Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 04/07/2025
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Dominique de Villepin, ancien premier ministre et fondateur de "La France humaniste".

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00En effet, bonjour M. Devin-Flaure, merci d'être avec nous ce matin.
00:04On va d'abord parler avec vous, si vous le voulez bien, du sort de ces deux Français,
00:09Cécile Collère et Jacques Paris, qui sont détenus en Iran depuis trois ans
00:12et qui, on le sait, ont été hier inculpés en quelque sorte d'espionnage pour le compte du Mossad,
00:19les services secrets israéliens, ce qui veut dire qu'en théorie, ils risquent la peine de mort.
00:23Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour obtenir leur libération ?
00:25Permettez-moi d'exprimer mon émotion devant leur situation,
00:28parce qu'il y a l'inculpation, il y a la durée de la détention,
00:32il y a aussi les conditions très inhumaines de détention,
00:36une demi-heure de sortie de promenade par semaine et quasiment pas de contact avec l'extérieur,
00:42une visite consulaire qui a été arrachée et donc pas de respect de la protection consulaire.
00:48Et maintenant donc un risque de peine de mort pour eux ?
00:50Un risque de peine de mort, donc vous imaginez, depuis trois ans,
00:53l'état psychologique auquel sont soumis nos deux compatriotes.
00:59La mobilisation de la diplomatie française est forte,
01:03le président de la République s'est exprimé pour dire qu'il utilisera tous les moyens pour obtenir...
01:07Mesures de rétorsion éventuelles, dit Emmanuel Macron.
01:08Mesures de rétorsion.
01:09Nous savons qu'il y a une procédure qui est engagée,
01:14du fait de l'accord de 2015 qui a été signé,
01:16la possibilité pour n'importe quel des États signataires,
01:20donc des cinq membres du Conseil de sécurité et de l'Allemagne,
01:23de mettre en œuvre ce qu'on appelle la procédure snapback,
01:27c'est-à-dire le rétablissement des sanctions totales vis-à-vis de l'Iran.
01:32Mais au-delà de cela, il y a la possibilité aujourd'hui de mobiliser encore davantage notre diplomatie.
01:39Et c'est sans doute une des raisons du coup de téléphone du président de la République à Vladimir Poutine.
01:45Nous connaissons les relations entre la Russie et l'Iran de très grande proximité,
01:49mais il y a d'autres États.
01:50La Chine qui a un partenariat développé avec l'Iran
01:54et de nombreux États du Golfe.
01:56Il y a eu une normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran sous l'égide de la Chine.
02:02C'est la négociation qui peut faire obtenir quelque chose.
02:04Qu'est-ce que cette affaire dit de l'État finalement du régime iranien
02:07que l'on disait exsangue, affaiblie après les frappes et l'arrêt de cette guerre éclair,
02:12notamment par le truchement des États-Unis ?
02:14Finalement, le régime garde son pouvoir de nuisance.
02:16Malheureusement, nous le savons, dans ce type de situation,
02:21le risque, et c'est ce que nous voyons aujourd'hui,
02:24c'est une répression intérieure accrue.
02:26Le régime se renforce à l'intérieur dans une chasse aux sorcières.
02:30On le voit pour tous ceux qui sont susceptibles d'être accusés de collaboration avec Israël,
02:35tous ceux qui ne sont pas dans la ligne de ce régime théocratique.
02:39Ce qui veut dire, pardon, excusez-moi de vous couper,
02:41que cette inculpation pourrait être une conséquence indirecte de ce qui s'est passé il y a quelques jours.
02:45Le contexte international est évidemment lié à ces inculpations.
02:50Il y a la volonté d'agir en circonstance, c'est-à-dire en prenant en compte les attaques qui ont frappé Téhéran.
02:59Donc je crois que oui, il y a là une démarche très opportuniste de la part de l'État iranien.
03:03Et c'est pour cela qu'à la fois par les procédures les plus ouvertes, les procédures diplomatiques,
03:08en même temps par nos services de renseignement, par tous les leviers que l'on peut avoir
03:13et dont on ne parle pas sur les plateaux de télévision, naturellement,
03:17eh bien il faut une mobilisation extrême.
03:19Parce que je crois que l'État psychologique, la situation physique de nos compatriotes est d'une extrême gravité.
03:25Autre zone de conflit, M. De Villepin, l'Ukraine bien sûr.
03:29Donald Trump, on en parlait dans le journal de cette hortente,
03:32puisque vous évoquiez Emmanuel Macron, mais lui aussi a parlé au téléphone avec Vladimir Poutine.
03:37Et ce dernier se montre tout à fait inflexible.
03:39S'il n'obtient pas l'annexion de plusieurs provinces ukrainiennes en plus de la Crimée,
03:43eh bien aucun espoir de trêve, a-t-il dit en substance.
03:47Donc même Donald Trump qui pensait régler le conflit en 24 heures n'y arrive pas.
03:50Qu'est-ce qu'il faut ? Il faut continuer à parler à Vladimir Poutine.
03:54Nous voilà revenus à la situation de départ, c'est-à-dire la Russie,
03:58réclamant que les causes profondes de ce conflit soient examinées et traitées.
04:04Et donc la diplomatie n'a pas permis, contrairement à ce qu'affirmait Donald Trump,
04:10de faire avancer les choses par les moyens utilisés par Donald Trump.
04:13Et c'est en cela que la décision qu'il a prise de suspendre les livraisons d'armes à l'Ukraine
04:18sont d'une extrême gravité, en particulier pour les armes qui sont susceptibles de défendre la population ukrainienne.
04:25Il faut renforcer le soutien à l'Ukraine.
04:27Les systèmes patriotes, les batteries antimissiles sont autant de moyens indispensables.
04:32Et c'est en cela que la responsabilité des Européens qui accompagnaient l'aide américaine
04:38est aujourd'hui une responsabilité de première ligne.
04:41On a dit tout et n'importe quoi sur les livraisons d'armes.
04:43Il faut savoir que c'est l'Europe qui livre la plus grande quantité d'armes.
04:48Néanmoins, les États-Unis disposent d'armements particulièrement efficaces.
04:53J'ai cité les batteries patriotes.
04:54Donc il faut convaincre Donald Trump de mesurer sa responsabilité.
04:59On voit bien qu'il est pressé d'en finir.
05:01Il veut un succès.
05:02Il n'en a pas eu beaucoup.
05:03Il a obtenu un certain nombre d'actions dans les dernières semaines.
05:08Mais là-dessus ?
05:10Mais là-dessus, aucun succès contrairement aux promesses qui ont été effectuées.
05:13Alors on en vient maintenant à vous, monsieur de Villepin, à vos ambitions et à vos solutions
05:18qui sont proposées pour le pays dans cet ouvrage que nous allons voir sur cet écran
05:24qui s'appelle « Le pouvoir de dire non » aux éditions Flammarion.
05:27Donc c'est un livre dont on parle beaucoup parce qu'on y devine entre les lignes vos ambitions présidentielles.
05:33On sent qu'il y a une envie.
05:34Et j'ai envie de vous demander ce matin, pourquoi vous ne dites pas explicitement les choses,
05:38vous qui, je vous cite, voulez déchirer les voiles d'illusions qui recouvrent les réalités.
05:43Pourquoi vous ne dévoilez pas celles-ci de réalité ?
05:44C'est-à-dire que vous serez sans doute candidat.
05:47Parce que l'enjeu pour la France ne se résume pas au choix d'une femme et d'un homme.
05:51Nous ne sommes pas aujourd'hui dans la compétition présidentielle.
05:53Les Français ont d'autres soucis.
05:55Et vous y songez.
05:56Donc le moment viendra.
05:58Ce qui est important, c'est de revenir à la vérité de ce qu'est notre pays.
06:02Et en particulier de défendre la souveraineté française.
06:05On le voit en matière diplomatique, mais on le voit aussi tous les jours en matière économique,
06:09avec l'hémorragie industrielle que connaît notre pays.
06:12On le voit en matière technologique.
06:13Nous n'avons pas les moyens de lutter à armes égales avec la Chine et les États-Unis.
06:18Donc il y a la nécessité aujourd'hui de se doter des moyens de faire face à une situation internationale,
06:25qui est une situation unique, puisque nous vivons toutes les transitions en même temps.
06:29La transition géopolitique, la transition énergétique, la transition écologique, la transition technologique.
06:36Donc il faut se mobiliser et il faut surtout mesurer la nécessité d'être fidèle à ce que nous sommes.
06:42Moi, ce qui m'inquiète le plus dans la période actuelle, c'est de voir combien nous renions notre identité française.
06:48Des principes aussi simples que celui de justice sociale sont passés à la trappe.
06:54Il y a une sorte de sauve-qui-peu de chacun pour soi qui me paraît très dommageable.
06:58Vous auriez voté, si vous étiez député, la motion de censure contre François Bayrou ?
07:02Je crois que le principe de responsabilité aujourd'hui veut de ne pas changer de gouvernement tous les 15 jours.
07:08La France souffre de cette instabilité politique.
07:10Elle souffre de ce manque de prévisibilité politique.
07:13Donc vous n'auriez pas voté.
07:13Et c'est pour cela que le pays est à l'arrêt.
07:16Le pays est à l'arrêt économiquement.
07:18Les salaires sont à l'arrêt.
07:20Et c'est cet espoir, cette perspective qu'il faut redonner à notre pays.
07:23Est-ce que vous voyez cet espoir pour l'incarner, pour que le pays ne soit plus à l'arrêt ?
07:26Est-ce que vous voyez une autre personnalité que vous-même pour l'incarner en 2027 ?
07:29Je vous pose la question différemment.
07:31Ce sera tout le jeu de la campagne qui viendra.
07:35Mais vous ne niez pas vos ambitions présidentielles.
07:37Par exemple, vous avez dit que les présidents...
07:39Mais c'est pour cela que je m'organise.
07:40J'ai créé un mouvement qui s'appelle la France humaniste.
07:42et qui marque clairement de quel côté je me situe.
07:45Dans une tradition française d'exigence, de défense des principes.
07:50Donc oui, j'entends bien participer à cette élection, clarifier le jeu.
07:56Et à la place qui sera la mienne, je n'ai pas d'ambition personnelle.
08:00Chacun l'a compris.
08:00Vous avez dit quand même lors d'une interview que les présidents, celui-ci et ses deux prédécesseurs,
08:06n'étaient pas prêts pour cette fonction.
08:07parce qu'ils n'avaient pas finalement attendu toute leur vie cette fonction.
08:13Je vous cite, Nicolas Sarkozy avait 52 ans, François Hollande 57 ans,
08:17et Emmanuel Macron 39 ans.
08:19Mais même Jacques Chirac avait 62 ans.
08:20Mais ce n'est pas tellement une question d'âge.
08:23C'est une question d'expérience.
08:25Je dis simplement que pour arriver dans cette fonction
08:27qui comporte d'énormes responsabilités nationales, internationales,
08:31l'expérience est une nécessité absolue.
08:33Comme la vôtre.
08:34On ne peut pas faire de la présidence de la République
08:37un stage accéléré à la formation au métier de président.
08:41Il y a une nécessité d'un parcours.
08:43Et les Français ont pu mesurer depuis 15 ans
08:45à quel point notre pays n'a pas toujours été
08:48à la hauteur de ce qu'ils auraient espéré.
08:50Donc redonner une perspective à la France,
08:52redonner sa place à la France,
08:53redonner une fierté,
08:54et puis surtout redonner une humanité à notre pays.
08:58C'est ce qui nous manque le plus.
08:59Quand nous serons dans la phase de l'élection présidentielle,
09:05une fois de plus,
09:05les Français au quotidien ont d'autres soucis.
09:08On le voit avec la canicule,
09:09on le voit avec les problèmes d'emploi,
09:10on le voit avec les problèmes budgétaires.
09:12Merci beaucoup, Dominique de Villepin,
09:14ancien Premier ministre,
09:15peut-être futur candidat à l'élection présidentielle.
09:17On verra bien.
09:17C'est la suite de Télématin.
09:18Bonne journée.
09:19Merci.

Recommandations