- 25/06/2025
Le Syndicat des Négociants en Art, nouveau nom du Syndicat National des Antiquaires, dresse un premier bilan de l’année. Si 2025 ne s’annonce pas comme un bon cru sur le plan économique, le tout-digital ne semble plus être la solution privilégiée, contrairement à ce que l’on pouvait imaginer à la sortie de la crise sanitaire. Les galeristes interrogés mettent plutôt en avant l’importance des rencontres physiques, notamment à travers des foires ou événements ultra-spécialisés, perçus comme des leviers bien plus efficaces pour stimuler les ventes et renforcer les liens avec les collectionneurs.
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00:00Et je suis ravie de recevoir Christophe Yoko, qui est secrétaire général du syndicat des négociants en art.
00:09Merci beaucoup d'être avec nous.
00:11Merci.
00:12Alors on dit maintenant négociants en art et non syndicat national des antiquaires.
00:16Voilà, donc ça reste SNA, mais ça a changé de nom.
00:19Mais vous avez les mêmes, qu'est-ce qui a les mêmes fonctionnalités ?
00:21Oui, tout à fait. En fait, ça reflète simplement l'évolution de notre syndicat,
00:24qui bien sûr comprend nombre d'antiquaires, mais de plus en plus de galeries d'art.
00:29C'est la raison pour laquelle il nous paraissait plus approprié de devenir le syndicat des négociants en art.
00:36Et donc vous avez dressé une sorte de bilan de la santé économique des galeries,
00:42qui constitue votre syndicat.
00:45Pourquoi est-ce que vous avez fait un point maintenant sur cette santé économique ?
00:50Écoutez, c'est intéressant de le faire régulièrement déjà,
00:54de même que vous avez ce fameux rapport annuel de Claire McAndrews qui parle de l'évolution du marché de l'art,
01:01et de voir à notre niveau, au niveau de notre groupement,
01:05qui représente quand même près de 250 galeries d'art,
01:09de voir un petit peu quelle est l'évolution.
01:11Et en plus, on a eu récemment, il y a une dizaine de jours,
01:14la réunion qui se passe trois fois par an de l'Observatoire du marché de l'art,
01:18qui soulégit du ministère de la Culture,
01:21et c'était l'occasion justement de parler du marché de l'art,
01:25de la situation du marché de l'art lors de cette réunion.
01:28Et c'est la raison pour laquelle il me paraissait intéressant de se tourner vers nos adhérents
01:32pour avoir leur réaction, pour essayer de faire une analyse la plus objective possible.
01:37D'accord. Et quelles étaient les questions que vous avez souhaité leur poser plus spécifiquement ?
01:42Les questions, c'était d'abord sur l'évolution de leur activité,
01:45qu'est-ce que ça représente en termes de chiffre d'affaires,
01:47et puis surtout, très rapidement, de parler des canaux de vente,
01:51de parler des obstacles qu'ils voient aujourd'hui,
01:54de leurs préoccupations majeures, et je dirais de l'avenir.
01:58D'accord. Et donc, sur leur activité, vous êtes remonté jusqu'à quand ?
02:01Comment est-ce que ça évolue ?
02:03En fait, c'est plutôt de regarder quelle est l'évolution de leur activité actuellement,
02:07quel est leur ressenti en termes d'activité,
02:09et plus que ressenti, simplement, quelle est l'évolution, par exemple,
02:12de leur chiffre d'affaires pour cette année.
02:15Sur le premier trimestre, ou quelle est l'évolution qui ressemble pour 2025,
02:20puisqu'on est déjà quand même pratiquement à moitié de l'année,
02:22si ce n'est pas davantage, puisque l'été, il ne se passe pas trop de choses.
02:26Et comment ça se passe du coup pour eux, ce premier semestre ?
02:28Je dirais globalement, sans surprise, avec la situation économique,
02:33mais surtout la situation géopolitique.
02:37La plupart des galeries prévoient davantage une baisse de leur chiffre d'affaires
02:42qu'une activité qui soit flamboyante, bien évidemment, sur l'art.
02:46Je dirais que ce n'est pas une grande surprise.
02:48Alors après, il y a des différences, il y a des évolutions.
02:51On voit davantage de clients internationaux, ce qui est une bonne chose.
02:54Mais fondamentalement, c'est cette évolution qui est ressentie,
02:59qui est constatée par nos galeries.
03:01Et dans vos galeries, c'est toute spécialisation confondue,
03:05ou vous êtes vraiment ciblé ?
03:07Non, à ce stade-là, c'est une bonne question,
03:09et c'est quelque chose que l'on prévoit de faire dans l'avenir.
03:11Mais là, l'objectif, c'était d'avoir une vue qui soit globale.
03:15Et d'ailleurs, je mentionnerai aussi, parce que c'est très très important,
03:18pour comprendre notre activité,
03:19deux tiers à peu près de nos adhérents sont vraiment des TPE,
03:22ce qui veut dire qu'ils sont moins de trois personnes, très souvent,
03:27si ce n'est pas unipersonnel.
03:30Et c'est intéressant aussi pour comprendre les challenges
03:33qu'il y a pour toutes ces galeries à l'avenir.
03:35C'est vrai que du coup, c'est des très petits entreprises,
03:37donc c'est d'autant plus difficile pour eux de rebondir
03:40s'il y a des difficultés économiques.
03:43Enfin, je veux dire, ça ne laisse pas beaucoup de marge d'erreur, etc.
03:47Comment est-ce qu'ils arrivent à trouver des moyens
03:50pour essayer de permettre à leur activité de continuer, de fleurir ?
03:54Écoutez, il faut s'adapter, parce qu'on a eu cette période de Covid,
03:58qui a amené un choc brutal, bien évidemment, pour tout le monde,
04:02et pas seulement les galeries,
04:03mais qui a permis aussi de réfléchir, de se dire,
04:05est-ce que notre métier va changer ?
04:08On disait au moment du Covid que tout ce qui est digital
04:11va être de plus en plus important,
04:13aux dépens, par exemple, des foires et des salons.
04:15Et lorsqu'on regarde les canaux de vente,
04:18et de nouveau, la réaction, les réponses de nos adhérents,
04:21finalement, la situation n'est pas tout à fait ce qu'on pouvait imaginer à l'époque.
04:25C'est-à-dire que dans les canaux de vente,
04:28les foires, les salons ont toujours une importance très significative.
04:34Bon, peut-être différemment qu'autrefois,
04:36c'est-à-dire des événements très spécialisés.
04:38Là, on sort du printemps asiatique.
04:40Bon, un événement très spécialisé
04:42qui a amené un grand nombre de collectionneurs d'art asiatique
04:45qui fait que les marchands étaient satisfaits et veulent revenir.
04:47Pour prendre cet exemple très, très récent.
04:50Par contre, on entend, on ressent
04:53que les galeries, les fréquentations dans les galeries ont changé.
04:58D'accord, à quel niveau ?
05:00Simple fréquentation.
05:01Autrefois, il y avait des collectionneurs qui avaient l'habitude,
05:04le week-end, on va se faire plaisir, on va visiter les galeries.
05:06Ça semble être maintenant une situation qui est différente.
05:10Et ce qui explique d'ailleurs que malheureusement,
05:13on voit des fermetures de galeries régulièrement.
05:16Alors que ce soit pour des raisons économiques également,
05:19soit également simplement de se dire,
05:22je fais des salons, je dois être présent sur le digital,
05:26j'ai une galerie sur rue.
05:27Tout ceci devient très compliqué,
05:29d'autant plus si on est une, deux personnes,
05:32trois personnes dans cette galerie.
05:34Donc le modèle de galerie éphémère peut-être prendrait peut-être plus d'ampleur dans ce...
05:38Galerie éphémère, salon spécialisé,
05:40est présence en effet sur les bons événements.
05:43Ou les événements tout simplement.
05:45Il y a des galeries maintenant qui opèrent en appartement.
05:47Et afin d'amener des collectionneurs pour les voir,
05:50ça va être d'organiser des événements,
05:52d'organiser des dîners par exemple,
05:54qui fait que l'on va pouvoir réunir les bonnes personnes au bon moment.
05:58Il y a une autre évolution aussi intéressante
06:01qui est les canaux de distribution,
06:04les plateformes où...
06:06Les plateformes de vente en ligne alors.
06:07Je pense les Artsy et autres, exactement,
06:10où les résultats semblent décevants.
06:13Le point qui nous est mentionné
06:15est de dire que ces plateformes coûtent quand même
06:17un abonnement mensuel qui n'est pas négligeable du tout,
06:21qui semble d'ailleurs être avec une hausse,
06:23une inflation qui est significative chaque année,
06:25pour des résultats finalement
06:26qui ne sont pas ceux que l'on escompte.
06:29Donc ça veut dire qu'au sortir du Covid,
06:30on pensait que le digital serait le maître mot partout.
06:34Finalement, c'est plus la vente en personne,
06:37pas forcément en galerie,
06:38mais du relationnel qui compte encore plus qu'avant.
06:41Oui.
06:41Et finalement, ce n'est pas non plus complètement aberrant
06:43quand on pense à l'art.
06:45On a envie de le sentir, on a envie de le voir.
06:47Donc s'il y a des occasions, d'événements
06:49qui permettent d'être en contact avec l'œuvre,
06:52c'est quelque chose qui finalement est assez logique.
06:54Et donc de plus en plus de galeries se tournent vers,
06:59je vais appeler ça de l'événementiel,
07:00ça ne va peut-être pas forcément être perçu comme ça,
07:03mais plus de la mise en scène aussi,
07:06peut-être plus de dîners justement,
07:07comme vous parliez,
07:08d'événements autour de leurs expositions
07:11et de faire venir à la galerie.
07:12Ou des événements très spécialisés,
07:14je pense que je mentionnais le printemps asiatique,
07:15mais là, début septembre,
07:17on aura le parcours du monde,
07:18c'est un événement qui marche très bien.
07:20Pourquoi ?
07:20Parce qu'il y a une réunion d'un nombre de marchands significatifs
07:24dans le même domaine
07:25et qui fait que pour des collectionneurs dans ces domaines,
07:29dans l'art africain, dans l'art tribal, ainsi de suite,
07:31ils vont vouloir venir à Paris
07:32pour justement rencontrer toutes ces galeries
07:35qui font un effort à ce moment-là
07:37en termes de présentation,
07:39montrer leurs dernières acquisitions
07:40ou sur des thèmes bien particuliers.
07:42Donc au sein du sondage que vous avez opéré,
07:44c'est ça qui vous a le plus marqué ?
07:46Cet aspect, on croyait que c'était plus digital
07:49que ça ne l'est finalement ?
07:50Oui, on le voit d'ailleurs,
07:51je crois dans ce fameux rapport Claire McAndrews,
07:55on a vu, exactement UBS-TFAR,
07:57on a vu une légère diminution des ventes en digital, justement.
08:01Je parle au niveau des galeries.
08:03Il est bien évident qu'au niveau des maisons de vente,
08:05mais que veut dire le digital dans les maisons de vente ?
08:08Parce qu'acheter, aller voir un objet,
08:10l'acheter après en se mettant en ligne,
08:12est-ce que c'est du digital ?
08:13Je n'en suis pas certain.
08:13D'accord.
08:15Et vous avez parlé aussi des freins qu'ils rencontrent.
08:19Ça, ce serait à chaque fois des freins
08:20pour justement se développer d'autant plus
08:22cette mise en relation, ce relationnel ?
08:26Oui, alors, oui, au niveau des freins,
08:29il y a, disons, préoccupations.
08:30Il y en a deux types.
08:32Il y a le premier, ce sont les réglementations.
08:36Surtout que la place de Paris aujourd'hui
08:37a augmenté de manière très significative
08:40sa part de marché mondial ces dernières années.
08:42Et donc, ça veut dire concrètement qu'il y a davantage
08:45de collectionneurs internationaux qui viennent à Paris.
08:49Et entre les droits de douane,
08:51pour prendre un sujet d'actualité,
08:53et j'ai entendu que les droits de douane
08:55n'impacteraient pas le marché de l'art,
08:56c'est inexact.
08:57Il y a certains domaines,
08:58je pense au design, par exemple,
09:00juste pour mentionner celui-ci,
09:00qui pourraient être impactés
09:04de manière très significative.
09:06Mais pour l'instant, ce n'est pas encore à Paris.
09:07Oui, mais il faut y travailler,
09:08c'est ce que nous faisons,
09:09parce qu'il faut essayer aussi d'influer
09:11dans le bon sens,
09:13et de ne pas partir du principe
09:14que le marché de l'art est finalement
09:16pas très concerné par ses droits de douane américains.
09:19La complexité des réglementations,
09:21par exemple, importées aux États-Unis
09:22dans un certain nombre de domaines,
09:24est devenue compliquée.
09:25On l'a vu, par exemple,
09:27la semaine de l'art asiatique de New York
09:29était un événement mondial extrêmement important,
09:32mais aujourd'hui, à la suite d'accords
09:33qui ont été passés entre les États-Unis,
09:35le Népal, la Chine, l'Inde et tout,
09:39les complexités d'importation sont significatives,
09:43même si tous les objets sont parfaitement en règle
09:45et sont bien documentés.
09:48Ça s'ajoute à la réglementation du 28 juin
09:50qui va arriver.
09:51Oui, alors là, la réglementation du 28 juin,
09:54dans cinq jours, malheureusement,
09:55va également impacter,
09:59là, ça va impacter de manière très, très significative
10:01certains domaines.
10:02Et je parlais de notre part de marché,
10:04ça va impacter notre part de marché à Paris
10:06parce que dans des domaines comme l'archéologie,
10:10comme l'art asiatique, l'art tribal,
10:12pré-colombien, ainsi de suite,
10:14en fait, ça va devenir,
10:15je ne vais pas dire quasiment impossible,
10:17mais presque, de pouvoir importer
10:19des œuvres d'art venant hors communauté européenne.
10:23Et il ne faut pas oublier que c'était une source tout à fait légale.
10:26Je veux dire, là, on ne parle pas d'objets
10:27qui auraient fait l'objet de trafic
10:29ou de manque de provenance.
10:31Mais même nos collectionneurs
10:32qui avaient l'habitude d'aller acheter
10:34chez Sudby, chez Christie's, à New York ou ailleurs,
10:37ça va être pratiquement impossible de le faire
10:40en fonction de cette réglementation
10:42qui est partie d'un très bon sentiment,
10:44d'une très bonne volonté.
10:45Ce n'est pas du tout la question.
10:47Nous sommes tous d'accord là-dessus
10:48et nous sommes les premiers à lutter, justement,
10:50pour avoir des provenances sur les objets,
10:52mais dans son application, en fait,
10:53qui fait que ça devient pratiquement impossible
10:55de pouvoir faire des importations de ce type-là.
10:58Alors que les exportations, d'ailleurs,
11:00vont pouvoir continuer sans trop de difficultés.
11:03Donc, qu'est-ce que ça veut dire ?
11:05Ça veut dire, à terme, un appauvrissement
11:07des œuvres d'art du marché extra-européen.
11:12Voilà.
11:12Donc, ça, il faut le penser.
11:13Et pour rester dans les exportations aussi,
11:15un souci qu'on a toujours tous,
11:17c'est les passeports.
11:18Obtenir les passeports dans un marché
11:20qui est beaucoup plus international,
11:22obtenir les passeports d'exportation ou les licences,
11:25on sait que ça prend des mois.
11:26Ça ne favorise pas non plus la fluidité pour les marchands.
11:30Donc, ça fait partie, clairement,
11:33de ces préoccupations dans un marché
11:35qui est devenu beaucoup plus international en France.
11:37Il nous reste 20 secondes.
11:39Peut-être un petit mot.
11:40Est-ce qu'il y a des réjouissances pour l'avenir ?
11:44Un petit peu de...
11:46Oui.
11:46Alors, c'est important parce que,
11:48vu tout ce que je vous dis,
11:49j'entendais un...
11:51Je lisais un marchand qui dit,
11:53moi, je quitte la France.
11:54Bon, très bien.
11:55Ou alors des jeunes marchands qui vont se décourager.
11:56Heureusement, d'abord, on a un métier de passion.
11:58Oui.
11:59Donc, on a envie de tout faire pour le continuer.
12:03Donc, ce qu'il faut faire, c'est s'adapter.
12:05C'est de voir comment on peut travailler différemment,
12:07rationaliser.
12:08Je comprends certains qui disent,
12:10je ne vais plus avoir de galerie sur rue
12:11parce que je veux me focaliser sur des événements,
12:14sur des salons auxquels je participe.
12:16Les organisateurs de salons doivent s'adapter aussi,
12:19permettre un accès qui soit plus facile
12:21à des jeunes marchands
12:23ou des marchands qui n'ont pas les mêmes moyens
12:25qu'ils avaient peut-être une époque
12:26ou parce que, simplement, ils sont récents dans leur activité.
12:30Donc, aujourd'hui, c'est le grand challenge
12:31et c'est ce que nous essayons de faire, d'ailleurs,
12:34au niveau de notre syndicat
12:35parce qu'il faut que cette profession continue à se développer,
12:38surtout dans un pays comme la France
12:40qui est très riche dans ce domaine-là.
12:41Bien sûr.
12:42Et on terminera donc sur cette note positive.
12:43Merci beaucoup, Christophe Youco.
12:44Vous êtes secrétaire général du syndicat des négociants en or.
12:49Merci d'avoir été avec nous.
12:50Et merci à vous tous et tous de nous avoir suivis.
12:52C'était Arrêt Marché.
12:56Sous-titrage Société Radio-Canada
12:59Sous-titrage Société Radio-Canada
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