- 23/06/2025
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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00:00Enzo est le dernier film de Laurent Canté. Il a été réalisé après le décès prématuré du cinéaste par son co-scénariste et ami Robin Campillo.
00:08Enzo est un adolescent de 16 ans élevé dans une famille bourgeoise du sud de la France qui décide de devenir maçon et rencontre un charismatique ouvrier ukrainien, Marussia.
00:19Quel beau film, vraiment. C'est un film merveilleux.
00:22Et en fait, comme vous disiez, la rencontre de Laurent Canté qui a écrit le scénario, et vous savez de Laurent Canté avec son côté sérieux, social, de ressources humaines,
00:33qui part finalement à la rencontre du cinéma de Robin Campillo qui est beaucoup plus chatoyant avec cette énergie de jeunesse comme ça.
00:40Ça donne quelque chose d'absolument magnifique sur cette trajectoire, la trajectoire d'un jeune homme, d'un très jeune homme qui fait comme une déviation dans sa vie.
00:49Il vient d'un milieu bourgeois et ce qu'il a envie de faire, c'est d'être maçon, en fait.
00:53Donc, il quitte tous les matins sa maison luxueuse, etc., pour aller monter des murs.
01:00Et je trouve que le film rend grâce à sa volonté de dévier ce que ses parents peuvent imaginer comme de la dérive.
01:10Et voilà, il y a toute une métaphore sur les murs, comment on monte des murs et comment ça efface les frontières.
01:16Oui, je vais vous montrer un extrait, justement.
01:21Il a du mal et son maître de stage vient voir ses parents pour leur dire qu'il y a un problème.
01:27Bonjour.
01:28Excusez-nous, on rentre et il travaille, c'est mis à l'eau.
01:30Non, il n'y a pas de souci, c'est moi qui suis désolé, je vais vous déroger longtemps.
01:33Pas tout, pas tout.
01:34Pas.
01:35Asseyez-vous ?
01:37Alors, qu'est-ce qui se passe ? Il y a un problème ?
01:42Non, rien de grave, rassurez-vous, je voulais parler un petit peu d'Enzo.
01:46Voilà, c'est pas grave, mais j'ai l'impression qu'Enzo n'est peut-être pas tout à fait à sa place sur un chantier.
01:54Alors voilà, c'est un garçon intelligent, mais peut-être pas très à droite ses mains et peut-être pas assez motivé, en plus.
02:01Attendez, ce que vous nous dites, c'est que vous ne voulez pas le garder ?
02:04Non, non, non, je ne dis pas ça, moi c'est pour lui, je pense que ce serait bien qu'il réfléchisse à ce qu'il veut vraiment faire, vous voyez.
02:14Il y a peut-être autre chose qui lui correspondrait mieux que la maçonnerie.
02:18Surtout au centre de formation, ses profs sont assez d'accord.
02:23Pour être honnête, quand Enzo a pris cette orientation, ça nous a un peu étonné.
02:30Oui, c'est un choix qu'il a fait parce qu'il se bagarrait pas mal avec le système scolaire.
02:34Oui, il a eu du mal.
02:36Mais bon, c'est quand même ton choix, hein ?
02:39Ouais.
02:42Et tu dis quoi, toi ?
02:47Moi, ça me va.
02:49Ça veut dire quoi ?
02:52Qu'est-ce qui te va ?
02:54La maçonnerie.
02:56Je ne sais pas, mais mes sucres réglés sentent que tu n'aies pas complètement à ta place.
03:00Non, mais c'est juste que j'ai un peu déconné aujourd'hui, mais ça ne veut pas dire que ça ne me plaît pas.
03:07Et Pierre Francesco Favino qui joue en français, qui est sublime dans ce papa à câlin.
03:12Un père extraordinaire, parce qu'il est très, très émouvant.
03:15C'est un père extrêmement tendre qui ramasse le linge sale de son gamin dans sa chambre,
03:19qui se fait un sang d'encre pour lui.
03:20Parce qu'évidemment, cette histoire de déclassement volontaire, elle est très choquante pour les parents.
03:25Lui, il est prof d'université.
03:26Elodie Boucher, ce qui est merveilleuse aussi dans le film, elle est ingénieure.
03:30Et tout à coup, il y a une scène, parce qu'il y a beaucoup de belles scènes, vraiment,
03:34dans un grand film d'une intelligence supérieure.
03:37Et il y a cette scène où tout à coup, Favino, le père dit à ses copains,
03:42mais vous ne vous rendez pas compte, c'est comme si je regardais mon fils se noyer,
03:45sans aller à son secours.
03:47S'abîmer, il y a cette question du corps.
03:48Le personnage est magnifique.
03:50Oui, et ce qui est fou, c'est que quand il le dit, au contraire, le gamin nage dans une eau merveilleuse.
03:55Cristalline !
03:55Et la falaise qu'il y a là, c'est comme s'il le voyait comme un mur, alors que non, il est là.
04:00Enfin, c'est merveilleux.
04:01Mais moi, je trouve ça plus cryptique.
04:02Et pour moi, il n'est pas si tendre, ce père, justement.
04:05Et c'est toute la question de comment il s'approche.
04:07En fait, ce que je veux dire, c'est que le père fantasme des choses, évidemment, sur son fils,
04:11et fantasme les ambitions de son fils.
04:13Il souhaiterait, bien sûr, et je ne pense pas que ce soit négatif,
04:16mais il n'entend pas son fils lui dire, oui, mais je ne veux pas être ce dont tu rêves pour moi.
04:21Mais c'est vrai que c'est atypique, ce transfuge de classe, entre guillemets, à l'inverse.
04:25En fait, il ne refuse pas ses privilèges ou les privilèges que sa condition lui offre,
04:30mais il essaye de ne pas en jouir sans souffrance ou, en tout cas, sans effort.
04:34Et effectivement, on voit à quel point, le film insiste sur ça,
04:37les mains de Mzo qui sont mises à mal.
04:40Et puis cette question de où est ma place ?
04:42C'est une place centrale chez Kanté.
04:44C'est la question principale du film, c'est où est ma place ?
04:47C'est en fait un gamin qui est indéterminé, alors qu'en même temps,
04:50il est déterminé socialement, on va dire, par ses parents.
04:52Et toute cette question de l'adolescence, de l'indétermination,
04:55ce qui est très réussi dans le film, c'est vraiment, pour le coup,
04:58on va y revenir, c'est de la mise en scène.
05:00C'est-à-dire, on l'a entendu, il y a cette langueur du sud,
05:03il y a ce calme avec les cigales qui sont derrière,
05:06il y a ce rapport au cadre, au découpage,
05:07qui font que c'est un film où on se pose des questions sur l'indétermination,
05:10sur ce qui est trouble, sur ce qui est ambigu,
05:13et c'est sans cesse net pour le spectateur.
05:16Et même et incarné.
05:17Et incarné.
05:18On regarde tranquillement, de façon nette, des choses extrêmement ambiguës.
05:21Puis moi, il y a quelque chose qui me touche,
05:22le cinéma fait partie de ces arts qui sont incroyablement dépendants
05:26de leurs conditions de fabrication.
05:28Eh bien, on l'a dit, on l'a évoqué,
05:30la manière dont a été fabriqué ce film,
05:32qui est finalement quelque chose qui ne se passe pas comme prévu,
05:34mais qui advient malgré tout,
05:35c'est peut-être aussi ça qui donne autant de force au film.
05:37Parce que ça ne raconte que ça.
05:39Les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu.
05:41On n'est pas toujours dans le couloir de nage qu'on attendait,
05:43qu'on attendait.
05:44Et moi, j'ai l'impression que la jeunesse de ce film
05:46lui permet justement de toucher à quelque chose d'extrêmement beau et sûr.
05:50Mais ce qui est chouette, c'est que ça se manifeste dans la forme du film.
05:53C'est-à-dire que c'est vraiment un film de Kanté.
05:56Il n'y a aucun doute là-dessus,
05:57sur toutes les questions qui ont travaillé son œuvre.
05:59Et en même temps, la fusion avec la mise en scène de Campillot,
06:04qui apporte sa sensualité
06:05et qui apporte soudain l'irruption d'une thématique homo-érotique
06:10qui est absolument absente de l'œuvre de Kanté.
06:14Et tout à coup, cette fusion entre le travail des deux amis
06:18produit un film qui déjoue à peu près toutes les attentes.
06:22Vous allez continuer à en parler dans l'espace.
06:24Non, il y a juste cette chose-là que cette netteté par la mise en scène
06:28parfois me donne l'impression que le film frôle,
06:31sans vraiment y tomber, un tout petit peu le didactisme.
06:33J'ai pris ça pour ça !
06:35Scandaleux !
06:36Voilà !
06:37C'est vide !
06:38Je t'envoie dans une capsule dans l'espace !
06:42Jamais on n'a vu des parents comme ça.
06:44Je veux dire, le risque dans ces portraits d'adolescents,
06:46c'est que les parents sont toujours des cons.
06:48Et là, il y a une vraie complexité.
06:50Ou trop bienveillante.
06:51Et c'est vrai qu'ils sont tout théatifs.
06:53Et là, il y a une vraie complexité.
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