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  • 15/06/2025
Communiquer, voir, entendre, cibler, renseigner, naviguer, frapper un objectif : les militaires emploient quotidiennement le spatial pour conduire leurs missions sur terre, en mer ou dans les airs. L'espace est en appui de toutes les opérations depuis le niveau stratégique jusqu'au niveau tactique. Comment les satellites ont-ils changé la vie des combattants ? De quelle manière sont-ils utilisés et par qui ? Dans ce numéro du Journal de la Défense, nous vous expliquerons comment les données spatiales ont été déterminantes dans la conduite de plusieurs missions d'envergure, de la Syrie au Soudan.

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Transcription
00:00Pour communiquer, se localiser, connaître la météo du lendemain, sans que l'on s'en rende compte,
00:18l'utilisation du spatial dans notre quotidien est devenue permanente.
00:22Pour les opérations militaires, le constat est identique.
00:26Comment les satellites ont-ils changé la vie des combattants ?
00:30De quelle manière sont-ils utilisés et par qui ?
00:33Dans ce numéro du journal de la Défense, nous avons mené une enquête inédite.
00:37De Creil à Toulouse, nous avons rencontré ceux pour qui l'espace n'est plus une odyssée, mais bien une réalité.
00:54Ces images font régulièrement la une des JT depuis le début du conflit russo-ukrainien.
00:59Après avoir provoqué stupéfaction et chaos, cette guerre a également marqué une rupture dans l'utilisation de l'espace à des fins militaires.
01:07Le conflit ukrainien n'est pas le premier théâtre spatial, mais c'est une des premières démonstrations de l'importance des satellites dans les opérations spatiales.
01:20Ce qui est intéressant sur le démarrage du conflit, c'est de poser le constat que l'un des premiers domaines qui a été attaqué, c'est le domaine espace.
01:28Il a donc été considéré comme un domaine qui donnait un avantage suffisamment signatif pour être attaqué en premier comme un préalable à une attaque dans les autres domaines qui ont suivi.
01:36Ce qui est vrai en Ukraine, l'est aussi pour les armées françaises.
01:40Aujourd'hui, plus une seule opération n'est conduite sans la contribution du domaine spatial.
01:44On va avoir tout ce qui est renseignements ou informations, ça veut dire les prises d'images qui vont permettre une meilleure connaissance de l'environnement ou du ciblage.
01:55On va avoir l'écoute électromagnétique qui permet d'avoir également une compréhension des émissions adverses et donc de l'ordre de bataille.
02:03Où sont placés les sites d'intérêt pour nous, émissifs électromagnétiques ?
02:07On va avoir également bien sûr le besoin de communication transhorizon, ça veut dire la capacité à délivrer l'information ou les ordres aux forces et donc ça, ça va passer par des communications satellitaires.
02:16Et on va avoir également au titre d'ISR, la SATCOM et bien sûr le positionnement, ce qu'on appelle le GNSS, c'est l'information précise de positionnement des forces.
02:26C'est l'ensemble de ces informations que les satellites vont permettre d'exploiter pleinement.
02:31La dimension spatiale est intégrée dans tous les milieux, en mer récemment, pour la mission Clémenceau 25.
02:46Pendant plusieurs mois, la France a déployé son groupe aéronaval aux côtés de ses alliés et partenaires stratégiques en Méditerranée et en Indo-Pacifique.
02:55Cet outil militaire, composé principalement du porte-avions Charles de Gaulle, de trois frégates, d'un bâtiment ravitailleur et d'un sous-marin nucléaire d'attaque,
03:04a pu bénéficier de l'appui d'un officier de liaison du commandement de l'espace.
03:09C'était une demande de la Marine nationale d'avoir un officier de liaison du commandement de l'espace à bord,
03:13notamment pour répondre aux besoins de l'état-major embarqué du groupe aéronaval,
03:18mais plus spécifiquement du centre de renseignement de la force navale et des officiers de renseignement du porte-avions Charles de Gaulle.
03:25Un renfort utile pour plusieurs raisons.
03:28La première, c'est qu'il y a à bord du groupe aéronaval français une manœuvre espace qui est menée quasiment chaque année et depuis maintenant au moins cinq ans.
03:37Et cette manœuvre espace, elle prend du temps à être préparée, mais ensuite à être conduite sur le théâtre d'opération.
03:42Et pour pouvoir la conduire, malheureusement, c'est trop compliqué de donner cette charge de travail à quelqu'un qui fait autre chose à bord.
03:49Donc il fallait un officier essentiellement et entièrement dédié au domaine spatial pour la conduire.
03:55Et c'est pour ça qu'on a un officier de liaison du commandement de l'espace à bord.
03:58La deuxième raison, c'est pour renforcer les liens entre la Marine nationale et le commandement de l'espace.
04:04Et ça, c'est essentiel parce que ça va nous permettre d'obtenir une acculturation croisée entre les deux milieux.
04:09La Marine nationale est ce que l'on peut appeler une armée spacieux connectée, et ce depuis plusieurs siècles.
04:18C'est l'une des premières à avoir utilisé l'espace au travers de la navigation astronomique.
04:22Elle a également bénéficié très tôt de l'appui des satellites.
04:26Un navire de la Marine nationale, aujourd'hui, lorsqu'il mène une opération à la mer,
04:31il a besoin, dans un premier temps, de se positionner précisément sur le plan d'eau.
04:34Donc pour ça, il va faire appel à ces constellations de positionnement GNSS.
04:38Ensuite, ces instruments-bord et ces systèmes, ils vont avoir besoin d'être synchronisés sur le même temps universel.
04:44Donc cette information provient toujours des constellations GNSS.
04:47Puis, il va avoir besoin de pouvoir communiquer régulièrement avec ses états-majorataires
04:52pour recevoir des ordres ou renvoyer des comptes-rendus.
04:54Et la majorité de ces communications, aujourd'hui, passent par nos satellites de communication,
04:59qu'ils soient patrimoniaux ou commerciaux.
05:00Et enfin, il a besoin aussi d'obtenir du renseignement sur son théâtre d'opération
05:06pour pouvoir mieux comprendre son adversaire et mieux connaître et maîtriser son théâtre.
05:11Et ça aussi, c'est une information qui lui est délivrée par les satellites de renseignement, d'observation et d'écoute.
05:16Avec les données de surveillance de l'espace qui sont issues du commandement de l'espace,
05:21on a la capacité de simuler et de représenter l'ensemble des satellites de nos compétiteurs
05:26sur une zone géographique du globe.
05:29Et notamment, lors du passage du GAN sur certaines zones,
05:33je représentais le survol de certains des satellites.
05:37Et ce qui permet à la fois de masquer ou de montrer certaines de nos capacités à un moment donné.
05:44On a utilisé l'ensemble des capteurs nationaux.
05:47On a également fait appel à des contrats commerciaux,
05:50et notamment à une société civile qui permet d'étoffer notre catalogue de produits,
05:55et notamment pour compléter notre besoin en imagerie radar.
05:59On a également fait appel à une société civile issue du New Space,
06:03qui nous permettait d'obtenir et de tester de nouveaux produits
06:06issus du renseignement d'origine électromagnétique.
06:10Pour examiner et écouter la Terre depuis l'espace à des fins militaires,
06:14le commandement de l'espace dispose d'une unité spécifique installée à Creil,
06:19le Centre Militaire d'Observation par Satellite.
06:22Aujourd'hui, le CEMOS supervise une douzaine de satellites,
06:26parmi lesquels CRES, pour les produits d'écoute,
06:28mais aussi CSO, Composantes Spatial Optique, pour les produits imageries.
06:32Nous avons récemment lancé le troisième satellite de la constellation CSO,
06:36qui nous permet d'obtenir, avec évidemment l'ensemble des autres satellites,
06:41à peu près 1000 images par jour,
06:44des fins de renseignement, de ciblage, d'appui aux opérations,
06:47mais aussi de cartographie.
06:49Et tout cela, selon un processus bien rodé.
06:53Le CEMOS a ce qu'on appelle le contrôle opérationnel du véhicule,
06:57c'est-à-dire du satellite.
06:58Cela signifie que le CDE, le commandement de l'espace,
07:01a la responsabilité de la trajectoire de ce satellite.
07:05Dans le même temps, la DRM, la Direction du Renseignement Militaire,
07:08a la responsabilité de la charge utile,
07:10à savoir les capteurs optiques qui sont à bord de ce satellite.
07:14Cela signifie que le CEMOS, de son côté, va recueillir les besoins des utilisateurs,
07:19et de l'autre, la DRM va d'abord prioriser ses besoins,
07:21en fonction des urgences, et d'un autre côté, va également les hiérarchiser,
07:26c'est-à-dire en fonction des capacités techniques du satellite,
07:29faire en sorte que le maximum d'utilisateurs soit satisfait.
07:32Le CNC, Centre National de Ciblage, unité voisine du CEMOS,
07:37fait justement partie de ces utilisateurs plutôt discrets.
07:41La Direction du Renseignement Militaire, c'est notre premier fournisseur.
07:43Sans renseignement, on ne fait pas de ciblage.
07:45Donc ça passe par des études qui compilent du renseignement
07:48de manière à déterminer des cibles, identifier des cibles,
07:52produire des dossiers renseignements à fin de ciblage sur ces cibles
07:55pour expliquer pourquoi elles sont utiles et légitimes.
07:57Une partition bien huilée qui a été appliquée en avril 2018.
08:07Dans la nuit du 13 au 14, Washington, Londres et Paris lancent à Milton,
08:12une opération sous commandement français qui a pour objectif
08:15de détruire le stock d'armes chimiques de Bachar el-Assad en Syrie.
08:21Pour faire ce ciblage, nous, ce qu'il nous faut, c'est de la donnée spatiale.
08:24C'est de l'imagerie satellitaire, essentiellement,
08:27qu'elle soit optique ou thermique,
08:29qui nous aide à mieux comprendre comment fonctionne un site.
08:31Toutes ces données qui ont été générées par les capteurs spatiaux,
08:34nous, on les a intégrées dans ce qu'on appelle le dossier l'objectif.
08:36Le dossier l'objectif, c'est les vues de la cible.
08:37C'est des coordonnées qui correspondent à des points d'explosion
08:40qu'on a choisi de mettre dedans.
08:42C'est des réglages de munitions en fonction de la dureté de l'objectif.
08:45Est-ce qu'il va falloir détonner en surface ou pénétrer dans la structure, j'ai envie de dire ?
08:49C'est beaucoup d'images parce que c'est mon côté navigateur
08:52de l'armée de l'air et de l'espace qui parle,
08:53mais quand on étudie une cible, on a besoin du texte,
08:57de comprendre pourquoi cette cible,
08:58mais on a surtout besoin d'images pour savoir comment on va faire,
09:02de quel côté je vais faire arriver ma bombe ou mon missile,
09:06comment est faite la cible pour assurer son guidage, ce genre de choses.
09:08En quelques heures, neuf missiles scalp sont tirés avec succès par des avions de chasse de l'armée de l'air et de l'espace
09:15et trois missiles de croisière navale par la marine nationale.
09:22Dès la planification, on réfléchit à comment on va avoir la première information
09:32pour savoir si ça s'est bien passé, mal passé et ainsi de suite.
09:35Le CEMOS a été sollicité par le CPCO à Paris directement également
09:39pour avoir cette fois les heures de passage des satellites sur zone.
09:44C'est très important puisqu'en fait, c'est autour de ces passages de satellites,
09:48de ces horaires de passage que nous avons fournis,
09:51que la mission a été préparée,
09:52ce qui a permis finalement de donner tout de suite de l'image des résultats des frappes.
09:57La photo prise par satellite de l'endroit où on aura effectué la frappe
10:01nous permettra d'être en autonomie d'appréciation de l'efficacité de l'effet que l'on voulait produire
10:07et surtout d'éviter dans le champ de l'influence
10:09que notre adversaire puisse maquiller la scène
10:12ou apporter, entre guillemets, une interprétation différente d'effet que l'on a produit.
10:18Et donc cet apport, il est essentiel dans la maîtrise non pas seulement de la frappe
10:23mais également de l'utilisation qui peut en être faite plus largement derrière.
10:27Le renseignement spatial confère également à la France une très grande réactivité.
10:33En avril 2023, de violents affrontements éclatent au Soudan
10:37entre les forces armées soudanaises et les paramilitaires des forces de soutien rapide.
10:42Ce pays est déjà bien connu du bureau renseignement afrique de la DRM,
10:46la direction du renseignement militaire intégrée au CPCO.
10:51Depuis plusieurs mois, la cellule produit de nombreuses notes
10:54sur les tensions sécuritaires présentes dans la région.
10:57Pour ça, nous utilisons tous nos capteurs renseignements pour recueillir de la donnée.
11:03Renseignements d'origine électromagnétique, d'origine humaine, d'origine image, spatiale et aussi les sources ouvertes.
11:10Début mars, nous expliquons que ces tensions sont à leur paroxysme.
11:13En parallèle, nous réorientons en permanence nos capteurs pour optimiser nos données en vue des travaux de planification déjà en cours.
11:22Notre mission est alors de caractériser le milieu, sites, infrastructures et les acteurs sécuritaires sur place
11:28pour fournir l'image la plus exacte possible aux opérationnels de la situation sur le terrain.
11:34Le 22 avril, tout s'accélère.
11:38Sur demande du président de la République, les armées lancent Sagittaire afin d'évacuer les ressortissants français et ceux des pays alliés.
11:46Pour l'opération Sagittaire, et comme pour toute manœuvre de renseignement,
11:51la DRM a effectué une vaste analyse de données issue d'un travail de recherche multicapteur.
11:57Parmi ces capteurs, le renseignement image a été primordial,
12:00en particulier pour caractériser la multitude de sites utiles à la conduite d'une opération.
12:07A titre d'exemple, l'aéroport central de Khartoum et d'autres infrastructures ont été rapidement écartées
12:12car ils ne pouvaient pas accueillir nos vecteurs aériens en raison du mauvais état de la piste.
12:18Pour recueillir ces renseignements images, nous avons utilisé les satellites militaires français CSO
12:23et des satellites civils français, mais nous avons aussi fait appel à des partenaires étrangers
12:29et aux productions civiles du centre satellitaire de l'Union européenne.
12:34Le CPCO nous a sollicité pour une petite étude sur les terrains qui avaient été choisis
12:38pour poser les avions qui allaient évacuer les ressortissants,
12:41savoir si c'était des sites qu'on connaissait au CNC
12:44et savoir si dans l'environnement aussi, il n'y avait pas des choses intéressantes à noter.
12:48Typiquement, sur un des terrains, on avait effectivement de la donnée.
12:52On n'avait pas un dossier d'objectif, ce n'est pas le but, mais on avait du renseignement, on avait de l'imagerie.
12:55Ça nous a permis aussi d'indiquer au CPCO qu'autour de cet aérodrome,
13:00nous, on avait aussi les connaissances sur des systèmes solaires qui le protégeaient.
13:04Pendant l'opération, la DRM va produire plus de 60 dossiers de renseignements images par jour,
13:09des informations partagées instantanément avec les militaires engagés sur place.
13:15En un temps record, neuf rotations aériennes vont être organisées entre Djibouti,
13:20là où sont situées les forces prépositionnées françaises,
13:23et la banlieue de Khartoum, la capitale soudanaise.
13:25Au même moment, une frégate de la Marine nationale va être engagée du côté de Port-Soudan.
13:38Dès le déclenchement de l'opération d'évacuation sur Khartoum,
13:43nous avions étudié la possibilité de l'option au Port-Soudan.
13:46Après l'étude des infrastructures et l'évaluation du contexte sécuritaire,
13:50nous avions conclu que c'était une option envisageable par la voie maritime.
13:55Et comme pour Khartoum, la prise d'image à un satellitaire était quotidienne sur Port-Soudan,
14:01avant l'opération et pendant l'opération.
14:03Elle nous permettait de caractériser la situation sécuritaire sur et autour du port,
14:08mais également sur les aérodromes situés aux abords de l'avion.
14:11La manœuvre renseignement de la DRM va également être capitale
14:17lors de la dernière opération menée à El Facher, au Darfour.
14:21Une centaine d'humanitaires de l'ONU seront cette fois évacués par voie aérienne.
14:28Dans ce cas aussi, l'appui spatial a permis un gain de temps décisif.
14:32Apporter du renseignement plus rapidement grâce aux imageries satellites,
14:40grâce aux communications satellites,
14:43ça permet de raccourcir considérablement la boucle entre l'observation
14:48et la décision au profit de nos autorités militaires et politiques.
15:02L'anticipation, une quasi-obsession qui a conduit les armées à mener la même année,
15:14Orion, un entraînement interarmé et interalliés inédits dans plus de 20 départements,
15:19avec près de 20 000 militaires déployés sur le territoire national.
15:24L'objectif ? Se préparer à l'éventualité d'une guerre pouvant aller jusqu'à la haute intensité.
15:32Pendant cette manœuvre, l'exercice militaire spatial Astérix du CDE
15:38a été pleinement intégré aux opérations.
15:42Je pense que sur Orion, un des éléments marquants,
15:45ça a été effectivement le besoin d'avoir une coordination très forte entre les milieux
15:48pour maintenir l'appui spatial vers les forces,
15:51mais également de temps en temps, demander aux autres milieux de produire un effet
15:54qui nous permet de protéger nos moyens spatiaux.
15:59Sur le terrain, cet appui venu des satellites s'est révélé
16:02essentiels, en particulier au sein des groupements de renseignements multicapteurs.
16:08Via l'imagerie spatiale, j'ai produit des dossiers de renseignements images,
16:13que ce soit sur la recherche d'activités ennemies ou sur des analyses terrain,
16:16qui permettaient aux unités engagées de savoir sur quel type de terrain
16:19et à quelles contraintes géographiques elles allaient être confrontées.
16:23Très concrètement, les régiments d'hélicoptères de combat qui avaient des nécessités de se poser sur certains points
16:32m'ont sollicité pour que je fasse une étude terrain des endroits où s'étaient exposés,
16:36savoir si la manœuvre était réalisable ou pas.
16:40L'exercice a également permis de confirmer l'importance de détenir des capteurs complémentaires.
16:45L'imagerie spatiale a pour avantage principal de s'affranchir complètement des contraintes géographiques administratives.
16:53On peut photographier n'importe quel endroit du globe, une à plusieurs fois par jour si on le souhaite.
16:58Et les drones, eux, ensuite vont pouvoir aller chercher le renseignement en temps réel
17:02sur les parties peut-être plus dissimulées, plus camouflées.
17:05Ils pourraient le faire, mais plus difficilement s'ils n'avaient pas cette préparation préliminaire faite via l'imagerie spatiale.
17:10C'est effectivement une évolution ou en tout cas quelque chose sur lequel il y a un vrai travail d'amélioration
17:20de l'arrivée au niveau tactique d'informations qui, historiquement, étaient plutôt uniquement réservées au niveau stratégique.
17:29Donc effectivement, cette complémentarité des capteurs champs large, satellite ou champs étroits avec les drones,
17:33elle est travaillée d'importance parce qu'elle améliore l'efficacité tactique des unités.
17:40Mais aurait-on pu conduire toutes ces missions sans l'appui spatial ?
17:47Oui, sans doute, mais de manière différente.
17:53Ça sous-entend qu'on aurait eu sans doute des choix à faire en termes de prise de risque ou d'efficacité
17:59qui auraient sans doute contraint le succès de la mission ou en tout cas contraint l'organisation de la mission sans ces services spatiaux.
18:07Et sur les communications, sur le volume de la force nécessairement, sur la précision de la qualité de délivrement de l'armement.
18:17Dans un monde toujours plus incertain, se préparer au pire, continuer à savoir faire avec des capacités spatiales réduites,
18:24dégradées voire coupées ou détruites est devenu un impératif.
18:27Le milieu dans lequel évolue les satellites est, pour l'instant, préservé de la guerre.
18:32Mais nous savons qu'à court ou long terme, ce sera un théâtre d'opération en part entière avec des actions offensives.
18:37Donc les capacités spatiales seront certainement les premières visées en cas de conflit.
18:43Malgré toutes les vertus de l'imagerie spatiale que j'ai pu citer précédemment,
18:47on conserve cette capacité à travailler sur d'autres types d'images.
18:52Et mesures concrètes, par exemple, qu'on a au 61e Régiment d'Artillerie, pour pallier à ça,
18:57les antéropathes images sont formées à prendre des photos depuis des aéronefs
19:00pour fournir du renseignement d'origine image à une échelle d'altitude un petit peu moindre
19:06que ce que pourrait permettre l'imagerie spatiale.
19:08La marine s'entraîne évidemment à faire sans ses services, dans des scénarios qu'on peut qualifier de « back to the 80s »,
19:15donc le retour dans les années 80, à l'époque où ses services existaient déjà,
19:19mais de manière beaucoup moins performante qu'aujourd'hui.
19:22Et donc clairement, oui, nos équipages, nos marins s'entraînent à faire sans l'espace.
19:27Pour l'armée de l'air et de l'espace, on s'entraîne aujourd'hui à travailler sans GPS,
19:31on s'entraîne à travailler avec des armements qui n'ont pas besoin de ces données GPS,
19:35des armements guidés laser, où tout se fait finalement à la main, j'ai envie de dire.
19:39Une solution qui est envisagée, c'est notamment l'hybridation des réseaux,
19:43c'est-à-dire de multiplier les points d'interface, de connectivité, pour avoir plus de résilience.
19:48Et c'est ce qu'on fait notamment dans le spatial.
19:51Dans le spatial, on peut avoir des satellites en orbite géostationnaire, en orbite géo,
19:55et on a également des constellations qui se développent en orbite Léo.
19:57Et l'hybridisation de ces constellations, travailler avec différents satellites à plusieurs altitudes,
20:03et avec plusieurs réseaux, permet d'avoir des infrastructures plus résilientes.
20:07Les grandes puissances ont bien conscience de l'importance de l'espace pour les opérations militaires.
20:14Certaines ont d'ailleurs développé un panel de capacités antispatiales,
20:18qu'elles peuvent mettre en œuvre soit depuis le sol, soit directement en orbite.
20:21La Chine, ou la Russie par exemple, ont fait la démonstration de missiles anti-satellites.
20:27Mais seraient-elles capables d'aller jusqu'à provoquer un conflit spatial ?
20:31Ce qu'il faut bien prendre en compte, c'est que l'espace est utilisé par tous les pays,
20:38y compris nos compétiteurs, et un conflit de haute intensité,
20:42s'il n'est pas exclu, pourrait avoir des dommages irréversibles dans l'espace,
20:47polluer complètement une orbite complète, en orbite basse.
20:50Et ça, ça aurait des conséquences directes sur les moyens spatiaux du compétiteur lui-même,
20:58de celui qui réalise l'attaque.
21:00Donc si un conflit de haute intensité n'est pas à exclure,
21:04on s'oriente plutôt vers des actions en zone grise,
21:08des actions qui ne seraient pas attribuables.
21:11Alors, pour mieux protéger ces satellites, la France a lancé un programme ambitieux.
21:16Depuis la nouvelle stratégie de défense spatiale de 2019,
21:19il y a un nouveau programme d'armement qui s'appelle ARES,
21:22Action et résilience dans l'espace, qui est organisé autour de trois piliers.
21:26Le premier pilier, c'est la surveillance de l'espace.
21:28Le deuxième, c'est la conduite des opérations spatiales.
21:30Et le troisième, c'est l'action vers et dans l'espace.
21:33Donc dans l'action vers et dans l'espace, il y a plusieurs orbites,
21:37en fait, finalement, à surveiller, à patrouiller.
21:40Et c'est pour ça qu'on a lancé des projets, des programmes.
21:43L'Agence de l'innovation de défense a notamment initié au profit du CDE le projet Toutatis.
21:50Il a pour objectif de valider des scénarios opérationnels de défense en orbite basse
21:54grâce à deux nanosatellites, un d'action et un de surveillance de l'espace.
22:00Ce projet permettra de tester de nouvelles technologies,
22:03de vérifier les performances du satellite d'action et de définir des concepts d'emploi.
22:07Confiée à la start-up USPACE, cette expérimentation sera conduite en partenariat avec la société MBDA.
22:15Le spatial est en effet un domaine dans lequel les armées peuvent s'appuyer sur le secteur privé.
22:20Depuis 2021, au sein de l'Agence d'innovation de défense,
22:23on travaille avec les acteurs du USPACE pour faire émerger cet écosystème
22:27qui devient maintenant, en 2025, mature
22:30et qui peut nous permettre notamment d'avoir des nouveaux types de contrats de service.
22:34On avait déjà la communication, les connectivités,
22:36avec des contrats de service qui existent déjà depuis plusieurs années,
22:39notamment dans le domaine de la communication,
22:42mais on essaie de travailler sur l'émergence de nouveaux contrats de service
22:45pour faire émerger de nouvelles capacités, et notamment de surveillance spatiale.
22:49Et pour la surveillance spatiale, il y a des sociétés, des start-up,
22:52qui travaillent sur le renseignement,
22:53donc les surveillances spatiales avec des télescopes optiques,
22:57mais également avec d'autres sociétés qui travaillent sur des nouvelles générations de radars.
23:02Et dans un espace sans frontières, les coopérations deviennent fondamentales.
23:07Évidemment, on pense à l'OTAN, mais il y a également SISPO,
23:10la Combined Space Operation Initiative, qui regroupe 10 pays,
23:15et puis plus récemment, l'opération Olympic Defender,
23:19à laquelle participent les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande,
23:24ainsi que la France et l'Allemagne.
23:26Et dans ce cadre-là, le J-Espace travaille, aux côtés du Commandement de l'Espace,
23:30à cette opération spatiale permanente,
23:32qui consiste à surveiller en commun, en multinationale,
23:36les menaces qui peuvent se présenter contre les satellites des nations qui participent à cette opération.
23:42Car ce qui préoccupe aussi l'État-major,
23:44c'est le jeu d'espions qui se joue à plusieurs centaines de kilomètres de nos têtes.
23:48Les Russes, les Chinois, ont développé, disposent de capacités sur l'arc géostationnaire,
23:54pour patrouiller et faire du renseignement.
23:57Les Américains disposent déjà de ce type de capacités,
24:00et aujourd'hui, ce qu'on cherche à réaliser,
24:04ce sont des opérations conjointes avec nos alliés,
24:07et en particulier les Américains,
24:09pour pouvoir évoluer ensemble sur l'arc géostationnaire.
24:12Si l'espace n'est pour le moment pas un théâtre de guerre,
24:19force est de constater qu'il est de moins en moins un univers de paix.
24:23Les grandes puissances se préparent à se défendre,
24:25car toutes ont bien compris l'avantage décisif
24:27que les services spatiaux peuvent apporter aux opérations militaires.
24:31– Sous-titrage Société Radio-Canada
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