Jeudi, le président américain a préféré temporiser sur la possibilité d’une intervention américaine en Iran. Il assure vouloir laisser une chance aux négociations. Ses motivations pourraient être beaucoup plus politiques.
00:10À droite, Tucker Carlson, ex-star de Fox News,
00:13journaliste d'extrême droite, souvent trumpiste.
00:15C'est sur sa chaîne YouTube qu'a été diffusée cette interview.
00:30Et ok, voilà le sujet qui fâche.
01:00Depuis quelques jours, Donald Trump est pressé par Israël,
01:03qui a lancé une nouvelle guerre contre l'Iran
01:05dans le but d'empêcher le pays d'accéder à l'arme nucléaire.
01:08Son allié veut que les États-Unis interviennent pour l'aider,
01:11et trumpiste d'un côté et trumpiste de l'autre,
01:13se divise autour d'une question pas si simple,
01:16faut-il lancer les États-Unis dans une guerre contre l'Iran ?
01:19C'est effectivement une guerre au sein, on va dire,
01:22de l'élite républicaine et de l'élite maga,
01:26des voix influentes comme Steven Bannon et Tucker Carlson,
01:30qui ont pris des positions vraiment très isolationnistes,
01:34qu'ils ont toujours eues d'ailleurs.
01:35Il faut voir qu'au Sénat, par exemple, on a quelqu'un comme Lindsey Graham ou Cotton aussi,
01:41qui sont des gens qui sont vraiment, eux, plus interventionnistes,
01:46un peu plus faux-cons, on va dire.
01:49Alors à chaque point presse, Donald Trump est confronté au sujet.
01:56Des propos qui laissent planer le doute,
02:25les États-Unis pourraient agir à tout moment.
02:27Concernant l'on-going situation à l'Iran,
02:29je sais qu'il y a beaucoup de spéculations entre vous tous dans les médias
02:33concernant la décision du président,
02:35et si les États-Unis seront directement involontés.
02:38En l'écran de ces données,
02:39j'ai une message directe du président, et je l'envoie.
02:43Based on the fact that there's a substantial chance of negotiations
02:47that may or may not take place with Iran in the near future,
02:50I will make my decision whether or not to go within the next two weeks.
02:55That's a quote directly from the president for all of you today.
02:58Des hésitations pour faire durer le suspense,
03:00mais qui cache aussi autre chose.
03:02Les fameux deux semaines, c'est un classique chez Donald Trump,
03:05c'est une mesure de temps qu'il utilise très souvent,
03:08et qui ne veut rien dire en fait.
03:10Il fait très souvent ce temps de deux semaines,
03:12il avait fait la même chose avec Vladimir Poutine,
03:14il avait dit je me donne deux semaines pour savoir si Vladimir Poutine est sérieux,
03:18voilà, et au bout de deux semaines il ne s'est rien passé.
03:20Voilà, et Donald Trump, lui, il est dans l'hésitation totale,
03:24et ça reflète je pense aussi quelque chose de plus global sur le manque total de vision
03:32de Donald Trump et de ses conseillers très proches en ce qui concerne les affaires internationales.
03:36Un dilemme pour les États-Unis, car tout un tas de raisons pourraient dissuader le président d'agir.
03:42Les gens dans cette région, et en fait le monde, ont vu ce film avant.
03:47Et à chaque fois, que ce soit en Irak ou en Afghanistan depuis les années 2000,
03:57les États-Unis ont perdu de nombreuses troupes sans pour autant tirer un bénéfice de la situation.
04:12La question du pétrole justement, c'est un autre point qui coince.
04:15Une guerre en Iran ferait exploser le baril du pétrole au niveau mondial.
04:19Et le prix de l'essence, c'est une préoccupation importante pour les Américains,
04:22qui craignent aussi qu'une guerre en Iran n'impacte leur propre vie et leur pouvoir d'achat.
04:27Pour Donald Trump, qui s'est fait élire sur la promesse de sauver le portefeuille des Américains,
04:35cette perspective n'est pas forcément la meilleure.
04:37Justement, on a des choses un peu contradictoires, et on s'aperçoit qu'une partie en tout cas des gens qui se définissent comme Maga sont assez favorables à des frappes.
04:45Si par exemple, les bases américaines étaient touchées par des bombardements iraniens, si des bateaux ont été touchés, s'il y avait des morts américains, là ça serait une autre histoire.
04:52En fait, ce que ça nous dit, c'est qu'on a toujours ce désir chez les Magas, un désir de montrer la puissance.
04:59C'est à la fois qu'on ne veut pas forcément qu'il y ait des troupes sur place, mais on veut qu'on est quand même dans un discours de puissance,
05:07parce qu'on adhère à Donald Trump sur ce discours-là aussi.
05:22Il faut toujours se méfier des sondages.
05:26La manière dont la question est posée va vraiment changer le résultat.
05:30Donc c'est très compliqué de savoir ce qu'il en est réellement.
05:34Donc je pense que pour Donald Trump, c'est de savoir aussi quel récit il va pouvoir en faire pour avoir sa base, qu'il continue de le soutenir.
05:41Et pour faire son choix, le président américain suit probablement de près le débat qui enflamme la sphère Maga,
05:46mais aussi les plateaux télé, comme ce mardi, pendant qu'Israël et l'Iran s'échangeaient des tirs pour la cinquième fois d'affilée.
05:52Le 17, au matin, il a pris ses distances par rapport à ce que faisait Israël.
05:57Il n'a rien dit pendant plusieurs heures.
05:59Et quand Fox News, notamment, a parlé de ses frappes comme des victoires d'Israël et comme étant quelque chose de gagnant.
06:07Il a commencé le soir à en parler en parlant de nous, en essayant d'avoir un récit comme quoi il avait été d'accord et qu'il avait aidé.
06:23Mais en tout cas, il s'était distancé et puis quand il voit que ça tourne à son avantage, il essaie de récupérer l'événement et d'en tirer son avantage pour lui.
06:31Fin de l'isolationnisme, mis en péril du pouvoir d'achat américain ou besoin de plaire dans son pays.
06:36Donald Trump doit prendre en compte tout un tas d'éléments avant d'impliquer de nouveau les États-Unis au Moyen-Orient, car l'objectif du président est déjà bien défini.
06:45En tout cas, il n'est pas lui dans l'idée de guerre. Ce qu'il veut, c'est des accords avec des intérêts commerciaux derrière.
06:52Et puis qu'il puisse se montrer comme fort et dominant et montrer qu'il est un faiseur de paix.
06:58L'une de ses motivations depuis son premier mandat, c'est d'être comme Barack Obama, c'est-à-dire d'avoir le prix Nobel de la paix.
07:09Et pour l'instant, évidemment, c'est un échec total.
07:13Mais s'il y a bien une chose qui ne rentrera pas dans son calcul, selon Jérôme Villal à Godefroy, c'est bien ça.
07:18Par contre, ce qui ne compte pas pour lui, c'est les bombardements sur la population, les idées, le droit international, tout ça, ça n'a aucune importance pour lui.
07:26Les contraintes de ce type, de type éthique ou de type du droit international, ça ne rentre pas vraiment dans son état, dans son calcul,
07:35parce qu'il pense que la puissance américaine suffit, qu'il n'a pas besoin de se plier au droit international.
