00:11Qu'est-ce qu'il est mal venu, la grand-midi !
00:12Allez pas y aller !
00:14Hugo Elan !
00:17Vous êtes anthropologue depuis maintenant plus de 20 ans
00:20et, brusquement un jour, vous cessez d'observer les oiseaux.
00:24C'est vrai, oui.
00:25Après toutes ces années passées à tendre mes filets
00:28et à baguer des milliers d'oiseaux,
00:30j'ai eu envie d'observer les migrations d'autres espèces.
00:33Oui, pourtant, je crois qu'au début,
00:35vous n'avez pas obtenu des résultats véritablement spectaculaires.
00:38C'est vrai, oui, j'ai eu des débuts difficiles.
00:40Ah oui, c'est...
00:41Il faut dire aussi que pour commencer mes nouvelles recherches,
00:43j'ai bagué des huîtres dans le bassin d'Arcachon.
00:45Oui.
00:47Et après trois longues années d'observation,
00:49je me suis finalement rendu compte que l'huître était un animal,
00:51somme toute, assez casanier.
00:52Oui.
00:56C'est la raison, c'est la raison pour laquelle
00:58vous revenez aux espèces volantes
01:00puisque, après Arcachon,
01:02vous décidez de tendre vos filets en plein cœur de Paris.
01:04Dans le marais, oui.
01:05Oui, alors, pourquoi le marais ?
01:08Pourquoi le marais ?
01:09Oui, c'est la question que je vous pose.
01:10Ah, pardon.
01:11Oui.
01:11Eh bien, je me suis dit que c'était l'endroit idéal pour capturer des moustiques.
01:17Ah, parce que vous avez...
01:18Pardon.
01:19Vous avez étudié la migration des moustiques.
01:22Oui.
01:23Oui, quelles ont été vos conclusions ?
01:25Ben, vous savez, pour moi, les conclusions, c'est un peu comme les femmes.
01:28C'est-à-dire ?
01:29Ben, j'en ai pas tiré énormément.
01:30Oui, euh...
01:39Pourquoi ça ?
01:42Eh bien, d'abord, j'ai eu beaucoup de mal à...
01:45Ah oui ?
01:46À baguer les moustiques.
01:47Oui.
01:48Et puis, les rares fois où j'ai retrouvé une bague que j'avais posée,
01:51c'était toujours dans une mer de pigeons.
01:53En fait ?
01:53Alors, au bout de cinq ans, j'en ai eu marre, j'ai laissé tomber.
01:56Oui.
01:56Et alors là, échaudé par les moustiques, vous décidez d'étudier des espèces beaucoup plus faciles à baguer.
02:01Oui, je suis parti en Afrique pour baguer des éléphants, mais ça n'a pas marché non plus.
02:05Et pourquoi ?
02:06Ben, vous savez, les rares éléphants qui se sont pris dans mes filets sont tous partis en habillant mon matériel.
02:11Oui.
02:12Et puis, de toute façon, j'avais pas de sac assez gros pour les ramener au campement.
02:15Oui.
02:16Et alors, malgré cet échec, vous restez encore deux ans en Afrique pour étudier une autre espèce animale.
02:21Oui, j'ai bagué des bois constructeurs avec des rondes serviettes.
02:23Alors là, bien entendu, nouvel échec.
02:27Mais vous ne vous découragez pas, comme ça, c'est extraordinaire chez vous.
02:30C'est vrai.
02:31Puisque vous continuez à baguer les espèces les plus diverses.
02:33C'est vrai, oui.
02:34J'ai bagué des sardines dans le port de Marseille, un panda au zoo de Vincennes.
02:39J'ai même bagué le verre solitaire de ma belle-sœur.
02:43Mais j'ai encore perdu trois longues années pour rien, car mes observations n'ont rien donné.
02:47Jusqu'au jour, jusqu'au jour où vous trouvez l'espèce idéale.
02:52C'est vrai, oui.
02:53J'ai eu la révélation.
02:55Et je suis parti à Cuba pour baguer des cigares.
02:57Voilà.
02:58Et là, j'ai fait un travail fantastique, car je peux vous dire que la migration du cigare est une chose passionnante à observer.
03:04Et j'ai retrouvé aux quatre coins du monde des cigares que j'avais baguées moi-même à la Havane.
03:08Oui, vous racontez d'ailleurs cette observation absolument passionnante dans un livre de 832 pages...
03:1334.
03:1334, parce que moi j'ai oublié la couverture, intitulée « Bag à part » ou « Le cigare au bord des lèvres » qu'il faut bien entendu se dépêcher d'acheter.
03:22Mais bien entendu.
03:24Hugo Héland, est-ce que je peux vous demander si vous avez des projets ?
03:28Eh bien écoutez, là, je vais, à la mairie du 18e, je vais baguer des jeunes mariés.
03:32Mais écoutez, je ne vous retiens pas. Merci, bonsoir.