Guerre au Proche-Orient : «La France est devenue spectatrice de l'histoire», affirme François-Xavier Bellamy

Europe 1

23/06/2025

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00:00Donald Trump s'est félicité cette nuit des opérations américaines contre les sites nucléaires iraniens.

00:05C'est une réussite militaire, spectaculaire a-t-il dit.

00:08Il y a eu des dégâts monumentaux, a précisé le président américain.

00:11Est-ce que ce matin, François-Xavier Bellamy, vous vous félicitez sans ambiguïté de l'action américaine et de son résultat ?

00:17Ou est-ce que, comme le président français, vous craignez un engrenage ?

00:20La destruction du programme nucléaire militaire iranien ne peut être qu'une excellente nouvelle pour le monde entier.

00:27Pour Israël, bien sûr, qui était menacé tous les jours dans son existence même par les dirigeants iraniens,

00:33mais aussi pour nos pays, parce qu'en réalité, ce qui est visé à travers Israël, c'est aussi le monde occidental.

00:39Nos pays ont été directement déjà la cible du terrorisme organisé par l'Iran.

00:44Et donc, la fin de ce programme nucléaire est une bonne nouvelle pour la sécurité du monde,

00:47pour la sécurité du monde occidental en particulier.

00:50Pourtant, la France, ni informée et encore moins partie prenante,

00:54comment vous expliquez ou vous comprenez la position d'Emmanuel Macron qui parlait il y a encore quelques heures,

00:58François-Xavier Bellamy, de négociations, de paix,

01:01alors que les bombardiers américains allaient déjà été en vol et allaient sur place ?

01:07Vous savez, je crois que nous sommes en train de vivre un basculement du monde

01:09et que les Européens, en général, ont du mal à le comprendre.

01:14Pendant longtemps, nous avons cru à un ordre international fondé sur des règles,

01:18c'est l'expression que j'entends si souvent à Bruxelles,

01:20nous avons cru que le droit international serait le seul cadre dans lequel se déroulerait toute discussion future.

01:26Nous avons cru à ce que Francis Fukuyama appelait dans les années 90 la fin de l'histoire.

01:31Et aujourd'hui, nous vivons la fin de la fin de l'histoire.

01:33Ça ne veut pas dire qu'il faille renoncer au droit.

01:36Ça ne veut pas dire qu'il faille renoncer à la justice.

01:39Mais je crois que nous devons comprendre à nouveau que la justice sans la force est impuissante.

01:44C'est la grande leçon de l'histoire de l'Europe.

01:47Et le drame, c'est que les Européens l'aient oublié.

01:49Pascal disait, Blaise Pascal, pardon de revenir à la philosophie,

01:52mais Pascal disait, ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort,

01:57on doit faire que ce qui est fort soit juste.

01:59Il faut absolument qu'on fasse en sorte que la force soit canalisée par l'exigence de la justice.

02:05Mais le fait est que nous avons renoncé au langage de la force.

02:09Nous, les Européens, depuis des décennies maintenant.

02:12Quelle est notre place, notre influence européenne, mais plus singulièrement française,

02:16dans cette région si stratégique du Proche et du Moyen-Orient ?

02:18Mais le fait est, on est obligé de le constater aujourd'hui.

02:21La France, l'Europe sont devenus les spectateurs d'une histoire qui s'écrit sans eux.

02:25Et ce n'est pas une fatalité.

02:26Pour ma part, ça fait des années que je le dis.

02:29Et je crois que le grand défi pour les pays européens aujourd'hui,

02:32pour la France en particulier,

02:33c'est de retrouver les moyens de maîtriser leur destin.

02:36Je le dis, je le répète, il faut que ça devienne maintenant une réalité concrète.

02:41Il faut qu'on investisse dans ce qui nous permettra de retrouver la capacité d'agir.

02:45Et je me permets de dire que ce que nous voyons aujourd'hui, sous nos yeux,

02:49c'est que la situation dans laquelle nous sommes n'a rien d'une fatalité.

02:53On nous a expliqué pendant très longtemps qu'on était maintenant trop petits pour peser,

02:57que notre PIB dans l'économie internationale était devenu trop léger,

03:02que nous n'avions plus le poids lourd qui permettait d'agir en première ligne.

03:06Mais c'est faux.

03:07Regardez un pays comme Israël.

03:08Ce n'est pas par son PIB dans le monde qu'Israël aujourd'hui existe.

03:12Ce n'est pas par la surface de son pays qu'Israël pèse.

03:15Mais Israël est un pays qui s'est donné les moyens de décider de son avenir.

03:19Avec des alliances stratégiques, avec une alliance de granit avec les Etats-Unis.

03:25Avec des alliances qui ne sont pas non plus des dépendances.

03:27Parce qu'on voit bien qu'Israël est aussi en train d'imposer son tempo,

03:31y compris à son allié américain parfois.

03:33Donc le fait est que la grande question qui est posée pour nos pays,

03:36et je ne dis pas par là qu'il faille suivre le modèle d'Israël ou que ce soit un modèle pour nous,

03:40je dis simplement que le grand sujet pour nous, le grand sujet du réveil européen,

03:44est-ce que nous avons la capacité de retrouver cette volonté d'exister, cette volonté de peser ?

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