Page spéciale "La fin du cash ?" 💸
▶️ Quand les distributeurs disparaissent
▶️ Suède : un pays sans liquide
▶️ Entretien avec Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne
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00:00Tire lire, portefeuille au bas de laine, autant de réserves naturelles pour nos petites économies.
00:05Et bien c'est fini, ou presque. Dans le magazine du 20h, nous nous intéressons à la fin du cash des espèces.
00:11Avec les paiements par carte, en ligne, sans contact, les billets circulent moins.
00:15Alors les distributeurs sont retirés les uns après les autres, ce qui est mal vécu dans les zones rurales.
00:20Reportage d'Audrey Richier, Raymond Chaplard et Virgile Liadeau.
00:25Voilà quatre ans que lorsqu'elle fait ses courses dans son village,
00:27Francine Clerc ne peut plus retirer d'argent.
00:30Le distributeur était à ce niveau-là.
00:33Autrefois situé dans l'agence postale, le distributeur automatique de billets de Sainte-Anastasie-sur-Issole dans le Var
00:39a été supprimé faute de rentabilité.
00:42Donc là même si on veut venir manger au restaurant, si on a besoin de liquide, c'est toujours embêtant.
00:49Cette retraitée qui habite ici depuis 28 ans doit donc faire 15 minutes de route pour récupérer de l'argent liquide.
00:55J'ai l'avantage d'avoir un véhicule, donc ça me permet quand même de me mobiliser facilement,
01:02ce qui n'est pas le cas pour tout le monde en fait.
01:05Aujourd'hui, les Français utilisent encore les pièces et les billets pour la moitié de leurs transactions.
01:09Pour Francine Clerc, c'est même encore plus.
01:12En principe, je retire 700 euros en début de chaque mois et je fais en fonction de mes achats.
01:18Je sais que j'ai besoin de temps, en gros je calcule par rapport à mon budget.
01:21Plus de 2000 distributeurs de billets ont disparu en France depuis 2023.
01:27A la Gôte, dans le département voisin des Alpes-Maritimes, il n'y en a plus non plus.
01:32Seul moyen de s'approvisionner, ce petit supermarché qui propose à ses clients de retirer jusqu'à 150 euros.
01:39Je vais prendre 30, c'est possible ?
01:41Billet de 20, billet de 10 ?
01:43Oui.
01:43Et voilà.
01:44Et merci à vous.
01:45Ça me permet de faire et mes courses, et avoir de l'argent, et rentrer chez moi en toute tranquillité.
01:50Mais à chaque retrait, le commerçant paie une commission de 0,25% du montant retiré.
01:56On perd un petit peu de sous là-dessus.
01:59Donc c'est vraiment juste pour aider les gens, dépanner les gens, pour faire déliser la clientèle.
02:04Alors, pour permettre à leurs habitants de retirer 24 heures sur 24, certains maires prennent les choses en main en équipant leur commune d'un point cash.
02:12Un distributeur vient tout juste d'être installé par une société de convoyage de fonds dans ce bâtiment communal du Rouret, dans les Alpes-Maritimes.
02:19Il reçoit son tout premier approvisionnement.
02:23Il y a une étude au préalable qui est effectuée par nos services, justement, pour voir le potentiel et aussi également la sécurité du lieu choisi,
02:30pour voir si tout est OK pour la mise en place de ce distributeur à billets.
02:32Coût de l'installation pour la commune, 50 000 euros, auxquels s'ajouteront 11 000 euros par an de frais de fonctionnement et d'approvisionnement.
02:42C'est un service que les populations vont payer au travers de leur impôt.
02:46Donc on s'accommode et nous sommes aujourd'hui dans l'obligation de compléter nos services, services autrefois qui étaient couverts par le privé.
02:56Objectif des communes, redynamiser le commerce local.
02:58Voilà 15 mois que ce distributeur communal a été installé à Roquebrune-sur-Argence, dans le Var.
03:04Et en ce jour de marché, il a du succès.
03:07On mesure plus peut-être le niveau des dépenses qu'en payant tout le temps par carte.
03:12On finit pour ne pas plus savoir ce qu'on fait avec une carte.
03:15On voulait prendre des herbes de Provence et le vendeur nous dit que c'est la carte à partir de 15 euros.
03:20Donc voilà, on retire de l'argent, c'est facile et ça arrange tout le monde.
03:27Cette touriste venue du nord de la France retire ainsi 40 euros pour ses achats sur le marché.
03:3215 euros, c'est mieux ça ?
03:33Merci.
03:35Comme de nombreux commerçants ambulants, Laurent Baudet n'accepte pas la carte bancaire pour moins de 20 euros d'achat.
03:41L'installation du distributeur lui a donc permis d'accroître les petites ventes de ses produits régionaux.
03:45Les gens qui n'avaient pas d'argent, ils étaient obligés de descendre à côté de la mairie, plus à la poste.
03:51Et des fois, ils ne remontaient pas.
03:53Donc vous perdiez des clients ?
03:54Oui, on pouvait perdre des clients.
03:56La commune ne fait aucun bénéfice sur ses retraits.
03:59Mais en période estivale où sa population est multipliée par 5, le point cash enregistre jusqu'à 2500 retraits par mois.
04:06Permettre de retirer de l'argent devient donc parfois un service public.
04:09Pourtant, selon la Banque de France, 98,8% de la population française vit à moins de 15 minutes d'un distributeur de billets.
04:19En Suède, les billets avaient quasiment disparu ces dernières années.
04:22Tout le monde payait avec sa carte ou son téléphone portable.
04:25Mais depuis une cyberattaque qui a bloqué les paiements,
04:28le gouvernement suédois recommande à ses citoyens de garder un peu d'argent liquide chez eux en cas de panne ou de guerre.
04:34Reportage de Valéry Astruc et Théophile Aubriot.
04:36Dans cette boulangerie à Stockholm, plus personne ne règle sa baguette ou son pain au chocolat en pièces de monnaie.
04:45Vous allez payer comment ?
04:46Avec mon téléphone.
04:47C'est très pratique.
04:48Ça marche très bien.
04:49Est-ce que ça vous viendrait à l'idée d'acheter une baguette avec de l'argent liquide ?
04:52Ça sera très difficile parce que je n'ai pas d'argent sur moi ni à la maison.
04:57Ici, tout se paye avec une carte de crédit ou un téléphone portable.
05:02Sur le comptoir, finit la caisse.
05:04Le patron, un Français marié avec une Suédoise, n'accepte plus de liquide depuis six mois.
05:11Le cash, c'est trop contraignant.
05:14Ça prend trop de temps.
05:15Comptez la caisse le soir, amenez le cash à la banque.
05:19Champion du digital, les Suédois sont convertis au paiement 100% électronique depuis bien longtemps.
05:26Conséquence ?
05:26Vous savez où je peux retirer les billets ?
05:29Je ne sais pas où on peut trouver ça.
05:30Impossible de trouver un distributeur.
05:34Notre question paraît même totalement incongrue.
05:41Désolée, on n'utilise pas l'espèce en Suède.
05:43C'est quand la dernière fois que vous avez payé en cash ?
05:4510 ans ? 15 ans ? Je ne sais pas.
05:47Tu sais, je peux même payer avec mon montre.
05:49Ah, nous finissons par trouver un distributeur.
05:53Et surprise, un Suédois s'y trouve.
05:56Vous avez quel âge ?
05:57Je suis très vieux, j'ai 71 ans.
05:59Je n'utilise pas de cash d'habitude, mais là, c'est plus pratique de glisser un billet dans une carte d'anniversaire.
06:05C'est ça le plan.
06:06Mais la disparition du cash peut virer au cauchemar.
06:09Il y a un an, des centaines de supermarchés ont dû fermer leurs portes, victimes d'une cyberattaque, quelques mois après l'entrée de la Suède dans l'OTAN.
06:18Un groupe de hackers russes a paralysé le système de paiement.
06:22Conséquence, les députés envisagent d'obliger les commerces et pharmacies à accepter le cash pour les produits de première nécessité.
06:29Ce qui s'est passé en Espagne avec la coupure d'électricité, si c'était arrivé en Suède, aucun magasin n'aurait pu vendre quoi que ce soit.
06:40C'est un avertissement pour nous.
06:43Les seniors aussi font entendre leur voix.
06:46Il y a un truc en plus avec les espèces.
06:49Ils ont même monté un collectif pour défendre l'argent liquide.
06:54Vous prenez la monnaie ?
06:56Non, je suis désolée, on ne prend que la carte.
06:58Vous ne prenez que les cartes ?
06:59Ben, plus pour bien longtemps.
07:01Bjorn Eriksson veut étendre à tous les commerces la future obligation d'accepter du cash.
07:07Les plus âgés oublient leurs codes ou ne sont pas habitués aux techniques digitales.
07:13Mais ils font aussi partie de la société.
07:15Pourquoi ne pourraient-ils pas payer eux aussi ?
07:18Les seniors ont aussi envie de prendre un café.
07:22Refaire circuler du cash, une nécessité.
07:24Le Parlement veut aussi contraindre les banques à accepter les dépôts en liquide des particuliers et des entreprises.
07:32Les banques en Suède ont fermé de nombreux guichets de dépôts et de distributeurs.
07:37Du coup, le système bancaire n'est pas assez entretenu pour que ça marche si une crise arrive.
07:43Enfin, la brochure distribuée à tous les Suédois pour se préparer en cas de guerre a été réactualisée.
07:49Dans ce paragraphe, il est recommandé de garder de l'argent liquide chez soi pour au moins une semaine.
07:55Les autorités estiment que le cash est le seul moyen de paiement sûr si tout s'arrête.
08:02Si la monnaie se fait plus rare, les crypto-monnaies, elles, sont en train de conquérir le monde.
08:06Donald Trump en fait même la promotion.
08:09Elles ne sont pas contrôlées par les États.
08:10Elles permettent de payer sans laisser de traces et ont d'ailleurs parfois une réputation sulfureuse.
08:15Trois infos pour comprendre est signée Dorothée Lachaud avec Cérane Ganser.
08:20Imaginez un monde sans pièces, sans billets et sans chèques où de l'argent virtuel coule à flot.
08:27Bienvenue au royaume de la crypto-monnaie.
08:29Une devise numérique née sur Internet,
08:32au mode d'emploi bien différent de celui d'une monnaie et dont les cours sont complètement fous.
08:37On vous donne trois infos pour comprendre.
08:39En 2009, pour échapper au système bancaire traditionnel,
08:44un certain Satoshi Nakamoto lance le Bitcoin.
08:47C'est la toute première crypto-monnaie,
08:49autrement dit des lignes de code qui s'apparentent à une monnaie numérique.
08:54Elle fonctionne grâce à des milliers d'ordinateurs
08:56qui utilisent leur puissance pour la protéger.
08:59Mais elle n'est supervisée ni par un État, ni par une banque centrale.
09:03Alors, comment fonctionnent les cryptos ?
09:06C'est notre deuxième info.
09:07Imaginons que vous vouliez investir 500 euros.
09:11Première étape, créer un compte sur une banque en ligne ou une plateforme.
09:15Vos 500 euros vous permettent ensuite d'acheter, par exemple,
09:18une fraction de Bitcoin qui sera stockée dans un portefeuille numérique.
09:22Ce portefeuille est protégé par ce qu'on appelle une clé privée.
09:26Une suite très complexe de lettres et de chiffres
09:29qui constituent le mot de passe pour y accéder.
09:33Lorsque vous prendrez la décision de vendre,
09:35vous récupérez peut-être vos 500 euros ou beaucoup plus ou beaucoup moins
09:41en fonction de l'évolution du marché.
09:43Parce qu'investir dans les crypto-monnaies reste très risqué.
09:47Leur court, et c'est notre troisième info, joue aux montagnes russes.
09:51Exemple, le 5 avril dernier.
09:53Quand les sanctions financières de Donald Trump entrent en vigueur,
09:56le Bitcoin s'effondre.
09:57Il perd 10% en 24 heures et passe sous la barre des 75 000 dollars.
10:02Mais quelques jours plus tard, le président américain suspend ses taxes.
10:06Et le cours remonte.
10:07Mi-mai dépasse les 100 000 dollars.
10:10Les crypto-monnaies, un actif spéculatif de plus en plus critiqué,
10:14car il permettrait aujourd'hui à certains criminels de blanchir de l'argent.
10:17L'argent liquide a un avantage.
10:22On peut compter ses billets, savoir quand on n'en a presque plus
10:25et gérer ses dépenses au centime près.
10:27Les nouvelles générations manipulent désormais des cartes, des téléphones,
10:31voire des petits boîtiers connectés magiques pour des paiements relativement virtuels,
10:35comme nous le montrent Johanne Maviert et Benjamin Poulin.
10:37Je vais vous prendre un, deux mètres pour un colis de bonbons, s'il vous plaît.
10:41Plutôt que des pièces de monnaie,
10:44Jeanne Carpentier utilise cette figurine pour payer son goûter.
10:49Avant, j'avais de l'espèce,
10:50mais maintenant, j'ai un petit boîtier qui sert à payer comme une carte bleue.
10:54On s'en contacte.
10:55Le début de l'indépendance pour la jeune fille de 11 ans.
10:58Quand je veux aller m'acheter des bonbons,
11:02généralement, je n'ai pas le droit.
11:03Mais là, vu que ma mère n'est pas là, je peux y aller.
11:06Pourtant, chaque dépense est surveillée à distance par sa mère.
11:11Quand ils achètent quelque chose, je suis toujours au courant.
11:13Là, par exemple, je sais que Jeanne est allée s'acheter un goûter après le collège.
11:19Ces boîtiers peuvent être rechargés via une application
11:22qui permet aussi de suivre en temps réel les dépenses.
11:25Une tranquillité qui a un prix, une trentaine d'euros,
11:28vendus en ligne, en boutique, mais aussi dans plusieurs banques.
11:31C'est ce qu'on propose, on va dire, à partir de 6 ans
11:35pour nos jeunes clients.
11:37Ça permet, effectivement, de ne pas distribuer de l'argent liquide,
11:40donc d'avoir une forme de sécurité.
11:41C'est extrêmement sécurisé en termes de paiement.
11:44Et pour les adolescents,
11:46toutes les banques déclinent des offres de cartes bancaires
11:48de 0 à 6 euros par mois.
11:50Avec un argument, aider les jeunes à gérer leur budget.
11:55Dans cette famille,
11:56Alisha et Lalia Traoré, 14 et 15 ans,
11:59ont déjà une carte bancaire sur leur téléphone.
12:02Je trouve que ça me rend plus autonome.
12:03Chaque mois, par exemple, elle me passe, on va dire, 30 euros.
12:06Et je peux payer, j'utilise les 30 euros.
12:08Et puis c'est à moi de gérer.
12:09Ça m'a appris à faire plus souvent les calculs
12:12pour être sûre de pouvoir payer
12:14et ne pas me prendre des paiements refusés à la caisse.
12:18Parce que c'est gênant un peu.
12:20Particularité de cette carte,
12:21Ademou Sidibé, la maman, peut, depuis son téléphone,
12:24bloquer les achats dans certains commerces.
12:27Une option payante, une dizaine d'euros par mois.
12:29Compagnie aérienne, tu ne peux pas prendre d'avion pour partir.
12:33Location de voiture, hôtel.
12:34On leur fait croire qu'ils peuvent tout faire.
12:36Mais en réalité, c'est nous qui gérons tout.
12:38Parce qu'elles, elles ont ce pouvoir-là
12:40quand elles sont avec leurs amis,
12:41elles sortent leur carte, elles payent en sans contact,
12:43elles font les grandes.
12:44Mais en réalité, c'est une liberté contrôlée.
12:46Les banques déroulent le tapis rouge au moins de 18 ans.
12:49A chacune son slogan.
12:51Dès la naissance, il n'est jamais trop tôt pour épargner,
12:54pour préparer l'avenir.
12:55Ou encore, faire ses premières économies.
12:59Sans compter les célèbres récompenses
13:01pour les mentions au baccalauréat.
13:04Un public pourtant peu rentable
13:06et sans réel pouvoir d'achat.
13:09Alors pourquoi les banques
13:10veulent-elles séduire les adolescents ?
13:13Au départ, on est sur des besoins relativement simples.
13:16Et puis petit à petit, ça va être des besoins d'épargne,
13:18voire des besoins de crédit.
13:19Mais bien sûr, ces clients,
13:21on espère les fidéliser et les garder dans la durée.
13:23Capter les clients avant leur majorité,
13:26un enjeu de survie pour les banques.
13:28Comme pour un premier achat immobilier, par exemple,
13:31l'enfance est l'une des seules périodes
13:32pour attirer de nouveaux clients.
13:35Compte tenu du fait que les clients
13:37ont tendance à rester dans la même banque,
13:39ça fait que les banques ont un intérêt très très clair
13:42à essayer d'aller les bancariser,
13:47leur ouvrir leurs premiers comptes le plus tôt possible.
13:49Au total, 1 400 000 jeunes détiennent aujourd'hui
13:53une carte de paiement.
13:55Et nous accueillons la présidente de la Banque Centrale Européenne,
14:00Christine Lagarde.
14:01Bonsoir.
14:02Bonsoir.
14:02Vous y croyez, vous, à la fin du cash ?
14:04Non.
14:05Non ?
14:05Pas du tout.
14:06Pourquoi ?
14:06Je suis venue avec du cash, d'ailleurs, j'en ai dans ma poche.
14:08C'est vrai, toujours ?
14:09J'ai toujours du cash,
14:10et je pense que ça correspond vraiment
14:11à l'aspiration d'une grande, grande majorité
14:14de consommateurs européens.
14:15On le vérifie par des enquêtes diverses et variées.
14:19Vous avez environ 80 % des consommateurs européens
14:22qui sont attachés au cash,
14:25qui veulent avoir des billets ou des pièces.
14:26D'ailleurs, il va y avoir de nouveaux billets bientôt ?
14:28Oui, oui, oui.
14:29D'euros ?
14:29Absolument.
14:30On lance une nouvelle série.
14:33Ça verra le jour d'ici environ deux ou trois ans,
14:36une fois que les gouverneurs du système européen
14:38auront tous donné leur accord.
14:39Mais on aura un nouveau format, de nouveaux dessins,
14:41et on changera un petit peu la vision de l'euro
14:46parce que c'est important pour que chacun s'y retrouve.
14:49Alors, vous êtes chargé de défendre l'euro,
14:51notre monnaie, de lutter contre l'inflation.
14:53Comment va l'euro aujourd'hui ?
14:55L'euro va bien.
14:57L'euro va bien.
14:58Je crois que l'euro est une vraie chance pour l'Europe.
15:01On a aujourd'hui 21 États membres de l'Union européenne
15:04qui partagent la même monnaie, l'euro.
15:07Et la dernière enquête de popularité, entre guillemets,
15:09nous indique que 83% des Européens ont confiance dans leur monnaie.
15:15Donc l'euro se porte bien au regard des consommateurs
15:18qui sont contents d'avoir des euros,
15:20qui font confiance à l'euro.
15:21Et puis l'euro se porte bien parce que les investisseurs
15:24européens ou étrangers investissent en Europe,
15:29investissent en euros.
15:30Il est assez haut par rapport au dollar ?
15:32Ce n'est pas un désavantage ?
15:33Je ne vais pas m'exprimer sur est-ce que c'est assez,
15:35est-ce que ce n'est pas assez.
15:36On est dans des taux de change qui sont flottants
15:40et des monnaies qui s'ajustent les unes par rapport aux autres.
15:43Mais en général, quand une monnaie est forte par rapport à d'autres monnaies,
15:46soit une comme le dollar ou un panier de monnaies,
15:49c'est que les éléments et les fondamentaux de l'économie sont solides.
15:53C'est plutôt bon aussi.
15:54Vous annoncez que la croissance dans la zone euro
15:55sera un tout petit peu plus faible que ce qui était prévu.
15:58C'est 1,1% l'année prochaine.
16:00Ça veut dire que l'impact de la guerre commerciale lancée par Donald Trump
16:05est finalement très faible ?
16:07J'aimerais bien que ce soit le cas.
16:10On a surtout une très grande incertitude
16:12parce qu'aujourd'hui, les négociations sont en cours.
16:16On ne sait pas exactement où elles aboutiront.
16:18Et on est dans un régime dit de pause.
16:21Régime de pause dans lequel on paye quand même 10% de droits de douane en plus.
16:26C'est le scénario d'ailleurs que vous avez pris pour donner le chiffre de 9%.
16:30C'est comme si ça ne bougeait plus,
16:31alors qu'on est encore sous la menace d'augmentation des droits de douane.
16:35Oui, mais vous savez, on a pris le régime actuel,
16:37c'est-à-dire plus 10% qui ont déjà été imposés.
16:39On a fait deux scénarios.
16:41Un scénario où c'est beaucoup plus grave,
16:43et puis un scénario où ça se résout de manière assez conforme
16:48à nos intérêts commerciaux,
16:49pour à peu près comprendre dans quelle direction on va.
16:52Mais il ne faut pas oublier que les États-Unis,
16:55qui sont un important partenaire commercial pour l'Europe,
16:59ne représentent que 17% de nos exportations.
17:01La première grande destination de nos exportations, c'est l'Europe.
17:06On commerce entre nous, notamment grâce à l'euro.
17:09Donc 65% des mouvements de produits qui s'achètent d'un pays à l'autre,
17:14ça se passe en euros.
17:16C'est pour l'Europe en général,
17:18mais c'est vrai qu'il y a des pays qui sont quand même beaucoup plus affectés,
17:19comme l'Allemagne, qui sortent beaucoup plus que la France.
17:22Et des secteurs d'activité, vous avez raison.
17:23Alors vous venez d'annoncer que l'inflation en Europe serait à 2% cette année,
17:271,6% l'année prochaine.
17:30Et 2% l'année d'après.
17:31Voilà. Et pourquoi ?
17:33Parce qu'on augmente les taxes aux frontières,
17:35il n'y a pas d'impact sur l'inflation ?
17:37Alors, il y a, il ne faut pas oublier,
17:40le tarif imposé par les États-Unis
17:43va s'appliquer sur les produits européens qui vont aux États-Unis.
17:47Donc ça va augmenter le prix des produits européens pour les Américains.
17:52Donc le consommateur américain, lui,
17:54il va avoir une augmentation de son inflation probable.
17:56Oui, mais je pense surtout aux taxes que nous,
17:58on va mettre aux frontières en représailles.
18:00Là, on est dans des hypothèses,
18:02parce qu'on n'a aucune idée de ce que la représailles sera.
18:06Aujourd'hui, la Commission européenne est très discrète sur le sujet,
18:08donc on ne peut pas très bien estimer le tarif
18:12qui sera appliqué aux produits américains qui rentrent en Europe.
18:16Mais une fois de plus, c'est seulement 17%.
18:19Or, zone euro.
18:20Cette inflation qui est faible,
18:23en principe c'est bon pour la consommation.
18:25En France, je crois que c'est 0,7% en ce moment.
18:280,6%.
18:280,6% même.
18:29Et pourtant, la consommation ne repart pas.
18:31On l'a vu dans des reportages,
18:33dans les supermarchés, ça ne repart pas.
18:34Pourquoi ?
18:35Alors, deux choses.
18:37D'abord, moi je regarde des chiffres européens,
18:39parce que je suis la banque centrale européenne,
18:41donc pour tous les pays.
18:42On a une légère reprise de la consommation.
18:45On a une légère reprise de l'investissement.
18:48Mais aujourd'hui, ce qu'il faut comprendre,
18:50c'est que le consommateur, l'investisseur,
18:52l'acteur économique, il est inquiet.
18:55Parce qu'il ne sait pas quels seront les tarifs,
18:56il ne sait pas quel sera l'impact des tarifs
18:59sur les prix, sur la croissance,
19:02sur les marchés sur lesquels il se développe ou il exporte.
19:06Donc, il y a une espèce d'attentisme général.
19:09Ce n'est pas le cas sur toutes les catégories de produits.
19:11Si vous regardez, par exemple, l'activité de service,
19:13et en particulier l'activité du tourisme, des transports,
19:16ça, ça marche très bien.
19:18Les achats de biens d'équipement, par exemple,
19:20ou les achats que font les ménages, un gros achat,
19:23pour l'instant, les gens attendent, sont dans l'expectative.
19:26Et j'espère que cette incertitude sera levée rapidement,
19:30quels que soient les termes de l'accord.
19:31Il faut que l'incertitude soit levée.
19:33Alors, la consommation stagne, la croissance n'est quand même pas franchement haute.
19:37Et pourtant, nous devons trouver des milliards pour notre budget 2026.
19:41Le gouvernement réfléchit à la possibilité d'une année blanche,
19:43de ne pas indexer les pensions de retraite,
19:46les allocations sur l'inflation.
19:48Est-ce que vous pensez que c'est une bonne solution ?
19:50Je ne vais pas me prononcer sur leurs propositions,
19:53parce que je regarde en général.
19:54En général, ce qui pour moi est très très important,
19:56et je pense qu'il sera très important pour tous les gouvernements aujourd'hui,
20:00c'est un, d'avoir la stabilité des prix,
20:02et ça aujourd'hui, on l'a,
20:04deux, de se mettre en ordre de marche rapide
20:08pour faire des réformes, pour simplifier,
20:11pour encourager l'innovation et l'investissement,
20:14parce qu'on a une espèce de fenêtre,
20:16enfin, on a une fenêtre de tir qui est incroyable.
20:19On est aujourd'hui en Europe,
20:21une zone où il y a un degré de confiance important,
20:25où les échanges économiques se poursuivent,
20:28et où par ailleurs, les États-Unis,
20:30de l'autre côté de l'Atlantique,
20:31mettent tout en cause et tout en doute.
20:33Donc aujourd'hui, notamment grâce à l'euro,
20:35mais aussi grâce à l'épargne
20:37que nous, les Européens, nous mobilisons.
20:40Ils ont beaucoup d'épargne.
20:41Beaucoup d'épargne.
20:42Mais malheureusement, une grande partie de notre épargne sort d'Europe.
20:45Il faut qu'on la garde en Europe,
20:46il faut qu'on avance vite sur ce marché unique des capitaux,
20:49et sur la faculté de garder des talents
20:51et de développer l'innovation chez nous.
20:54Vous avez rappelé aujourd'hui,
20:55lors de votre conférence traditionnelle,
20:57que vous irez jusqu'au bout de votre mandat,
21:00qui s'arrête en 2027.
21:02On vous dit partante ensuite pour le forum de Davos,
21:05pour diriger le forum de Davos,
21:07qu'on qualifie souvent de club des riches.
21:10Est-ce que vous pourrez être aussi utile à ce poste-là,
21:12si vous le prenez,
21:15que au FMI ou à la BCE ?
21:17D'abord, vraiment, les gens ont fait une montagne.
21:19de cette rumeur.
21:22Ce n'est qu'une rumeur ?
21:23Totalement.
21:24Ce que je veux vous dire aujourd'hui,
21:25c'est que je suis engagée dans ma mission,
21:29la stabilité des prix,
21:30défendre l'euro,
21:31maintenir la confiance dans la monnaie.
21:32Ça, c'est ma mission.
21:34Et je ferai mon métier jusqu'à son terme.
21:37Et après ?
21:38Après, écoutez, on verra.
21:39J'ai des petits-enfants, j'ai des roses,
21:41j'ai une famille.
21:42Puis je ferai peut-être quelque chose d'autre.
21:44C'est possible.
21:44J'ai pashtus au fond.
21:44J'ai pas de Weekly Musik.
21:48J'ai pas fait Uni.
21:49Mais ?
21:49J'ai pas de 1918 lead ?
21:50J'ai pas de dichistä scriver libre entre.
21:51Mais j'ai pas gris mon amour.
21:52Et du Nykade,
21:53je suis dit,
21:54je suis excluUS !
21:54J'ai pu voir une pensée.
21:54J'ai vu la fin?
21:56J'ai pu voir une chose d' закон.
21:59Mais pourquoi je nevicátis ?
21:59J'ai pasoppié quelqu'unái Stapelle.
22:00Et je sais toujours d'accord.
22:01Et donc,
22:02j'ai pu voir une fille qui va pousser simple.