Les Vraies Voix avec Maxime Reppert, vice-président national du SNALC.
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00:00On va venir tout de suite sur cette enquête ouverte par le parquet de Pontoise
00:02après que Maud, une ancienne enseignante, pardon, ait reçu des menaces de mort
00:08la semaine dernière dans le collège de Lucie-Aubrac à Argenteuil.
00:12Et nous sommes avec Maxime Reperquet avec nous, vice-président national de la SNALC,
00:17un syndicat d'enseignants.
00:18Bonjour, merci d'être avec nous.
00:21Bonsoir, bonsoir à tous.
00:23Bienvenue à vous sur Sud Radio.
00:24Des menaces de mort très inquiétantes reçues par cette enseignante,
00:27un cercueil et les dates aussi de disparition de Dominique Bernard à la fois
00:31et de Samuel Paty, bref, une allusion transparente,
00:35à tel point d'ailleurs que les collègues de cette enseignante
00:37ont écrit une lettre ouverte, c'est-à-dire dans le Figaro.
00:40Nous sommes en danger. Est-ce que vous comprenez leur peur ?
00:44Non, totalement, totalement.
00:47Et si vous voulez, malheureusement, parce que j'ai pu lire cette lettre
00:52qui est très forte, qui est très poignante,
00:55et malheureusement, cette lettre n'est pas simplement le reflet de ce qui se passe à Argenteuil,
01:02mais de ce qui se passe plus généralement dans la plupart des établissements scolaires
01:07sur le territoire, c'est-à-dire le développement d'une peur, d'une insécurité.
01:15On voit avec les drames, malheureusement,
01:19qui deviennent de plus en plus récurrents au niveau de l'éducation nationale,
01:21et les perspectives, et notamment les réponses des politiques,
01:27ne vont pas nous apaiser, ni nous rassurer, malheureusement.
01:33Alors, après les drames de Samuel Paty et Dominique Bernard,
01:36ils ont envoyé cette lettre aussi à Elisabeth Borne,
01:39en disant qu'un cap est franchi.
01:41Mais le cap, il est franchi depuis bien longtemps, en fait.
01:44Tout à fait.
01:46Tout à fait.
01:47Le cap, il est franchi depuis un moment déjà.
01:49On se rend compte que chaque semaine, il se passe quelque chose au niveau de l'éducation nationale,
01:55ce que le président Macron appelait, il n'y a pas si longtemps, des faits divers.
02:00Sauf que maintenant, nous ne sommes plus face à des faits divers,
02:04mais plutôt à un fait de société, un problème de société.
02:07Et le souci, si vous voulez, c'est que les politiques n'arrivent pas à répondre aux inquiétudes,
02:15n'arrivent pas à proposer de solutions.
02:19La violence, si vous voulez, beaucoup se disent que la violence est à l'image des politiques.
02:24Nous avons ce qu'on mérite.
02:26C'est dramatique, je pense, c'est ça.
02:28Je vais vous lire quelques extraits, quand même, de cette lettre ouverte de ces professeurs,
02:31les collègues de cette professeure menacée.
02:33Je cite, les moqueries, la suffisance et l'indifférence des élèves nous laissent démunis.
02:38Confiance brisée, la violence, c'est partout, ça va jusqu'au jet de mortier.
02:42Et maintenant, il faut une menace de mort pour nous faire réagir.
02:45Philippe Bilger.
02:46Est-ce qu'à votre avis, d'ailleurs, cette peur que vous évoquez,
02:51elle n'est pas même sous-estimée dans la mesure où je pense qu'un certain nombre d'enseignants
02:57n'osent pas l'avouer ?
02:59Est-ce que vous ne croyez pas que la situation, d'une certaine manière,
03:03est encore pire que ce qu'on décrit tous les jours ?
03:08Tout à fait.
03:10Il y a de plus en plus cette certitude, partagée par tous,
03:16que nous faisons un métier à risque.
03:18Et que nous constituons, au niveau de l'éducation nationale,
03:22de plus en plus une cible.
03:23On n'est pas rassuré.
03:26On n'est pas rassuré.
03:28On a vu qu'il y avait eu des attaques terroristes qui ont coûté la vie à deux de nos collègues.
03:35On a vu aussi que des élèves pouvaient en tuer d'autres,
03:39ou alors tuer leur enseignante, ou même une surveillante.
03:43On l'a vu avec Mélanie, il n'y a pas si longtemps.
03:46Donc non, la réalité, elle est terrifiante, elle est implacable.
03:51Et il faut réagir.
03:52Mais ce n'est pas dans les réponses des politiques,
03:55malheureusement, que nous trouverons des réponses.
03:57Bruno Pommard.
03:58Vous trouverez une réponse aussi avec l'ensemble du corps enseignant,
04:02avec les parents, avec tout le monde.
04:04Parce que moi, je veux bien entendre ce que vous dites.
04:06C'est la faute des politiques, c'est la faute des politiques.
04:07Les politiques, on voit bien, sont quand même assez limitées dans les actions.
04:10Maintenant, l'éducation nationale a aussi une responsabilité.
04:14Moi, je veux dire, on sait ce qui s'est passé avec l'affaire Paty,
04:18où il n'était pas soutenu par sa hiérarchie,
04:21parce qu'on planque les choses souvent, comme on le fait dans l'éducation nationale.
04:26On cesse un petit peu de le faire maintenant, tellement la situation est dramatique.
04:30On voit avec ce qui se passe avec les attaques au couteau.
04:31On le voit avec tout un tas de comportements qui sont totalement dérivants de la part des élèves.
04:37Mais l'éducation nationale intramuros a de vraies responsabilités dans tout ce qui se passe.
04:42Famille, éducation nationale.
04:43Après, vous pouvez rajouter les politiques si vous voulez.
04:45La police fait ce qu'elle peut, elle aussi, dans le cadre de ses missions.
04:48Mais je crois qu'il y a une vraie responsabilité collective sur tout ce qui se passe.
04:51Maxime Repère.
04:53Il y a une responsabilité au niveau de l'éducation nationale,
04:57mais ce n'est pas une responsabilité, en fait, qui va toucher des individualités.
05:02On parlait tout à l'heure du pas de vague.
05:03Vous savez, l'école, maintenant, c'est devenu un bien de consommation.
05:07Des élèves, des parents consomment l'école.
05:09À tel point que, de plus en plus, on a ce sentiment qu'il faut satisfaire, il faut plaire.
05:17Plaire aux élèves, plaire aux parents d'élèves.
05:21Il n'y a plus cette notion d'exigence, cette notion de respect, cette notion de devoirs que les élèves ont vis-à-vis des adultes et que les parents ont vis-à-vis de la communauté enseignante.
05:36C'est-à-dire qu'on passe notre temps, au niveau de l'éducation nationale, à rappeler aux enseignants leurs devoirs et aux parents leurs droits.
05:44Sauf que, je suis désolé, quand vous faites partie d'une communauté éducative, et les parents font partie de cette communauté éducative,
05:50vous avez à la fois des droits et des devoirs.
05:52Et je voulais juste rajouter quand même une chose qui me semble capitale.
05:56Bien sûr que l'école a un rôle à jouer, bien sûr qu'elle peut avoir une responsabilité,
06:00mais vous savez, la première cellule d'apprentissage d'un enfant, ce n'est pas l'école, c'est la famille.
06:04Et hier, j'ai appris à Mulhouse qu'un jeune de 7 ans était venu dans son école avec une lame pour en découdre avec un de ses camarades.
06:157 ans !
06:16Pour avoir une responsabilité de l'école, là-dedans ?
06:20C'est vrai, c'est vrai. Merci beaucoup Maxime Repère, vice-président national du SNAL, qui est un syndicat d'enseignants.
06:27Merci beaucoup, et puis on a une pensée, bien entendu, pour tous ces personnels de l'enseignement, bien entendu,
06:33qui font un travail, et ces enseignants qui font un travail formidable.