Le 15 juin 1993, à l’occasion de son anniversaire, Johnny Hallyday est l’invité exceptionnel du journal de 20h sur TF1. À quelques jours de son concert événement au Parc des Princes, il évoque ses 50 ans, sa carrière, et les préparatifs de ce show historique. Un moment rare à la télévision, entre confidences et coulisses.
00:00Je ne m'attendais pas vraiment à ça non plus.
00:03Vous avez fait tout pour d'une certaine façon,
00:05puisque vous allez faire des concerts qui vraiment marqueront votre histoire à vous,
00:11puisque à partir de vendredi et donc jusqu'à dimanche,
00:13on va vous retrouver au Parc des Princes.
00:15On sait d'ores et déjà qu'il est trop historique,
00:17puisque je crois que ce sera la dernière fois qu'un chanteur se produira là.
00:20Il y a eu Michael Jackson, il y a eu Prince, il y a eu Lerling Stone,
00:23il y aura Johnny Heddy, puis après il n'y aura plus de spectacles au Parc des Princes.
00:26C'est vrai. Le Parc des Princes sera l'endroit pour le football
00:30et il n'y aura plus de musique au Parc des Princes.
00:34Donc je suis, je pense, le premier Français à le faire, le dernier.
00:38Mais bon, ce que j'ai voulu faire surtout par rapport au Parc des Princes,
00:43ce n'était pas de faire un spectacle de plus,
00:46c'était surtout de faire ce que je considère quelque chose qui marque moi personnellement,
00:52pas uniquement ma carrière, mais moi qui marque dans ma vie en tant qu'homme
00:58et en tant qu'avoir fait pas mal de spectacles.
01:03C'était toujours difficile d'aller plus loin.
01:05Donc il me fallait quelque chose de différent.
01:08Je sais que moi, quand j'ai sauté de l'Olympia au Palais des Sports,
01:12ça m'a semblé très grand le Palais des Sports.
01:14Ensuite, quand j'ai sauté du Palais des Sports à Bercy,
01:18Bercy m'a apparu très grand.
01:19Je peux vous dire une chose, c'est que ce matin, j'ai été au Parc des Princes
01:22regarder un petit peu le montage de la scène, de la structure de la scène, etc.
01:27et que ça me paraît encore complètement dingue et encore beaucoup plus grand.
01:31Le prix de vertige pour l'instant.
01:32Mais il ne faut pas, je ne le prends pas en me disant
01:35j'ai trop le trac parce que je vais faire un spectacle.
01:38C'est une fête que je fais plutôt.
01:41On a l'impression en même temps que vous voulez rentrer dans le livre Guinness des records.
01:44Non, non.
01:45Une scène de 120 mètres de large.
01:46C'est simplement que je voulais faire un spectacle un petit peu différent des autres
01:49et puis faire quelque chose que je n'avais pas encore fait.
01:52J'ai fait tellement de choses.
01:53Vous savez, ce n'est pas la première fois que je chante devant 100 000 personnes.
01:56J'ai fait des tournées en Amérique du Sud.
01:59J'ai fait, bon, les stades là-bas, j'ai chanté devant 80 000, 120 000 personnes.
02:05Je veux dire, on trouve beaucoup plus ça, plus ça d'ailleurs à l'étranger qu'en France.
02:10C'est vrai qu'en France, il n'y a pas beaucoup d'endroits qui sont très grands pour faire beaucoup de spectateurs dans une même soirée.
02:16Mais ce n'est pas la première fois que ça se produit pour moi dans mon pays.
02:21Vous vous souvenez de ce qui s'était passé il y a tout juste 30 ans, le 22 juin 1963 ?
02:25La Nation, oui.
02:26Alors là, il y avait à peu près 150 000 personnes.
02:28Oui, c'est vrai, ce qui ira à peu près sur les trois jours au Parc des Princes.
02:34Et ça, c'était à l'appel de Philippe Aki, qui s'occupait à ce moment-là de Salut les Copains et qui avait fêté comme ça son premier anniversaire.
02:40On retrouve d'ailleurs le numéro 7 de Salut les Copains, qui est édité par Vidéo7 et qui, déjà, vous mettait en couverture 30 ans après.
02:50On va vous retrouver...
02:51C'est vrai que la musique a énormément changé en France quand j'ai commencé à chanter par rapport à un certain style de chanteur de l'époque.
02:59Et que j'ai commencé, si on peut dire, j'ai commencé avec Daniel Philippe Aki et Franteno.
03:04J'ai commencé la première émission de Salut les Copains.
03:07C'est là qu'ils ont commencé à changer leur émission.
03:09Car avant, c'était une émission de jazz et c'était une émission de rock'n'roll.
03:14Alors, ça nous fait donc maintenant un demi-siècle de vie et un tiers-deux-siècle de carrière.
03:18Pour faire 50 ans d'un demi-siècle, ça fait vraiment...
03:21Bon, enfin, 33 ans de carrière, quand même.
03:2333 ans de carrière qu'on va essayer de résumer.
03:25J'ai toujours que j'ai 18 ans avec 32 ans d'expérience.
03:28Voilà.
03:29Alors nous, on a essayé de les résumer à notre manière, en 2 minutes 15, pas beaucoup, par Bernard Gélie.
03:352 minutes 15 de bonheur.
03:45Johnny Hallyday, 33 ans de succès.
03:48C'est un phénomène qui apparaît en 1960.
03:51Quand il lance en France une musique venue des Etats-Unis, le rock'n'roll, il devient l'idole des jeunes.
03:56Les premiers concerts, houleux, suscitent une querelle entre anciennes et nouvelles génératies.
04:01Né le 15 juin 1943 à Paris, Jean-Philippe Smet, alias Johnny Hallyday, est artiste depuis toujours.
04:11Élevé par sa tante, il a grandi dans une famille de danseurs et chantait très tôt dans leur spectacle.
04:16Après l'époque des bandes de copains au Golfe Drour, où il interprète ses premiers rock', il emprunte, à 17 ans, le chemin de la gloire.
04:24Rien ne l'en détournera.
04:26Ni la coupure du service militaire, fatale à Elvis Presley, ni les changements de mode et de mentalité auxquels il s'est toujours adapté.
04:33Les accidents au volant de ses bolides, les bagarres avec des provocateurs et même une tentative de suicide en 1966, il s'en remettra.
04:46Tout comme il surmontera ses peines de cœur.
04:48Divorce de Sylvie Vartan après 15 ans de mariage, de Babette-Étienne et d'Adeline Blondiot après des unions plus courtes,
04:55sans compter les nombreux idilles qui vont et viennent.
04:58Johnny balaie l'adversité et trouve des raisons d'être heureux.
05:01Il a deux enfants, David Hallyday et Laura, née de sa liaison avec Nathalie Baye.
05:07Il a aussi l'indéfectible fidélité du public dont il est le héros.
05:11Sa rage de vivre, on la retrouve dans des shows de plus en plus spectaculaires.
05:15Adaptation de standards américains, une création sur mesure par des grands compositeurs et paroliers,
05:34Johnny Hallyday compte à son actif plus de 700 chansons.
05:37Au cinéma, il mène aussi sa carrière, on le voit entre autres dans Détective de Godard et dans La gamine où il effectue quelques cascades.
05:47Aujourd'hui, Johnny frappe plus fort que jamais.
05:50Une caravane de semi-remorques a transporté la scène qui vient d'être installée au Parc des Princes.
05:56Un décor grand comme l'Amérique dans lequel il célébrera avec ses fans son 50e anniversaire.
06:02C'est difficile de tout résumer, on aurait pu revenir encore plus en arrière,
06:11notamment à l'époque où vous promeniez avec Lee et Desta Hallyday et que vous chantiez du Brassens.
06:17Oui, c'est vrai, avant de chanter du rock'n'roll, j'étais un fan, car moi aussi j'étais fan dans ma vie.
06:25J'étais un fan de Georges Brassens et j'ai commencé à faire ce métier en chantant les chansons de Georges Brassens.
06:30Et puis la guitare, c'était les jeux interdits ?
06:33Les jeux interdits, j'avais suivi une école de musique classique.
06:40Je n'étais pas du tout au départ, il n'était pas du tout écrit que j'allais faire du rock pour l'ajour.
06:45Et vous vous rendez compte que dans cette guitare qui se trouve ici, votre éditeur Polygramme a réussi à retrouver vos...
06:50Jean-Yves Villet qui s'occupe des designs et de mes disques au sein de Fondagramme a imaginé pour mon 50e anniversaire faire un étude guitare,
07:00ce qui est le symbole de ma carrière, avec tous mes CD de tous mes disques depuis...
07:06Et il y en a une quarantaine, une quarantaine de compacts disques.
07:09C'est vrai que vous vous êtes fait sortir d'un restaurant un jour par les clients à l'oreille du bois il y a très très très longtemps,
07:16quand vous avez commencé à chanter et à ce moment-là on ne vous aimait pas toujours.
07:20Oui, bon j'étais moum, je chantais deux chansons au milieu du numéro de danse de Destin et L'Halliday,
07:28pour qu'ils aient le temps de pouvoir changer de costume,
07:31mais je faisais trop de bruit parce que c'est à l'époque où je commençais à chanter des chansons d'Élise Poisslet,
07:36ça faisait trop de bruit pour les diners et on m'a demandé d'arrêter et on a viré non seulement moi,
07:40mais on a ce qui est embêtant, on a viré aussi Destin et L'Halliday.
07:43Ah oui, bon en fait toujours autant de bruit mais on peut dire que vous êtes beaucoup plus apprécié qu'à l'époque en 59.
07:50Je crois que les gens se sont habitués à ce genre de musique.
07:54Ah c'est le moins compliqué.
07:54Et peut-être aussi que la musique a évolué aussi depuis.
07:56Écoutez ce qu'on pense un peu comme ça, quelques générations comme ça,
08:01bon ce sont des sondages qui n'ont évidemment pas valeur représentative,
08:04mais qui montrent bien que plusieurs générations et tous les niveaux, toutes les couches sociales aiment Johnny Hallyday.
08:11Reportage de Denis Borinetti à Paris de Thierry Cabane à Nantes.
08:16Quand on aimait Johnny à l'époque, on avait 20 ans, habillé comme papa, maman peut-être,
08:20à peine les premiers blousons, on cassait parfois des chaises à l'Olympia,
08:23on ne disait pas les jeunes, on disait les yéyés.
08:25Et Johnny, entré dans l'histoire, eux ont entre 40 et 50 ans et aiment toujours Johnny.
08:31C'est ma jeunesse.
08:33Johnny reste toujours jeune, il a une pêche d'enfer.
08:36Je suis tous à concert depuis 1969, à chaque fois j'ai l'impression qu'il ne me surprendra plus et je me suis complètement épatée.
08:42J'allais au Golf Roo, j'allais à l'Olympia pour les concours de teenagers et autres.
08:49Ah oui, c'est formidable, ça me rafraîchit d'un coup.
08:52Les années passaient, les cheveux poussaient, années 70, toujours des garçons qui bougent et des filles qui hurlent, c'était le bon vieux temps du rock'n'roll.
08:59Aujourd'hui, ils ont de 30 à 40 ans, aujourd'hui, ils vont encore à ces concerts et ils aiment Johnny.
09:09Ça fait 20 ans que je ne l'avais pas vu.
09:11J'avais 14 ans et puis là je suis revenu, je suis super heureux.
09:14Il touche toutes les générations, j'ai mon fils qui a 13 ans, il est mieux avec moi.
09:17Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime.
09:22Ils vont au Zénith ou ailleurs pour la musique, ils ont toutes ces paroles dans la tête, ils ont 20 ans ou à peine et ils aiment Johnny.
09:28Même s'il vieillit, même s'il ne bouge plus comme avant, c'est toujours le Johnny à l'idée nationale.
09:34Mais ce que j'aime chez lui, c'est qu'il se remet toujours en question et qu'il n'a pas peur et ses concerts, il est fait jusqu'au fond du même. C'est ça qui est important.
09:41La musique, elle vient de là, elle vient du blues.
09:44Il y a quelque chose en vous de Tennessee.
09:51Des générations à l'idée qui se l'arrachent, autant d'époque de millions de spectateurs.
09:55Johnny, c'est la bande-son de leurs films.
09:57Certains font des souvenirs, certains font des collections.
10:00Ils ont gardé la chemise ou la cravate en soeur, la dédicace ou le vieux 45 tours.
10:05Les autres simplement continuent à chanter.
10:07C'est un mythe en plus abordable.
10:10C'est un mythe vivant quoi.
10:11Il y a quelque chose en nous de Tennessee.
10:15Quelque chose de Tennessee.
10:20Au dénêté, il y a des soins, il faut savoir, ça va valer le cœur.
10:26Il y a des proches dans ce dénêté.
10:32Je vais le voir.
10:34Dites donc, qu'est-ce qu'il vous aime ?
10:35Et quand on voit des hommes politiques, ou par exemple Édouard Balladur dans Le Parisien,
10:39qui dit qu'il est un fan de Johnny, alors qu'on n'imagine pas vraiment un blouson de cuir,
10:44c'est impressionnant de réunir comme ça autant d'adhésion sur son nom.
10:48Vous savez que son chauffeur, son chauffeur fait partie de mon club de moto.
10:54Ah, c'est déjà quelque chose.
10:56Alors, c'est peut-être lui qui fait passer les CD.
10:57Peut-être, c'est lui qui me fait passer le message.
10:59Mais est-ce que vous trouvez que c'est, parfois, on a pensé que c'était un peu numérique ?
11:04Non, mais j'ai des souvenirs formidables.
11:05J'ai des souvenirs de, bon, ce qu'on ne sait pas, parce que c'est vrai que moi,
11:10les partis politiques m'intéressent moins que les hommes en général.
11:14Parce que, quelque part, tout finit par se ressembler un peu.
11:18Mais c'est vrai que de Georges Marchais à mon ami Jacques Chirac,
11:23à plein d'hommes politiques, sont toujours venus me voir à tous mes spectacles.
11:26Et c'est drôle de voir que, bon, des hommes de politique différente viennent
11:29et sont des gens, finalement, quand on les voit en dehors de la télévision,
11:34sont des gens qui sont tout à fait charmants, tout à fait fraudables
11:37et tout à fait, je veux dire, proches de nous.
11:41Et quand on se reporte en arrière ?
11:42Et ça, c'est hors caméra et c'est hors photo.
11:44Ce sont des gens qui viennent vraiment vous voir dans votre loge
11:47pour vous dire, bravo, on est content d'être venu.
11:51C'est ça qui est bien, surtout.
11:52Et quand vous aviez animé l'arme de Noël de l'Élysée en 1962,
11:56avec le général de Gaulle, vous avez parlé un peu ?
11:59Il était ou il était resté ?
12:01Non, mais le général de Gaulle...
12:02D'abord, moi, je ne me rappelle plus vraiment ce qu'il m'a dit.
12:06Je sais qu'il m'a dit deux mots, il m'a dit deux, trois mots.
12:09Mais moi, j'étais tellement impressionné par lui que moi, je n'ai pas bouffeté.
12:13Alors justement, quand à ce point, on est admiré par les autres
12:18et qu'on a soi-même admiré, vous le disiez tout à l'heure,
12:20vous aviez vos idoles, vous, hein ?
12:22Oui, bien sûr.
12:22Elvis Presley et bien d'autres.
12:24Est-ce qu'on ne trouve pas que c'est un peu immérité de temps en temps ?
12:27Ou peut-être même un peu fou, toutes ces collections qui s'assassent ?
12:30Ça peut être un irrité par rapport à ce que d'autres gens font de beaucoup plus important dans la vie.
12:36Je ne sais pas, moi, des chercheurs qui vont trouver un remède contre le sida,
12:42ce que j'espère, ou contre autre chose,
12:44ou les premières grèves du cœur, ou le premier homme qui est dans la lune.
12:50Mais il y a une chose que, moi, je ne parle pas pour moi, je parle en général.
12:54Je crois qu'à l'heure actuelle, la conjoncture actuelle de la vie,
12:58les gens ont besoin d'espoir, les gens ont besoin de cette mesure, ont besoin de rêver.
13:02Je crois qu'il n'y a pas grand-chose en ce moment qui nous fait rêver.
13:04Et je crois qu'un chanteur, ou un comédien, ou un acteur de théâtre,
13:08du moment qu'on vous fait passer, pas un message,
13:12mais deux heures où on peut oublier les problèmes, ses propres problèmes également,
13:16je pense que c'est déjà pas mal, quoi.
13:19C'est du bonheur à l'État brut.
13:20Moi, j'essaie de donner un peu de bonheur aux gens.
13:22Si j'ai réussi, j'ai gagné. Enfin, j'ai gagné pour moi.
13:26Et c'est ça qui concerne, qui fait que vous ne serez jamais un vieux rockeur ?
13:30Un rockeur n'est jamais vieux.
13:32Merci beaucoup, Johnny Lidé.
13:33Et donc, à partir de vendredi, au Parc des Princes, samedi et dimanche,
13:39il y a encore des places, un tout petit nom, mais il y en a encore pour dimanche, je crois.
13:43Madonna.
13:43Voilà. Alors, merci beaucoup, en tout cas, Johnny Lidé, d'être venu nous voir
13:47pour le soir de votre cinquantième anniversaire.
13:52Et puis, donc, on croise les doigts pour la suite
13:54et on vous retrouvera de toute façon sur TF1,
13:57puisque votre concert sera retransmis.
13:59Pendant un instant, la méthode...
14:01...événement musical de l'année, on en est à Gilles.