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  • 17/06/2025
Lors de l'émission Face à l'Info du 17/06, Charlotte D'Ornellas est revenue sur la pique du président américain à son homologue français : «Emmanuel Macron a commis l'erreur de parler à la place d'un autre chef d'État, à savoir Donald Trump».

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Transcription
00:00Alors, ils ont surpris plus ou moins, parce qu'on avait déjà vu un Donald Trump assez acide avec ses interlocuteurs,
00:08et notamment avec Emmanuel Macron, c'était pas la première fois.
00:11Alors déjà, on avait un Donald Trump qui était assez peu satisfait de la visite d'Emmanuel Macron au Groenland,
00:15ça l'a un peu agacé, vous savez que Donald Trump revendique, convoite le territoire,
00:24Emmanuel Macron a fait la première visite française là-bas.
00:26Ensuite, Donald Trump est assez froid avec le G7, qu'il considère d'abord un trop européen,
00:32et ensuite parmi les Européens relativement hostiles à Donald Trump lui-même,
00:37donc il était probablement assez peu disposé.
00:40Et enfin, Emmanuel Macron a commis l'erreur de parler à la place d'un autre chef d'État, à savoir Donald Trump lui-même,
00:47puisque quand Donald Trump est parti du G7 après le fameux dîner,
00:50il a annoncé que Donald Trump était parti négocier un cessez-le-feu,
00:54donc Donald Trump a répondu immédiatement.
00:57Mais Donald Trump illuse exactement de la même rhétorique, assez humiliante de fait,
01:01en interne aux États-Unis, à l'égard de plusieurs personnes ces derniers jours.
01:05C'est le cas avec Tucker Carlson, Mathieu nous en parlait hier,
01:08c'est un journaliste qui est très dans son giron, on va dire, trumpiste,
01:12et qui a rappelé récemment les engagements de Donald Trump,
01:16notamment sur la scène internationale et sur l'isolationnisme par rapport à la doctrine des néoconservateurs.
01:22Même chose avec Steve Bannon, qui est un appui considérable de Donald Trump depuis longtemps,
01:27avec Tulsi Gabbard, qui est une femme de son administration très directement,
01:32qui a rappelé la même chose et il répond, je ne tiens pas compte de ce qu'elle dit.
01:35Vous voyez que c'est relativement hostile comme commentaire public.
01:38et toutes ces personnes avaient comme point commun avec Emmanuel Macron
01:42de prévenir publiquement du danger possible d'un retour d'une doctrine de changement de régime
01:49telle que nous l'a exposé Mathieu.
01:52Alors, cette pique très acide à l'égard d'Emmanuel Macron
01:55cache une ligne assez peu lisible de Donald Trump
01:58qui s'explique par de grosses pressions aux États-Unis en politique interne
02:02par rapport au positionnement de Donald Trump, justement, sur le terrain diplomatique.
02:07Il a été élu et réélu avec une ligne qu'il a martelée des dizaines et des dizaines de fois
02:12qui est celle de l'isolationnisme
02:15et qui est rappelée ces jours-ci par ceux précisément qu'il tacle.
02:20Je vous lis un tweet de Donald Trump lui-même en 2019.
02:24Les États-Unis ont dépensé 8 trillions de dollars en se battant et en régissant le Moyen-Orient.
02:28Des centaines de nos grands soldats sont morts, ont été sévèrement blessés.
02:32Des millions de gens sont morts de l'autre côté.
02:34Aller au Moyen-Orient est la pire décision que nous ayons prise, fermer les guillemets.
02:38C'est ce qui lui valait notamment le nom de président de la paix au sein de son mouvement MAGA.
02:44Et en attaquant ceux qui lui rappellent, on va dire, cette ligne-là, il semble se dédire.
02:50Et il est particulièrement agacé. Pourquoi ?
02:53Parce que c'est exactement comme sur le sujet ukrainien.
02:55Vous savez, en 24 heures, je vais régler le conflit ukrainien.
02:57Il y a une réalité qui s'impose de manière un peu plus complexe à Donald Trump ces derniers temps
03:01et qui doit probablement beaucoup l'agacer.
03:04Il ne voulait pas, sur le dossier Israël-Iran, il ne voulait pas de bombardement qu'il a finalement autorisé.
03:10Il reste relativement en retrait tout en soutenant Israël.
03:14Il explique désormais qu'il veut une fin réelle du conflit et qu'il ne se satisfera pas d'un cessez-le-feu.
03:18Donc il veut plus finalement que ce que disait Emmanuel Macron.
03:21tout en réclamant une évacuation rapide de Téhéran.
03:24Et on a appris, et il l'a confirmé, qu'il a dissuadé Israël d'éliminer le guide suprême iranien.
03:30Donc Ramenei dont vient de nous parler marque.
03:34Et ce veto était donc le signe, dès le premier jour, d'une divergence entre les deux alliés sur le but de la guerre.
03:40Les fameux deux buts de la guerre qu'expliquait Mathieu.
03:42Il y avait une divergence dès le départ entre les Etats-Unis et Israël sur le deuxième but de guerre,
03:47à savoir le changement de régime.
03:49L'information d'ailleurs avait été confirmée aux Etats-Unis et infirmée en Israël sur l'élimination de Ramenei.
03:55Donc derrière cet affrontement volontairement humiliant avec Emmanuel Macron.
03:59Emmanuel Macron est vu par Donald Trump.
04:01Il ne peut pas s'attaquer aussi frontalement, notamment avec Israël, même à l'intérieur des Etats-Unis.
04:08Emmanuel Macron, comme l'Europe tout entière, est vu comme un peu faible.
04:11C'est facile de s'en prendre à lui.
04:14Et ça probablement décharge une crispation que Donald Trump a sur un dossier.
04:19qui est compliqué à gérer.
04:21Et ça interroge surtout sur le comportement à venir des Américains dans cette guerre en particulier.
04:26Mais pourquoi cette réticence aujourd'hui ?
04:28Donald Trump n'avait-il pas menacé l'Iran du pire il y a quelques temps ?
04:33En effet, vous savez, il y avait eu un complot iranien qui avait été évoqué contre Donald Trump lui-même.
04:38Même Biden avait mis en place une protection particulière pour le candidat Trump à l'époque.
04:42Benjamin Netanyahoul a mentionné ce complot iranien ces derniers jours parce que Trump avait promis les flammes de l'enfer à l'Iran s'il lui arrivait la moindre chose à l'époque.
04:52Mais on le sait désormais entre ce que dit Donald Trump et ce qu'il dit aussi.
04:56Et pour que ce soit reçu, on va dire, dans sa relation internationale et ce qu'il fait, il peut y avoir un monde.
05:02D'où l'interrogation du comportement américain.
05:05Là, dans les heures qui arrivent, personne ne sait trop quel va être exactement le comportement de Donald Trump.
05:10Parce que Trump a été élu, notamment en raison de son plan de paix pour le Moyen-Orient, qu'il décrivait encore le mois dernier à Riyad.
05:19Donc c'est extrêmement important pour une partie de sa base militante.
05:23Et on le voit ces derniers jours.
05:24Encore une fois, il soutient Israël sans s'engager très clairement dans le conflit.
05:28tout en continuant à évoquer la possibilité d'une négociation qui ne peut se faire dans l'état actuel des choses sans Rameney.
05:36Donc on comprend que l'équation est un petit peu compliquée et il y a un risque intérieur pour Donald Trump.
05:41Il est accusé aujourd'hui de toutes parts aux Etats-Unis.
05:44Un, par les faucons qui veulent l'usage de la force à l'égard de l'Iran depuis des années et des années.
05:49Et de l'autre côté, par les isolationnistes à base Maga qui l'accusent de trahir le America First en imaginant s'engager dans le conflit.
06:00Donc il y a un vrai défi de politique intérieure pour lui et les pressions sont actuellement extrêmement fortes.
06:04Et d'ailleurs on a vu J.D. Evans sortir en effet sur ce dossier en expliquant qu'il y a un problème avec le nucléaire iranien.
06:10Mais que les Américains se rassurent, Donald Trump a été élu sur cette promesse de l'isolationnisme.
06:20Donc on comprend que même J.D. Evans essaye de ménager les deux buts de guerre en les séparant et en les distinguant très clairement.
06:28Mais pourquoi est-ce qu'il existe cette réticence américaine à la volonté de changer de régime que sont désormais pourtant défendre même les Israéliens ?
06:38Mathieu a répondu parfaitement à cette question.
06:42En effet par sa chronique, les résultats récents de la politique américaine, en particulier dans la région, ont été objectivement catastrophiques.
06:49D'abord des milliers, et c'est ce que disait Trump lui-même, des milliers d'Américains sont morts là-bas.
06:55Et beaucoup d'Américains ne veulent plus continuer à mourir loin de leur pays pour des résultats qui sont très loin du but escompté.
07:03La paix n'a clairement pas été le résultat de ces guerres et parce que les mollahs ne sont pas le seul risque de la région.
07:11Il y a un risque de désintégration évidemment du pays, ce qu'on a vu par exemple en Irak et ce qui menace, ce qui inquiète on va dire la Syrie.
07:18Celui de la vengeance islamiste sunnite, vous savez cette guerre entre chiites et sunnites qui existe évidemment.
07:24Celui de l'impréparation politique, qu'évoquait également Mathieu, celui de la désintégration ethnique en effet en Iran.
07:31L'Iran est un pays relativement homogène religieusement, donc ce sera compliqué sur ce terrain-là, mais très hétérogène ethniquement.
07:41Et celui aussi potentiellement du rejet de l'initiative occidentale en effet.
07:45Parce que, évidemment, la question c'est, est-ce que ce régime et ses ambitions nucléaires peuvent être éliminées depuis le ciel ?
07:52Ou faudra-t-il des troupes au sol ?
07:55Et Trump enverra-t-il des troupes américaines ?
07:57Ou enverra-t-il ses proxys à lui dans la région ?
08:01Donc qui interviendra demain en Iran pour la chute de ce régime ?
08:05Ça pose évidemment énormément de questions.
08:08Il faut bien comprendre que dans la critique de la doctrine du changement de régime, il n'y a pas le soutien au régime pour ce qu'il est.
08:15Il y a la crainte en effet du pire derrière le régime et devant l'impréparation évidemment politique.
08:21Je pense que quand la France et tout le monde s'enorgueillait en France aujourd'hui de ne pas être allé en Irak en 2003,
08:26je ne pense pas que c'était par admiration ou par amour sans frontières pour Saddam Hussein.

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