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Les Vraies Voix avec Pierre Lellouche, ancien président de l’assemblée parlementaire de l’OTAN, ancien ministre et ancien député, spécialiste en géopolitique des conflits et auteur notamment d’"Engrenages : La guerre d'Ukraine et le basculement du monde" publié chez Odile Jacob.
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NewsTranscription
00:00Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04Emmanuel Macron veut organiser la défense européenne.
00:07Notre Europe aujourd'hui est mortelle.
00:10Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix.
00:14Mais ces choix sont à faire maintenant.
00:16Emmanuel Macron reçoit les chefs d'État allemands, britanniques, italiens, polonais, espagnols, néerlandais et danois.
00:23Une réunion qui semble être une réponse directe au propos du vice-président des États-Unis.
00:26L'administration Trump est très préoccupée par la sécurité européenne.
00:32Nous pensons qu'il est important que dans les années à venir, l'Europe intensifie sa propre défense.
00:37Alors pourquoi ne pas faire avec la défense ce que l'on a déjà fait avec l'agriculture ou la pêche ?
00:42Pourquoi ne pas mettre en commun nos ressources militaires ?
00:45Une Europe de la défense et pourquoi pas une armée européenne ?
00:51Et une fois de plus, le président américain s'est demandé ce que signifiait vraiment l'article 5 de l'OTAN,
00:56celui qui prévoit qu'en cas d'attaque contre un pays et membres, les autres doivent réagir.
01:00Forcément, ça fait douter certains alliés de la solidarité de son engagement dans l'Alliance.
01:04Alors parlons vrai.
01:05Est-ce que la défense européenne dont on entendait parler il y a quelques instants va rester une chimère ?
01:10Et à la question, OTAN, comptez-vous encore sur les Américains pour nous défendre ?
01:14Vous dites non à 76%.
01:16Vous voulez réagir ?
01:17Vous croyez que les Américains bougeraient encore ou pas ?
01:20On attend vos avis au 0826 300 300.
01:22Pierre Lelouch, bonjour, merci d'avoir accepté notre invitation sur Sud Radio.
01:26Vous êtes l'ancien président de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN,
01:29ancien ministre et ancien député spécialiste en géopolitique des conflits,
01:32auteur notamment d'engrenage, la guerre d'Ukraine et le basculement du monde aux éditions Odile Jacob.
01:39Philippe Bilger.
01:39Alors, ma chère Cécile, si vous le permettez, je vais poser mes questions,
01:45mais j'ai tout le temps d'attendre les réponses.
01:47Monsieur le ministre, mon cher Pierre, est-ce que, comment dirais-je,
01:54Donald Trump a-t-il perçu depuis longtemps la faiblesse structurelle de l'Europe
02:00et a-t-il eu ses positions à cause de cela ?
02:04Ou bien est-il un homme qui ne peut pas se passer de créer du désordre,
02:10de la désorganisation, de la confusion dans des univers dont, auparavant,
02:17les États-Unis étaient les complices ?
02:20Est-ce qu'au fond, il y a un dessin ou est-ce qu'il y a une aberration ?
02:25On va en parler dans un instant. Allez-y, Françoise.
02:27Oui, alors, sur l'OTAN, d'abord, ce n'est pas la première fois et ça ne date pas de Donald Trump.
02:32Je veux dire, la question entre nos rapports avec l'Europe et les États-Unis,
02:35j'ai envie de vous dire que c'est vieux comme Lafayette.
02:37Est-ce que je vais jusque-là ? Pourquoi pas ?
02:39Après, dire que les Américains ont toujours couru et volé au secours,
02:42je vous rappelle quand même qu'il a fallu perdre l'arbre pour la Seconde Guerre mondiale
02:45pour que les Américains acceptent de rentrer dans la guerre, alors que...
02:49Et que l'Allemagne leur déclare la guerre au lendemain de perdre l'arbre, le 1841.
02:53Malgré les supplications, si vous voulez, quand même, les supplications des alliés.
02:57Malgré les supplications, comment dirais-je, des Britanniques pour être aidés.
03:00Donc, l'idée du grand frère américain qui a couré comme ça pour mourir sur les plages de Normandie,
03:05Pierre Lelouch sait très bien que c'est pas tout à fait exact non plus.
03:09Après, moi, j'entends bien tout ce qu'on dit sur l'OTAN, sur la faiblesse supposée de l'Europe.
03:14Il est évident que j'ai dit tellement de mal de Donald Trump
03:17que je peux quand même lui donner le point, pour le moment en tout cas, sur Iran et Israël.
03:22Bien sûr, je trouve qu'il est fort de cela.
03:25Mais est-ce que, évidemment, est-ce que les Européens peuvent se passer des Américains ?
03:29La réponse est non. Est-ce que les Américains peuvent se passer des Européens ?
03:33Dans l'autre sens, la réponse est non, également.
03:36Jean-Christophe Couvy.
03:37Alors, moi, j'aime bien cette phrase,
03:40« civis passem parabellum »,
03:41« si tu veux, la paix prépare la guerre »,
03:43c'est toute la distinction entre être pacifique et pacifiste.
03:47Donc, il faut être pacifique, mais en même temps, on n'est pas des lapins de trois semaines.
03:51Et quelque part, le fait que Trump soit passé depuis le temps jeudi, d'ailleurs, dans cette émission,
03:54ça nous a pris conscience, fait prendre conscience aussi en Europe,
03:58ça nous a réveillés, parce que je crois qu'on s'est endormis pendant de nombreuses années.
04:02Et au contraire, on va peut-être avoir notre destin entre les mains.
04:05Il va falloir travailler là-dedans.
04:07Et j'ai la vision gaulliste de se dire qu'en fait,
04:10on est respecté quand on est une armée forte et une monnaie forte,
04:14et des ministères régaliens forts.
04:16Or, aujourd'hui, je trouve qu'on est très fragile partout.
04:19Pierre Lelouch, il y a 51 ans, secrétaire d'État américain,
04:22Enric Issinger disait « L'Europe, quel numéro de téléphone ? »
04:25On parlait de la défense européenne.
04:27Vous avez le numéro de téléphone de l'Europe à donner sur Sud Radio ?
04:31Toujours pas, et vous le savez bien.
04:34Je voudrais revenir sur ce qui s'est passé aujourd'hui.
04:36J'ai passé une partie de l'après-midi en éclatant de rire la moitié du temps,
04:40mais c'était un rire triste en même temps.
04:43Je vais vous dire pourquoi.
04:44En écoutant la conférence de presse triomphatrice du président Trump
04:49devant toute la presse internationale à la haie,
04:53c'était incroyable.
04:54Ce sommet a été incroyable.
04:56Il a été taillé sur mesure aux humeurs du président américain.
05:00Il n'a duré que trois heures.
05:02Zelensky, naturellement, n'était pas invité.
05:04Il l'a vu, mais pas de photo.
05:06Le communiqué tient en cinq paragraphes.
05:10Et Trump a littéralement imposé ce qu'il voulait
05:14avec une flagornerie, une montagne de flatteries que je n'ai jamais vue.
05:19Ah oui, oui, ça, vraiment, c'était honteux.
05:20Un Marc Rutte, honnêtement, pas mal.
05:22Les messages de Marc Rutte, le secrétaire général de l'OTAN,
05:27appellent Trump « papa ».
05:29On en est là.
05:31Donc, on s'est littéralement liquéfié devant le grand protecteur,
05:36le vainqueur triomphant de la guerre en Iran,
05:39le faiseur de paix.
05:40Il a rappelé qu'il avait fait la paix entre l'Inde et le Pakistan,
05:44entre le Congo et le Rwanda.
05:45Depuis son arrivée, qu'il avait fait la paix en Serbie
05:49et que maintenant, il venait de régler l'Iran.
05:52Et donc, c'était le sauveur.
05:53C'est le shérif.
05:55Le shérif arrive.
05:56Et donc, je réponds aussi à la question de Philippe Bilger.
05:58Qu'est-ce que ça signifie ?
06:00C'est le retour à l'Amérique telle qu'elle était avant 1917.
06:04C'est-à-dire d'une Amérique qui, d'abord, regarde ses propres intérêts,
06:08qui est d'abord une société marchande,
06:11qui utilise la guerre à la façon de Trump,
06:13c'est-à-dire chirurgicale et le plus court possible.
06:16On va tuer Soleimani, par exemple.
06:18Il l'a fait dans son précédent mandat.
06:22Il n'est pas pour la guerre.
06:23Il se voit, lui, en faiseur de paix et candidat au prix Nobel.
06:28Il méprise tous ceux qui contestent ça.
06:31Et il n'a pas d'affect particulier pour les Européens.
06:35Dans la mesure où il paye, il veut bien être là.
06:38Mais s'il ne paye pas, d'abord il les insulte
06:40et ensuite il ne les soutiendra pas.
06:42Il n'y en a qu'un qui a refusé de payer.
06:44Vous savez que la grande idée de ce sommet,
06:46c'était les 2-5, 5 pour 5.
06:50Confirmer l'article 5 de l'OTAN,
06:51c'est-à-dire la garantie américaine,
06:53en échange d'une augmentation à 5% des crédits de défense
06:57de la part des Européens,
06:58que Trump considère comme des voleurs,
07:00puisque ça fait 50 ans, 70 ans,
07:03qu'ils exploitent l'Europe en se faisant protéger gratuitement.
07:07Donc là, théoriquement, le 15% se contiendra pas.
07:10D'ailleurs, il n'y a aucun pays européen qui sera à 5%.
07:13Tout ça, c'est du bidon.
07:15Mais il avait besoin d'afficher ce chiffre-là, magique, 5%.
07:18Il y a deux pays qui vont vraiment réarmer.
07:21La Pologne, avec l'aide de notre argent européen,
07:25et puis les Allemands, qui ont énormément de ressources,
07:28eux, ils vont monter à 3,5-4% du PIB en matière de défense.
07:32Les autres, non.
07:32Surtout pas nous, parce qu'on n'a plus un rond,
07:34et qu'on est même en train de faire des économies
07:37sur les programmes supposément lancés.
07:40Donc, à la question, est-ce qu'on est capable de remplacer l'OTAN ?
07:43Non.
07:44Est-ce que les Américains sont sérieusement engagés en l'OTAN ?
07:47Tant qu'on paye, peut-être, et tant que c'est leur intérêt.
07:51Est-ce qu'il nous faut d'urgence reprendre notre destin en main ?
07:54Absolument.
07:55Est-ce que les gens qui sont actuellement au pouvoir sont capables de le faire ?
07:58La réponse est non.
07:59Sauf peut-être en Allemagne.
08:01Reprendre en main, vous dites, la France,
08:03ou la France en Europe, en fait ?
08:04Reprendre la main.
08:05L'Europe ?
08:06Non, non, reprendre-moi d'abord en France.
08:08Ces histoires de défense européenne,
08:10j'ai beaucoup travaillé dessus depuis au moins 5 décennies,
08:13écrit des livres, etc.
08:15La dernière chose à faire, c'est de penser que Mme von der Leyen
08:18sera la patronne d'une Europe de la défense.
08:21C'est une catastrophe, parce que d'abord,
08:22elle est élue par personne,
08:24et qu'elle ne peut faire tuer personne.
08:26Donc, il faut que cette union de défense européenne
08:29soit celle des pays qui sont capables d'avoir une véritable armée,
08:32et de prendre en main leur destin.
08:34Et c'est qui ?
08:35C'est la France, l'Allemagne, l'Angleterre, la Pologne,
08:39j'espère l'Italie,
08:40et ces 5-là, si ces 5-là font un effort budgétaire conséquent
08:45et coordonné,
08:46et se donnent comme priorité d'acheter des armes européennes
08:50et non pas des armes américaines,
08:51alors, d'ici 5 ans, 10 ans,
08:54vous aurez une Europe extrêmement puissante,
08:56parce que tout ça représente beaucoup d'argent et beaucoup de talent.
08:59Simplement, on ne procède pas comme ça.
09:01Et chacun va à son chemin.
09:04Regardez, je vais prendre un exemple,
09:06je ne vais pas être trop long,
09:07mais un exemple, très important.
09:09Qu'est-ce que nous montre la guerre entre Israël et l'Iran ?
09:12C'est devenu une guerre de missiles
09:13et de capacité de défense antiaérienne,
09:16ce que l'on voit aussi en Ukraine.
09:18Il est urgent que l'Europe ait une défense antiaérienne.
09:20Elle n'en a pas.
09:21Nous sommes complètement à poil en matière de défense antimissile.
09:25Qu'est-ce qu'on va faire en matière de défense antimissile ?
09:27Vous avez un programme franco-italien d'un côté
09:31avec un système qui s'appelle Aster Mamba,
09:33qui marche bien d'ailleurs,
09:35mais qu'on a acheté à une unité pour l'instant.
09:38On a commandé 5 ou 6,
09:39mais pour l'instant, il y a une unité.
09:41Et puis, vous avez un programme allemand
09:43qui, lui, a fédéré 20 autres pays
09:46et qui se base sur de la technologie américaine,
09:49israélienne et allemand.
09:51Donc, même sur la défense antiaérienne de l'Europe,
09:54on est incapable d'avoir une défense.
09:56Mais même sur les drones, monsieur le ministre,
09:58Rheinmetall a passé un accord avec Andrew Hill,
10:01un fabricant américain,
10:02pour faire des drones,
10:03mais sans même demander l'avis aux Français,
10:05alors qu'on a quand même un certain savoir-faire.
10:08On n'est pas les meilleurs,
10:09mais on n'est pas mauvais dedans.
10:10Ils ne nous ont même pas demandé notre avis.
10:12Et alors même que Rheinmetall nous taille des croupières
10:14en même temps sur les programmes d'armement supposément communs,
10:17le char de fichure entre une autre entreprise allemande
10:21et Nexter.
10:22Pierre Lelouch, moi, j'avais le sentiment,
10:24pardon, je prends la parole,
10:26parce que j'avais vraiment le sentiment,
10:28après l'Ukraine, qu'il y avait cette volonté.
10:30Tout le monde sait très bien que la défense européenne,
10:32mais on pouvait se grouper, en réalité,
10:34grouper, grouper, faire des achats groupés,
10:37réserver les offres de marché,
10:38réserver, relancer la production d'armes sur le territoire.
10:42J'ai l'impression que c'est monté très haut
10:43pendant des semaines et des semaines,
10:45et qu'au fond, le soufflet est totalement retombé.
10:51Madame, malheureusement, le soufflet n'a jamais été là.
10:54Dans le livre que Mme Debilis a eu gentiment présenté tout à l'heure,
11:01j'explique que cette guerre dure depuis presque 4 ans, 3 ans et demi,
11:04et les dépenses militaires n'ont pas augmenté.
11:07Nulle part.
11:09On a beaucoup parlé de réarmement de l'Europe,
11:11mais si vous regardez concrètement le nombre d'avions,
11:14de chars, de blindés qui ont été achetés,
11:18de nouveaux blindés,
11:19des choses qu'il n'y a pas.
11:20Et on est toujours dans cette situation où les politiques parlent,
11:24mais la situation économique est telle,
11:26je vous dis, sauf en Allemagne ou en Hollande,
11:31dans les autres pays, malheureusement,
11:33je ne fais pas de mauvais procès à M. Lecornu,
11:35il fait ce qu'il peut,
11:37mais notre budget de défense est tout à fait insuffisant.
11:40Malgré quelques augmentations,
11:43on devrait avoir un budget.
11:43Pour réarmer,
11:45il faudrait passer à 100 milliards d'euros par an et par pays.
11:49Et là, vous aurez quelque chose
11:50qui ressemblera à quelque chose
11:51face aux menaces russes ou autres de l'avenir.
11:55On a des trous béants
11:57en matière notamment de défense antiaérienne,
11:59de missiles.
12:00Un jour ou l'autre,
12:01nous aurons des missiles balistiques
12:03de 500 à 2000 kilomètres de portée
12:05de l'autre côté de la Méditerranée.
12:07Et on fera quoi ?
12:08En clair, aide-toi toi-même
12:10et le ciel t'aidera.
12:11Merci beaucoup Pierre Lelouch,
12:13ancien président de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN,
12:15ancien ministre et ancien député,
12:16spécialiste donc dans géopolitique,
12:17vous l'avez entendu,
12:18et auteur de ce livre d'engrenage
12:21« La guerre d'Ukraine et le basculement du monde »
12:23que je vous conseille bien entendu
12:25aux éditions Edil Jacob.
12:27Merci beaucoup d'avoir accepté cette invitation,
12:29M. le ministre.
12:30Et puis Philippe Bilger,
12:31merci beaucoup.
12:32Françoise Degoy, merci beaucoup.
12:33Vous aussi, Jean-Christophe Couville,
12:35vous restez avec nous dans un instant.
12:36Avec Philippe David,
12:37on va parler d'un autre sujet
12:39qui est totalement loin de ça,
12:42on va vous parler de la ménopause
12:43et de l'antropause.
12:44Et du vieillissement de l'antropause,
12:46la ménopause,
12:46la conséquence des hormones notamment,
12:49sur le corps et également sur le cœur.
12:51Et on aura avec nous les docteurs
12:52Michel Mouly, Carole Bureté,
12:54gynécologue, andrologue
12:55et Pierre Sedban, cardiologue.
12:56Et sur la sexualité aussi,
12:57vous allez voir.
12:58Allez, à tout de suite.
12:58Ah tiens, Philippe Bilger veut rester.
12:59Oui, c'est ça.
13:00Oui, c'est ça.
13:01Pémien.
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