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  • 20/06/2025
Parallèlement à son parcours dans la haute fonction publique et la banque, Charles-Henri Filippi est aussi collectionneur, mécène et investisseur culturel. Nous revenons sur ce qui l’a poussé à s’engager dans le monde de la culture et la création de l’écosystème Art Absolument, porté notamment par son magazine éponyme.

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Transcription
00:00Je suis ravie d'accueillir aujourd'hui Charles-Henri Philippi, qui est président d'Evercore France,
00:10collectionneur et aussi partenaire d'Art Absolument, un écosystème culturel porté par un magazine
00:15dont on va parler un peu plus en détail tout de suite. Merci beaucoup d'être avec nous.
00:20Bonjour, merci de m'accueillir chez vous.
00:22Alors vous avez une longue carrière dans la haute fonction publique, dans la banque,
00:25mais donc c'est davantage votre engagement culturel en tant que collectionneur, en tant qu'investisseur, en tant que mécène
00:31que nous allons explorer aujourd'hui. Tout d'abord, est-ce que vous pouvez nous raconter
00:35quelle a été votre première rencontre, votre premier investissement personnel dans ce monde culturel ?
00:42Je suis avant tout devenu collectionneur et ensuite quand je suis devenu intervenant dans l'art, je dirais,
00:49ça s'est en fait passé un peu par hasard. C'est-à-dire que je suis devenu actionnaire de Piazza,
00:54la maison de Lente aux Enchères, parce que j'avais des amis qui voulaient faire cette chose-là
00:59et qui m'ont dit, viens avec nous, ça sera sympathique et bien.
01:03Ce qui a été sympathique et bien, très amical et finalement, on a une belle affaire qui se débrouille bien.
01:09Et sur Art Absolument, j'avais créé au CCF une fondation photo.
01:16Alors CCF ?
01:17Au Crédit Commercial de France, bien entendu, qui était une banque, c'était une banque cotée française assez grande,
01:23qui ensuite a été rachetée par HSBC.
01:26Et donc, on avait cette fondation photo et elle avait pour objet de primer deux jeunes talents photographes chaque année,
01:36de leur offrir un catalogue, de leur offrir des expositions, etc.
01:39C'était passionnant, avec un jury extérieur.
01:43Et ça marchait très bien.
01:44Et un jour, deux gars d'Art Absolument sont venus me voir et m'ont dit, on pourrait faire une interview de vous, etc.
01:52Ils ont dit, à l'occasion, ils ont vu que sur mes murs, il y avait des tableaux, des photos, des trucs.
01:57Et donc, ils ont dit, vous ne voudrez pas vous associer avec nous ?
01:59Ils avaient besoin d'argent, un petit peu.
02:00Et donc, je suis devenu actionnaire chez eux et je suis devenu partenaire.
02:05Et c'était en 2008, donc c'était il y a 17 ans quand même.
02:10Et donc, on est restés ensemble et on a continué cette aventure.
02:14On a ouvert un espace d'art.
02:17Donc, on a une revue.
02:18Art Absolument.
02:18Qu'est-ce que l'écosystème ?
02:20Au départ, c'est une revue.
02:21Oui.
02:22Tout simplement, une revue d'art.
02:24Je ne devrais pas dire un petit beaux-arts, parce que mes collègues d'art absolument vont dire,
02:27« Mais non, on n'a pas un petit beaux-arts, on a quelque chose de très très bien, beaucoup mieux, machin, etc. »
02:30Mais enfin, disons, pour qu'on comprenne bien, c'est...
02:34Sur la même ligne éditoriale.
02:34C'est la même ligne éditoriale.
02:36C'est montrer ce qui se passe en France dans l'art et les choses importantes sur le plan international.
02:42Et puis, on a associé à cette revue un espace d'exposition
02:48où on fait des expositions qui sont plutôt thématiques,
02:52qui sont en lien avec la revue et avec notre ligne esthétique, en quelque sorte.
03:00Et cet endroit qu'on avait ouvert au départ dans le 13e arrondissement,
03:06où il n'y a pas grand monde qui venait,
03:08on l'a déplacé au carrefour de l'Odéon.
03:11J'ai trouvé un endroit qui est un ancien atelier de fabrication de blouses d'infirmières,
03:17juste au carrefour de l'Odéon, où là, on a ouvert un espace qui est assez grand,
03:23quand même, une centaine de mètres carrés, et où on expose et on tient la revue.
03:27Et donc, voilà, nous avons des abonnés,
03:30nous avons des gens qui peuvent être acheteurs aussi d'oeuvres d'art.
03:33Notre objectif est, avant tout, de montrer le travail,
03:38ou de jeunes artistes, des travaux thématiques,
03:40aussi des travaux d'artistes qui peuvent avoir été un peu oubliés
03:44et qui sont de grande qualité, et d'essayer, si possible, d'équilibrer nos comptes.
03:48La vocation n'est pas une vocation de profit véritable,
03:52c'est une vocation d'équilibre qui permette de faire quelque chose qu'on aime.
03:55Et comment est-ce que vous avez travaillé cet équilibre ?
03:57Parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, on voit de plus en plus des écosystèmes
03:59qui se créent autour de secteurs, comme le dessin, etc.,
04:02qui ajoutent des espaces, des hôtels, etc.
04:05Est-ce que vous avez pensé cet écosystème pour qu'il soit équilibré
04:09à la fois dans la promotion culturelle ?
04:11Non, je ne l'ai pas vraiment pensé.
04:12Économiquement, je dois dire, économiquement, je ne l'ai pas vraiment pensé.
04:20Une revue d'art a du mal à gagner sa vie.
04:24On couvre les coûts de fabrication de la revue, etc.,
04:27mais les coûts fixes sont plus difficiles à couvrir,
04:29en tout cas pour nous, peut-être que d'autres.
04:32Et donc, quand on fait des expositions,
04:36dans une exposition thématique, il y aura sans doute
04:39la moitié des offres qui ne seront pas à vendre,
04:42parce qu'elles nous seront prêtées, elles correspondent à un thème qu'on veut montrer,
04:45puis une autre moitié qui sera peut-être à vendre.
04:49Et on fait des marges à peu près normales sur ça,
04:52qui essayent d'équilibrer.
04:53Donc l'objectif, c'est plutôt l'équilibre.
04:56Et surtout, respecter notre ligne.
04:59Et donc, je vais vous donner un exemple.
05:01On a fait une expo récemment qui s'appelle Terre d'artistes,
05:05que des artistes qui travaillent sur la Terre.
05:07On avait des grands artistes,
05:10comme Richard Long, Jean Dubuffet,
05:14qui n'étaient pas à vendre.
05:17Et on les associait à des artistes jeunes,
05:20de qualité, qui étaient plus émergents,
05:22qui étaient à vendre.
05:23Et en quelque sorte, les grands soutenaient les jeunes.
05:27Et ça, c'est un truc qui nous a fait plaisir.
05:29On était là, et effectivement,
05:33il y a beaucoup de gens qui sont venus,
05:34qui ont trouvé l'ensemble des choses assez belles,
05:37et qui ont trouvé qu'il y avait une femme
05:39qui s'appelle Carole Le Méhauté,
05:40qui était à côté d'un Dubuffet.
05:42Mais ça tient la route.
05:44Il y avait une matérialogie Dubuffet.
05:45Et ça, je trouve que l'idée
05:47qu'on replace des jeunes dans l'histoire de l'art,
05:52qu'on les associe à leurs anciens,
05:54et qu'on fasse levier, au fond,
05:56du grand artiste sur l'artiste plus jeune,
05:58c'est un truc qui nous plaît beaucoup.
06:00Et vous, qui,
06:01parce que nous, on a une chaîne,
06:02les personnes qui nous regardent,
06:03ce sont des investisseurs,
06:04sont très intégrés dans le monde économique.
06:07Est-ce que vous auriez des conseils à donner ?
06:10Qu'est-ce qui vous motive, vous,
06:11pour investir dans la culture ?
06:13À part que passion.
06:15Je vous ai déjà dit ça.
06:18Est-ce que j'investis,
06:19à proprement parler, dans la culture ?
06:21Je pense que dans la culture,
06:25alors la culture, en général, c'est très large.
06:28On va parler des arts plastiques.
06:30Gagner de l'argent dans le commerce des arts plastiques,
06:34ce n'est pas si simple.
06:35Alors, vous êtes des intermédiaires,
06:38c'est un marché qui se concentre de plus en plus.
06:40Il y a des grandes galeries qui, d'ailleurs, se revendent,
06:43sont achetées aussi par des fonds d'investissement.
06:45Donc là, il y a certainement une activité
06:48qui peut rapporter de l'argent
06:50quand on est avec des très grands noms.
06:53Il faut faire attention,
06:54parce que les grands noms sont aussi souvent
06:56des marques personnalisées.
07:00Et il faut faire attention aux marques personnalisées
07:02quand on est investisseur.
07:05Ensuite, il y a un autre domaine.
07:07Donc, le métier d'intermédiaire
07:09est un métier qui se concentre
07:12et où il n'y a pas beaucoup d'espace
07:14pour des gens de taille moyenne
07:16qui puissent offrir, je dirais,
07:19des rentabilités qui soient importantes.
07:22L'autre côté, c'est les collectionneurs.
07:25Alors là, je pense que
07:26la création disciplinée d'une collection
07:30avec des aides,
07:33parce que dans l'art, il y a beaucoup de choses.
07:36Il y a l'artiste,
07:38il y a la conduite de son travail,
07:40il y a sa représentation par des galeries
07:42et par des intermédiaires.
07:43C'est tout ça qui fabrique
07:44la valeur financière d'un artiste.
07:48Et donc ça, il faut être très discipliné
07:50dans ce domaine-là.
07:52Et donc, l'idée
07:53j'achète juste ce que j'aime,
07:58il faut quand même faire attention.
08:00Sauf qu'après 40 ans,
08:02vous avez eu une éducation,
08:04vous avez un œil
08:05qui vous fait reconnaître des choses,
08:07qui tiennent mieux la route, etc.
08:08Mais l'idée que, en tant qu'investisseur,
08:13la valeur dans l'art soit une valeur purement visuelle,
08:17si j'ose dire,
08:18ça, c'est une erreur.
08:19Bon.
08:20Donc, il faut être...
08:21Le collectionneur qui collectionne pour investir
08:24doit être suffisamment avisé,
08:27ou alors il achète des œuvres déjà chères.
08:30Donc, vous avez maintenant des sociétés
08:32qui mettent sur le marché...
08:34Je ne sais plus comment...
08:35J'oublie le nom de cette société,
08:37mais qui est une société tout à fait remarquable.
08:39Elle achète des tableaux.
08:42Elle achète un gros warhol.
08:44C'est Matisse ?
08:44Vous parlez de Matisse ?
08:45Non, non, non, non, non, non.
08:46C'est une société américaine.
08:47Et chaque tableau
08:49est une société par action
08:51qui est cotée
08:54et qui est régulée
08:55par le régulateur américain, la SICI.
08:58Et donc, ils disent...
08:59Le thème, c'est...
09:00Nous avons une capacité d'identification
09:02des artistes qui sont déjà connus,
09:05et d'achat.
09:07Et puis, une puissance d'achat
09:09vis-à-vis des intermédiaires et des galeries
09:10qui nous permet d'acheter au bon prix
09:13des œuvres exceptionnelles
09:16dont la rareté fera
09:17qu'elles seront plus chères demain.
09:19Et donc, vous avez 1% d'une œuvre.
09:23Vous avez 1% d'une œuvre.
09:24Mais c'est vraiment un pur investissement financier.
09:26Oui, c'est le marché qui se structure
09:27et qui se financiarise.
09:28C'est la financiarisation
09:30qui est simplement des œuvres d'art
09:32une par une, en quelque sorte.
09:34Merci beaucoup, Charles-Henri Philippe,
09:36pour votre regard
09:36sur ce monde de l'art.
09:39Et donc, je rappelle
09:40que vous êtes président
09:40d'Evercore France,
09:41collectionneur et partenaire d'art absolument.
09:44Et merci à vous,
09:45toutes et tous,
09:45de nous avoir suivis.
09:46C'était Arrêt Marché,
09:48édition week-end.
09:48Merci.
09:49Merci.
09:50Merci.

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