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[#Reportage] Nkok : une usine pharmaceutique ignorée par son propre gouvernement


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Transcription
00:00Malgré une licence de production exclusive sur une vingtaine de molécules vitales,
00:04l'usine santé pharmaceutique de Nkok reste absente des officines gabonaises.
00:09Pendant ce temps, le Gabon continue d'importer massivement des médicaments
00:12qu'il pourrait produire localement, au mépris de la souveraineté sanitaire,
00:16de l'emploi national et de la santé publique.
00:19C'est l'histoire d'un gâchis industriel orchestré par l'inaction publique.
00:23Installé dans la zone économique spéciale de Nkok, à quelques encablures de Libreville,
00:27l'usine santé pharmaceutique dispose d'une infrastructure moderne, d'un savoir-faire avéré,
00:32qui allie qualité, prix et capacité, et d'un portefeuille de production stratégique.
00:37Et pourtant, ces produits sont invisibles dans les pharmacies gabonaises.
00:41Une anomalie d'autant plus choquante que l'entreprise détient une licence exclusive sur plus de vingt molécules,
00:46dont plusieurs essentiels à la lutte contre le paludisme, le VIH et la tuberculose.
00:52À sa création, santé pharmaceutique détenait une exclusivité sur plus de quarante molécules,
00:56accordées par l'Agence du médicament, avec autorisation de mise sur le marché.
01:01En 2023, ce nombre a été réduit de moitié, sans explication publique,
01:05affaiblissant de facto le potentiel de production locale.
01:08Dans un pays qui revendique haut et fort sa volonté de transformation locale et de souveraineté industrielle,
01:14comment comprendre que des médicaments produits sur le sol national n'aient aucune place dans le circuit pharmaceutique ?
01:19Pendant ce temps, le gouvernement continue de dépenser des milliards de francs CFA chaque année
01:24pour l'achat de médicaments antipaludéens, antituberculeux et antirétroviraux destinés au Gabon,
01:30alors que ces mêmes traitements pourraient être fabriqués à Nkok.
01:33Les finances publiques sont chaque année délestées de plus de 4 milliards de francs CFA
01:37pour des médicaments souvent livrés en retard ou en quantité insuffisante,
01:41laissant des centres de traitement ambulatoire en rupture de stock.
01:44Résultat, des milliers de Gabonais malades, souvent vulnérables,
01:48exposés à une mort certaine par carence thérapeutique.
01:52Dans un pays où l'accès aux médicaments reste une préoccupation majeure,
01:55il est incompréhensible que l'État n'intègre pas santé pharmaceutique
01:58dans ses politiques de santé publique.
02:01L'entreprise emploie plus d'une centaine de Gabonais,
02:03dont 60% de femmes contribuent à l'économie locale d'Entum
02:06et dispose de stocks disponibles à hauteur de 500 millions de francs CFA.
02:10Mais plutôt que de soutenir cette industrie nationale,
02:13le gouvernement semble la reléguer au rang de spectateurs,
02:17préférant continuer à importer au prix fort.
02:19Pendant que le Gabon hésite, le Congo-Brazzaville et la Centrafrique
02:22manifestent un intérêt croissant pour cette usine gabonaise
02:25et le Burkina Faso, lui, veut se doter de la même usine sur son sol.
02:30Des délégations étrangères ont d'ores et déjà visité les installations,
02:34avec pour objectif de nouer des partenariats commerciaux et institutionnels.
02:38Un comble quand le pays hôte n'a pas encore su valoriser cette pépite industrielle.
02:43Face à cette situation, les ministres Adrien Mougougou de la Santé
02:45et Lubin Tuntum de l'Industrie et de la Transformation Locale
02:49ne peuvent plus rester silencieux.
02:51L'absence de médicaments made in Gabon dans les pharmacies
02:53est un échec politique qui contredit directement les engagements du président
02:57Brice Clotaire-Olé Guingema en matière d'industrialisation et de justice sociale.
03:02Il est temps que l'État organise une véritable intégration de cette structure
03:06dans les politiques de santé publique, qu'il contractualise avec elle,
03:10qu'il favorise l'achat local et qu'il garantisse l'accès de ses produits aux officines.
03:15Ce serait une avancée concrète, immédiate et salvatrice pour les malades,
03:19pour l'économie et pour la cohérence de l'action publique.
03:22À défaut, le Gabon continuera d'être ce pays qui importe à prix d'or
03:26ce qu'il peut produire lui-même, abandonnant sa jeunesse,
03:29ses entreprises et ses malades à l'attente et à la dépendance et parfois à la mort.

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