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  • 20/06/2025
Dans ce nouvel épisode de Médecine sans filtre, le Dr Noëlle Cariclet, psychiatre libérale, réagit à chaud aux propos du public sur la psychiatrie. Des clichés tenaces aux vraies questions, elle remet les pendules à l’heure avec humour, bienveillance… et sans détour.
Peut-on être psychiatre sans être un peu fou ? Est-ce qu’ils parlent tous à leur chat ? Font-ils vraiment de la thérapie ou bourrer les patients de médicaments ? Dans la rue, les langues se délient. Et face à ce micro-trottoir sans filtre, le Dr Noëlle Cariclet ne se démonte pas. Avec une spontanéité désarmante, elle commente les perceptions du public, démonte les idées reçues sur sa profession, et en profite pour rappeler ce qu’est vraiment la psychiatrie aujourd’hui. Un métier de contact, d’écoute, de complexité… et parfois de malentendus. À voir, et à méditer.

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Transcription
00:00Vous pensez que les psys vont boire des psys ?
00:01Je sais pas, c'est une bonne question.
00:03Ah bah oui, faut être fou pour faire ce métier, donc de temps en temps il faut faire une mise à jour.
00:08Les gens pensent vraiment régulièrement que les psychiatres ont un petit grain,
00:11et ben j'espère que non quand même.
00:13Je pense qu'on devient fou à partir du moment où le chat nous répond et ça nous choque pas.
00:17J'avais un lapin, je lui parlais.
00:19Les gens arrivent, ils savent que bon, il va peut-être falloir passer par un médicament quand même,
00:22et ils le disent, vous savez les docteurs, moi je suis pas très médicale.
00:25Alors moi généralement je leur explique que moi je suis pas très maladie.
00:27C'est psychologue ou psychiatre ?
00:28Aucun des deux.
00:30Alors je suis le docteur Noël Cariclet, je suis psychiatre libérale en Seine-et-Marne,
00:37et donc je vais essayer un nouvel exercice aujourd'hui,
00:39à savoir réagir spontanément au micro-toutoir,
00:43à savoir que pensent les gens de la psychiatrie aujourd'hui.
00:46C'est parti.
00:47Bon alors pour toi c'est quoi un psychiatre ?
00:49Un psychiatre c'est quelqu'un qui t'aide avec des problèmes mais en donnant des médicaments.
00:52C'est un professionnel de la santé qui se concentre plutôt sur la santé mentale plutôt que physique je dirais.
00:58Enfin tout ce qui est le psychisme de l'homme.
01:02Moi je croyais que c'était pour les enfants mais c'est pas ça.
01:04Bah il y en a pour les deux.
01:05Ah oui.
01:06Ouais c'est pour les problèmes mentaux je pense.
01:08Un psychiatre c'est un médecin qui soigne les troubles psychiatriques et qui a le droit de prescrire des médicaments.
01:14Un médecin déjà qui a fait des études de médecine et qui après s'est spécialisé en psychiatrie.
01:20Donc c'est encore différent du psychologue ou du psychothérapeute.
01:23C'est bien les gens savent bien la différence.
01:25Alors les enfants c'est les pédopsychiatres.
01:27Il y en a des psychiatres pour enfants.
01:29Oui en effet il y en a.
01:30Un psychiatre c'est quoi ?
01:31C'est un médecin.
01:32Oui d'abord.
01:33Ils le savent bien.
01:34C'est une spécialité médicale.
01:35La psychiatrie donc on est médecin.
01:37On a fait tout le cursus comme les autres.
01:38On s'est spécialisé au moment de l'internat.
01:40Et en effet on s'est spécialisé sur la souffrance psychique.
01:43La maladie mentale.
01:44Un psychiatre il soigne pas que de là à là.
01:46Il soigne.
01:47Il a des connaissances somatiques également.
01:49Parce qu'il y a quand même beaucoup de maladies qui ont une expression psychiatrique.
01:52Qui pourtant sont dues à un dysfonctionnement somatique.
01:55Je pense aux cancers.
01:56Je pense aux maladies de système qui peuvent avoir des expressions psychiatriques.
01:59Enfin il faut s'y connaître en tout.
02:01Si on veut être psychiatre.
02:02Il faut connaître le fonctionnement psychique et le fonctionnement somatique du corps.
02:08Déjà pour l'éthiologie.
02:09Pour la cause de la pathologie.
02:11Mais aussi parce que quand on donne des traitements il peut avoir des comorbidités somatiques.
02:15Donc il faut connaître tout ça.
02:17Et puis on peut se spécialiser dans différentes choses.
02:19On peut devenir addictologue en se spécialisant dans les addictions.
02:22On peut se spécialiser dans les troubles de conduite alimentaire.
02:25On peut aussi faire des formations pour devenir aussi psychiatre, psychothérapeute.
02:29C'est plein de choses la psychiatrie en fait.
02:31C'est l'humain dans sa globalité.
02:33Est-ce que vous sauriez dire la différence entre un psychiatre, un psychologue et un psychanalyste ?
02:37Pas vraiment.
02:38Enfin je sais qu'on associe Freud à un psychanalyste ou des choses comme ça.
02:42Mais concrètement pour moi c'est plus ou moins la même chose.
02:45C'est leur capacité d'ordonnance non ?
02:47De prescription ?
02:48Non les psychanalystes on fuit.
02:49Oui on aime pas trop les psychanalystes.
02:52Les psychologues c'est les thérapies donc ils peuvent pas donner de médicaments.
02:57Enfin d'antidépresseurs ou d'anxiolytiques ou autre.
03:00Et les psychiatres il y en a pas beaucoup qui prennent le temps de parler en thérapie quand même.
03:04Parce qu'ils ont pas le temps je pense je sais pas.
03:06Pour moi ils ont grosso modo le même job mais pas les mêmes autorisations pour t'aider.
03:12Le psychologue n'est pas médecin déjà.
03:14Le psychanalyste je suis pas sûre mais je pense qu'il analyse plus les comportements de gens pour les aider à se trouver.
03:23Et le psychiatre je pense qu'il prend plus en charge vraiment la maladie psychiatrique.
03:28Enfin qu'il la détecte et qu'il essaye de la traiter.
03:30Je sais qu'un psychologue n'est pas médecin n'a pas le droit de délivrer de médicaments.
03:34La psychanalyste je crois que c'est sur des temps plus longs et là aussi ce ne sont pas des médecins il me semble.
03:38Mais je crois qu'on peut être psychiatre et psychanalyste.
03:40Je sais pas si on peut être psychiatre et psychologue.
03:42Les gens savent bien finalement.
03:44On a souvent cette question de quelle est la différence entre un psychiatre et un psychologue.
03:47Et je trouve que là les gens sont plutôt bien informés en effet.
03:50Sur la différence entre un psychiatre qui est médecin et un psychologue qui lui ne l'est pas.
03:55Sur ceux qui prescrivent des médicaments ou pas.
03:57Je vois qu'il y a un petit doute sur est-ce que le psychiatre peut faire de la thérapie.
04:00Parce que j'entendais la jeune femme qui disait oui sur des temps plus courts.
04:04Ça dépend, ça dépend.
04:05C'est vrai que les psychiatres en règle générale font des diagnostics, prescrivent des traitements.
04:11Mais ils font également de la thérapie.
04:13Si jamais ils sont formés à la thérapie, ils peuvent également faire de la thérapie.
04:16Et donc c'est des consultations plus longues.
04:18Vous pensez que c'est un médecin au même titre que les autres médecins ?
04:22Absolument.
04:23Absolument.
04:24Oui, et ce n'est pas parce que ce n'est pas nécessairement visible que ça n'existe pas ?
04:27Non.
04:28Pas du tout.
04:29Il est beaucoup plus dans l'empathie j'imagine.
04:32Il n'est pas dans la médecine générale.
04:35Oui.
04:36Comme un médecin au même titre.
04:37S'il prescrit des médicaments, ça veut dire qu'il est un médecin.
04:40Je suppose.
04:41C'est une spécialité de la médecine générale.
04:44C'est un médecin, mais il y a des années de spécialisation en psychiatrie après.
04:50Il y a quand même une différence.
04:51C'est sympa parce que souvent, on ne sait pas si les psychiatres sont vraiment médecins.
04:54Et on entend souvent, ah oui, mais c'est une sous-classe de médecine.
04:57Pas du tout.
04:58En effet, le psychiatre est un médecin et est un médecin qui a fait une spécialisation pour ça.
05:02Vous pensez que les psys vont voir des psys ?
05:03Je ne sais pas.
05:04C'est une bonne question.
05:06Mais peut-être qu'ils devraient, oui.
05:07Ils doivent prendre tellement emmagasinés, tellement d'histoires, tellement de...
05:12Oui, mais je pense qu'ils ont la capacité de...
05:14Une fois que le patient est parti, ils font la part des choses.
05:18Ils ont été formés à ça.
05:19Oui, c'est ça, à prendre du recul.
05:21Oui, je pense absolument.
05:23Même c'est important puisque ça reste une profession qui est très exposée à des problèmes psychologiques.
05:29C'est le cordonnier qui est le plus mal chaussé.
05:31Donc de la même façon, un psys peut avoir des problèmes psychologiques aussi.
05:34Pas faux.
05:35Parce que moi, souvent, ce que j'entends, c'est que les psychiatres sont aussi fous que leurs patients.
05:38Donc je vois que les gens sont plutôt bien renseignés.
05:40Et oui, un psychiatre, ça peut être suivi également à côté.
05:43Déjà parce qu'il peut avoir des problèmes personnels lui-même.
05:45Et donc il n'hésite pas à se faire suivre.
05:47Et puis avoir une supervision quand on fait notamment de la psychothérapie.
05:50C'est essentiel pour en effet parfois prendre du recul et faire la part des choses.
05:54Mais je vois que les gens sont très bien renseignés.
05:56Mais pourquoi pas ?
05:57C'est que les coiffeurs, ils ont bien besoin d'un coiffeur pour se coiffer.
06:01Bah oui, de toute manière, il faut être fou pour faire ce métier.
06:07Donc il faut s'allonger.
06:10De temps en temps, il faut faire une mise à jour.
06:12Je connais beaucoup de médecins qui sont leurs propres médecins.
06:14Donc j'imagine que c'est la même chose chez les psys.
06:16On dit toujours que les coordonnées sont les plus mal chaussées.
06:18Donc vraiment, je pense que c'est pareil en psychiatrie.
06:20Pas les premières personnes à nous dire ça aujourd'hui.
06:22Ça ne m'étonnerait pas.
06:23Je connais un fils de psy et il m'a dit que son père,
06:25non, il ferait peut-être mieux d'aller en voir.
06:27Je ne donnerai pas de nom.
06:28C'est ce que je disais.
06:29C'est clair que les gens pensent vraiment régulièrement que les psychiatres ont un petit grain.
06:33Et ben, j'espère que non quand même.
06:35Enfin, je n'ai pas l'impression d'en avoir un moi.
06:37Mais en tout cas, on n'est pas aussi fou.
06:40De toute façon, ce mot-là, il est moche quand même.
06:42Fou. On soigne une maladie psychique.
06:44On soigne pas la folie.
06:45La folie, ce n'est pas ça.
06:46Et dans le monde d'aujourd'hui, les réseaux sociaux,
06:49vous pensez que ça influence beaucoup notre bien-être ou notre mal-être ?
06:53Je dirais plutôt mal-être, moi.
06:55Si on pouvait s'en passer, ce serait très bien.
06:57Je vois tous ces jeunes, enfin même les adultes, surtout les adultes.
07:00C'est ça qui est grave.
07:02Ils se sentent à un dîner au restaurant.
07:04Ils sont tous sur leur téléphone portable.
07:06À communiquer avec l'absence.
07:08Et en fait, on est en boucle avec l'absence.
07:10C'est un enfer.
07:11C'est vraiment un enfer.
07:13Ça renvoie à une image qui est totalement fausse.
07:16Et beaucoup de gens se disent, du coup, je dois ressembler à cette image.
07:20Complètement supprimer la notion de ce qui est réel ou pas.
07:24Du coup, les gens, ils sont plus vibes sur les trucs de sport.
07:27Et sinon, chez les meufs, c'est trouble du comportement alimentaire à fond la caisse.
07:31Il y a quand même une ouverture, il y a une préoccupation aussi gouvernementale sur la santé mentale.
07:37De ce fait, les réseaux sociaux participent à ça.
07:39Peut-être pas chez tout le monde, mais chez beaucoup de personnes, surtout beaucoup de jeunes.
07:43En bien ou en mal ?
07:44Ça dépend de ce que la personne regarde.
07:46Moi, perso, avec l'algorithme, je l'ai changé.
07:48Je regarde des cartes Pokémon maintenant.
07:49Ça va mieux ?
07:50Ça va mieux ?
07:51Ouais, ouais, ouais.
07:52Non, maintenant, je me gratte les veines.
07:53J'attends d'ouvrir des boosters, là.
07:54Des destructeurs.
07:55Ouais.
07:56Ouais, ouais.
07:57Sur des troubles, du coup, qui s'adresseraient plus à des psychologues ou des psychanalystes que des psychiatres.
08:03Je vais revenir sur ce qui s'est dit juste avant.
08:05Les gens identifient bien les causes de mal-être aujourd'hui et de ce qui a pu notamment aggraver,
08:10notamment chez les jeunes, la souffrance péchique.
08:12C'est vrai que là, ils mettent vraiment en avant l'isolement, les réseaux sociaux,
08:15le fait d'être déconnectés des autres, d'être beaucoup sur des écrans.
08:18L'isolement, surtout post-Covid.
08:19Je pense qu'on a une génération jeune qui a souffert de cet isolement,
08:23de cette désocialisation pendant la période de confinement
08:26et qui a perdu un peu ses repères.
08:28C'est en effet une des raisons pour lesquelles notre jeunesse souffre de troubles psychiques.
08:32Il y a des jeunes qui aujourd'hui ne quittent plus leur chambre du tout
08:35parce qu'ils ont en effet une vie complètement virtuelle.
08:38Et d'ailleurs, quand on leur pose la question de vous avez des amis ?
08:40Ah oui, j'en ai plein, mais vous les voyez en vrai ?
08:42Ah mais non, c'est sur les réseaux.
08:43C'est-à-dire qu'ils ont, pour certains, des amis qu'ils n'ont jamais vus,
08:47qu'ils ont entendus, mais qu'ils échangent autour d'un jeu par exemple,
08:50ou autour de certains forums, mais qu'ils n'ont jamais vus.
08:52Et ça, je trouve ça assez dramatique.
08:53Il y a beaucoup de gens aussi qui souffrent, je pense aux jeunes également,
08:56du harcèlement sur les réseaux sociaux.
08:57Le fait que maintenant, tout le monde soit connecté,
08:59c'est aussi la porte au harcèlement scolaire.
09:02On peut voir qu'il est dramatique sur les réseaux sociaux,
09:04mais pas qu'au niveau scolaire.
09:06Et puis les réseaux sociaux, c'est aussi très anxiogène.
09:08C'est-à-dire qu'il y a des gens qui ne regardent plus que certains forums
09:11ou certaines chaînes complotistes ou autres,
09:14et ça nourrit finalement leur angoisse, leurs troubles anxieux.
09:17Je pense même à certains patients qui sont en permanence sur des réseaux sociaux
09:21qui parlent de santé, donc ça nourrit aussi leur hypochondrie.
09:24Le fait d'être en permanence connecté à ça, au mal-être,
09:27je pense qu'il y a un avant et un après les réseaux sociaux.
09:29Ça n'a pas que du bon, évidemment.
09:30Est-ce que vous pensez que c'est facile pour quelqu'un
09:33de cacher son état psychologique au public ?
09:36Pour certains, oui.
09:38On m'a tous fait des dépressions.
09:40Vraiment, un miroir suffit.
09:42Il faut rester des années comme ça en ne disant pas ce qu'on ressent,
09:45que ce soit dans le milieu du travail ou même le milieu proche.
09:49Ils ont raison, on appelle ça le masking.
09:51Le fait de porter un masque pour cacher sa souffrance.
09:54Et ça peut prendre beaucoup de temps avant que l'entourage te rende compte
09:57qu'une personne va mal et qu'elle a besoin de soins, qu'elle a besoin d'aide.
10:00Parfois, les patients masquent beaucoup, même pendant la consultation
10:03avec le psychologue ou avec le psychiatre,
10:05arrivent quand même masqués par honte souvent,
10:07par difficulté à montrer ce qu'ils pensent être une faiblesse,
10:10alors que ce n'est pas le cas.
10:12Et c'est vrai que c'est parfois compliqué d'aller chercher la personne
10:14pour vraiment la faire parler d'elle-même.
10:16Et c'est comme ça qu'aussi on a parfois des drames
10:18avec des familles qui perdent un de leurs proches en se disant
10:21mais on n'a pas vu du tout à quel point elle était mal,
10:24on n'a pas vu que ça risquait arriver, on l'a pas vu venir quoi.
10:27Et oui, les personnes masquent très très bien leur souffrance.
10:30Est-ce que vous pensez qu'on devient fou à partir du moment où on parle à son chat
10:33ou à partir du moment où notre chat nous répond ?
10:36Ah, mais j'ai opté pour la deuxième.
10:38Et puis bon, ça dépend de l'âge aussi.
10:39Quand on a 90 ans, qu'on a des troubles cognitifs,
10:42vous pensez que son chat lui répond peut-être ?
10:45Je pense qu'à partir du moment où le chat nous répond quand même.
10:48Là, il y a un truc qui va pas.
10:50Je pense qu'on devient fou à partir du moment où le chat nous répond et ça nous choque pas.
10:54On dit toujours les fous, ils savent pas qu'ils sont fous.
10:56Son chat nous répond, je pense.
10:58Je pense que c'est normal de parler à son chat.
11:00L'inverse est un peu différent.
11:02Ouais, là ça devient inquiétant.
11:04À partir du moment où il nous répond, clairement.
11:06J'avais un lapin, je lui parlais.
11:08Ça fait du bien.
11:09Il y a beaucoup de gens qui parlent aux animaux.
11:11C'est normal, c'est pas pathologique.
11:13Bon, c'est vrai que s'il répond, c'est un peu plus inquiétant.
11:15Mais normalement, il n'y a rien de pathologique.
11:18Il y a ces animaux.
11:19La psychiatrie, par moments, ça peut être drôle alors que c'est dramatique en fait.
11:22Mais je pense notamment à une patiente que j'ai vue à l'époque aux urgences.
11:26Et une patiente qu'on m'avait amenée qui était en accès maniaque.
11:29Alors maniaque, c'est pas quand on fait trop le ménage.
11:31Maniaque, c'est vraiment quand on a un trouble de l'humeur qui rentre dans le cadre de la bipolarité.
11:36Vous savez, les bipolaires, c'est ou on est dépressif ou on est maniaque.
11:39Et maniaque, c'est-à-dire qu'on a beaucoup d'énergie, on est euphorique, on parle très très visite, etc.
11:43Et cette patiente, par exemple, elle ne répondait qu'en chantant uniquement.
11:46Donc, pour une petite idée, pour ceux qui connaissent la chanson,
11:50parce qu'il faut être un peu de ma génération pour connaître,
11:52mais notamment quand j'essayais de la calmer et que j'essayais de lui dire, calmez-vous doucement.
11:57Elle me répondait en faisant tout doucement.
11:59Faire mais pourquoi ce sentiment différent ?
12:01Voilà, c'était dramatique.
12:03Parce que cette pauvre dame, elle était vraiment mal et il fallait l'hospitaliser sous contrainte,
12:06donc contre son consentement.
12:08Enfin voilà, elle ne voulait pas rester là, la dame, mais elle ne répondait qu'en chanson.
12:11C'était difficile de garder son calme et de ne pas rigoler.
12:14Voilà, il ne faut pas rigoler dans ces cas-là.
12:16Mais ce n'était pas évident, franchement.
12:18Ce n'est pas très drôle.
12:20C'est important de tout dire au chat ou à son psychiatre, à défaut de ne pas tout dire au chat.
12:27Si on va voir un psychiatre, c'est pour être soigné.
12:29Si on ne lui dit pas tout ou comment sur ce qu'on raconte,
12:32je pense qu'il ne peut pas forcément faire la part des choses.
12:36Oh non, il faut être transparent.
12:38Moi, je pense que ça dépend de la personne quand même.
12:40Il a le secret professionnel, médical, et il est fait pour ça.
12:44Si on ne dit pas tout à notre psychologue, on ne le dit à personne, je pense.
12:47Pour tout vous dire, je vois un psychiatre et je lui dis absolument tout.
12:49Et je pense qu'il connaît plus de choses de ma vie que d'autres personnes.
12:53Oui, un psychiatre, c'est pour se livrer.
12:56Après, ça ne se fait pas si facilement que ça.
12:58Il y a un climat de confiance qui doit s'instaurer avec un psychologue ou un psychiatre.
13:02On apprend à se connaître, ça se fait petit à petit.
13:05Ce n'est pas dès la première séance qu'on va tout raconter à son psychiatre.
13:07C'est quand même quelqu'un qu'on ne connaît pas, avec qui on ne sait pas au départ
13:10si on peut tout dire et comment il va réagir.
13:13Donc, les gens ne disent pas tout tout de suite.
13:15Mais c'est vrai qu'en instaurant un peu ce climat de confiance,
13:17les patients arrivent à se livrer un peu plus.
13:19C'est pareil, la psychiatrie, c'est bien de libérer la parole, mais il n'y a pas que ça.
13:22On ne fait pas que parler chez le psychiatre.
13:25On essaie aussi d'analyser certaines situations et de comprendre pourquoi on en est arrivé là
13:30et ce qui fait qu'on a besoin de soins aujourd'hui.
13:33Si vous entendez quelqu'un dans votre entourage proche qui vient vous dire
13:37« je consulte un psychiatre », comment vous allez l'appréhender ?
13:41Très bien.
13:42C'est un peu le cas dans ma famille, donc il n'y a pas de sujet là-dessus.
13:45Si la personne nécessite le besoin d'aller voir un psychiatre…
13:49Vous l'encouragerez dans son sens ?
13:51Oui, sans problème.
13:52Moi je pense que de base, la démarche est forcément positive.
13:55Pour moi, on a un rapport à aller voir un psychologue qui est très malsain,
13:59c'est qu'on y va quand on ne va pas bien alors que tout le monde devrait y aller.
14:02Vous êtes psychologue ou psychiatre ?
14:03Aucun des deux.
14:04Ça m'est arrivé.
14:05J'en ai consulté moi-même, donc aucun préjugé là-dessus.
14:10Au contraire, ça peut aider la personne à aller bien.
14:12Après, je suis déjà tombé sur des très mauvais psychiatres.
14:14Maintenant, j'en ai un excellent.
14:15Comme tous les professionnels, il y a des gens plus ou moins compétents.
14:18Je suis contente parce qu'on voit sur ce micro-trottoir que les gens…
14:21La plupart sont quand même jeunes et c'est rassurant et n'hésitent plus visiblement
14:25à aller voir un psychiatre ou un psychologue.
14:26C'est moins tabou qu'avant.
14:27Et c'est plutôt très bien parce que la pathologie psychiatrique,
14:31la souffrance obstétrique, ça a été longtemps et ça l'est toujours stigmatisé
14:34comme quelque chose de « c'est pas bien, c'est de la faiblesse, c'est diabolique ».
14:38Et je vois que les gens sont beaucoup plus ouverts qu'avant.
14:40Enfin, je vois dans la consultation, de toute façon, les jeunes générations
14:43ont quand même plus de facilité à les consulter.
14:45Ils se sentent plus à l'aise qu'avant.
14:47Et ils ont raison quand ils disent « après, il faut que ça passe », etc.
14:51Alors bon, il ne faut pas essayer dix thérapeutes non plus.
14:53À un moment donné, c'est sûr que ce n'est pas très agréable
14:55d'aller voir un psychiatre ou un psychologue.
14:57Mais ils ont raison, il faut que ça passe, il faut se sentir à l'aise
14:59et en partenariat avec le thérapeute qu'on est en face de soi pour bien travailler.
15:02Vous pensez qu'on peut soigner la maladie mentale juste à l'aide de médicaments ?
15:06Juste à l'aide de médicaments, je ne pense pas.
15:08Je pense que ça aide beaucoup.
15:10Et dans certaines situations de dépression profonde, c'est indéniable.
15:14Mais il y a forcément besoin d'un suivi thérapeutique et médical.
15:18Ça aide, oui.
15:20Mais il ne faut pas en abuser.
15:22Parce qu'au bout d'un moment, on est un peu en mode légumes.
15:24Ce n'est pas le premier recours à avoir.
15:26Mais il faut peut-être essayer par de la psychologie, par exemple.
15:30Et après, se diriger plutôt vers des médicaments.
15:33Il ne faut pas le diaboliser, je trouve, les médicaments.
15:36Il y a de fortes chances, justement, qu'on a besoin, même en psychologie,
15:40on a besoin de soulager un peu le mal-être, vu la violence que nous vivons actuellement.
15:45Alors, c'est vrai que le traitement, ils ont raison.
15:46Il y a la parole, il y a le médicament.
15:49Le médicament, c'est complémentaire.
15:51C'est complémentaire.
15:52C'est sûr qu'à partir du moment où on pose un diagnostic de dépression sévère, par exemple,
15:56il faut passer par le traitement chimique.
15:59Ça ne fait pas tout.
16:00Évidemment, ça ne fait pas tout.
16:01C'est une étape pour aller mieux qui permet justement de pouvoir avoir une psychothérapie efficiente.
16:06Parce que travailler en psychothérapie, quand on n'est pas bien, ce n'est pas évident.
16:09Et quand on va mieux, ça permet d'approfondir les choses et de mieux travailler.
16:13Et oui, 100 % d'accord sur le fait que tout ce qui est anxiolytique, etc.,
16:17c'est vraiment avec parcimonie.
16:18Parce qu'il y a beaucoup des addictions à tous ces traitements.
16:21Alors attention, au traitement anxiolytique par barzodiazépine, il y a beaucoup d'addictions.
16:27Donc, il faut vraiment le prendre uniquement si besoin et en cas de crise.
16:30Par contre, il n'y a pas d'addictions au traitement antidépresseur.
16:33Donc, il y a souvent la confusion.
16:34C'est pour ça.
16:35Ceux qui sont bipolaires, quand ils ont un traitement, ça les stabilise et ils vont bien.
16:40S'ils suivent leur traitement régulièrement, ils vont bien, a priori.
16:43Je suis archi anti-médicaments.
16:45Personnellement, j'en ai fait l'expérience et je trouve que c'est une très mauvaise chose.
16:48C'est du cache-misère, ça provoque des dépendances et ça ne soigne rien du tout, en fait.
16:53Alors, j'adore.
16:54Ça, on l'entend tout le temps en psychiatrie.
16:56Les gens arrivent, ils savent que bon, il va peut-être falloir passer par un médicament quand même.
16:59Et ils le disent.
17:00Vous savez, les docteurs, moi, je ne suis pas très médicament.
17:02Alors, moi, généralement, je leur explique que moi, je ne suis pas très maladie.
17:04Donc, quitte à choisir.
17:05Je préfère me battre contre la maladie que contre le médicament.
17:08Mais bon, après, voilà, c'est une inquiétude.
17:10Souvent, il y a une légende derrière.
17:11Il y a le médicament.
17:13Docteur, je ne veux pas être zombie.
17:14Docteur, je veux pouvoir travailler.
17:16J'espère que ça ne va pas m'endormir.
17:17J'espère que je vais pouvoir rester moi-même.
17:19C'est une crainte, ce médicament.
17:20Souvent, ils ont très, très peur de ce que ça peut faire avec cette espèce.
17:23Le je ne veux pas être zombie, ça revient quand même très, très, très souvent.
17:26Il faut informer, quoi.
17:27On a des médicaments qui sont performants, qui aujourd'hui n'ont pas les effets secondaires qu'ils avaient à l'époque.
17:33On ne fait plus de cure de sommeil qu'on faisait à l'époque.
17:36On ne fait pas dormir les gens.
17:37Une fois qu'on leur explique un petit peu ça et qu'ils jouent le jeu, qu'ils nous font confiance, ça se passe plutôt bien.
17:42Et puis, on a juste les dosages.
17:43Encore une fois, si ça ne va pas, il faut en parler.
17:45On a juste.
17:46Mais le but, c'est d'avoir la vie la plus optimale.
17:48C'est-à-dire qu'en fait, ça ne sert à rien de donner un médicament si on ne peut pas travailler avec ou si on ne peut pas vivre normalement.
17:53Les gens sont méfiants.
17:54Les traitements psy, ça fait peur.
17:55Moi, je dis aux étudiants, si vous le sentez, si vous avez envie de faire ça, vous n'ennuirez pas.
17:59Ça, c'est vraiment chouette.
18:00C'est une spécialité dans laquelle on ne s'ennuie pas.
18:02Il y a des avancées tous les jours.
18:04On apprend dans les neurosciences.
18:05On apprend tous les jours sur le tas, j'ai envie de dire, parce que dès qu'on est sorti de la théorie,
18:09chaque histoire est différente, chaque dépression est différente.
18:12Et donc, à chaque fois qu'on rencontre un patient, on rentre dans son histoire et c'est fascinant.
18:16Et voilà, ils ne s'ennuieront pas.
18:18Donc, allez-y.
18:19Pour tous ceux qui voudront faire la psychiatrie, foncez, parce que c'est vraiment une belle spécialité.
18:24Et on en manque en plus.
18:25Donc, allez-y.
18:26Venez découvrir la psychiatrie.

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