Theatre PAGNOL par le paradisier rouge 20JUIN2025

Trets au coeur de la Provence

TRETS

Transcript

00:00Et il le penche fortement ?

00:09Non ! C'est-à-dire que quand il te mette dessus, il chavire.

00:13Mais il ne fait pas un poteau complet, non !

00:15Dès qu'il a la quie à l'air, il ne bouge plus.

00:18Il faut même une grue pour le retourner du bon côté.

00:22Mon cher César, tes plaisanteries sont ridicules.

00:25Ce bateau-là, M. Brun n'a pas fait faire sur commande.

00:28Il ne l'a pas payé 1 500 francs.

00:30C'est une bonne occasion.

00:32Oui, et vous ne trouvez pas qu'à ce prix-là, même avec des défauts, c'est une belle occasion.

00:42Oui, c'est une belle occasion de se noyer.

00:48Royaume Pony, vous connaissez fort bien ce bateau.

00:53Et c'est vous qui me l'avez fait acheter.

00:56Est-ce que ce bateau chavire ?

01:00Mais, mon cher M. Brun, les royaumes chavirent, les jolies femmes chavirent, et nous finirons tous par chavier au cimetière.

01:11Et surtout celui-là !

01:13Vous garantir que le pitalug ne chavira jamais, je ne le peux pas.

01:19Oh, que non !

01:21Ce sont les risques d'annévitation.

01:24Si vous voulez aller sur la mer sans aucun risque de chavirer, n'achetez pas un bateau, achetez une île.

01:30C'est ça ! Achetez une château d'huile, et Pony, ce ne vous fera des bois.

01:34M. Brun, capitaine du sous-marin, on vous a bien embarqué.

01:40Mon cher César, depuis un quart d'heure, vous essayez de me mettre en boîte.

01:44Eh bien, permettez-moi de vous dire que ça ne marche pas.

01:48Bravo !

01:50Et pour couper court à toutes ces galéjades, je vais l'essayer immédiatement, et m'en vais le sortir du port.

02:01Mais non, M. Brun, ce n'est pas la peine. D'ailleurs, vous ne pouvez pas, vous êtes tout seul.

02:06Soit, j'irai avec le petit chauffeur.

02:09Dis donc, Phénomène, veux-tu venir avec moi essayer le pitalug ?

02:13Oui, mais après ce que M. César vient de le dire, vous comprenez, ça fera 5 francs.

02:18Soit, ça fera 5 francs.

02:21Oui, Pony, c'est...

02:23Vous nous accompagnez ?

02:24Eh, je voudrais bien, mais je ne peux pas.

02:26Oh, pas si bien !

02:28Eh, c'est que je ne peux pas quitter le magasin.

02:30Nous travaillons ici, il nous offre.

02:33Et je donne évidemment des ordres à l'atelier pour couper les voiles.

02:38Euh, non, non.

02:39Alors, attendez donc le résultat de l'expertise.

02:47Oui, attendez donc le résultat de l'expertise.

02:51Je suis d'ailleurs bien tranquille.

02:55Je sais ce que c'est qu'un bateau.

02:58Je suis un connaisseur de bateaux.

03:01Vous en avez tout l'air.

03:02J'ai vu ce bateau-là, je l'ai jugé, je l'ai examiné, après sa vie, sa coupe, son gabarit.

03:16Ce bateau-là ne peut pas chavirer.

03:18Et pourtant, je vais tout faire pour le faire chavirer.

03:23Monsieur Brun, ne forcez pas votre possible.

03:26Ça se fera tout seul.

03:29Vous savez nager ?

03:31Ah, eh bien, je suis bien tranquille.

03:38Car je suis heureux de vous donner la confiance que j'ai en ce bateau.

03:45Je ne sais pas nager du tout.

03:49Alors ? Adieu, Monsieur Brun.

03:51Eh, nous nous reverrons, chers.

03:55Euh, à nous deux.

04:01Tenez, Monsieur Brun.

04:03Emportez tout de même une bouée.

04:04Je sais que c'est une présence, ça ne viendrait pas.

04:06Mais ça ne veut pas me faire de mal.

04:10On sait que oui.

04:12À nous deux.

04:14Et voilà comme tu es, avec tes racontes tard et tes calomnies,

04:18tu viens de me faire perdre une occasion de me rendre une voie complète.

04:21Oh, toi, pour un mot six mètres de toile, tu serais prêt à faire noyer n'importe qui.

04:25Tu es un assassin, Panny.

04:27Un véritable assassin.

04:28Ouais, mais grâce à toi, on a mis le franc que j'ai raté.

04:31Eh bien, s'ils ne chavirent pas, tu les retrouveras.

04:33Ouais, mais tu le sais aussi bien que moi qui va chavirer.

04:36Tu avais bien besoin de venir maintenant et que ta canne ait un joli chapeau.

04:39J'ai ma canne et mon joli chapeau parce que je viens de faire des cours.

04:43Et je suis ici parce que j'ai hâte de parler très sérieusement.

04:46Eh bien, tu pouvais le faire sans épouanter la clientèle.

04:49La clientèle est en train de se noyer par ta pointe.

04:52Oh, se noyer, alors, se noyer.

04:55Eh, qu'est-ce que tu voulais me dire ?

04:56Maitre Pannis.

04:58Oh, tiens, vous êtes là, M. César.

05:00Bonjour, fracœur.

05:01J'ai une lettre pour vous.

05:02Ah, ça vient de Macassar.

05:04Donnez.

05:05Bonne journée.

05:08Et ce que tu voulais me dire, c'est une lettre avec ton fils ?

05:11Oui.

05:13Écoute, ce que je voulais te dire, je reviendrai tout à l'heure te le dire.

05:17Je vais à la maison lire la lettre de mon fils.

05:19Bon, mais tu peux pas aller ici, cette lettre ?

05:22Non, non, je préfère être seul.

05:25Eh bien, tu n'as qu'à aller à la salle de manger.

05:27Non, non.

05:28C'est un lettre du petit, ça doit se lire à la maison.

05:32Alors, à tout à l'heure, Pannis.

05:34À tout à l'heure.

05:39Je vais encore me dire que je suis un bon arrière.

05:42Oh, que non.

05:44Bon arrière.

05:45Mais ce serait encore trop dire.

05:47Tu n'es pas bon arrière.

05:48Tu es mauvais à tout.

05:50Je sais pas si tu me saisis, mais moi, je me comprends.

05:53Je te saisis.

05:55Je suis trop venu à me laisser.

05:58Voilà, voilà comme il est.

06:01Il fait des grimaces et tout ce qu'on peut lui dire, il s'en fout.

06:04Ton frère, au moins lui, il est reconnaissant.

06:06Lui, il travaille dans un magasin.

06:08Il met un point d'honneur, lui, à se tenir au courant de nos difficultés.

06:11Le baril d'anchois qui était moisi, c'est lui qui a réussi à le vendre.

06:15M. Carbonnière et le piscine du sac.

06:17Mais pourtant, c'était difficile.

06:20Les anchois avaient gonflé.

06:22Ils étaient peints de petits champignons.

06:23Mais avant, les autres prix font des macoraux.

06:25Et puis, il a vendu, lui, ce baril.

06:27Oh, lui.

06:28Je sais bien ce qu'il y avait de l'imagination.

06:30Lui.

06:31Et qu'est-ce que c'est ?

06:32Tu savais très bien que ces affaires, si tu ne les avais pas vendus, c'est nous.

06:35Je les aurais mal logés.

06:36Ici, sur cette table, il les a un choix des propres.

06:40Il me les aurait envus chaque jour jusqu'à la peine du baril

06:42ou jusqu'aux obsèques tropicales de la famille.

06:46Qu'est-ce que ça veut dire ?

06:47Ça veut dire que ce pâté de foie, c'est celui que les clients te refusent parce qu'il a tout vrai.

06:52Mais pourtant, il est là, lui.

06:54Aigrement, lui, pour le nourrir ou voir.

06:56Mais pas si bête, je me jouais plutôt dans la mort au rat.

07:00Mais ce redit de porc, il est avarié.

07:02Une personne, elle a mangé une seule tranche, c'est Mme Grasienne.

07:06Je dis « c'est parce que c'est aujourd'hui, mais demain, il faudra peut-être dire au CET. »

07:10C'est parce qu'elle est couchée depuis cette tranche.

07:13Et à l'heure qui l'est, et certainement, elle a voulu trancher.

07:17Adieu, Grasienne !

07:19Oh, Irénée, mais qu'est-ce que tu dis ?

07:22Elle a soixante-seize ans, elle a pris une indigestion.

07:25Je trouvais qu'elle est plus lunette, plus d'odorat, plus de palais, pour surpris.

07:29Moi, rendez-moi sainte d'évente ambiante,

07:31il en reste pour de même.

07:32On devrait la cacher à l'assiette, parce que cette nuit, il va s'en aller.

07:37Mais il est sympathiste à ceux qu'il faut entendre.

07:39Mais laisse le dire, Clarisse,

07:41l'exagération de sa critique en démontre l'absurdité.

07:44Cette viande est excellente.

07:47Et j'en ai mangé par gourmandise.

07:49Oh, mais toi, en ce qui concerne les poisons inventaires,

07:52tu es vacciné, fortifié, blendé.

07:55Il les avale, il les digère, il les vestige.

07:58C'est un véritable alambic.

07:59C'est l'alambic des morgillards.

08:01Dis, moi, tu m'appelles alambic grossier.

08:04Irénée, tu sais que si l'oncle se met en colère...

08:07Si l'oncle se met en colère, il va s'étouffer.

08:09Oh, mais l'habitude, ça ne me fera de la peine.

08:11Parce que l'autre, malgré ça, se vache bien vers moi,

08:14je l'aime beaucoup.

08:14Bonjour.

08:22Vous en avez encore des achois des tropiques ?

08:25Ah, non, je ne vous en mets pas.

08:29Et quand est-ce que vous en aurez ?

08:31On en a deux ou trois mois.

08:33Mais tu seras mieux.

08:36Et vous ne savez pas si je pourrais en trouver rien ?

08:40Impossible.

08:41La spécialité de la maison.

08:44Au revoir, monsieur.

08:50Au revoir, monsieur.

08:53Bravo.

08:54Voilà une fière leçon pour toi.

08:57Admire cet enfant.

08:59Il nous arrive une catastrophe.

09:01Un désastre.

09:0250 kilos d'anchois qui moisissent 120.

09:05Eh bien, lui, de notre désastre,

09:07il en fait une spécialité.

09:09Il crée un poisson nouveau.

09:12Un poisson au que Dieu n'avait pas pensé

09:14ayant fait une friandise inconnue.

09:18Il y a peut-être eu tort d'avoir tout le paquet

09:22au menu qu'ici,

09:23à celui de Zakane.

09:25Parce que ce paisible village,

09:27sa friandise va le découper en 15 jours.

09:29Car le poisson nouveau va les empoisonner.

09:32Eh bien, c'est ça.

09:33Dénigre-le.

09:34Reproche-lui son initiative.

09:35Casimir, je te félicite.

09:38Voilà 10 francs pour tes menus plaisirs.

09:41Sous-titrage Société Radio-Canada

09:42Sous-titrage Société Radio-Canada

09:43Sous-titrage Société Radio-Canada

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