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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie nationale ?
00:20Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Je suis un honnête citoyen et je paie mes impôts, dis-je avec raideur.
01:05Alors quand vous aurez fini de mettre à sac ma propriété, j'exige que tout soit remis exactement dans l'état où vous l'avez trouvé.
01:12Ne vous inquiétez pas, M. Warren, dit l'inspecteur Littleton.
01:17Tout sera remis en place que nous trouvions quelque chose ou non.
01:22Bien entendu, il fait allusion au corps de ma femme.
01:28Seulement, jusqu'ici, il n'a strictement rien trouvé.
01:33Pourtant, Dieu sait qu'il se donne du mal, le petit inspecteur Littleton.
01:39Ces hommes ont pratiquement défoncé tout mon jardin.
01:42La pelouse de devant ressemble à un champ labouré et ils ont l'air bien partis pour démonter ma maison morceau par morceau.
01:49« Tiens, ne les voilà-t-il pas qui transportent un marteau-piqueur au sous-sol ? »
01:56Littleton, lui, est tranquillement installé à la cuisine avec moi et sirode son café l'air parfaitement sûr de lui.
02:06La surface totale des États-Unis est de 9 347 679 km², dit-il.
02:19Elle comprend des montagnes et des plaines, des villes et des terres de culture, des déserts et des cours d'eau.
02:28Et pourtant, pourtant, quand un homme tue sa femme, il choisit systématiquement de l'enterrer dans les confins de sa propriété.
02:41« C'est sûrement l'endroit le plus sûr, me dis-je.
02:45Si on enterre sa femme dans les bois, il y a toujours un boy scout pour faire un trou là où il ne faut pas et découvrir ce qu'il ne faut pas découvrir. »
02:54« Quelle est exactement la superficie de votre terrain ? »
02:58Demande Littleton avec un sourire à peine narquois.
03:02« Dix-huit mètres sur quarante-cinq.
03:05Vous rendez-vous compte, inspecteur, que j'ai travaillé pendant des années pour avoir ce terreau dans mon jardin ?
03:11Vos hommes ont retourné la terre jusqu'au sous-sol et maintenant je vois des traces d'argile jaune partout. »
03:18« Hein, oui, monsieur Warren, mais voyez-vous, j'ai bien peur que vous ayez d'autres sources d'ennui que la couche arable de votre jardin. »
03:30De la fenêtre de la cuisine, je vois tout ce qui se passe dans la cour de derrière.
03:35Sidérant, mais positivement sidérant.
03:39« Sous la surveillance de la police, une demi-douzaine de manœuvres municipaux sont en train de creuser des tranchées. »
03:49Littleton aussi observe la scène.
03:51« Nous sommes très méticuleux, monsieur Warren.
03:56Nous analyserons la suite de votre cheminée et nous passerons au tamis les cendres de votre chaudière. »
04:03« J'ai le chauffage au mazout, dis-je, en me versant une nouvelle tasse de thé. Et je n'ai pas tué ma femme, inspecteur. En fait, je n'ai aucune idée de l'endroit où elle se trouve. »
04:15« Hein ? Alors, comment expliquez-vous son absence ? »
04:19« Mais je ne me l'explique pas, inspecteur. Émilie s'est contentée de faire sa valise pendant la nuit et de me quitter. »
04:25« Évidemment, évidemment, fait Littleton. Mais votre femme était assurée pour 200 000 dollars, non ? Hein ? Et vous en êtes le bénéficiaire. »
04:38« C'est exact, inspecteur. »
04:41Cette assurance a certes été un facteur important dans ma décision.
04:45Mais ce n'était pas là mon véritable mobile. En fait, je me suis débarrassé d'Émilie parce que je ne pouvais tout simplement plus la supporter.
04:54Je ne prétendrai pas que, lorsque je l'ai épousée, j'étais la proie d'une passion dévorante, non, loin de là.
05:03Mais pour un homme comme moi, qui considère que le mariage doit être un arrangement commun et non une idylle romantique,
05:13Émilie était la candidate idéale.
05:16Ni jolie, ni laide, elle était quelconque, silencieuse, timorée.
05:24Mais il est quand même stupéfiant de voir comment, une fois établie dans la sécurité du mariage,
05:32la femme la plus quelconque, silencieuse, timorée, peut se transformer en mégère.
05:41Enfin, elle aurait pu au moins se montrer reconnaissante.
05:45« Comment vous entendiez-vous avec votre femme ? » demande soudain Littleton.
05:52« Bon, vous savez, inspecteur, nous n'étions pas toujours d'accord, mais enfin, n'est-ce pas là le cas de tous les couples ? »
06:01« Possible, monsieur Warren, mais selon vos voisins, les querelles entre votre femme et vous étaient quasi incessantes. »
06:10« Par voisin, il fait certainement allusion à Fred et Wilma Tréber. »
06:16« Notre propriété étant un terrain d'angle, leur maison est la seule à toucher la nôtre. »
06:22« La voix d'Émilie portait-elle aussi loin ? »
06:25« Possible, après tout. »
06:28« Car plus ma femme prenait de volume, plus le volume de sa voix augmentait. »
06:36« En tout cas, s'obstine Littleton, vous vous êtes disputé la nuit de la disparition de votre femme. »
06:43« Fred Tréber affirme avoir entendu un hurlement sinistre en promenance de votre maison. »
06:50« Sinistre ? »
06:52« Ben oui, c'est le mot qu'il a employé, monsieur Warren. »
06:56« Et la même nuit, vers deux heures du matin, il a entendu un bruit émanant de votre cour. »
07:02« Alors, il est allé à sa fenêtre, et là, dans le clair de lune, il vous a vu creuser dans votre jardin. »
07:11« Et il a réveillé sa femme. »
07:14« Les misérables espions, dis-je entre mes dents. »
07:20« C'est donc comme ça que vous avez su. »
07:23« Mais pourquoi vous êtes-vous servi d'une si grande boîte ? »
07:29« C'est la seule que j'ai pu trouver, voyez-vous, inspecteur, bien qu'elle soit loin d'avoir les dimensions d'un cercueil. »
07:38« Oui, c'est possible, voyez-vous. »
07:40« Mais quand Fred Tréber et sa femme ont parlé de ça le lendemain matin, ça leur a donné à réfléchir à tous les deux, voyez. »
07:48« Et quand vous leur avez annoncé que votre femme était partie en voyage sans dire quand elle reviendrait, ils ont fini par conclure que vous aviez, comment dire, réduit le corps de votre femme à des dimensions plus modestes pour l'enterrer plus facilement, voyez. »
08:10« Très intéressant, inspecteur, très intéressant. Mais qu'avez-vous trouvé, au juste ? »
08:16« Littleton a pour la première fois un air très embarrassé. »
08:21« Hein ? Ben, nous avons trouvé un chat mort. Seulement, au début, vous avez nié avoir enterré quoi que ce soit et c'était le chat de votre femme. »
08:33« La pauvre maître a eu de toute évidence le crâne fracassé. Peut-être l'avez-vous tué parce que sa présence vous rappelait votre femme ? »
08:42« Ou parce que le chat vous avait vu vous débarrasser du corps de votre femme et qu'il aurait bien pu nous conduire. »
08:50« Je lui souris avec un rien de commissération. »
08:55« Oh, voyons, inspecteur, voyons. »
08:58« Tout de même, vous savez, fait-il en rougissant, il est arrivé que des animaux creusent à l'emplacement où leur maître a été enterré. »
09:10« Hein ? Oui, je sais. Généralement, c'est plutôt les chiens. C'est vrai, je le reconnais. »
09:16« Enfin, pourquoi pas un chat ? »
09:20« Effectivement, pourquoi pas un chat ? »
09:24« Mais Littleton, apparemment convaincu du ridicule de son hypothèse, change de sujet. »
09:31« Quand on nous avertit de la disparition de quelqu'un, M. Warren,
09:35nous avons pour habitude d'envoyer des messages par l'intermédiaire du bureau des personnes disparues. »
09:43« Et puis nous attendons. »
09:46« Presque automatiquement, au bout d'une semaine, deux maximum, la personne disparue rentre chez elle, la plupart du temps quand elle se trouve à cour d'argent, vous voyez. »
09:57« Oui, mais dans ce cas, inspecteur, pourquoi n'avoir pas fait la même chose pour Émilie ? Je suis sûr qu'elle rentrera d'ici quelques jours. »
10:03« Pour autant que je sache, elle n'avait sur elle que quelques centaines de dollars. »
10:09« Et dépensière comme elle est, elle devrait bientôt se retrouver à bout de ressources. »
10:16« Voyez-vous, M. Warren, quand nous avons comme élément en présence une femme qui disparaît, une personne qui entend des hurlements
10:26et deux témoins d'un enterrement mystérieux au clair de lune dans un jardin, nous reconnaissons tous les symptômes d'un crime. »
10:37« Voyez, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre. »
10:42« Moi non plus. »
10:44« Après tout, le corps d'Émilie ne se conservera pas indéfiniment. »
10:49« C'est pour ça que j'ai tué le chat et que je me suis arrangé pour me faire voir en train d'enterrer la boîte. »
10:55« Mais je réplique néanmoins d'un ton acide. »
10:59« Et c'est sur la base de tels symptômes, comme vous dites, que vous saisissez aussitôt vos bêches pour dévaster la propriété d'un honnête citoyen. »
11:09« Je vous préviens que je porterai plainte si chaque pierre, chaque brindillet, chaque morceau de terreau n'est pas replacé exactement là où il se trouvait. »
11:19« Et puis, poursuivez Littleton sans se troubler le moins du monde, et puis il y a une tache de sang sur la moquette de votre salon. »
11:31« Inspecteur, je vous assure qu'il s'agit de mon propre sang. J'ai accidentellement cassé un verre et je me suis blessé à la main. »
11:39« C'est une coupure en train de se cicatriser, mais il ne paraît pas du tout impressionné. »
11:45« Une couverture, pour justifier cette tache de sang, dit-il. D'ailleurs, cette blessure, vous vous l'êtes faite volontairement. »
11:57« Bien entendu, il a raison. Il me fallait cette tache sur la moquette, au cas où les autres éléments n'auraient pas suffi à convaincre la police d'effectuer des fouilles. »
12:11« Il se donne bien du mal pour brouiller les pistes, ce cher M. Warren. »
12:17« Mais comme l'inspecteur Littleton est toujours persuadé qu'il y a eu crime, la partie est loin d'être gagnée. »
12:26« Et vous vous en rendrez d'ailleurs compte dans quelques instants. »
12:33Albert Warren a assassiné sa femme, dissimulé le corps et veut faire croire à une disparition volontaire.
12:46Mais son voisin, Fred Treber, et sa femme, Wilma, l'ont vu creuser dans son jardin la nuit de la soi-disant disparition.
12:55Bien évidemment, ils préviennent la police qui, bien évidemment, fouille toute la propriété, retourne le jardin et ventre la cave.
13:06Mais toujours aucune trace de cadavre.
13:11C'est à ce moment-là que j'aperçois Fred Treber, accoudé à la barrière qui sépare nos deux terrains,
13:19en train d'observer les hommes de Littleton qui continuent à tout saccager.
13:25Fred est un petit homme, plutôt chétif, au regard de chiens battus.
13:33Je ne sais pas s'il a toujours eu cet air-là ou si c'est une conséquence de son mariage.
13:38Il faut dire que sa femme Wilma, dans le genre mégère hystérique et volumineuse, n'a rien à envier à Émilie.
13:47Mais Fred est un partenaire tout à fait convenable aux échecs et il a tendance à m'admirer parce que je possède une certaine fermeté qui lui fait défaut.
14:01Je me lève et annonce à Littleton « Je vais aller dire deux mots à ce type-là ! »
14:07Littleton me suit dehors et nous nous frions difficilement un chemin entre les monticules de terre.
14:14J'apostrophe Treber sans ménagement.
14:15« Dites-donc, c'est ça que vous appelez vous montrer un bon voisin ?
14:19Vous avez vu à quoi ont abouti vos commérages ?
14:22Ah, joli travail, Fred, joli travail ! »
14:25« Écoutez, Albert ! »
14:27Dit Fred d'une petite voix craintive.
14:29« Je ne voulais pas vous faire de tort.
14:31D'ailleurs, je suis sûr que vous n'êtes pas coupable, mais vous connaissez Wilma et son imagination. »
14:37« En tout cas, plus de partie d'échec entre nous à l'avenir ! »
14:40Dit-je en le foudroyant du regard.
14:43Et je me tourne à nouveau vers Littleton.
14:46« Pourquoi êtes-vous tellement sûr que je me suis débarrassé de ma femme ici ? »
14:52« À cause de votre voiture, M. Warren.
14:55Vous l'avez conduite à la station-service de Meuray Street vendredi après-midi à 17h30.
15:02Vous l'avez faite graisser, vidanger.
15:04L'employé a collé l'étiquette habituelle sur le pare-brise.
15:06Et cette étiquette porte la date de l'intervention ainsi qu'un kilométrage.
15:12Et depuis ce moment-là, votre compteur n'a enregistré en tout et pour tout que 1200 mètres.
15:19C'est-à-dire la distance exacte qui sépare le garage de votre maison.
15:25« Comme vous ne travaillez pas le samedi et qu'aujourd'hui nous sommes dimanche,
15:31votre voiture n'a pas bougé d'ici depuis vendredi. »
15:36J'avoue que j'espérais bien que la police remarquerait cette étiquette.
15:40« Sinon, il m'aurait fallu attirer son attention dessus d'une manière ou d'une autre.
15:46Et comme le terrain vague le plus proche est à trois kilomètres,
15:51personne n'allait supposer que j'aurais pu transporter sur mon dos les 85 kilos d'Emily. »
16:00Littleton et moi retournant à la maison.
16:02Je prépare du café frais, davantage pour tuer le temps que parce que j'en avais envie.
16:08L'après-midi s'écoule lentement et Littleton, à mesure que ses hommes viennent au rapport,
16:14perd peu à peu de son assurance.
16:16Le soleil finit par se coucher et à 18h30, le marteau-piqueur se tait enfin au sous-sol.
16:26Un certain sergent Chilton entre dans la cuisine l'air harassé
16:31et le bas du pantalon maculé d'argile.
16:35« Rien en bas, inspecteur, absolument rien ! »
16:40Littleton serre les dents sur le bout de cigare qu'il mâchouille depuis une heure.
16:46« Vous en êtes certain ? Vous avez vraiment fouillé partout ? »
16:53« Ah, je serais prêt à parier ma vie là-dessus ! » répond Chilton.
16:57« S'il y avait un corps dans le coin, nous l'aurions découvert,
17:00et les hommes qui travaillent dehors ont fini eux aussi. »
17:04« Je sais que vous avez tué votre femme ! »
17:07dit Littleton en me jetant un regard furibond.
17:10« Je le sens ! »
17:16Il y a toujours quelque chose de pitoyable à voir un homme plutôt intelligent
17:20faire appel à son intuition.
17:24Toutefois, dans ce cas précis, Littleton a tout à fait raison.
17:30Un agent entre dans la cuisine par la porte de derrière.
17:34« Inspecteur ! » dit-il tout essoufflé.
17:36« Je viens de parler à ce type-là, Trevor, vous savez le voisin ? »
17:40« Oui, et alors ? » demande Littleton.
17:42« Eh bien, il dit que ce monsieur Warren possède un cottage près d'un lac dans le comté de Byron. »
17:48« Alors là ? »
17:49Là, je m'enclachais ma tasse de café et mon visage a sûrement dû changer de couleur.
17:54Mais Littleton ne s'aperçoit de rien.
17:57Il se lève d'un bond, se frotte les mains et se met à rien.
18:00« Ah ! Nous y voilà ! »
18:02« Qu'est-ce que je vous disais, hein ? »
18:04« Ils les enterrent toujours, toujours dans leur propriété. »
18:08« Chilton, va chercher les projecteurs et dis à tout le monde de plier bagage. »
18:12Il se tourne vers moi avec un grand sourire.
18:14« Alors, monsieur Warren ? »
18:18« Où se trouve-t-elle cette petite retraite ? »
18:21« Écoutez, inspecteur, je refuse absolument de vous le dire. »
18:25« Et je vous interdis, vous m'entendez ? »
18:27« Je vous interdis de toucher à un seul mètre carré de ce terrain. »
18:30« J'ai dépensé 5000 dollars pour améliorer cette propriété depuis que je l'ai achetée. »
18:34« Et il est hors de question que vous et vos vandales la mettiez à sac ! »
18:38« Dites plutôt que vous avez l'intention d'aller là-bas cette nuit pour déterrer le corps de votre femme et l'enterrer ailleurs. »
18:45« Allez, monsieur Warren, ne nous compliquez pas les choses. »
18:49« Il nous suffirait deux coups de téléphone pour localiser votre cottage. »
18:55« Oui, évidemment, il a raison. »
18:57« Alors, la mort dans l'âme, je lui donne l'adresse. »
19:02« Il ne m'écoute même pas le menacer du pire s'il reproduit là-bas le chantier qu'il a fait ici. »
19:12Après le départ de Littleton et de sa horde sauvage,
19:15je me laisse tomber dans un fauteuil du salon après m'être servi un whisky bien tassé.
19:23Quelle déveine !
19:25Mon Dieu, non, mais quel sacré déveine !
19:29Il est presque minuit quand on frappe légèrement à la porte de derrière.
19:36Je me lève pour aller ouvrir.
19:39C'est frais de très bas, l'air tout penaud.
19:42« Je suis désolé, Albert, je suis vraiment désolé. »
19:46« Oh, nom du ciel, Fred ! Mais qu'est-ce qui t'a pris d'aller leur parler de mon cottage, hein ? Qu'est-ce qui t'a pris ? »
19:53« Oui, je sais, Albert, c'est tellement idiot. »
19:56« Je bavardais avec le sergent et ça m'a échappé, si tu savais comme je m'en veux. »
20:01« J'ai du mal à contrôler ma fureur, mais est-ce que tu te rends compte, imbécile, qu'ils vont tous saccager ? »
20:07« Quand je pense au mal que je me suis donné pour avoir enfin une belle pelouse ! »
20:13J'aurais pu continuer à fulminer pendant des heures, mais je finis tout de même par me ressaisir et à demander à Fred.
20:21« Au fait, Fred, ta femme est endormie ? »
20:25« Oui, oui, oui, elle dort toujours d'une traite. Elle ne se réveillera pas avant demain matin. »
20:31« J'enfile mon manteau et nous allons à côté dans le sous-sol de Fred. »
20:36« Le corps d'Émilie est étendu dans un endroit frais, sous quelques toiles. Cette cachette temporaire était idéale. »
20:44« Willman ne descend au sous-sol que les jours de lessive. »
20:47« Fred et moi ramenons Émilie à la maison et la descendons dans ma cave. »
20:52« L'endroit a l'air d'un vrai champ de bataille. Nous laissons tomber Émilie dans un des trous les plus profonds et la recouvrons de cinquante centimètres d'argile et de terre. »
21:04Fred a l'air un peu inquiet.
21:07« T'es sûr qu'ils ne vont pas la découvrir ? »
21:09« Évidemment, voyons. Il n'y a pas de meilleure cachette qu'un endroit déjà fouillé. »
21:15« Demain, l'équipe va revenir, les trous seront comblés et le sol refait. »
21:20Nous remontons ensuite à la cuisine où je nous serre un whisky bien mérité.
21:26« Albert, faut-il vraiment que j'attende toute une année ? »
21:34me demande Fred plaintivement.
21:37« Absolument, Fred. Nous ne pouvons pas nous permettre d'éveiller des soupçons. »
21:44« Dans un an environ, tu pourras assassiner ta femme et je la garderai dans mon sous-sol jusqu'à ce qu'ils aient fini de fouiller ton terrain. »
21:55« Quand même, ça fait longtemps à attendre avec Wilma, soupire Fred. »
22:00« Mais nous avons joué à pile ou face, sans tricher, et c'est toi qui as gagné. »
22:08Il boit une gorgée de son whisky et me regarde d'un air un peu hésitant.
22:14« Dis, tu ne parlais pas sérieusement, Albert. »
22:19« Quand ça ? »
22:20« Pas quand tu as dit que tu ne jourais plus aux échecs avec moi. »
22:25« En pensant à ce que la police devait être en train de faire de mon cottage, de mes massifs d'hortensia et de ma superbe pelouse, j'avoue que je suis bien tenté de lui dire que si, si, je parlais tout à fait sérieusement. »
22:41« Mais le pauvre a l'air si malheureux et si repentant que je soupire avec indulgence et pose une main sur son épaule. »
22:51« Non, Fred, ça ira pour cette fois. »
22:56Et aussitôt, son visage s'illumine.
22:59« Je cours chercher les chiquiers ! »
23:03Vous venez d'écouter Au cœur du crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
23:15Réalisation, Julien Tarot.
23:17Production, Romy Azoulay.
23:20Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova et Antoine Reclus.
23:24Promotion Marie Corpé.
23:27Au cœur du crime et disponible sur le site et l'appli Europe 1.
23:31Écoutez aussi l'épisode suivant en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute.
23:36Sous-titrage Société Radio-Canada