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Elsa Da Costa, directrice générale d’Ashoka France, était l'invitée de France Inter ce mardi pour évoquer les difficultés financières du milieu associatifs. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-mercredi-02-juillet-2025-9530807

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Transcription
00:00France Inter
00:01Mathilde Munoz
00:05Le 5-7
00:08Il est 6h22, le monde associatif inquiet pour son avenir face aux restrictions budgétaires en tout genre.
00:14Les subventions se réduisent comme peau de chagrin, surtout de la part des collectivités locales.
00:18Et de nombreuses structures risquent de disparaître.
00:21Une association sur trois est contrainte de réduire ses effectifs.
00:24Un exemple concret ce matin avec notre invitée.
00:26Bonjour Elsa Dacosta.
00:27Bonjour Mathilde Munoz.
00:28Vous êtes la directrice générale d'Ashoka France, c'est un réseau d'entrepreneurs sociaux.
00:33Une ONG qui existe depuis 45 ans dans le monde, 20 ans en France.
00:36Vous avez d'ailleurs fêté cet anniversaire hier soir.
00:39Est-ce que vous craignez de ne pas fêter les prochains ?
00:41Est-ce que vous aussi vous pourriez mettre la clé sous la porte ?
00:43Alors nous concrètement non, nous ne pourrions pas mettre la clé sous la porte pour la bonne et simple raison
00:47que dans notre DOXA nous ne touchons pas de subventions publiques.
00:50En revanche, les 86 entrepreneurs sociaux que nous accompagnons chaque année, eux oui.
00:55Donc le danger est majeur pour les concernants.
00:57Comment vous travaillez exactement au sein d'Ashoka ?
01:00Alors Ashoka, c'est une organisation qui a pour but d'identifier, d'accompagner, de structurer des entrepreneurs sociaux.
01:05Alors peut-être qu'entrepreneurs sociaux, ça paraît assez abscons, voire être un oxymore.
01:09On a l'impression qu'un entrepreneur ne peut pas être social.
01:11Alors pour nous, ça devrait être la norme aujourd'hui.
01:14Donc un entrepreneur social, c'est un entrepreneur qui va s'attaquer à un problème de société
01:17et qui va faire en sorte de le résoudre parce qu'il estime que la réponse qui est apportée aujourd'hui par l'État n'est pas suffisante.
01:23Donc lui, pour le coup, son financement est souvent public, également privé.
01:26Donc il est contraint évidemment d'aller chercher ses subventions.
01:29Et quand elles sont en train de se réduire à peau de chagrin, il a un vrai danger de viabilité.
01:33Et donc d'assurer cette réponse sociale qui est souvent une délégation de services publics.
01:36Et donc vous aidez quel genre d'entrepreneurs sociaux ?
01:40Alors si je vous dis services civiques, j'imagine que ça vous parle Mathilde Munoz.
01:44Voilà l'association Unicité qui existe depuis près de 30 ans et qui est à l'origine de l'inspiration de la politique de services publics.
01:49Fait partie des entrepreneurs sociaux que nous avons identifiés il y a déjà une bonne vingtaine d'années.
01:54Dès le démarrage de la Choca en France.
01:56Et donc vous les aidez financièrement ou juste de manière logistique, d'organisation ?
02:00Les deux en fait.
02:01Au démarrage, quand ils sont identifiés, ils sont accompagnés pendant près de trois ans financièrement sous forme de bourse.
02:06Et ensuite, ils restent à vie dans notre réseau où ils bénéficient de tout un tas d'immatériels,
02:11notamment de partenaires qui viennent les mentorer pour structurer et faire en sorte qu'ils soient viables
02:15et les accompagner dans leur levée de fonds, notamment auprès de la puissance publique.
02:18Et vous, vous n'avez pas de problème d'argent ?
02:20On a toujours des problèmes d'argent bien évidemment, parce qu'on ne dépend pas de subventions publiques
02:25qu'on n'a pas de problématique de contraction de financement de la philanthropie en elle-même.
02:28Vous c'est les dons ?
02:29Oui, les dons et les entreprises également qui nous aident, qui nous accompagnent pour structurer notre société.
02:35Et là aussi, ça se contracte ?
02:36Là aussi, ça se contracte, parce qu'en fait, aujourd'hui, le système associatif, il est en fait pris un peu en étau.
02:43Déjà notamment par cette fameuse contraction de puissance publique,
02:46mais aussi par le fait que la philanthropie est attaquée d'un point de vue fiscalité.
02:50On entend dire dans les couloirs qu'il serait envisagé de réduire notamment la défiscalisation
02:56qui est autorisée pour l'impôt sur les fortunes immobilières, passant de 76% à 66% aujourd'hui.
03:02Donc ce qui veut dire matériellement parlant, en termes de volumétrie de dons, une réduction,
03:06donc forcément un choix et un tri que vont être obligés de faire les philanthropes,
03:10au détriment justement des associations qui avant bénéficiaient de ces dons-là.
03:14Et concrètement, ça se traduit comment à la fois pour vous et pour les associations que vous aidez ?
03:18Vous imaginez les conséquences immédiates quand vous avez un budget qui est réduit.
03:22Ça a déjà forcément une action sur vos propres initiatives, donc vous les réduisez, vous faites des choix.
03:28Donc il y en a moins ? Ce n'est pas vous donner moins à chacune, c'est vous en supprimer certaines ?
03:32Alors nous, on n'en donne pas moins, simplement elles derrière, elles ont des problématiques de choix de programme
03:38qu'elles vont peut-être en fait diminuer, ça c'est la première chose.
03:40Nous concrètement à Chocard, ce n'est pas qu'on finance moins d'associations,
03:44c'est que nous, dans notre action qui est non seulement de financer des associations,
03:48mais aussi d'avoir nous-mêmes des programmes en propre,
03:50on va faire le choix d'avoir moins de programmes en propre, nous-mêmes notamment à destination des jeunesses,
03:54puisqu'on en capacite énormément les jeunesses pour qu'elles deviennent actrices de changement,
03:58pour être au bénéfice de nos entrepreneurs sociaux et assurer ceux qui sont déjà sur le terrain en fait.
04:02Plutôt que de créer des choses nouvelles, on va essayer de structurer et de financer toujours celles qui sont là.
04:06Et des plans sociaux, il y en a aussi ?
04:07Au sein des associations, oui, on l'entend évidemment auprès des 86 fellow à Chocard qu'on entend,
04:12effectivement, oui, mais ça a toujours été le cas.
04:15C'est majeur en ce moment parce qu'il y a une accélération, si vous voulez, de cette problématique-là.
04:19La réalité, c'est qu'il y a toujours une précarité aussi assez forte du milieu associatif, quel qu'il soit.
04:24Là, ça s'accélère clairement.
04:25Et cette précarité, ce qui est encore plus compliqué, c'est qu'elle arrive à un moment
04:28où il y a aussi de plus en plus de personnes vulnérables qui sollicitent justement le monde associatif.
04:32Bah, exactement. En fait, si vous voulez, c'est l'interconnexion des phénomènes qui apparaissent aujourd'hui.
04:37On le voit bien et qui s'accélèrent aussi forcément par la dette publique de l'État,
04:42qui a des choix à faire.
04:43Et comme on pâtit, je dirais, d'une forme de délit de faciès,
04:46de finalement à quoi ça sert une association en réalité ?
04:49Est-ce que ce n'est pas simplement juste au crochet de l'État ?
04:51Qu'est-ce que ça apporte en vrai dans la société ?
04:53Et comme jusqu'à présent, ça a donné une impression d'un vœu pieux de soutien des associations,
04:57on est obligé d'encore plus prouver, de légitimer, de structurer
05:00et d'être presque un peu des mathématiciens pour justement montrer que notre action a une valeur concrète.
05:05Investir de l'argent dans une association, ce n'est pas de l'argent perdu ?
05:09Non, Mathilde, ce n'est pas de l'argent perdu.
05:11Bien au contraire, puisqu'un euro investi dans le milieu associatif,
05:14c'est souvent 3 à 4 euros de diminution sur la facture sociale.
05:18Et comment c'est possible ? Comment ça se traduit exactement ?
05:21Je vais vous donner un exemple assez concret.
05:23Je prends La Belle Vie.
05:24La Belle Vie, c'est un label d'écolo-crèche qui fait en sorte de former des personnels de crèche
05:29à une meilleure gestion environnementale, tout simplement, de leurs actions.
05:34Donc ça veut dire qu'un, ils forment les personnels de crèche à bien comprendre ces enjeux-là.
05:39La crèche se dote d'alimentations qui vont être bio, réduit ses factures d'électricité,
05:44utilise des produits ménagers qui sont moins néfastes pour la planète.
05:49Et les chiffres sont assez éloquents parce qu'on va jusqu'à 83% de réduction sur la facture d'électricité,
05:5357% de réduction d'absentéisme, donc ça donne aussi une valeur assez forte en termes de liens sociaux.
05:58Donc investir de l'argent dans une association, non seulement ça a du sens,
06:02mais en plus ça permet de gagner de l'argent, c'est ça ?
06:03Exactement.
06:03De faire gagner de l'argent.
06:04C'est-à-dire qu'on parle souvent de fractures sociales,
06:07et là moi je parle d'une diminution de la facture sociale aussi.
06:09Merci Elsa Dacosta, directrice générale d'Achoc à France.
06:13Vous étiez l'invité du 5-7 ?

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