- 24/06/2025
Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Alors vous êtes présidente dans votre série En Place, aujourd'hui on vous retrouve en astronaute, prêt à sauver la planète.
00:05On a l'impression que rien ne vous arrête.
00:07Non mais rien ne peut m'arrêter parce que la vie c'est incroyable, la vie c'est extraordinaire.
00:12Si j'ai l'opportunité de faire des films et de raconter des histoires et surtout d'avoir le choix de raconter l'histoire que je veux,
00:18je me suis dit en fait à chaque fois que je fais un film je me dis, je fais comme si c'était le dernier.
00:23Donc là c'est Le Grand Déplacement, c'est un film que vous avez écrit, produit, interprété, réalisé aussi.
00:28Ça fait beaucoup de responsabilités quand même pour un seul homme et en même temps un moyen aussi de tout contrôler.
00:33Oui, en fait comme je dis tout le temps, si le film il est nul c'est vraiment à cause de moi et s'il est bien c'est grâce à tout le monde.
00:41C'est beau ça.
00:41Moi les responsabilités vraiment ça ne me fait pas peur.
00:44Je pense que ce qui est intéressant dans la vie c'est surtout de tenter beaucoup de choses et de ne pas avoir de regrets et d'aller à fond dans le truc.
00:50Mais je n'ai pas le truc de contrôle fric mais un peu quand même.
00:55Alors Le Grand Déplacement c'est une histoire complètement folle.
00:57La première expédition spatiale africaine, donc la Black Star Line, pour déterminer si la planète Nardal peut accueillir tous les Africains qui n'ont plus leur place sur Terre.
01:06Comment est-ce qu'elle est née cette histoire ?
01:08Je galérais une nuit et je regardais mon téléphone des interviews sur YouTube et j'ai vu un astronaute qui a dit
01:14« Allez sur une autre planète, un jour l'être humain il pourra le faire. »
01:20Alors ce sera peut-être dans 50 ans ou dans 100 ans mais les moyens techniques seront mis pour qu'on puisse aller sur une autre planète un jour ou l'autre.
01:26Le seul facteur inconnu ce sera le facteur humain.
01:30On ne sait pas comment ça va se passer dans cette navette-là et c'est ce qui va se passer dans cette navette-là qui va peut-être nuire à la mission.
01:36Et quand j'ai vu ça, en vrai de vrai je me suis dit « Ouais ok bon bah c'est ça mon prochain film ».
01:40C'est énorme, terrain de jeu.
01:41La marge d'erreur possible n'est que de 1%. Tu as 3%. Affine la trajectoire.
01:53Marge d'erreur à 2%. Affine la trajectoire.
01:58Arrimage dans 30 secondes.
02:02Pierre, tu as fil ou bien ?
02:05C'est 1,2% maintenant. Tu fais quoi ?
02:10Faut se filer là.
02:13Affine.
02:15Affine.
02:191,2,13.
02:26Module arrimé à la station.
02:32Alors votre personnage, il faut quand même le dire, c'est un astronaute.
02:36Arrogant, misogyne.
02:37Il a tout, il a tout.
02:38Et très con.
02:38Oui, oui, oui.
02:40Et il ne s'entend avec personne.
02:41Oui, oui, oui.
02:42Oui, j'aime bien.
02:43C'est ça, vous avez fait un beau rôle, une belle partition.
02:45Non, en fait, ce que j'aime dans le personnage de Blé que j'ai pris, c'est un peu le même
02:49personnage que dans « Tout simplement noir » que j'ai mis aussi sur en place dans ma
02:52série Netflix.
02:53C'est vraiment le gars gentil, mais qui n'a pas le bon timing.
02:57Non.
02:57Voilà.
02:58Il n'a pas les codes.
02:59Voilà, il n'a pas les codes.
03:00Et en fait, en vrai de vrai, ce n'est pas quelqu'un de méchant, il n'a pas un mauvais
03:03fond.
03:04C'est toujours bienveillant.
03:05Exactement.
03:06En fait, ça lui permet de dire des choses vraiment très outrancières parce qu'on sait qu'il n'est
03:10pas méchant et qu'il ne fera jamais quelque chose de méchant.
03:12Mais c'est juste que les mots qu'il utilise et les notions qu'il essaye d'explorer
03:17sont à chaque fois assez complexes pour lui, trop complexes pour lui.
03:20Il n'est pas fait pour vivre en société.
03:22Il lâche quand même au début du film.
03:24C'est de la merde.
03:24Vous n'y arriverez pas.
03:25Les Africains dans l'espace, c'est n'importe quoi.
03:28Est-ce que quand même, Jean-Pascal, derrière l'humour, il n'y a pas aussi cette façon
03:31de pointer un peu ce regard condescendant que l'Occident porte parfois sur l'Afrique ?
03:36Oui, tout à fait.
03:37Déjà, mon personnage, c'est le français.
03:39Tout le reste est africain.
03:40Lui, il est d'origine ivoirienne, mais il est français.
03:42Et donc, j'avais envie qu'on mette vraiment ce point de vue-là, un petit peu occidental,
03:47représenté par moi, sur l'Afrique, qui essaye de faire quelque chose de positif.
03:52Il n'y a que des pointures dans le vaisseau.
03:54Il y a des prix Nobel de médecine.
03:56Il y a des psychiatres.
03:57Et mon personnage à moi, en fait, lui, tout ce qu'il voit, c'est des Africains.
04:00Et donc, il y a son regard condescendant sur l'Afrique dessus,
04:03qui, je pense, représente pas mal de gens dans le monde quand même.
04:06Et en même temps, vous montrez cette Afrique conquérante.
04:09Oui.
04:09Ce qui est assez rare au cinéma.
04:11Oui, c'était important pour moi de donner une nouvelle image de l'Afrique dans le film,
04:16montrer quelque chose de moderne, une Afrique avec du leadership, une Afrique futuriste.
04:21Parce que la dernière fois, je discutais avec Michel Azadavissus,
04:24qui me disait que le cinéma, c'est deux choses.
04:26C'est soit le monde qu'on voit, qu'on décrit dans un film,
04:30soit le monde qu'on espère.
04:31Et donc, dans mon film, Le Grand Déplacement, c'est vraiment une Afrique que j'ai envie de voir.
04:35Et d'abord, je pense qu'il est là, mais qui n'est pas assez montré, qui n'est pas assez exploité.
04:39Et je vais te dire un truc, Laurie Cholewa, ma plus grande fierté de ce film-là,
04:44c'est déjà d'ouvrir les imaginaires des gens.
04:46C'est de faire en sorte que quand on va dans la rue, quand on va dans le métro
04:49et qu'on voit les affiches avec les astronautes africains qui vont dans l'espace,
04:54moi, en fait, gosse, j'aurais adoré voir ça.
04:56Et donc, je pense que le symbole, déjà, pour moi, c'est déjà ma première victoire,
05:01c'est-à-dire ouvrir les imaginaires et montrer autre chose,
05:04avoir des nouveaux récits, des nouveaux héros.
05:07Quand on regarde des films de science-fiction, à chaque fois,
05:09c'est Bruce Willis qui va sauver New York,
05:11c'est Matthew McConaughey qui sauve le Texas, machin.
05:14Là, j'ai pris le prisme du film de science-fiction
05:16et j'ai mis de l'écologie et j'ai mis le point de vue des Africains dedans.
05:19Mais en fait, ce qu'on va faire, là, ce ne serait pas un peu de la colonisation ?
05:28Parce que, je ne sais pas, arriver sur une planète comme ça
05:34et décréter que c'est la nôtre, c'est un peu ça, la colonisation, non ?
05:38La base même de ce que nous avons entrepris est une quête décoloniale.
05:43Décoloniale ? S'il y a des êtres vivants là-bas,
05:45on va quand même leur prendre leur terre.
05:47Alors, effectivement, en cas de vie sur Nardal,
05:48le projet s'apparenterait à une sorte de petite Israël pour les Noirs.
05:52Première remarque pertinente de Pierre depuis notre départ, bravo Pierre.
05:55Non, mais moi, je me dis qu'on a l'occasion de créer un monde plus juste sur Nardal.
05:59C'est exactement ça.
06:01Votre personnage, il s'appelle Pierre Blé, c'est un hommage à votre grand-père.
06:03Oui, tout à fait.
06:04Vous avez dit, il m'a marqué, il me suit partout, je sens sa force.
06:07Oui, c'est vrai, c'est vrai.
06:08Mon grand-père, qui s'appelle Pierre Blé, qui était un tirailleur,
06:11que j'ai vu une fois dans ma vie,
06:13en fait, dans chaque œuvre que je fais, je mets sa photo dedans.
06:17Dans Tout Simplement Noir, il y avait une photo de lui, un portrait de lui à la fin.
06:20Dans En Place, j'ai pris son nom de famille, c'est Blé, il y avait aussi un portrait de lui.
06:24Même dans les films dans lesquels je joue, dans Prosper,
06:26j'ai réussi à incruster sa photo dans le décor.
06:29C'est vrai ?
06:29Oui, là, je tourne dans un film avec Raphaël Kenard et tout,
06:31j'ai réussi à incruster sa photo dans le décor.
06:34C'est génial.
06:34Et là, dans Le Grand Déplacement, j'ai pris son nom, son prénom,
06:37et il y a aussi sa photo dans le décor.
06:39Et il y a votre père qui fait une apparition aussi,
06:41et qui faisait déjà une apparition dans Tout Simplement Noir.
06:43Oui, il était bien enseigné, oui, oui.
06:45Mon père, déjà, lui, c'est que pour la fame.
06:48Il avait envie d'être dans un film et tout.
06:50Je lui ai dit, je vais en Côte d'Ivoire faire un film et tout.
06:52Il m'a dit, bon, je dois être dedans.
06:54Dans le cinéma, il y a quelque chose de familial,
06:56il y a quelque chose aussi qui va rester pour l'éternité.
06:59Et j'aime bien l'idée de figer mon père quelque part.
07:02Dans Tout Simplement Noir, il y avait mon fils dedans.
07:04Là, dans Le Grand Déplacement, il y a ma fille.
07:07Et il y a mon grand-père dedans.
07:09Donc oui, j'aime bien figer les choses et mettre ma famille dedans.
07:11Je me sens rassuré, mais si ça se trouve, ça n'aura aucun impact.
07:15Moi, je le fais en tout cas.
07:16Et puis, vous avez aussi un super casting.
07:18Il y a Reda Kateb, il y a Fadili Kamara,
07:20il y a Éric Judor en voix off.
07:22Oui, oui, oui.
07:24On sent aussi quand même cette envie d'être en famille.
07:26Il y a Claudia Taqbo, il y a Fari,
07:28avec qui vous avez déjà travaillé.
07:29Oui, oui, en fait, c'est important pour moi la notion de famille.
07:33Et quand je suis arrivé dans le milieu du cinéma,
07:35j'étais vraiment solo,
07:37dans le sens où je suis arrivé par la force du poignet,
07:41par la force du travail et tout.
07:42Et quand je suis arrivé là, je me suis dit,
07:44j'aimerais bien quand même constituer une famille
07:46avec des gens que j'aime et tout,
07:47avec qui on a les mêmes valeurs et tout.
07:49Et Fari est arrivé.
07:50Fari, je lui dois vraiment beaucoup
07:51parce que dans Tout Simplement Noir,
07:53il fait mon sidekick dedans.
07:55Fadili Kamara, elle est extraordinaire de talent.
07:57C'est une des meilleures actrices de France
07:59et de l'histoire du cinéma français.
08:01Et j'ai la chance d'avoir Luce Niyakuza,
08:03la chanteuse, dans le film.
08:05En fait, ce qui me fascine chez elle,
08:06c'est vraiment le magnétisme.
08:08Et le cinéma, c'est aussi des images.
08:10C'est un visage, c'est un corps, tout ça et tout.
08:12Et elle, je l'ai rencontrée à l'anniversaire de Fari.
08:14Et je lui ai jamais dit, mais j'ai vu sa tête.
08:16Je lui ai dit, non, elle, il me l'a foutu dans le film.
08:18Et après, il se trouve qu'elle s'est bien entendue
08:20avec tout le monde et qu'elle est très humble.
08:21Et que, je vous jure que c'est vrai,
08:23son bail de chanteuse mystérieuse et tout,
08:26c'est faux !
08:27C'est vrai ?
08:28Elle fait que rigoler toute la journée.
08:30Elle fait des blagues toute la journée.
08:32Et donc, je suis super content
08:33que sa première apparition dans un film,
08:35ce soit dans Le Grand Déplacement.
08:36Vous avez dit, Jean-Pascal,
08:38la comédie, c'est mon langage,
08:39c'est une arme puissante
08:40qu'il faut savoir utiliser à bon escient.
08:42À quel moment vous avez réalisé
08:44que vous aviez quand même ce pouvoir de faire rire ?
08:46Quand j'ai réalisé que j'étais un peu moche au collège
08:48et que les gars,
08:50elles n'allaient pas arriver comme ça
08:52et qu'il fallait trouver quelque chose.
08:53Il y avait des gars, ils étaient là.
08:54C'est vous qui le dites.
08:56Ah, c'est toi qui l'as dit ?
08:57Non, mais Laurie,
08:59je retiens ce que vous venez de dire.
09:01Vous avez dit qu'au collège,
09:02comme j'étais chum,
09:03il fallait que je trouve quelque chose,
09:04il fallait que je m'en sors.
09:05Non, ce n'est pas ça.
09:05C'est que j'ai devant les yeux une phrase
09:07où vous dites,
09:07petit, j'étais complexé,
09:09trop grand, trop noir, trop dedans.
09:10Oui, c'est vrai.
09:11C'est vous qui le dites.
09:11Oui, c'est vrai.
09:13Et oui, non, mais l'humour,
09:14j'ai compris très tôt
09:16que c'était comme une arme, en fait.
09:18Et du coup, je m'en suis toujours servi
09:19et ça m'a ouvert les portes.
09:21Et je me suis rendu compte,
09:22quand j'ai commencé à travailler,
09:23à faire des films et tout,
09:24que l'humour, en fait,
09:26c'était aussi un moyen
09:27de véhiculer des messages.
09:28Alors, dans Tout simplement noir
09:29ou dans Le Grand Déplacement,
09:30j'aurais pu faire un film genre sérieux
09:32où il n'y a pas beaucoup de blagues et tout.
09:35Mais en fait, l'humour,
09:36c'est vraiment mon moyen d'expression.
09:38C'est comme ça que je m'exprime
09:39tous les jours dans la vie.
09:40Et je pense que l'humour aussi,
09:41c'est aussi de la pudeur.
09:42C'est une manière de se cacher,
09:44de ne pas se dévoiler vraiment.
09:45Ce qui n'empêche pas
09:46qu'il peut y avoir des films sérieux
09:47comme Zion, comme Tirailleur,
09:49comme plein de choses
09:49qui font passer aussi des messages
09:50de manière sérieuse.
09:52Mais moi, en tout cas,
09:52c'est mon moyen d'expression.
09:53Alors Jean-Pascal,
09:5413 films en 5 ans,
09:55une série, un César
09:57de la meilleure révélation masculine
09:58pour Tout simplement noir.
10:00À ce propos, d'ailleurs,
10:00vous avez dit
10:01« Je suis passé de pouilleux à connu ».
10:03Comment est-ce que vous avez vécu
10:04cette ascension fulgurante,
10:05tout ce tourbillon de succès
10:06qui vous arrive ?
10:07Au début, je n'ai pas compris.
10:09Parce que moi,
10:10je suis vraiment passé
10:11de pouilleux qui rentrent nulle part
10:12à « Superstar, t'es trop cool ».
10:14Mais du jour au lendemain.
10:16Et du coup,
10:16il faut quand même
10:17un temps d'adaptation.
10:18C'est dur de garder
10:19les pieds sur terre ?
10:20Oui, franchement, c'est dur.
10:21Parfois, tu sais,
10:22on regarde des documentaires
10:23sur des stars et tout.
10:25L'entourage de la star dit
10:26« Ouais, je n'ai pas compris.
10:27À un moment,
10:27il a pété les plombs ».
10:28Et toi, tu regardes le documentaire,
10:30tu te dis
10:30« Mais qu'est-ce qu'il raconte, lui ?
10:35Franchement, je comprends
10:36qu'on puisse péter les plombs
10:37parce que c'est très déstabilisant.
10:39Il y a tout qui change.
10:40Ton rapport aux gens,
10:41le rapport au monde,
10:43le rapport même
10:43à ton physique et tout,
10:45tout change.
10:46Et aussi,
10:46avec l'avènement
10:47des réseaux sociaux,
10:48il y a aussi
10:48un domaine totalement inconnu
10:50que je ne connaissais pas,
10:51c'est les insultes gratuites.
10:53Tu vois,
10:53on n'a pas l'habitude
10:54de s'insulter gratuitement
10:57sur les réseaux, tout ça.
10:58Et donc,
10:59tout ça fait que
10:59ça peut être très déstabilisant.
11:01Mais la chance que j'ai,
11:02c'est que j'ai des enfants
11:03et j'ai des frères et sœurs
11:05qui sont très durs avec moi
11:06et des amis d'enfance
11:08qui sont là
11:08et qui sont très durs avec moi.
11:10Ça vous ramène sur Terre.
11:11Voilà,
11:11là, ça permet
11:11d'avoir les pieds sur Terre.
11:12Je ne sais pas
11:13si le cerveau,
11:13il est vraiment fait
11:14pour ça, en fait.
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