Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier
Les grandes villes comme Paris sont particulièrement vulnérables lors des épisodes de fortes chaleurs comme celui que traverse le Vieux continent. Comment s’adapter face à l’aggravation des canicules ? Les explications de Martin Hendel, climatologue urbain.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Il faut continuer à travailler à fond sur l'atténuation
00:03parce qu'en fait l'adaptation toute seule va être très limitée
00:05en termes de portée possible pour limiter les dégâts.
00:13Les villes souffrent d'un phénomène qui s'appelle l'îlot de chaleur urbain
00:17qui est lié à la forme des villes,
00:23donc les bâtiments et la rue bordées des bâtiments
00:25qui tentent à capter l'énergie solaire davantage.
00:28On a l'inertie des matériaux,
00:30donc on a des matériaux qui sont assez lourds
00:32en termes de leur capacité à stocker la chaleur,
00:34donc le béton, l'enrobé, les enrobés bitumineux, ce genre de choses.
00:38Donc ça c'est des matériaux à forte inertie qui vont stocker beaucoup de chaleur
00:41qui du coup va mettre du temps à être restitué la nuit.
00:44On a aussi le manque d'évapotranspiration,
00:47donc comparativement à des zones non urbanisées,
00:49on aura beaucoup moins de plantes, de terres végétales
00:52qui d'une part vont pouvoir évapotranspirer,
00:55donc mobiliser une partie de l'eau qu'elles utilisent pour la photosynthèse en évaporation.
00:58Donc un peu comme nous, on transpire quand on a trop chaud,
01:01les plantes mobilisent beaucoup d'eau,
01:02à peu près 95% de l'eau qu'elles utilisent est en fait évaporée lors de la photosynthèse,
01:06et donc ça, ça tente à réguler la température dans les zones non urbanisées.
01:10Et par contraste, il y a beaucoup moins de végétation en ville,
01:12donc elle ne bénéficie pas de ce phénomène.
01:14On a ensuite les bâtiments qui vont avoir tendance à ralentir l'écoulement des vents,
01:18même si ce n'est pas forcément le levier principal d'échauffement.
01:22Et ensuite, toutes les activités humaines qui consomment de l'énergie,
01:24donc une conversation zoom, allumer la lumière, faire tourner le réfrigérateur, le four, etc.
01:29Tout ça, ça consomme de l'énergie qui se dégrade sous forme de chaleur.
01:32Et de par la densité d'occupation et du coup la densité d'activité,
01:36les rejets de chaleur peuvent être sensibles et avoir un impact du coup sur le microclimat en ville.
01:41C'est particulièrement le cas de la climatisation,
01:44qui pour un d'énergie consommée va rejeter trois de chaleur.
01:47C'est aussi le cas des véhicules à motorisation thermique,
01:51qui pour un d'énergie de déplacement utile vont dégager trois de chaleur aussi.
01:55Ça, ça tient au rendement des systèmes dont on parle,
01:57qui du coup sont des sources avec des effets démultiplicateurs,
02:00alors que la plupart de nos activités vont pour un d'énergie consommée rejeter un de chaleur.
02:04Donc dans les quartiers les plus équipés en climatiseurs,
02:07dans les zones les plus soumises à des trafics routiers importants,
02:10on aura du coup des effets assez sensibles de cette chaleur dite anthropique,
02:13donc issue des activités humaines.
02:15La manifestation la plus courante de ça, c'est quand on passe devant un supermarché
02:19ou un véhicule arrêté au feu qui a la clim allumée, on sent la chaleur.
02:23C'est souvent ce rejet-là dont on parle.
02:29Au niveau national, on a le plan national d'adaptation au changement climatique,
02:33le fameux PNAC, qui est sorti il y a deux ou trois ans,
02:35avec un objectif d'adaptation à une élévation de température moyenne en France de l'ordre de 4 degrés.
02:40Ce n'est pas forcément elle qui est contraignante en termes d'adaptation pour les grandes métropoles françaises,
02:46puisque la plupart se sont déjà emparées du sujet de l'adaptation aux canicules et aux changements climatiques,
02:51en amont de cela, notamment dans le cadre de leur plan climat-énergie,
02:55alors qu'ils traitent aussi des questions d'air et d'énergie,
02:57qui souvent, et de plus en plus sur les versions les plus récentes et les mises à jour,
03:01intègrent un volet adaptation, notamment vis-à-vis des canicules.
03:04Alors après, voilà, est-ce que ça suffit ?
03:06Ce que je dis souvent, c'est que l'adaptation, l'atténuation, ce n'est pas un sprint, c'est un marathon.
03:11Donc c'est des efforts qu'il faut commencer à mettre en œuvre et qu'ensuite il faut maintenir sur le long terme.
03:16Donc quelque part, même si on a plusieurs villes qui sont très fortement engagées sur la thématique,
03:20tout l'enjeu, c'est de maintenir ces efforts dans la durée.
03:27On va essayer de créer de l'ombrage.
03:29Il faut quand même savoir que ça ne change rien sur la température de l'air,
03:31mais en termes de température ressentie, ça a un impact assez clair.
03:34La meilleure ombre en termes de co-bénéfices, ça va être la végétation haute, donc les arbres,
03:38puisque eux, en plus d'apporter un rafraîchissement par ombrage,
03:41il va y aussi avoir ce phénomène d'évapotranspiration,
03:44à condition évidemment que les végétaux disposent de suffisamment d'eau pour le faire.
03:48Il y a tous les co-bénéfices sur la biodiversité, sur la santé mentale.
03:52Donc il y a beaucoup de villes qui se sont lancées là-dedans.
03:53La question que ça pose en creux, c'est la disponibilité de l'eau.
03:57Donc ça, ça demande en fait une réflexion, une réorganisation de l'espace public et de la voirie.
04:02Il y a des solutions grises, donc on fait appel à des solutions qui ne reposent pas sur la nature.
04:07Donc ça peut être des ombrières en toile, ça peut être des abris pleins,
04:11ça peut être des revêtements ou surtout des toitures qui sont réfléchissants,
04:15donc qui vont éviter d'absorber l'énergie solaire et qui vont la renvoyer vers le ciel.
04:19Il y a des solutions qui sont notamment regardées dans certaines villes côtières
04:22pour débloquer les brises de mer par rapport au front bâti sur la côte.
04:26Et ensuite, toutes les mesures d'efficacité énergétique vont avoir tendance à diminuer
04:31les rejets de chaleur anthropique dont je parlais tout à l'heure,
04:33les clims, le trafic et autres consommations d'énergie.
04:36Donc ça, c'est vraiment une très forte synergie avec finalement l'atténuation au changement climatique,
04:41puisque la consommation d'énergie finalement, c'est bien elle, la principale source de gaz à effet de serre.
04:46Et ensuite, tout ce qui va être un peu adocissement des circulations
04:51va permettre de moins mettre des matériaux résistants dans les chaussées, dans les trottoirs
04:55et du coup d'alléger un peu l'inertie, de faciliter la perméabilisation de ces surfaces, etc.
05:00Dans un monde à 4 degrés, ça va être difficile en fait de faire appel à uniquement des solutions passives
05:05et fondées sur la nature.
05:07Il y a clairement un rôle et une place qu'il faut faire à la climatisation.
05:11Par contre, il faut que ça arrive à la fin.
05:12Il faut continuer à travailler à fond sur l'atténuation,
05:15parce qu'en fait, l'adaptation toute seule va être très limitée en termes de portée possible pour limiter les dégâts.

Recommandations