À Madagascar, les petites mains de l'IA, face cachée de l'intelligence artificielle

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Pour faire fonctionner une intelligence artificielle comme ChatGPT, un assistant vocal ou une voiture autonome, un ordinateur ne suffit pas. L'IA a besoin des humains. Des travailleurs en chair et en os entraînent ainsi les algorithmes en analysant des centaines de milliers d'images et de vidéos. Les leaders mondiaux du secteur sous-traitent ces tâches très peu rémunérées dans des pays du sud. En Afrique, Madagascar est l'un des pionniers. Gautier Delhon-Bugard a rencontré ceux que l'on appelle les "annotateurs" ou "travailleurs du clic" dans la capitale Antanarivo. Regardez RTL Événement avec Gautier Delhon-Bugard du 08 juillet 2025.

Transcript

00:00RTL événement

00:30De milliers d'images et de vidéos

00:31Les leaders mondiaux du secteur

00:33Soutraident ces tâches très peu rémunérées

00:35Dans les pays du sud

00:36Notre point de chute ce matin c'est Madagascar

00:39L'un des pionniers en la matière

00:40Bonjour à vous Gauthier Delon-Bugard

00:42Bonjour Stéphane, bonjour à tous

00:45Alors vous avez rencontré ceux qu'on appelle

00:47Les annotateurs ou travailleurs du clic

00:49Dans la capitale Antananarive

00:51Oui, Ritz nous accueille

00:53Dans son deux pièces, un vieux canapé

00:55Quelques meubles et une cuve remplie d'eau

00:57Pour laver son lait

00:58Un ordinateur est posé sur la table

01:00Le malgache de 37 ans se connecte

01:03A une plateforme d'Amazon

01:04Là je dois comparer deux photos

01:06Et dire s'il s'agit du même article de mode

01:08Par exemple, ici ce sont les mêmes chaussures

01:11Donc je clique sur oui

01:12Là deux pantalons différents, je clique sur non

01:14Je gagne 6 centimes de dollars à chaque clic

01:17L'analyse de ces photos

01:19A changé la façon dont les sites marchands

01:21Vous recommandent des produits

01:22Par exemple, lorsque vous cliquez sur une paire de chaussures

01:25Des suggestions d'articles similaires

01:27Ou assorties apparaissent sous le produit

01:29Et bien grâce au travail de Ritz

01:31L'intelligence artificielle

01:32Vous fait des propositions de plus en plus précises

01:35Le micro-ouvrier est derrière son ordinateur

01:387 jours sur 7

01:38Parfois même la nuit

01:40Entre deux coupures de cours

01:41Je ne pensais pas faire ce boulot un jour

01:44J'ai une licence de gestion

01:45J'ai eu quelques CDD dans des entreprises

01:47Mais après le Covid, plus rien

01:48Alors je me suis lancé dans l'annotation

01:50On m'avait dit qu'on pouvait se faire de l'argent

01:51Mais aujourd'hui, je me rends compte

01:53Que c'est de l'esclavage moderne

01:546 centimes par tâche

01:56C'est scandaleux et injuste

01:57Quand on sait que l'intelligence artificielle

01:59Rapporte des millions en Occident

02:01Il faut travailler beaucoup pour gagner un tout petit peu

02:03Mais bon, je préfère ça que de rester au chômage

02:06Au moins j'ai un salaire qui me permet de payer les charges

02:08Et vivre dignement

02:09Ces journées et ces nuits passées derrière l'écran

02:12Permettent à Ritz de gagner jusqu'à 250 euros par mois

02:155 fois plus que le salaire minimum

02:17Nous avons contacté Amazon

02:19Le groupe assure que sa plateforme

02:21Permette aux personnes d'avoir accès à un travail

02:23Et de percevoir une rémunération

02:25Il faut savoir et dire, Gauthier

02:27Qu'en 10 ans, Madagascar est devenu l'un des leaders du secteur

02:30Oui, d'après nos informations

02:32En plus de tous ces auto-entrepreneurs

02:3436 firmes malgaches

02:36Emploient plusieurs dizaines de milliers d'annotateurs

02:38Le nom officiel de ces travailleurs du clic

02:40Mais même au sein d'une entreprise

02:42Les conditions de travail restent misérables

02:44Bonjour

02:45Bonjour

02:45Je m'appelle Toodz

02:46Je m'installe à la terrasse d'un café du centre-ville

02:50Avec ce salarié

02:50Toodz m'accorde quelques minutes avant d'aller au bureau

02:53Je gagne 400 000 arrières

02:55L'équivalent de 80 euros par mois

02:57C'est très peu car j'ai beaucoup de charges

02:59Je dépense 20 euros par semaine pour les courses

03:01Il y a aussi l'électricité

03:02La scolarité de mes trois enfants

03:04Heureusement ma femme travaille aussi

03:06Et on ne paie pas de loyer car on vit chez mes beaux-parents

03:08Mon entreprise me propose une couverture maladie

03:11C'est bien pour des maux de tête

03:12Mais si je tombe vraiment malade

03:13C'est à moi de payer

03:14Le salaire n'est pas à la hauteur

03:15On a beaucoup de pression

03:16Nous sommes obligés d'analyser au moins 720 images par jour

03:20Sinon nos managers ne nous laissent pas rentrer chez nous

03:21Je ne suis pas heureux, non

03:22On ne vit pas ici, on survit

03:24On aimerait bien partir pour la France

03:25Mais c'est trop compliqué d'obtenir un visa

03:27Ce malgache est lui aussi surqualifié

03:30Il est titulaire d'une licence de gestion obtenue à l'université d'Antananarille

03:34Alors il y a des employés exploités

03:37Et puis il y a des entreprises spécialisées dans l'IA

03:39Gauthier qui proposent quand même de meilleures conditions à leurs salariés

03:43Oui, le groupe français Archeop

03:44Implanté depuis 15 ans à Madagascar

03:46Se présente comme le leader de l'IA dans le pays

03:49Les salaires sont environ de 120 euros

03:5140 euros de plus que dans l'entreprise précédente

03:53Irvana est chargée de communication

03:55Les conditions de travail sont très importantes

03:57Donc nous on propose des assurances

03:59Télétravail, même le transport du personnel

04:01Si jamais il y a des gens qui travaillent un peu plus tard

04:04La plupart ne proposent pas ces avantages-là

04:07Les salaires restent très bas

04:08Mais le groupe assure qu'ils proposent des postes bien plus qualifiés

04:11Ingénieurs data scientist

04:13Archeop espère attirer les jeunes talents

04:15Pour éviter la fuite des cerveaux vers l'étranger

04:17Passionnante immersion dans les coulisses

04:20De l'univers de l'intelligence artificielle

04:21RTL événement avec les petites mains

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