00:00Après plusieurs semaines de concertation et de débats, la nouvelle loi sur les partis politiques a été adoptée au terme du processus parlementaire.
00:09Si un compromis avait été trouvé lors des travaux de la Commission sur la délicate question du nombre d'adhérents requis pour créer ou maintenir une formation politique,
00:18le Parlement a finalement décidé de durcir les conditions en faisant passer le seuil de 9 000 à 12 000 membres.
00:25Cette décision, déjà contestée par une partie de l'opposition, soulève désormais une inquiétude plus profonde,
00:32celle du contrôle exercé par les autorités sur les données personnelles des citoyens à travers l'utilisation du numéro d'identification personnelle.
00:40La réforme impose désormais à tout citoyen souhaitant adhérer à un parti politique de fournir son numéro d'identification personnelle.
00:48Ce numéro unique et nominatif permettrait à l'administration de vérifier si les partis respectent le quota imposé de 12 000 membres.
00:56En pratique, cela signifie que les autorités auront accès aux listes des adhérents aux partis politiques,
01:03ce qui revient à exposer l'orientation politique des milliers de Gabonins.
01:07Une telle centralisation de l'information sans mécanisme de contrôle indépendant représente un risque sérieux pour les libertés individuelles.
01:14Dans un contexte où l'administration reste fortement politisée et où les carrières peuvent dépendre de l'alignement politique,
01:21cette réforme ouvre la voie à de potentielles discriminations.
01:25Les citoyens pourraient être marginalisés ou écartés de certains postes en raison de leur appartenance partisane.
01:31Le danger est d'autant plus grand que le NIP, appelé à devenir un outil de référence dans tous les aspects de la vie administrative,
01:39pourrait être utilisé à des fins de surveillance politique.
01:42Pour prévenir les dérives, cette réforme aurait dû s'accompagner de garanties solides,
01:48l'anonymisation partielle des listes d'adhésion lors de leur vérification,
01:52ainsi qu'un droit d'accès et de rectification pour les citoyens.
01:56Sans ces gardes-fous, la réforme pourrait involontairement consolider une logique de parti unique,
02:01dissuadant toute appartenance à une formation d'opposition par peur de représailles.