- aujourd’hui
L'architecte français Jean Nouvel livre sa vision et ses pensées dans un ouvrage intitulé “Mes convictions” publié chez Flammarion. Il était l'invité de Léa Salamé, mardi 24 juin.
Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20
Retrouvez « L'interview de 9h20 par Léa Salamé » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Et Léa, ce matin vous recevez un immense architecte.
00:03Bonjour Jean Nouvel.
00:04Bonjour.
00:04Bienvenue, merci d'être avec nous sur France Inter.
00:07Merci de m'avoir invité.
00:08Je commence par mes questions rituelles.
00:09Si vous étiez un livre, un monument et un défaut, vous seriez quoi ?
00:14Alors un livre, ce serait sans aucun doute le livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa.
00:20De Pessoa.
00:21Voilà.
00:21Vous êtes intranquille.
00:23Je suis un intranquille.
00:24Ouais, c'est un livre très pessimiste.
00:26Pas du tout.
00:27Vous trouvez pas ?
00:27Pas du tout.
00:28Je trouve que c'est quelqu'un qui fait part de tout ce qui se passe en lui
00:32et avec des, je dirais, des interprétations à chaque fois qui sont extraordinaires.
00:39Un monument ?
00:41Un monument, j'ai choisi le parc Güell à Barcelone.
00:46De Gaudi.
00:47Parce que c'est un vrai monument en le sens que c'est une partie de la ville.
00:51On voit toute la ville et c'est quelque chose de très, c'est à la fois très contrasté
00:57et c'est en même temps de l'architecture, c'est un parc, c'est un point de repère,
01:03c'est une formidable chose.
01:06Donc si Jean Nouvel était un monument, il serait le parc Güell à Barcelone.
01:09Et si vous étiez un défaut ?
01:11Si j'étais un défaut, je le connaîtrais bien, c'est l'hyper...
01:14L'hyper...
01:16Sensibilité ?
01:18Non, non.
01:19L'hyperperfectionnisme, j'arrivais pas à le dire.
01:22L'hyperperfectionnisme.
01:23L'hyperperfectionnisme parce qu'à un moment, vous allez trop loin et vous allez dans des questions qui deviennent insurmontables.
01:32Vous n'arrivez jamais à lâcher en fait, il faut que ce soit tout parfait et vous saoulez tout le monde pour que tout ce soit absolument parfait, c'est un peu ça quoi.
01:40Exactement, je ne suis pas très commode pour ça.
01:43Vous êtes en tout cas l'un des architectes les plus célèbres dans le monde entier, le plus réputé et respecté français vivant je pense.
01:50Vous avez reçu le prix Pritzker en 2008, l'équivalent du Nobel d'architecture.
01:54Alors c'est bien simple, on en a pris quelques-unes.
01:56Le musée du Quai Branly, l'Institut du Monde Arabe, la Philharmonie de Paris, c'est vous.
02:00Le Louvre à Abu Dhabi, la Tour Agbar à Barcelone justement.
02:03Le musée national du Qatar, c'est vous encore.
02:05Ou encore la nouvelle fondation quartier qui ouvrira ses portes le 25 octobre prochain à Paris.
02:10Encore vous, Jean Nouvel.
02:11Après 50 ans de carrière et après de 80 ans, vous vous livrez comme jamais dans un livre « Méconvictions » chez Flammarion
02:19où vous donnez votre vision peut-être la plus complète de l'architecture, de l'histoire de l'architecture, de comment vous voyez l'architecture.
02:26C'est un livre à la fois riche, dense, théorique mais aussi poétique.
02:30Et puis j'ai trouvé que c'était aussi un livre de colère.
02:33Celle d'un homme révolté, ulcéré par les évolutions de son art, de la construction des villes, de l'époque aussi.
02:40D'ailleurs vous citez Rimbaud en exergue.
02:43« Le monde est vicieux, si cela t'étonne, vit et laisse au feu l'obscur infortune. »
02:48Le monde est vicieux, Jean Nouvel.
02:50Oui, j'ai mis en avant cette phrase par rapport à un procès qui va avoir lieu.
03:08qui va avoir lieu où certains de mes anciens collaborateurs ont été accusés pour des questions de gestion.
03:16Moi je ne me suis jamais intéressé à la gestion, je n'ai jamais eu de responsabilité à ça.
03:21Et la façon dont ça a été présenté, on a l'impression que c'est moi qui ai fait les dégâts.
03:26Donc ça c'est un peu difficile.
03:28Oui, c'est une enquête judiciaire qui vise votre agence, Jean Nouvel, avec des accusations de détournement de fonds et un système de fausses factures qui vise notamment votre ancien directeur financier.
03:38Vous, vous êtes témoin.
03:38Mais c'est mon argent qu'on a piqué, ce n'est pas moi qui ai piqué le mien.
03:41Oui, et vous êtes témoin assisté dans cette affaire-là et dans ce procès qui aura lieu.
03:45C'est pour ça que vous dites « le monde est vicieux » parce qu'on a le sentiment que cette affaire vous a blessé.
03:51Voilà, il a été écrit beaucoup de choses sur cette affaire, sur un système aussi.
03:55On a pu lire « Un créateur dépassé par ses ambitions », « Il faut faire vivre sa maison », etc.
04:02« Payer les salariés », « Trouver des nouveaux contrats », « Être dispendieux », tout ça vous avez pu le lire ?
04:07Oui, oui, je l'ai lu, oui.
04:09Et ça vous a blessé ?
04:11Et ça m'a blessé, bien sûr, oui, parce que de toute façon, il y a des accusations par exemple d'aller dans des lieux qui sont trop chers,
04:23ou des restaurants, ou des choses comme ça, avec ce que je fais, je ne peux pas amener les gens dans des petits bouts.
04:30Oui, c'est impossible, donc ça ne fait pas de sens.
04:33En tout cas, le procès aura lieu dans les prochains mois, et les enquêtes, c'est Libération qu'il avait écrit,
04:38et Télérama également, que je viens de citer.
04:41Mais au-delà de cela, c'est un livre de colère, je le disais, parce que vous critiquez, et là on en vient à votre art,
04:46vous critiquez un urbanisme triste et dépressif, obsédé par l'idée que les constructions doivent s'intégrer dans le paysage.
04:53On considère désormais le paysage comme une carte postale à corriger.
04:56On reproduit partout des clones de bureaux, des clones de logements, des clones de supermarchés.
05:01On met des pergolas sur les parkings des HLM, ou encore du lierre au balcon.
05:06On pense que c'est beau, alors que c'est moche.
05:09On va vers une architecture laide et ordinaire et uniformisée.
05:13Voilà ce qu'on peut lire dans votre livre.
05:14C'est votre interprétation.
05:16Ah non, je vous lis, je vous lis, je vous lis.
05:18Non, c'est une partie, c'est une partie de ce que je dis.
05:21Mais je veux dire, cette critique, elle me poursuit depuis le début.
05:25C'est-à-dire que j'ai déjà été critique le premier jour où je suis arrivé à l'école des Beaux-Arts.
05:31Parce que je suis tombé sur une époque qui était celle de l'architecture internationale,
05:39et qui répétait déjà ce qu'on a vu après.
05:43C'est-à-dire que c'était les mêmes projets qui devaient être faits par tous les étudiants,
05:49parce que c'est les professeurs qui donnaient le thème.
05:53Et en fait, c'était exactement ce qui allait se passer pendant les 20 ou 30 ans qui ont suivi.
06:00C'est ça ce qui vous irrite, pour qu'on comprenne bien, nous néophytes,
06:04depuis que vous êtes étudiant aux Beaux-Arts, au fond.
06:07Ce que vous n'aimez pas, c'est la reproduction du même.
06:09C'est le style international parachuté.
06:11La première chose qu'il faut comprendre, c'est que l'architecture, elle est locale.
06:17Ce qui est arrivé comme catastrophe, c'est que maintenant, il n'y a plus d'architecture locale.
06:22Il y a une architecture générale.
06:25Cette architecture, c'est la même dans le monde entier.
06:28Toutes les tours, toutes les façades, tous les murs rideaux, tout ça, vous pouvez prendre des photos partout.
06:37Je vous défie de dire où vous êtes, sauf s'il y a un monument qui aurait un peu d'identité.
06:43Tout ça est noyé.
06:45Et en gros, vous, vous défendez l'identité.
06:48L'identité.
06:49Et vous dites, quand un grand architecte comme vous pense une tour, il ne faut pas qu'on pense à comment elle va bien s'intégrer dans le paysage.
06:59Il faut, en gros, qu'elle ait sa force.
07:01Oui, il faut y penser.
07:02Oui, d'accord.
07:02Mais il ne faut pas que ce soit obsessionnel, en gros.
07:04Il faut oser.
07:05C'est ça que vous défendez.
07:07Une architecture, c'est une invention.
07:12Si ce n'est pas une invention, il faut changer de métier.
07:16Ce n'est pas uniquement de reproduire des programmes et de reproduire des détails que l'on connaît parce que c'est fait par toutes les entreprises.
07:26Et de plus en plus, il y a eu autre chose, c'est que l'architecte a été éliminé de son rôle essentiel.
07:38C'est lui, normalement, qui devrait donner tous les éléments de composition pour tous les espaces, y compris pour les villes.
07:49Et il ne faut pas l'éliminer.
07:51Or, maintenant, tout ce qui se passe autour est fait sans architecte.
07:55C'est des bureaux d'études, c'est des administrateurs, c'est tout ce qu'on veut.
08:02Mais les villes ne sont plus faites par les architectes, il faut le savoir.
08:06Votre livre, c'est la réhabilitation des architectes, de l'architecture en général.
08:11Je ne suis pas du tout quelqu'un qui défendrait un métier.
08:22Non, non, non, ce n'est pas du tout corporatiste, c'est une vision du monde.
08:24Non, ce n'est pas corporatif, mais c'est une mission qui est essentielle.
08:30Or, maintenant, un architecte a été déclassé, le métier d'architecte a été déclassé.
08:39Vous dites de l'architecture, c'est la mère de tous les arts, tout simplement.
08:43Ben oui, ça a toujours été simple.
08:46Pourquoi ?
08:46Pourquoi c'est la mère de tous les arts, l'architecture ?
08:47Parce que ça, c'est l'histoire de l'architecture.
08:49C'est-à-dire que l'architecture, c'est elle qui était là pour créer tous les monuments,
08:59pour créer aussi un certain nombre de grands bâtiments.
09:03Et c'est elle qui déterminait les sculptures, et qui était aussi en relation avec l'art,
09:11avec les peintres, avec les sculpteurs, avec les jardiniers, avec tout ce que vous voulez.
09:19C'est-à-dire qu'il y a une donnée qui est transversale, qui est générale,
09:24et qui est à chaque fois précise.
09:26Vous dites dans une interview au Point, quand je fais une architecture,
09:29je l'imagine toujours aussi en ruine.
09:32Pourquoi ?
09:33C'est-à-dire que quand vous construisez un musée ou une tour,
09:35vous l'imaginez dans des centaines d'années, quand elle sera une ruine ?
09:40Oui, bien sûr, parce qu'une architecture, ça peut effectivement traverser les siècles.
09:45Elle les traverse plus ou moins bien, dans la force des choses.
09:53Et donc vous imaginez l'Institut du Monde Arabe, par exemple, à Paris,
09:56ou le musée du Quai Branly en ruine ?
09:57Oui, oui, j'imagine très bien ce qui va résister, ce qui ne va pas résister.
10:03Et ça ressemblera à quoi ? À quoi la ruine ?
10:05Souvent, la ruine, c'est très beau.
10:07Oui, bien sûr.
10:08Hubert et Hubert, c'était ça.
10:10Et quand vous imaginez un musée, vous en avez fait énormément des musées,
10:14là je parlais du Quai Branly ou de l'Institut Monde Arabe,
10:16mais le Louvre à Abu Dhabi, c'est vous,
10:19qui est considéré comme un de vos plus grands chefs-d'œuvre.
10:23Le musée national de Doha également.
10:25Là, vous êtes en train de construire à Shenzhen, en Chine, c'est quoi en ce moment ?
10:29À Shenzhen ? Non, non, c'est un opéra.
10:34Ah oui, c'est l'opéra, autant pour moi.
10:36Avec toutes les salles qui sont autour.
10:38Vous parlez de cette passion que vous avez pour la construction des musées,
10:41vous dites à l'enthousiasme que c'est à chaque fois que vous pensez à un nouveau musée.
10:43Je voudrais qu'on écoute un autre architecte que vous aimez beaucoup,
10:46Franck Guéry.
10:48Franck Guéry, c'est la fondation Louis Vuitton,
10:50c'est le Guggenheim à Bilbao et plein d'autres choses.
10:52Franck Guéry, qui parle aussi de comment il pense un musée.
10:57Pour Bilbao,
10:58J'essayais de parler à la ville.
11:02J'avais un pont, un 19e siècle, un fleuve.
11:05Dans un musée, on peut fragmenter.
11:13Bâtir un musée fragmenté, c'est garantir sa longévité, car on pourra faire des ajouts.
11:18C'est facile.
11:19Et vous, comment vous pensez un musée ?
11:23Je ne pense pas à un musée.
11:26Je ne pense pas à un musée.
11:28Je pense toujours qu'un musée, c'est avant tout la mise en place d'une insertion
11:41qui appartient à une ville,
11:44qui appartient à une culture.
11:47Et ce que j'imagine,
11:49c'est que c'est une partie de la ville
11:51qui a une sorte
11:53de lieu sacré.
11:56Là, le gros événement artistique
11:59à Paris dans 3-4 mois,
12:01le 25 octobre, je crois,
12:03c'est l'ouverture au public de la nouvelle fondation Cartier
12:05qui sera en face du Louvre,
12:07à Paris, juste à côté de la Comédie française.
12:09C'est vous.
12:09En quelques mots, juste comme ça,
12:11pour nous donner envie,
12:12la future fondation Cartier,
12:13ça va être quoi, Jean Nouvel ?
12:15La future fondation Cartier,
12:17c'est de prendre
12:17les bâtiments haussmanniens
12:21et de créer le musée dedans.
12:25Et de créer
12:25toute une série
12:27de trous, je dirais.
12:30C'est dedans, dehors, tout ça.
12:32C'est-à-dire qu'à chaque fois,
12:34on va voir Paris
12:35de l'intérieur
12:37et puis après de l'extérieur.
12:40De l'intérieur, on va voir l'intérieur.
12:43Et on va voir toutes les lumières
12:45qui sont avec ça.
12:47Et on va créer
12:48une architecture à l'intérieur
12:51d'une architecture.
12:54On garde la façade haussmannienne,
12:56ça, vous ne l'avez pas touché,
12:58mais à l'intérieur,
12:59avec les effets de perspective
13:00de verre, de toit en verre,
13:01on va voir Paris.
13:02Voilà, et avec
13:04une utilisation très précise
13:07de l'ouverture.
13:10Ce sont des projets d'ouverture.
13:12C'est-à-dire qu'il y a des verres
13:14ultra transparents et très très grands
13:15et on voit ce qui se passe dedans
13:17et donc
13:18on va être
13:20attiré automatiquement
13:22par l'envie d'y aller.
13:25On a hâte de la voir.
13:27C'est vrai qu'on croit
13:28parfois, on a l'image
13:29que les grands architectes
13:30sont déconnectés
13:31de la société,
13:32sont des grands visionnaires
13:33avec un égo immense, etc.
13:36Mais vous, par exemple,
13:37vous avez démarré votre carrière
13:38dans les années 80,
13:39en 87,
13:40en faisant des HLM.
13:42A l'origine,
13:42vous faites,
13:43votre premier,
13:44c'était à Nîmes,
13:45je crois, en 87,
13:46vous faites les deux paquebots,
13:47là, face à face,
13:48ces deux tours HLM.
13:49Mais ça, c'était très important
13:50parce qu'il y avait
13:51une loi
13:53de Mitterrand
13:56qui permettait
13:57de faire
13:58des logements sociaux
13:59de façon possible
14:02économiquement
14:03et je me suis
14:06jeté là-dedans
14:07pour créer
14:08des appartements
14:10qui sont deux fois plus grands
14:11avec des terrasses partout,
14:13avec, bon, etc.
14:14Donc, c'est pour moi
14:16un des éléments
14:19que j'ai créés
14:19qui est le plus significatif.
14:21Oui, c'est un de vos premiers,
14:22d'ailleurs.
14:23En quelques mots,
14:24vous avez grandi
14:25dans le sud-ouest
14:25et on l'entend ce matin,
14:27Sarla,
14:27ville médiévale.
14:29Vous vouliez être peintre
14:30mais vous avez fait archi
14:31pour rassurer vos parents
14:32parce qu'il fallait faire
14:33un métier sérieux.
14:35Vos parents ont été fiers
14:36de votre parcours,
14:37ils vous l'ont dit.
14:39Oui, ils ne s'intéressaient
14:40pas beaucoup à l'art
14:40mais ils se sont intéressés
14:43aux miens.
14:45Et ils vous ont dit
14:45leur fierté ?
14:46Oui, bien sûr, bien sûr.
14:48On a reçu Renzo Piano
14:49en début de saison,
14:50grand architecte aussi,
14:51le centre Pompidou,
14:52Boubou.
14:53Un de mes grands amis.
14:54Un de vos grands amis,
14:54il nous a parlé de vous d'ailleurs
14:55et il nous parlait
14:57des leçons de la vie
14:58à 87 ans.
15:00Je voudrais juste
15:00qu'on l'écoute
15:01et que vous nous donniez
15:02quelle est votre leçon
15:03de vie, vous,
15:04aujourd'hui,
15:04après 80 ans,
15:05Jean Nouvel.
15:05On écoute Renzo Piano.
15:06On a un son
15:06de toutes les personnes
15:08qu'on a aimées.
15:09Les livres qu'on a lus,
15:11les films qu'on a regardés,
15:14les voyages qu'on a faits,
15:15les amours qu'on a eus.
15:18On est ça.
15:20Et ce génie
15:22qui était Louis Borges,
15:23il écrivait
15:24que la vie
15:25est un petit peu suspendue
15:26entre,
15:27le suspendu entre
15:28le souvenir
15:32et l'oubli.
15:34Il l'oublie.
15:35On se souvient
15:36de tout ça.
15:37Et on l'oublie aussi.
15:38On a oublié.
15:40Mais vous l'avez dedans.
15:41Vous l'avez dedans.
15:42Et n'importe quoi,
15:43vous faites.
15:44L'architecte,
15:45le journaliste,
15:46peu importe.
15:47Vous avez ça dedans
15:48et ça sort.
15:50Et ça,
15:50c'est bon,
15:51magnifique.
15:52C'est même
15:52une petite
15:53immortalité,
15:55je crois.
15:57Formidable.
15:58Vous êtes d'accord avec lui ?
15:59Oui, tout à fait.
15:59Je suis en général
16:00d'accord avec lui.
16:01La vie est un basculement
16:02entre le souvenir
16:03et l'oubli.
16:04Et même qu'on croit
16:05qu'on a oublié,
16:06parfois,
16:06ça rejaillit.
16:07Bien sûr, bien sûr.
16:08La somme de nos amours,
16:09de nos oeuvres.
16:11C'est hautement philosophique.
16:12Oui, c'est hautement philosophique.
16:14On termine par les impromptus.
16:16Vous répondez rapidement
16:16sans trop réfléchir.
16:19Mon outil de travail,
16:20c'est mon lit,
16:21avez-vous dit
16:21dans Le Monde un jour ?
16:23Oui, c'est vrai.
16:23Vous dessinez dans votre lit ?
16:25Je dessine à ma façon,
16:27je dessine dans ma tête.
16:28Mais dans le lit ?
16:28J'ai besoin de calme.
16:31J'ai besoin
16:31qu'on me fout de la paix.
16:34Vraiment.
16:35Et j'ai besoin
16:35de ne pas beaucoup de lumière.
16:39Je crois que la nuit,
16:40ça me réussit mieux.
16:42Donc j'ai besoin
16:43d'être tranquille.
16:45Et quand la chose arrive
16:46dans ma tête,
16:47je vais à l'agence,
16:49à l'atelier.
16:51Et là,
16:52j'ai quelque chose à dire.
16:53Et vous dites des choses
16:54à vos équipes
16:55qui ensuite fabriquent.
16:56Mitterrand ou Chirac ?
16:58Mitterrand.
17:00Paris ou Dubaï ?
17:02Paris.
17:03Votre quartier préféré à Paris ?
17:06Mon quartier préféré à Paris,
17:08à Paris, à Paris...
17:10C'est difficile, ça.
17:12Mais je dirais quand même
17:15que c'est plutôt
17:18ce qui se passe
17:22dans le Paris historique
17:25et le début de Paris.
17:26Autrement dit,
17:26c'est plutôt l'île de la Cité,
17:28c'est plutôt le cœur de Paris
17:30qui structure Paris
17:32et qui en a pris un coup
17:33à certains moments
17:34mais qui est quand même
17:36la chose la plus incroyable.
17:40Le temps qui passe,
17:42ça vous angoisse ?
17:43Bien sûr.
17:44Comme tout le monde,
17:45j'imagine.
17:46La dernière fois
17:47que vous avez pleuré,
17:48Jean Nouvel ?
17:49Ça, c'est difficile comme question.
17:51Ça, c'est difficile comme question.
17:53Liberté, égalité, fraternité,
17:54vous choisissez quoi ?
17:56Liberté, égalité, fraternité, liberté.
18:00Vous votez ?
18:01Je vote.
18:02Toujours ?
18:03Toujours.
18:04Et Dieu dans tout ça ?
18:05La question Jacques Chancel.
18:07Et Dieu dans tout ça,
18:10c'est pas mon truc.
18:11C'est pas votre truc.
18:14Votre truc,
18:14c'est vos convictions,
18:16mes convictions.
18:17Jean Nouvel
18:17qui se livre comme jamais
18:20sur toutes les architectures,
18:21sur l'histoire de l'architecture,
18:23sur ce qu'il pense
18:23de l'évolution des villes,
18:24de l'évolution de la société.
18:26Il y a tout ça.
18:27Aussi vos inspirations,
18:28les livres,
18:29les écrivains
18:29qui vous ont inspirés.
18:31On lit tout ça
18:31dans mes convictions,
18:33ce nouveau livre
18:34qui sort chez Flammarion.
18:35Merci infiniment
18:36d'avoir été avec nous ce matin,
18:37Jean Nouvel.
18:37Merci beaucoup.
18:38Merci beaucoup.
18:39Et merci Léa.
Recommandations
1:25
|
À suivre
15:57
19:57
16:11
20:12