savons tous que Jean Moulin est un vrai héros de la Résistance.
00:10Il a donné sa vie pour son pays.
00:12Un engagement qui résiste au temps.
00:14La preuve, on en parle aujourd'hui dans ses jammies.
00:30Bonjour et bienvenue dans mon atelier.
00:38Jean Moulin n'a rien dit sous les coups de ses bourreaux.
00:41Son sacrifice a participé à sauver la France et fait de lui un héros national.
00:46Ma bande d'experts a activé ses réseaux pour en savoir plus sur ce personnage.
00:51Sommaire.
00:52Qui est Jean Moulin et comment a-t-il organisé la Résistance française ?
00:56Comment les résistants choisissent-ils leur pseudo ?
00:59Et comment un portrait de lui a permis de faire arrêter le chef de la Gestapo de Lyon ?
01:03Aujourd'hui, Jamy et sa bande d'experts remontent l'histoire pour vous dresser le portrait du plus grand résistant français.
01:09Un homme au courage exceptionnel qui a donné sa vie pour la liberté.
01:13On le sait, l'aviation a joué un rôle primordial pour la Résistance.
01:17A Compiègne, deux passionnés font renaître des avions de la Seconde Guerre mondiale qu'ils restaurent et font voler.
01:23C'est l'idée est allée à la rencontre de ces bénévoles qui font revivre le patrimoine.
01:27On engage le projet de restauration qu'à partir du moment où on a la certitude de pouvoir le faire voler.
01:32Vous vous posez encore des questions sur Jean Moulin et la Seconde Guerre mondiale ?
01:36Eh bien, Jamy vous dira en fin d'émission pourquoi la traction avant était la voiture de la Résistance.
01:40Bienvenue dans la Fabrique du Savoir.
01:45Amis, entends-tu le vol droit des corbeaux sur nos plaines ?
01:51Amis, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
02:00Il y a des noms qui sont à jamais associés aux grands événements de notre histoire.
02:04Leur simple évocation est synonyme d'héroïsme.
02:08C'est le cas de Jean Moulin, la figure emblématique de la Résistance.
02:13Il naît à Béziers le 20 juin 1899.
02:17Son père, Antoine-Émile Moulin, est un radical de gauche, élu au Conseil général de l'Hérault.
02:23Il transmet très tôt à son fils sa passion pour la politique et son amour de la République.
02:28Avant le début de la Seconde Guerre mondiale, Jean Moulin mène donc une brillante carrière de haut fonctionnaire.
02:36Il devient tour à tour le plus jeune sous-préfet et le plus jeune préfet de France.
02:42Mais tout bascule le 17 juin 1940.
02:46Jean Moulin, alors en poste à Chartres, assiste à l'entrée des Allemands dans la ville.
02:52L'armée française a été vaincue en seulement cinq semaines.
02:55Des officiers ennemis tentent alors de faire pression sur lui.
03:00Ils veulent qu'il signe un document accusant à tort les tirailleurs sénégalais d'avoir massacré des civils dans la région.
03:07Ils refusent.
03:09En représailles, il est tabassé et emprisonné sur le champ.
03:13Ce geste signe son entrée en résistance contre les Allemands.
03:18Il se fabrique de faux papiers sous le nom de Joseph Mercier.
03:22Il répertorie les réseaux de résistance disséminés en France.
03:27Évincé de son poste, il réalise depuis la maison familiale de Saint-Andiol dans les Bouches-du-Rhône
03:32un inventaire des actions de résistance signalées en zone libre.
03:37Puis, il décide de transmettre le précieux document aux forces alliées basées à Londres.
03:44Après plusieurs tentatives infructueuses, il atteint la capitale anglaise le 24 octobre 1941.
03:50Au départ, Jean Moulin envisage de travailler pour le gouvernement britannique.
03:55Mais après sa rencontre avec le général de Gaulle, il change son fusil d'épaule.
04:00Il est convaincu que c'est l'homme de la situation.
04:04Depuis son appel du 18 juin 1940, le général mène un combat depuis l'Angleterre.
04:09Pour cela, il a fondé la France Libre, un projet de libération du pays par les Français eux-mêmes.
04:16Jean Moulin est tout de suite intégré au dispositif.
04:20Il est chargé d'organiser et d'unifier la résistance sous l'autorité de de Gaulle.
04:26Il repart en France le 2 janvier 1942.
04:29Un retour pour le moins épique.
04:31Il est parachuté de nuit et à l'aveugle dans le massif des Alpilles en Provence.
04:36Il n'a sur lui que des ordres de mission, un peu d'argent et un poste de radio
04:41qui malheureusement se brise à son arrivée au sol.
04:45La tâche qu'il attend est colossale, mais il sait que le sort de la France dépend de son action.
04:53En entrant dans la résistance, on l'a vu, Jean Moulin change aussi d'identité.
04:57Pour cela, il utilise plusieurs pseudonymes, dont un RSC célèbre, Rex.
05:03Pourquoi ce surnom et sur quels critères les résistants choisissaient-ils leur nom d'emprunt ?
05:09Lorraine Malka nous éclaire sur le sujet.
05:11Rex, mais aussi Max, Régis, Joseph Mercier, Jacques Martel.
05:22Voici tous les noms portés par Jean Moulin, en tout cas à notre connaissance,
05:26en seulement un an de résistance.
05:29Jean Moulin connaît mieux que personne les règles de la clandestinité.
05:32Être ponctuel, envoyer des messages cryptés, mais surtout vivre sous pseudonyme.
05:37C'est la clé.
05:38Certains choisissent leur pseudo en fonction de leur envie du moment, sans s'expliquer.
05:42C'est le cas de Jean Moulin, quand il choisit Max, au départ, peut-être en hommage à Max Jacob, son grand ami poète.
05:49C'est le cas aussi de l'écrivain Jean Bruller, cofondateur des éditions de Minuit,
05:53qui se surnomme Vercors, en référence au massif montagneux.
05:57Aragon, qui écrit aussi aux éditions de Minuit, signe Pierre Lacolère, pour exprimer son émotion.
06:02Les résistants ont tendance aussi à choisir des pseudos latins.
06:07D'après les historiens, c'est une façon d'affirmer la puissance de la civilisation face à la barbarie.
06:12Jean Moulin, qui doit changer de pseudo très souvent pour brouiller les pistes, choisit Rex, roi en latin.
06:18D'autres réseaux imposent leurs pseudonymes aux résistants.
06:21Par exemple, Marie-Madeleine Fourcade, la seule femme-chef de résistance,
06:26se donne le surnom Hérisson et attribue à tous les membres des noms d'animaux.
06:31Rhinocéros, tigres, colibris, une façon de se reconnaître.
06:35Les Allemands surnomment ce réseau l'Arche de Noé.
06:38À la fin de la guerre, certains résistants conservent leurs pseudonymes comme un sésame.
06:43C'est le cas de Jacques Delmas.
06:44Son nom de guerre était Chaban, il l'a gardé, Jacques Chaban Delmas.
06:49En 1944, De Gaulle, étonné par ce garçon, qui était le plus jeune général de brigade,
06:55lui aurait lancé un inoubliable « Bravo Chaban ».
06:59On ne se débarrasse pas d'une médaille comme celle-là.
07:02Merci Lorraine.
07:03Pourtant, en tout cas, on ne peut pas dire que ce soit un pseudo-talent.
07:09Lorsqu'il est parachuté en France en janvier 1942,
07:12la mission de Jean Moulin est clairement définie.
07:14Souvenez-vous, il est chargé d'unifier les réseaux de résistance de la France libre.
07:20Et ça n'est pas une mince affaire, car à cette époque,
07:23il en existe une multitude dispersée sur le territoire.
07:27Ceux-ci sont encore balbutiants.
07:29Jean Moulin doit donc les convaincre de s'unir pour mieux organiser les actions contre l'occupant.
07:36Il a aussi pour mission d'établir une liaison entre le Royaume-Uni et la France libre.
07:41« Elle permettra aux résistants de mieux se coordonner et de recevoir de l'argent de Londres ».
07:47Ça n'a l'air de rien, dit comme ça, mais c'est une tâche extrêmement périlleuse.
07:51Jean Moulin doit évoluer dans la plus complète clandestinité.
07:55Il risque à tout moment de se faire arrêter.
07:58Il propose également aux différents réseaux d'unir leurs forces au sein d'une organisation militaire,
08:04l'armée secrète, un regroupement placé sous l'autorité du général de Gaulle.
08:09C'est une décision difficile à accepter pour les résistants.
08:13On leur demande d'être aux ordres d'un général qui n'est pas à leur côté en France.
08:18Mais Jean Moulin finit par les convaincre.
08:21L'armée secrète est fondée le 28 août 1942.
08:25Elle permettra, un an plus tard, la création des forces françaises de l'intérieur.
08:30Un renfort qui sera décisif pour la libération du pays.
08:33En parallèle, Jean Moulin se lance un autre défi.
08:38Il souhaite que de Gaulle soit enfin pris au sérieux par les alliés.
08:42Les Américains en particulier, qui le prennent de haut.
08:45Ils ne le connaissent pas et estiment qu'il n'a pas suffisamment d'appui en France.
08:49Du coup, pourquoi lui faire confiance ?
08:51En février 1943, Jean Moulin se rend donc à Londres pour proposer au général un nouveau projet.
08:59La création d'un mini-parlement qui rassemblerait les mouvements de résistance, bien sûr,
09:04mais aussi des représentants des syndicats et des partis politiques français.
09:09C'est le conseil de la résistance.
09:12Il devrait offrir au général une légitimité démocratique,
09:16ce qui lui permettrait d'obtenir la reconnaissance des alliés.
09:19Dans un Paris occupé, le résistant parvient à rassembler 16 représentants du peuple.
09:25Et le 27 mai 1943, il préside la réunion inaugurale du Conseil de la résistance
09:31au 48 rue Dufour à Paris.
09:34Ce jour-là, le conseil reconnaît le général de Gaulle
09:38comme le seul représentant légitime du peuple français au combat.
09:43Pour son émissaire, Jean Moulin, l'objectif est atteint.
09:46Vous connaissez Jean Moulin, le résistant.
09:50Mais connaissez-vous Jean Moulin, le dessinateur ?
09:54C'était un artiste de talent qui a publié ses œuvres dans un journal satirique
09:58sous le nom de Romanin,
10:00qui est mieux que notre journaliste dessinatrice,
10:02Lin Lan Dao, pour nous raconter sa vie d'artiste.
10:05A déjà 5-6 ans, Jean Moulin possède un joli coup de crayon.
10:15Sa sœur Laure raconte.
10:17Il était capable de rester une heure et plus sans bouger,
10:20le crayon à la main,
10:21griffonnant en marge de ses cahiers ou composant une scène comique.
10:24Au collège, il caricature ses professeurs.
10:27Puis c'est l'actualité qu'il inspire,
10:28comme les poilus dans les tranchées.
10:30En 1915, il se fait publier dans La Baïonnette,
10:33un journal parisien sur la grande guerre.
10:35Quelle fierté, à 16 ans seulement, d'être rémunéré pour son art.
10:38Il reçoit 10 francs, soit 30 euros actuels.
10:41Jean Moulin prend tout de même des cours de dessin par correspondance
10:43auprès d'une école londonienne,
10:45ce qui lui permet de rentrer dans le vif du sujet.
10:47Il participe à plusieurs concours d'affiches.
10:49En 1925, il l'emporte,
10:52grâce à une illustration pour la 10e foire de Chambéry.
10:54Son projet est signé Romanin,
10:56car depuis trois ans,
10:57il travaille au cabinet du préfet à Chambéry.
10:59Ce pseudonyme lui permet de séparer sa vie professionnelle
11:02de sa vie d'artiste.
11:04Il signe ainsi sous le nom Romanin,
11:05qui l'emprunte au château féodal situé dans les Alpilles
11:08et qu'il a souvent fréquenté dans sa jeunesse.
11:10A l'époque, la presse satirique marche très bien.
11:13Il s'agit de dénoncer les travers de la société,
11:15grâce à l'humour.
11:16Armé de son carnet dont il ne se sépare jamais,
11:19il croque les sports d'hiver, les casinos, la politique française.
11:22Au début des années 30,
11:23il fait de nombreux déplacements professionnels à Paris.
11:25Il séjourne au boulevard Raspail, près de Montparnasse.
11:28Le dessinateur est particulièrement inspiré
11:30par la faune qu'il croise au dôme ou à la coupole.
11:33Il en caricature les attitudes mondaines.
11:35Après la Savoie,
11:36Jean Moulin devient sous-préfet à Châtolin,
11:38dans le Finistère.
11:39Comme l'offre culturelle n'est pas très fournie,
11:41il a beaucoup de temps libre pour dessiner.
11:43Il se fait de nouveaux amis artistes,
11:45dont Max Jacob, chef de file de la poésie moderne.
11:48A cette époque,
11:49Jean Moulin découvre la gravure et la céramique.
11:51Jusqu'à la fin de ses jours,
11:53le dessin et la lecture sont ses exutoires,
11:54même face à son bourreau Klaus Barbie.
11:56Au cours d'un interrogatoire,
11:58l'officier de police SS lui tend un crayon et un papier.
12:01Il veut des noms, des adresses.
12:03Il obtiendra une caricature.
12:04C'est le dernier dessin de Jean Moulin.
12:07Merci Linhane.
12:08Jean Moulin a d'ailleurs eu pendant un an
12:10sa propre galerie à Nice,
12:12la galerie Romanin.
12:13Il y exposait ses œuvres
12:15et aussi des peintures d'art moderne.
12:17Le 21 juin 1943,
12:21Jean Moulin a rendez-vous dans le plus grand secret
12:23avec un groupe de résistants de la zone sud.
12:26Ils doivent se retrouver dans la maison
12:28d'un médecin résistant à Caluire,
12:31une petite ville près de Lue.
12:33Mais avant même que la réunion ne commence,
12:35un commando de la police allemande
12:37fait brutalement irruption
12:38et arrête tous les participants.
12:41C'est un coup de filet magistral.
12:42En capturant Jean Moulin,
12:44les nazis viennent de mettre la main
12:46sur le chef de la résistance.
12:49La traque avait commencé
12:51quelques semaines plus tôt,
12:52dans un contexte très tendu.
12:54Depuis le printemps,
12:55les Allemands ont intensifié
12:57leur politique de répression
12:58envers les résistants.
13:00De nombreux réseaux ont été démantelés.
13:03Leurs membres sont déportés
13:04et parfois exécutés.
13:06Mais la police allemande
13:07veut aller plus loin.
13:09Elle veut mettre la main
13:10sur un certain Max
13:11qui serait l'homme-clé de la résistance.
13:15Il s'agit, vous l'avez compris,
13:17de Jean Moulin.
13:18La Gestapo arrive à ses fins
13:20le 21 juin 1943.
13:23Ce jour-là,
13:24le chef de la résistance
13:25a organisé une réunion secrète
13:27à Caluire en compagnie
13:28d'autres dirigeants.
13:30Et manifestement,
13:31ils ont été dénoncés.
13:33Le groupe est conduit sur le champ
13:35à la prison de Montluc,
13:37où les Allemands
13:38ne tardent pas à identifier Jean Moulin.
13:40C'est le début d'un calvaire.
13:43Klaus Barbie,
13:44le chef de la Gestapo de Lyon,
13:45met tout en œuvre
13:46pour le faire parler.
13:48Malgré la torture,
13:50le français ne lâche rien.
13:52Démoli,
13:53à bout de force,
13:54Jean Moulin meurt
13:55le 8 juillet 1943
13:57lors de son transfert
13:58vers l'Allemagne.
13:59Il avait 44 ans.
14:02Depuis,
14:03une question entre les historiens.
14:05Comment les Allemands
14:06ont-ils eu vent
14:07de la réunion de Caluire ?
14:09Qui a trahi ?
14:11Les soupçons
14:12se portent rapidement
14:13sur un certain
14:14René Hardy,
14:16un chef de réseau.
14:17Quelques jours avant la réunion,
14:19il avait été arrêté
14:20par Klaus Barbie,
14:21puis rapidement libéré.
14:23Trop rapidement,
14:24selon certains.
14:25Alors Hardy,
14:26a-t-il prévenu
14:27les Allemands
14:28de cette réunion secrète ?
14:30Tout porte à le croire,
14:32car celui-ci
14:32s'est présenté
14:33au rendez-vous de Caluire
14:35sans avoir été convoqué.
14:37Puis,
14:38lorsque les Allemands
14:38sont arrivés,
14:39il a été le premier
14:40à prendre la fuite.
14:42Un procès
14:42est organisé
14:43en 1947,
14:45mais faute de preuve,
14:46René Hardy
14:47n'a jamais été condamné.
14:49Quoi qu'il en soit,
14:50le sacrifice
14:51de Jean Moulin
14:52ne sera pas vain.
14:53Après la guerre,
14:54il devient le symbole
14:56de la résistance
14:56à l'occupant
14:57et le 19 décembre 1964,
15:00ses cendres
15:01sont transférées
15:02au Panthéon.
15:03Les mots
15:03que prononce
15:04André Malraux
15:05ce jour-là
15:05résonnent encore
15:07dans nos mémoires.
15:09Entre ici,
15:10Jean Moulin,
15:11avec ton terrible corté.
15:14Le grand résistant
15:16rejoint définitivement
15:17ce jour-là
15:18le rang des grands hommes
15:20de la nation.
15:22C'est certainement
15:22la photo
15:23la plus célèbre
15:24de Jean Moulin,
15:25celle qu'on retrouve
15:26dans tous
15:26les manuels d'histoire.
15:27Mais derrière
15:28ce qui semble être
15:29un simple cliché
15:30en noir et blanc
15:30se cache en réalité
15:32une histoire
15:33assez extraordinaire
15:34que nous raconte
15:35David Schemla.
15:42Cette photo
15:42de Jean Moulin,
15:43c'est un véritable
15:44morceau d'histoire,
15:45Jamy.
15:45On a longtemps raconté
15:46qu'elle avait été prise
15:47après la tentative
15:49de suicide
15:49de Jean Moulin
15:50en prison
15:50le 17 juin 1940
15:51et que s'il portait
15:52une écharpe,
15:53c'était justement
15:54pour cacher
15:54sa cicatrice à la gorge.
15:56Or, on le sait désormais,
15:57ce cliché a été pris
15:58quelques mois plus tôt
15:59en février 1940.
16:01Jean Moulin n'est pas
16:01encore résistant
16:02mais préfet d'Eure-et-Loire.
16:03Il est de passage
16:04à Montpellier
16:05pour rendre visite
16:05à sa mère et à sa sœur.
16:07Il en profite aussi
16:07pour revoir son ami d'enfance,
16:09Marcel Bernard.
16:10Alors qu'ils sont près
16:11de la promenade du Pérou
16:12dans le quartier des Arceaux
16:13à Montpellier,
16:14Marcel suggère
16:15de prendre en photo
16:15son pote Jean.
16:17Pas bête ?
16:17Surtout que Marcel
16:18est un excellent photographe.
16:20Jean Moulin porte
16:20un long manteau noir,
16:23un chapeau en feutre
16:24vissé sur la tête
16:25et une écharpe
16:26autour du cou.
16:27Main dans les poches,
16:28il regarde au loin
16:29sans fixer l'objectif
16:30de la caméra.
16:31Pas mal, non ?
16:31Pourtant,
16:32Jean Moulin n'est pas fan
16:33de la photo
16:33qu'il trouve trop figée.
16:34Mais c'est bien avec ce cliché
16:36qu'il va définitivement
16:37entrer dans l'histoire,
16:3821 ans après sa mort.
16:39Le 19 décembre 1964,
16:42ses cendres sont transférées
16:43au Panthéon.
16:43Et c'est cette photo
16:44que choisit sa sœur
16:45pour la cérémonie.
16:46Cinq ans plus tard,
16:47elle l'utilise cette fois
16:48en couverture
16:49de la biographie de son frère.
16:50Un cliché qui va figer
16:51l'image du résistant
16:52dans nos esprits.
16:53Un homme au courage exceptionnel
16:54qui a donné sa vie
16:55pour la liberté.
16:56Mais l'histoire de cette photo
16:57ne s'arrête pas là.
16:58Le 3 février 1972,
17:00en Bolivie,
17:01le journaliste français
17:02Ladislas De Hoyos
17:03mène sans doute
17:04l'interview la plus importante
17:05de sa vie.
17:06L'homme qui est en face de lui
17:07se fait appeler
17:08Klaus Altmann
17:09et prétend être
17:09un simple ressortissant allemand.
17:11Mais en réalité,
17:12il s'agirait d'un ancien nazi
17:14et pas n'importe lequel.
17:15Klaus Barbie,
17:16le chef de la Gestapo
17:17de la région lyonnaise,
17:18l'homme qui a fait arrêter
17:20et torturer Jean Moulin.
17:21L'interview est très encadrée
17:22et se déroule
17:23dans une atmosphère
17:24extrêmement tendue.
17:25Au bout de quelques minutes,
17:26le journaliste
17:27joue sa dernière carte.
17:28Il tend à l'allemand
17:29plusieurs photos,
17:30dont le fameux
17:30portrait de Jean Moulin.
17:32L'homme affirme
17:32ne pas le reconnaître.
17:33Mais il vient de tomber
17:34dans le piège.
17:35Car en prenant la photo
17:36dans ses mains,
17:37il vient d'y laisser
17:38ses empreintes.
17:38Les français tiennent
17:39enfin la preuve irréfutable
17:41que Klaus Altmann
17:42est bien Klaus Barbie,
17:43le boucher de Lyon.
17:45Il ne faut pas attendre
17:45encore 11 ans
17:46pour qu'il soit extradé
17:47vers la France.
17:48Le bourreau de Jean Moulin
17:49sera finalement condamné
17:50à la perpétuité
17:51en 1987
17:52pour crime contre l'humanité.
17:54La célèbre photo
17:55a donc permis
17:55de faire arrêter
17:56l'un des plus grands criminels
17:58de la Seconde Guerre mondiale
17:59et de rendre justice
18:00au nom de Jean Moulin
18:01et des millions d'autres
18:02victimes des nazis.
18:03Merci David.
18:05Cette histoire
18:05est tout simplement
18:06incroyable.
18:08Allez,
18:09passons aux trois informations
18:11essentielles
18:11à retenir sur Jean Moulin.
18:131.
18:13Dès le début
18:14de la Seconde Guerre mondiale,
18:16Jean Moulin
18:17entre en résistance
18:18contre les Allemands.
18:19C'est en rencontrant
18:20le général de Gaulle
18:21à Londres
18:22en 1941
18:23qu'il se donne pour mission
18:24de fédérer
18:25la résistance.
18:272.
18:28Le 27 mai 1943,
18:30Jean Moulin
18:31crée le Conseil
18:32de la résistance.
18:33Il est composé
18:34de 16 représentants
18:36des syndicats,
18:37des partis politiques
18:38et des différents mouvements
18:39de résistance.
18:40tous reconnaissent
18:41l'autorité
18:42du général de Gaulle.
18:443.
18:44Jean Moulin
18:45est arrêté
18:45le 21 juin 1943.
18:48Malgré plusieurs jours
18:49de torture
18:50à la prison
18:50de Montluc
18:51à Lyon,
18:52les Allemands
18:53n'obtiendront
18:54rien de lui
18:55pour son sacrifice.
18:57Il sera panthéonisé
18:58en décembre 1964.
19:00L'aviation a joué
19:06un rôle essentiel
19:08dans la libération
19:08de la France,
19:09y compris pour soutenir
19:11la résistance.
19:12Les pilotes
19:12devaient alors
19:14voler,
19:14atterrir
19:15et décoller
19:15en toute discrétion.
19:17Pas facile
19:17quand on connaît
19:19les engins de l'époque.
19:20À Marnier-les-Compiègnes,
19:22Alexandre et Frédéric,
19:23deux passionnés
19:24de l'aviation,
19:26chouchoutent
19:26ces vieux engins
19:27devenus rares
19:29en les restaurant
19:29et en les faisant
19:30encore décoller
19:31des vols chargés
19:33d'histoire.
19:38Frédéric et Alexandre,
19:40des jumeaux professionnels
19:41de l'aéronautique,
19:42ont une passion,
19:43monter au 7e ciel
19:44et pas avec n'importe quoi.
19:46Notre idée,
19:47c'est de restaurer
19:47des avions anciens
19:48pour les faire voler.
19:50Pour eux,
19:51un avion qui ne vole pas
19:52est un avion qui se meurt.
19:54Et cet amour
19:55pour l'aviation
19:55s'est développé
19:56dès leur enfance.
19:57C'est intéressé
19:58au reportage,
20:00télé sur l'aviation,
20:01on a fait des maquettes.
20:02Puis après,
20:03on s'est intéressé
20:04à la mécanique
20:05depuis tout petit.
20:07À l'âge
20:08où les adolescents
20:09vont en boîte de nuit,
20:10Frédéric et Alexandre,
20:11eux,
20:12réparent déjà
20:12des avions anciens
20:13comme ce Stamp SV4,
20:15appareil de voltige
20:16datant de 1937,
20:18leur toute première acquisition.
20:20Cet avion,
20:21on l'a récupéré
20:22à l'état d'épave
20:22quand on était très jeunes,
20:24vers 19 ans.
20:25On a passé nos temps libres,
20:26nos week-ends,
20:26à le remettre en état.
20:29Ça va le capot ?
20:30Ça marche ?
20:31Ces avions font partie
20:34du patrimoine
20:35de l'aviation française.
20:36La plupart ont servi
20:37durant la Seconde Guerre mondiale
20:39et réalisé de nombreux trajets
20:40entre Londres et Paris
20:41pour la résistance.
20:43Certains y ont laissé
20:44leurs ailes
20:45et leur restauration
20:46demande donc
20:47une extrême minutie.
20:48Alors on est en train
20:49d'ajuster
20:50un des capots
20:51qui couvre
20:51le réservoir d'essence.
20:53C'est un Mauboussin
20:53M202.
20:55À la base,
20:56c'était un avion de course
20:57et cet avion a repris
20:58des activités
20:59pendant la guerre
21:00avec un groupe
21:01de pilotes résistants.
21:02Donc ils l'ont utilisé
21:03pour faire des vols
21:04de reconnaissance.
21:05Son seul problème,
21:05c'est qu'il ne pouvait
21:06pas atterrir partout.
21:07Il lui fallait quand même
21:07une longue piste.
21:09Ce modèle d'avion
21:10a donc été délaissé
21:11au profit d'avions
21:12plus simples à poser.
21:13Celui-là avait d'ailleurs
21:14été abandonné
21:15dans un champ
21:15avant d'être récupéré
21:17et offert à l'association.
21:19On a refait l'avion,
21:20on a révisé les moteurs,
21:22tout a été reverni,
21:23tout a été contrôlé,
21:25les collages,
21:26toute la toile,
21:27toute cette toile
21:28a été refaite
21:28dans les matériaux d'époque.
21:31Il faut des mois,
21:32voire des années
21:32pour restaurer
21:33ces appareils
21:34aux pièces rares
21:34que les frères dénichent
21:36aux quatre coins du monde,
21:37dans des ventes aux enchères,
21:38chez des collectionneurs
21:39ou même sur Internet.
21:40Car l'objectif ici
21:42est de leur donner
21:42une seconde vie.
21:43C'est-à-dire qu'on engage
21:44le projet de restauration
21:45qu'à partir du moment
21:46où on a la certitude
21:47de pouvoir le faire voler.
21:49En fait,
21:49on est plutôt
21:49un conservatoire de l'aviation
21:51plutôt qu'un musée statique.
21:53Le coût de ces restaurations
21:54est parfois stratosphérique,
21:56comme pour ce Latéco R28
21:58spécialisé dans les liaisons postales
22:00et dont la remise en état
22:01est estimée à 300 000 euros.
22:03Il y a la collerette aussi à faire.
22:05Je ne sais plus combien il y en a,
22:06je crois qu'il y en a 80 à faire.
22:08Puisqu'il s'est doublé
22:09à chaque fois.
22:09Il a fallu 10 ans
22:10pour réussir à mener l'enquête,
22:12pour retrouver le moteur,
22:14les plans.
22:15Une fois qu'on a eu les plans,
22:16il fallait savoir
22:16si c'était suffisamment complet
22:17pour pouvoir recréer
22:18l'avion complètement.
22:20L'association compte désormais
22:21une dizaine d'avions
22:22et une quarantaine de membres.
22:24Mais seuls les pilotes
22:25les plus expérimentés
22:26sont habilités
22:27à les faire voler.
22:29C'est vraiment un privilège.
22:30On a du mal aujourd'hui
22:32à faire voler ces machines.
22:35C'est toujours un grand moment.
22:36Déjà parce que c'est
22:37une machine compliquée,
22:38assez lourde.
22:39Il faut être concentré,
22:40il faut rester concentré
22:41sur ce qu'on fait.
22:41On peut descendre
22:42à 400 km heure
22:43avec une énergie folle,
22:45prendre des accélérations
22:46pas possibles.
22:47Il y a un gros moteur
22:48de 600 chevaux de vent,
22:50c'est quelque chose.
22:51Ou des marais,
22:52il y a des flammes
22:53qui sortent énormes
22:53du pot d'échippement.
22:54C'est vraiment grisant,
22:56c'est sûr.
22:58Ce North American T6,
22:59fabriqué en 1935 aux Etats-Unis,
23:02a servi pendant
23:03la Seconde Guerre mondiale.
23:04Avec une consommation
23:05de 240 litres d'essence
23:07au décollage,
23:08il n'est ni écologique
23:09ni économique,
23:10c'est sûr.
23:11Mais voir voler
23:12ces avions chargés d'histoire
23:13reste quand même magique.
23:19Chaque année,
23:20le Cercle des Machines Volantes
23:21organise un meeting
23:22de Voltige
23:23qui attire plus de 5000 curieux
23:25pour venir admirer
23:26la dizaine d'avions
23:27de leur collection.
23:29On n'y résiste pas.
23:30Vous avez des questions ?
23:37On ne va pas se battre,
23:38je suis sur le front
23:39pour vous donner les réponses.
23:40Tout de suite,
23:41c'est Dijami.
23:47Pourquoi la traction avant
23:48est-elle la voiture
23:49de la résistance ?
23:51Produite par Citroën
23:53de 1934 à 1957,
23:55la traction est à l'époque
23:57un véhicule d'avant-garde.
23:58Ses qualités techniques
23:59lui valent d'ailleurs
24:00d'être adoptées
24:01par l'armée française
24:02au début de la Seconde Guerre mondiale.
24:05Réquisitionnées ensuite
24:05par les forces allemandes,
24:07elle est très largement utilisée
24:09par les hommes de la Gestapo
24:10durant l'occupation.
24:11Et c'est seulement
24:12au moment de la libération
24:14que la traction devient
24:15le véhicule emblématique
24:17de la résistance,
24:18reconnaissable à la croix
24:20de Lorraine
24:20et aux initiales FFI,
24:23forces françaises de l'intérieur,
24:25peintes sur les portières
24:25ou le capot.
24:26C'est aussi à cette période
24:28que l'on commence à prendre
24:29des photos
24:30pour faire connaître
24:31l'histoire de la résistance.
24:33Souvent,
24:34des jeunes résistants,
24:36armes à la main,
24:37posent fièrement
24:37devant une traction avant.
24:39Ces images
24:40sont les seules
24:41illustrant l'action
24:42des résistants
24:43dont on dispose.
24:44Auparavant,
24:45les résistants
24:46évitaient de laisser des traces.
24:48Voilà pourquoi
24:48ces images
24:50ont imprégné
24:51notre mémoire collective
24:52et fait entrer
24:53l'attraction
24:54dans l'histoire.
25:00C'est jamais
25:01c'est fini pour aujourd'hui
25:02mais vous le savez,
25:03mon atelier reste toujours
25:04en zone libre
25:05pour échanger
25:06sur la connaissance
25:07et le savoir.
25:08Sous-titrage Société Radio-Canada
25:13Just for one day

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