Pourquoi taxer les super-riches n’est pas la solution ?

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00:00Et à 7h20 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, place à l'édito éco.

00:04Bonjour Olivier Babaud.

00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:07Vous revenez ce matin, Olivier, sur la polémique entourant ce projet de taxe dite Zuckman,

00:11du nom de l'économiste français Gabriel Zuckman,

00:14taxe qui est devenu un totem de la gauche,

00:16obsédé par la thèse d'une explosion des inégalités.

00:18Seulement, cette thèse-là et cette taxe Zuckman commencent à être sérieusement remises en cause.

00:22Oui Dimitri, cette proposition de taxe mondiale sur les grandes fortunes

00:25défendue par Gabriel Zuckman a déclenché une bataille de chiffres et de graphiques entre économistes

00:29dénonçant de graves erreurs logiques et méthodologiques.

00:33Cette controverse permet en tout cas de mieux comprendre

00:35à quel point notre système de solidarité est déjà redoutablement efficace.

00:39Pourtant, et c'est au fondement du raisonnement de Gabriel Zuckman,

00:41on entend que les plus riches paieraient proportionnellement moins d'impôts

00:45que les classes moyennes, voire les plus modestes.

00:47C'est une affirmation très spectaculaire et répétée à l'envie, mais totalement biaisée.

00:51Pour arriver à ce résultat, on utilise une méthode pour le moins étrange,

00:54on oublie volontairement d'intégrer les prestations sociales reçues dans le calcul des revenus.

00:58Résultat absurde, comme le montre l'économiste Sylvain Catherine.

01:04Quelqu'un qui touche 200 euros de revenus initiaux, reçoit 600 euros de prestations,

01:08consomme tout, donc les 800 euros, et paye 80 euros de TVA,

01:12serait considéré comme étant imposé à 40%.

01:14Oui, parce que 80 euros, c'est 40% de 200 euros.

01:18De 200. Alors qu'en réalité, il vit grâce aux impôts payés par les autres,

01:21grâce aux aides sociales. C'est une imposture statistique, évidemment.

01:25Qu'est-ce qu'il en est vraiment ? Qui paye quoi, en fait ?

01:28On a envie de savoir, effectivement.

01:30Si on regarde les choses honnêtement, comme l'avait fait l'INSEE,

01:32on constate que 57% des Français sont des bénéficiaires nets du système.

01:37C'est-à-dire que ce qu'ils reçoivent en prestations sociales et services publics

01:40est supérieur à ce qu'ils paient.

01:42Leur taux d'imposition réel est donc négatif.

01:44Et ça n'est pas tout, nous, dites-vous.

01:46En effet, ce débat révèle un deuxième aspect plus tabou.

01:49La redistribution peut devenir décourageante.

01:51Un exemple très concret.

01:52Si vous êtes entre le deuxième et le troisième décile de revenus,

01:55vous gagnez environ 15 000 euros par an, avant aide.

01:57Avec la redistribution, votre revenu grimpe à 31 000.

02:00Mais si vous doublez vos revenus par votre travail, jusqu'à 30 000,

02:04alors les aides diminuent, votre revenu final ne sera plus que 36 000.

02:07Autrement dit, je résume, vous avez doublé vos efforts pour seulement 14% de gains réels.

02:11Effectivement, c'est décourageant.

02:12Bah oui, la même chose si vous êtes entre le troisième et le quatrième décile,

02:15avec 25 000 euros de revenus avant transfert.

02:17En doublant, vous ne gagnez que 29% net.

02:19C'est le revers d'un système très généreux.

02:21Ce qui est donné d'un côté et nécessairement pris de l'autre.

02:23Les aides des uns sont la ponction des autres.

02:27Il faut en prendre conscience, nous avons fait un choix philosophique,

02:29et en France, celui d'une solidarité très puissante.

02:32Choix qui se paye d'un affaiblissement de l'incitation à l'effort.

02:35Alors plutôt que de tordre les chiffres pour faire croire

02:37que l'on vit dans un enfer d'injustice,

02:39voyons la réalité objective de notre système.

02:41Le débat politique y gagnera en pertinence.

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