Écoutez "On refait le monde" avec Axelle Desaint, directrice du programme "Internet sans crainte" et membre de la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans, Béatrice Millêtre, docteure en psychologie, Sophie Jehel, professeure en sciences de l'information et de la communication et auteure de "L'adolescence au cœur de l'économie numérique" (INA), et Charles Huteau, auteur sous le nom de Cookie Kalkair de la BD "Les réseaux sociaux et nos ados" (Steinkis).
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 11 juin 2025.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 11 juin 2025.
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00:00Yves Calvi, on refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
00:05Il est 19h15, bienvenue à vous qui nous rejoignez sur RTL.
00:08On ne peut pas attendre, affirme Emmanuel Macron, au lendemain du drame qui a coté la vie à une surveillante de collège,
00:13poignardée par un élève à nos gens en Haute-Marne.
00:16Nous y sommes largement revenus pendant nos différentes éditions.
00:20Le président de la République prône une réaction, je cite, très forte et très ferme.
00:24Hier soir, chez le confrère de France 2, le chef de l'État a réitéré sa promesse d'interdire l'accès aux réseaux sociaux au moins de 15 ans d'ici quelques mois,
00:31quitte à forcer la main à l'Union européenne en négociant directement avec les plateformes.
00:36Derrière ce sujet sensible, ce sont les questions du harcèlement en ligne, de l'impact sur la santé mentale,
00:41de l'exposition à la violence et des dérives algorithmiques qui sont posées,
00:46mais aussi, il faut le dire, la question de l'éducation numérique et du dialogue entre générations.
00:50Alors, les réseaux sociaux sont-ils devenus effectivement toxiques pour nos adolescents ?
00:55Peut-on vraiment les interdire ?
00:56Est-ce réaliste ou surtout une mesure politique et symbolique pour répondre à cette émotion ?
01:01Nous allons en débattre avec Axel Dessin, qui est directrice du programme Internet sans crainte
01:06et membre de la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans.
01:10Bienvenue Axel Dessin.
01:11Béatrice Milletre, elle est docteure en psychologie.
01:13Soyez la bienvenue, madame Milletre.
01:15Sophie Joël, professeure en sciences de l'information et de la communication
01:19et autrice de l'adolescence au cœur de l'économie numérique aux éditions de l'INA.
01:25Elle est à distance avec nous.
01:27Bienvenue Sophie Joël.
01:30Moi, je porte l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans.
01:36Et on peut le faire parce que toutes ces plateformes ont la possibilité,
01:38par la reconnaissance faciale ou des identifiants, de vérifier l'âge.
01:42Je nous donne quelques mois pour arriver à faire la mobilisation européenne.
01:46Sinon, négocier avec les Européens pour que nous, on commence à le faire en France.
01:49Emmanuel Macron hier soir, qui promet donc une interdiction des réseaux sociaux
01:53aux moins de 15 ans d'ici quelques mois.
01:55Vous l'avez écouté, Axel Dessin, vous applaudissez.
01:58Alors nous, c'était une recommandation dans le cadre de la commission écran.
02:05Et cette recommandation, je préfère la préciser,
02:08c'était par rapport aux réseaux sociaux tels qu'ils sont actuellement.
02:13C'est-à-dire que les réseaux sociaux, actuellement,
02:15ne permettent pas de protéger les mineurs.
02:18D'abord, d'algorithmes qui leur poussent des contenus
02:22qui ne sont pas forcément profitables ou adaptés.
02:25Et, voilà, qu'ils ne sont pas en capacité, finalement, de les protéger.
02:29Sinon, ce n'est pas le modèle général des réseaux sociaux qui est remis en question.
02:32C'est le modèle actuel.
02:34Après, est-ce que c'est faisable ?
02:36C'est une autre question.
02:38Vous comprenez qu'autant de parents soient, aujourd'hui,
02:42préoccupés par la présence de leurs enfants
02:44face à leurs ordinateurs, leurs téléphones, et voilà.
02:48C'est devenu quasiment un objet qui inquiète.
02:51Alors, c'est devenu un objet qui inquiète.
02:53Et, en même temps, j'ai envie de dire,
02:55pourquoi est-ce qu'il inquiète autant ?
02:57Je ne vais pas faire l'apologie des réseaux et tout ça.
03:01Mais, en même temps, c'est l'époque des jeunes.
03:03C'est leur génération. On ne va pas pouvoir les enlever.
03:05Ce n'est pas possible.
03:06Vous avez les chefs d'établissement qui donnent les devoirs sur le numérique.
03:10Aujourd'hui, si vous prenez un jeune...
03:13Enfin, je ne sais pas...
03:14Moi, dans mon temps, on téléphonait et voilà.
03:16Et, en fait, aujourd'hui, ils ne téléphonent plus.
03:18Ils ne s'appellent pas.
03:19Ils parlent par les réseaux.
03:20Ils s'appellent sur Insta.
03:21Moi, je vois des gens...
03:22On ne sait même plus sur où aller regarder les messages.
03:24Sur Insta, sur LinkedIn, sur Facebook, sur l'achat.
03:26Après, on ne sait même plus où ils sont.
03:27Il faut envoyer un message pour dire qu'on a donné un message.
03:29Mais le téléphone, ils ne s'en servent pas.
03:30Vous me rassurez, puisque vous venez de m'expliquer pourquoi je ne pouvais plus joindre ma fille.
03:33Voilà, vous avez raison.
03:34Mais on ne les joint pas, parce que de toute façon, ils ne répondent pas au téléphone.
03:36Et ce n'est pas comme ça qu'ils fonctionnent aujourd'hui.
03:38Donc, ça, c'est aussi une réalité de leur époque.
03:40Et on ne va pas lutter contre.
03:42Donc, à un moment donné, les écrans, c'est compliqué.
03:44On est bien d'accord.
03:45Il faut peut-être faire un pas de côté en disant comment on les responsabilise.
03:49Comment on en fait...
03:50Ce n'est pas le système, vous venez de le dire, qui est bon à mettre aux orties.
03:53C'est comment on les responsabilise, on les autonome.
03:56On les autonomise quand on leur pique leur téléphone.
03:58Mais à un moment donné, c'est la meilleure manière qu'ils aillent le récupérer en douce dans le tiroir, quand même.
04:01Pardonnez-moi, Axelle Dessin.
04:02On sait sur quelles plateformes ils sont.
04:04Et est-ce qu'on sait que ce sont potentiellement des plateformes dangereuses ?
04:08Oui, on sait les plateformes qui sont...
04:09Si on veut savoir, on peut le savoir.
04:11Oui, on sait aujourd'hui les plateformes qui sont les plus utilisées.
04:14Et c'est bien ce que je dis, c'est le modèle, c'est le modèle économique quand même derrière ces plateformes
04:18qui aujourd'hui peut être délétère pour des jeunes.
04:21Et c'est dommage, parce qu'effectivement, c'est là où ils se divertissent, c'est là où ils s'informent, c'est là où ils communiquent.
04:26C'est un outil essentiel de leur vie aujourd'hui.
04:28La question à se poser, c'est comment en faire un espace qui soit adapté à des mineurs ?
04:34Après, il y a des plateformes, je me permets, qui sont sûrement moins connues des parents et très utilisées par les jeunes.
04:41Parce qu'on focus sur certains réseaux sociaux, on va parler d'Instagram, de TikTok, de Snapchat.
04:48Oui, sur ces plateformes, on peut tomber sur du contenu violent, préjudiciable,
04:53mais il y a quand même un système de modération qui fait que ça ne va pas rester très longtemps.
04:57Après, on peut pointer, et on va peut-être amener à parler de certains sujets qui peuvent altérer leur santé mentale, etc.
05:02Mais on parle beaucoup moins de toutes les messageries, et je pense à Telegram,
05:07qui est aujourd'hui un espace massivement utilisé par les jeunes pour consommer du contenu violent.
05:13Alors, le consommer, non pas parce qu'ils sont tordus, mais parce qu'on a envie de braver des limites.
05:17Quand on est adolescent, on a envie de voir ce qui est interdit.
05:20Oui, on est curieux.
05:22Aujourd'hui, on sait qu'il y a un adolescent sur quatre, 25% qui sont confrontés régulièrement à du contenu extrêmement violent.
05:29Mais quand je parle de contenu extrêmement violent, je parle de scènes de torture, je parle de décapitation,
05:35je parle de scènes de meurtre, d'exécution, qui se partagent.
05:42Et là, je ne vous parle pas de dark web.
05:44Elles sont identifiées, on sait comment les trouver ?
05:46Elles se trouvent très facilement.
05:47Moi, je n'ai jamais cherché à voir une décapitation.
05:50Aller dans n'importe quel collège, il n'y a pas un adolescent aujourd'hui qui n'est pas au courant de ça,
05:55et qui ne sait pas comment y accéder.
05:57Et si j'ai même plus loin, si je peux me permettre, ce n'est même pas que les adolescents.
06:00Vous avez des jeunes, dès l'école, à 7 ans, 6 ans, qui, moi, des fois, ils tiennent des propos.
06:05Je me dis, mais ce n'est pas possible, ils connaissent ça, mais comment ils sont tombés dessus ?
06:08Et donc, il y a effectivement tout cet aspect, il y a une question d'âge,
06:11et que s'ils veulent chercher, s'il y a un copain qui machin qui truque, oui, ils peuvent trouver.
06:15Après, il y en a quand même qui sont raisonnables et suffisamment matures pour évacuer ça de leur réseau.
06:21Parce qu'on a quand même le protocole du réseau qui va vous donner tout ce que vous avez envie de voir.
06:26Si vous ne regardez que des petits bisounours, vous allez voir que des petits bisounours à la longue.
06:30Donc voilà, c'est mignon.
06:31Ou des petits chats, ou des petits machins.
06:32Et voilà.
06:33Et il y a aussi tout ça qui va venir devant votre nez si vous ne regardez que ça aussi.
06:38Bonsoir Cookie Calcaire, merci beaucoup de nous rejoindre.
06:42Vous êtes l'auteur de la bande dessinée intitulée « Les réseaux sociaux à nos ados ».
06:47Et vous listez les dangers auxquels les utilisateurs sont confrontés.
06:51Le cyberharcèlement, les algorithmes qui filtrent les contenus, les trolls, les fake news, les dick pics.
06:57Autrement dit, les photos sexuelles non sollicitées.
06:59Mais il y a de quoi s'inquiéter là aussi ?
07:02Oui, toutes les recherches que j'ai faites, j'ai essayé de faire les pours et les contres des réseaux sociaux.
07:07Parce que mon livre d'avant, j'avais fait sur les jeux vidéo.
07:10Et c'est aussi souvent pointé du doigt.
07:12C'était pour moi plus facile de voir.
07:13C'est considéré comme une forme d'art, les jeux vidéo.
07:16Il y a beaucoup de créativité.
07:17Ça développe énormément de choses que parfois les parents ne sont pas au courant.
07:20Les réseaux sociaux, j'avais un peu plus de mal à trouver les pours.
07:23Je suis assez d'accord avec l'idée de que c'est un peu trop tard maintenant qu'ils sont là.
07:27Comment on va faire pour les enlever complètement ?
07:28Mais honnêtement, aujourd'hui, la liste des contres est très longue.
07:33Il y a énormément de dangers, très peu de tris dans le contenu.
07:37Ils sont à la merci de plein de prédateurs qui peuvent les contacter très rapidement.
07:42Il y a plein d'études qui prouvent qu'être une jeune fille aujourd'hui sur les réseaux,
07:45on reçoit du contenu sexuellement explicite au bout de quelques heures seulement.
07:51Pour moi, c'est assez grave, effectivement.
07:52Pourtant, je ne suis pas sûr que vous soyez pour l'interdiction pure et simple, visiblement.
07:57Pour l'interdiction pure et simple, non.
07:59Mais quand j'ai fait mon livre, j'ai cherché la raison pour laquelle les réseaux, aujourd'hui,
08:02recommandaient l'âge de 13 ans, par exemple.
08:04J'ai découvert que c'était une vieille loi de 1998, bien avant l'invention des réseaux,
08:09juste sur la protection de vie privée des mineurs sur Internet.
08:14Mais ça n'a rien à voir avec est-ce que les réseaux sont un danger ou non pour nos enfants,
08:19puisque finalement, on n'a pas vraiment d'études là-dessus.
08:20Et même aujourd'hui, moi, la recommandation de 15 ans, je la remets en question sur pourquoi 15, en fait ?
08:25Aujourd'hui, on a des régulations.
08:26En tout cas, en France, vous avez des régulations sur 16 ans et 18 ans qui sont là,
08:30notamment parce qu'on considère qu'avant cet âge-là, on a un manque de maturité,
08:35on a un manque d'autonomie sur plein de décisions qui peuvent nous mettre en danger,
08:39conduire, se marier, etc.
08:42consommer de l'alcool.
08:45Pourquoi les réseaux sociaux aujourd'hui ?
08:46Alors que, encore une fois, on a du mal à voir les pour, on voit beaucoup les dangers.
08:50Moi, j'entends très peu de gens me dire, c'est génial Instagram, c'est génial TikTok,
08:54j'adore, c'est fantastique, mon enfant s'épanouit.
08:57Moi, je n'entends pas ça, en tout cas.
08:59Je remets quand même en question la question du 15 ans.
09:02Je ne suis pas pour l'interdiction, mais clairement pour la régulation.
09:05Béatrice Millette, est-ce qu'on ne rejoue pas ici le débat qu'on a eu sur la télévision,
09:09les jeux vidéo, il y a 20 ans, vous savez, c'est le moment où on s'inquiète
09:12face à une consommation, par définition, excessive,
09:15mais qui traduit tout simplement le succès d'un support ?
09:19Je pense qu'un peu quelque part, parce que le débat, il est au-delà des ados.
09:24Moi, je suis désolée, mais les adultes que nous sommes, qu'est-ce qu'on fait ?
09:27On est aussi accro à nos téléphones, on va sur TikTok, on va sur Insta,
09:31et on y apprend aussi.
09:32Alors moi, personnellement, je suis sur Insta, parce que maintenant,
09:34il faut être assez à la mode, donc je suis sur Insta,
09:36et j'y trouve des trucs très chouettes, c'est là où j'apprends les dernières expos de Paris,
09:41les concerts, ça dépend aussi de ce que je demande.
09:44Et l'algorithme, ensuite, ne me donne que ça.
09:45Moi, je regarde la NASA, je regarde les dauphins, et je n'ai que ça, finalement.
09:49Donc, moi, je n'ai pas des trucs de violence, je ne dis pas que c'est super,
09:55les réseaux sociaux, et qu'il faut les garder en l'état.
09:57Ce que je veux dire aussi, c'est que ça questionne aussi ce que nous, adultes, on fait,
10:01et comment on élève nos enfants par rapport à tout ça.
10:05Quand je vois des enfants de 6 ans qui disent qu'ils ont des propos de violence sexuelle
10:10à l'encontre d'autres enfants, je suis désolée, mais ça sort d'où ?
10:15Donc, à un moment, il y a aussi la démission des parents.
10:17Il y a une espèce de parentalité, c'est plus large.
10:19Et puis, il y a un autre aspect, quand même, qu'il faut aller creuser, je pense,
10:22c'est que quand on regarde à peu près plus de 80% des violences, des délits commis dans le monde,
10:28le sont par des mecs, quand même, ce n'est pas des filles.
10:30Donc, à un moment, la violence, elle est aussi là.
10:32Et qu'est-ce qu'on fait ? C'est plus large, je crois.
10:34Le débat, il est multifactoriel, il est systémique, il est planétaire,
10:39il est au-delà de tout ça, quelque part.
10:40On marque une première pause dans cette émission et retrouve nos invités dans quelques minutes.
10:44Le collégien de 14 ans soupçonné d'avoir poignardé mortellement une surveillante.
11:06Hier, un augeant en Haute-Marne ressassait son intention de tuer depuis samedi dernier.
11:10Il projetait de s'en prendre à une surveillante, quelle qu'elle soit, l'adolescent.
11:14Dites avoir pris un couteau de cuisine de chez lui, dont la lame faisait 20 centimètres,
11:18il n'exprime ce soir aucun regret, selon le procureur.
11:22Donald Trump ne laissera jamais la loi de la rue régner, assure ce soir la Maison Blanche,
11:26après une première nuit de couvre-feu à Los Angeles, théâtre de Heure,
11:30sixième jour de manifestation contre la politique anti-immigration du président américain.
11:3525 personnes ont été arrêtées pour avoir bravé ce couvre-feu.
11:39Et puis le cofondateur du célèbre groupe de musique The Beach Boys est décédé,
11:43Brian Wilson avait 82 ans, interprète de tube comme I Get Around ou Surf in USA.
11:49La famille dit savoir qu'elle partage sa peine avec le monde entier ce soir.
11:53Roud à 20h, on va retrouver Faustine Bollard pour son émission Héros.
11:55Julien Dassin, ce nom vous dit sans doute quelque chose, c'est normal, puisque c'est le fils cadet de Joe Dassin.
12:01Julien n'avait que quelques mois lorsque son père est décédé en 1980.
12:05Aujourd'hui, il veut faire vivre l'héritage musical du chanteur et notamment sur scène aux Etats-Unis.
12:11Rendez-vous à 20h pour Héros.
12:13Et on vous retrouvera vous aussi pour d'autres informations.
12:14A tout à l'heure.
12:15Yves Calvi jusqu'à 20h
12:19On refait le monde sur RTL
12:21On rappelle qu'Emmanuel Macron envisage et souhaite en tout cas revenir faire des propositions pour interdire les réseaux sociaux avant 15 ans.
12:30La mesure divise évidemment nos responsables politiques, les professionnels mais aussi les parents.
12:35Les réseaux sociaux sont-ils devenus vraiment toxiques pour nos adolescents ?
12:38C'est l'objet de notre débat avec Axel Dassin qui est directrice du programme Internet sans crainte et membre de la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans.
12:46Béatrice Millettre, docteure en psychologie.
12:48Sophie Joël, professeure en sciences de l'information et de la communication et autrice de l'adolescence au cœur de l'économie numérique aux éditions de Lina.
12:56Et Cookie Calcaire qui est auteur de la bande dessinée.
12:59Les réseaux sociaux et nos ados aux éditions Stenkes.
13:02Est-ce que vous avez mesuré l'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes, Sophie Joël ?
13:07Alors directement, c'est compliqué.
13:10Ce que je réalise chaque année grâce à l'association des CEMEA en Normandie,
13:15nous récoltons plus de presque 5000 réponses à un questionnaire de 80 questions.
13:21C'est énorme.
13:22Ce qui nous permet de suivre.
13:23Oui, c'est énorme.
13:24Et donc, même si c'est en Normandie, ça nous donne un caractère très significatif de nos résultats.
13:32D'autant que nous suivons cela depuis 10 ans.
13:34Donc, si vous voulez, santé mentale, directement, non.
13:39Mais ce que nous savons, c'est qu'on a aujourd'hui au moins trois réseaux sur lesquels plus de 80% des jeunes à 15-16 ans sont inscrits.
13:48C'est Snapchat, vous le citiez, Instagram, TikTok.
13:51Nous avons une moyenne d'ouverture des comptes sur des réseaux sociaux numériques et au moins sur ceux que nous leur proposons qui ne cessent d'augmenter.
14:01Donc, on est en 2024.
14:02Nous avons une moyenne de sept comptes qui sont ouverts par des adolescents de 15-16 ans, quelle que soit leur formation générale ou professionnelle.
14:14Et donc, ça a des implications en tout cas en termes d'intensité des pratiques et donc en termes aussi de nombre de notifications.
14:24Si on est inscrit sur sept comptes, je vous laisse imaginer le nombre de notifications et donc l'envahissement de la sphère des adolescents par ces notifications auxquelles il faut répondre d'une certaine façon.
14:37Donc, il y a tout un travail éthique, émotionnel qui est réalisé par les adolescents pour répondre de façon correcte, pour partager ce qu'il convient de partager en fonction de ses contacts, etc.
14:48C'est vrai que ça a créé, moi je dirais plutôt, en tout cas une charge mentale pour les adolescents.
14:54Alors, Sophie Joël, pardonnez-moi de vous interrompre, mais un adolescent sur 10 montre des signes de comportement problématiques vis-à-vis des médias sociaux.
15:01C'est en tout cas ce qu'indiquait l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, en septembre 2024.
15:06C'est un chiffre qui vous surprend et est-ce qu'il mérite d'être interprété en effet avec inquiétude ?
15:11Oui, c'est un chiffre qui mérite d'être interprété avec inquiétude, mais il ne faut certainement pas y répondre.
15:18Enfin, je veux dire, il faut y répondre par des réponses réalistes.
15:21Oui, pas par l'interdiction.
15:23Voilà, pas par l'interdiction. Pourquoi ?
15:25Parce que quand on est à ce niveau-là d'intégration des réseaux sociaux numériques dans la vie des jeunes,
15:30je ne crois pas à une interdiction totale.
15:34Je ne crois pas qu'elle pourrait être acceptée, comprise par les jeunes.
15:37Tout à l'heure, vous interrogiez sur ce à quoi ça servait.
15:40Ça sert aussi à s'informer.
15:42On a aujourd'hui des jeunes qui s'informent notamment par les réseaux sociaux numériques
15:46où ils vont trouver de l'information correcte.
15:48On met souvent l'accent sur le complotisme,
15:51mais c'est aussi le compte du Godécrypte qui est à cet âge-là le plus suivi pour l'information, par exemple.
15:59Mais il y a des problèmes, oui, parce que les réseaux sociaux numériques,
16:03dans leur fonctionnement, dans le profilage qu'ils réalisent,
16:07vont aggraver les vulnérabilités des uns et des autres.
16:10Des filles et des garçons, en proposant plus de contenus virilistes, masculinistes,
16:15qui peuvent encourager à des formes de violence,
16:18ou pour les filles, en encourageant des contenus qui peuvent être liés à la fragilité psychique.
16:27Et donc, oui, c'est inquiétant.
16:29Ce qu'il faut, c'est obtenir,
16:32et la Commission européenne est quand même en train de travailler à cela,
16:35obtenir une protection des mineurs qui soit effective.
16:39Parce qu'aujourd'hui, elle ne l'est pas.
16:40Béatrice Milet, je voudrais votre avis là-dessus.
16:42Excusez-moi de vous interrompre.
16:44Je vous en prie.
16:44Effectivement, moi, ce que je trouve sur les réseaux, ce qui est embêtant,
16:49c'est le contenu qui n'est pas approprié pour l'âge des jeunes,
16:54le manque de recul parfois et d'esprit critique qu'ils peuvent avoir,
16:58parce que pour eux, ils voient une information, donc elle est forcément vraie.
17:02Et même si certains ont du recul de la maturité,
17:04des fois, moi j'ai un jeune qui m'a dit...
17:06Donc, nous n'avons pas, pardonnez-moi de vous interrompre,
17:07le même terme, enfin, la même lecture du mot information.
17:11Non, exactement.
17:12Je suis journaliste, alors je peux me tromper ou faire des bêtises,
17:15mais en l'occurrence, une information est quelque chose qui a été vérifié,
17:18qui a été vérifié par des professionnels.
17:20Tout à fait.
17:21Donc, eux, ils voient arriver des trucs...
17:22Ils se trouvent au premier degré, c'est ce que vous êtes en train de nous dire ?
17:24Pas toujours.
17:24Pas souvent.
17:25Pas toujours, mais...
17:26Oui, non, on ne va pas caricaturer, ce n'est pas généralisable,
17:28mais effectivement, il faut leur développer aussi leur esprit critique,
17:32la capacité à pouvoir choisir les contenus,
17:35pas aller s'embringuer dans tout et n'importe quoi.
17:37Je pense que l'esprit critique,
17:39mais je reviens sur ce que je dis aussi,
17:41ça se développe et ça s'éduque aussi en famille.
17:43Je pense que les familles, elles sont un peu débordées.
17:45On a le sujet des enfants-écrans qui commencent dès la maternité,
17:48et donc il y a les ados,
17:50mais c'est général et généralisable dans la manière dont on élève nos enfants aujourd'hui, je crois.
17:55Et l'esprit critique, ce n'est pas juste à l'école, c'est l'ensemble.
17:57Bien sûr, il y a l'école, mais il n'y a pas que ça.
17:59Axelle Dessin ?
18:01Je pense qu'il faut leur apprendre à développer des stratégies.
18:03Ah !
18:04Voilà, c'est ça qui est intéressant aujourd'hui.
18:06C'est un sens d'appel à l'intelligence en fait.
18:08Exactement, c'est-à-dire,
18:09parce que ces stratégies, on se rend compte,
18:11on se travaille beaucoup avec des adolescents,
18:13ils finissent par les mettre en place eux-mêmes.
18:15Donc déjà, oser leur parler du modèle
18:17d'un service qu'ils utilisent 4, 5, 6 heures par jour,
18:20pour pouvoir savoir un peu le maîtriser,
18:23apprendre à les dompter finalement ces algorithmes.
18:25Donc déjà, il y a la possibilité d'aller dans ces paramètres
18:29et de décider un petit peu
18:30ce qu'il nous est donné à voir,
18:32les types de publicité, les contacts qu'on a.
18:34Et personne n'invite à aller faire ce paramétrage.
18:37On ne communique pas assez aussi sur le fait
18:39qu'on peut s'affranchir de ces algorithmes.
18:41Il est possible aujourd'hui, sur son compte Instagram,
18:44sur lequel on a par défaut...
18:45Alors expliquez-nous, parce que moi, je vais essayer des ce soir pour vous.
18:48Alors, par défaut, par exemple, quand vous êtes Instagram,
18:50vous allez avoir votre fil pour vous.
18:52Même chose sur TikTok, ça s'appelle pour toi.
18:55Eh bien, si vous avez sur Instagram,
18:57vous avez la petite flèche à côté
18:58et vous allez voir que vous allez pouvoir
19:00uniquement aller sur les comptes que vous suivez.
19:02Et du coup, dans ce cas-là,
19:04vous allez voir vraiment que les contenus que vous avez choisis
19:07et l'algorithme ne vous poussent pas des recommandations.
19:10C'est comme mon journal, je lis les articles qui m'intéressent.
19:13Exactement.
19:13C'est-à-dire, une fois déjà qu'on a fait ça,
19:15on est moins victime de l'algorithme.
19:17Maintenant, il faut aider les jeunes, vraiment.
19:20Donc, ça demande que l'adulte soit à côté,
19:22au moment de l'inscription,
19:23à repérer des comptes qui sont fiables,
19:26qui sont pertinents.
19:27Parce qu'aujourd'hui, on est dans des contenus très courts
19:29qui s'enchaînent.
19:31C'est un exercice mental extrêmement compliqué
19:33de voir si c'est de la véritable information,
19:35si c'est du divertissement,
19:36même si c'est de la publicité.
19:37Donc, déjà, d'apprendre à qualifier le contenu.
19:39Et de repérer des sites fiables
19:42et qui sont aussi, j'ai envie de dire,
19:44bons pour leur bien-être.
19:45Peut-être qu'on ne leur parle pas assez aux jeunes
19:46de leur bien-être et de ce que ces réseaux font.
19:49Peut-être qu'on devrait demander aux ados
19:51« Comment tu te sens après avoir été deux heures sur cette appli ? »
19:54Je pense que c'est une question qu'on ne pose pas aujourd'hui.
19:56A tout de suite sur RTL.
19:57Yves Calvi, on refait le monde sur RTL.
20:02RTL Soir, on refait le monde.
20:04Avec Yves Calvi.
20:05Je vous rappelle que nous débattons
20:07de nos réseaux sociaux,
20:08dans la relation que nos enfants ont nouée avec eux.
20:11Et notamment après la proposition du président Macron
20:13d'interdire les réseaux sociaux avant 15 ans.
20:16Écoutez ce petit extrait.
20:17C'est un prof de maths très suivi sur Internet.
20:20Bonjour.
20:21Jour 2 pour la préparation des maths au brevet.
20:24Je te propose aujourd'hui de travailler les fractions.
20:26On va faire deux petits calculs de fractions.
20:28Voici le premier, comme la dernière fois.
20:31Tu mets la vidéo en pause et on corrige derrière.
20:33Je connais des enfants qui ont compris des notions de maths
20:36en regardant des vidéos ludiques de certains profs en ligne.
20:38Vous êtes surpris, Cookie Calcaire ?
20:40Non, pas vraiment.
20:42Je pense qu'effectivement, il y a des contenus super intéressants.
20:44Mais il y avait déjà des contenus super intéressants sur Internet.
20:46Moi, je suis de la génération qui a grandi avec les débuts d'Internet.
20:49Pour moi, ce n'est pas nouveau.
20:50J'ai appris énormément de choses.
20:51J'ai révisé mon bac avec Internet.
20:53Ce ne sont pas les réseaux sociaux qui ont inventé ça.
20:55Ils ont peut-être fluidifié un peu ça.
20:57Mais je pense qu'au passage,
20:58ils ont incorporé énormément de choses mauvaises.
21:00Je voulais revenir sur ce que vous disiez
21:01sur la comparaison avec la télévision et les jeux vidéo.
21:03Je pense que c'est un bon point de départ.
21:05On n'a pas rien fait à l'époque.
21:07La télévision, aujourd'hui, c'est régulé.
21:09On a mis en place des règles très fortes.
21:10On a dit qu'on ne faisait pas des pubs pour du tabac ou de l'alcool.
21:14Notamment le matin, quand les enfants regardent des dessins animés.
21:16Pour les jeux vidéo, on a des jeux vidéo interdits au moins de 16 ans, au moins de 18 ans.
21:19Il y a toujours quelqu'un qui me dira
21:21« Oui, mais j'ai quand même des enfants qui jouent à des jeux à GTA hyper violents. »
21:25Oui, d'accord, mais ça, c'est effectivement après la cascade
21:30vers la responsabilité des parents et des familles.
21:32Mais on ne peut pas ne rien faire.
21:33Si on ne démarre pas, on parlait de pouvoir changer son algorithme
21:37et d'appuyer pour vous ou les comptes suivis.
21:41Ce n'est pas venu par magie.
21:42Ce n'est pas quelque chose qui était là au début d'Instagram.
21:43On s'est battu pour ça.
21:45On s'est plaint.
21:46Et le fait de faire des comptes pour mineurs
21:49dont Instagram parle depuis quelques temps,
21:51n'oubliez pas qu'il y a deux ans,
21:53Mark Zuckerberg était devant le congrès américain
21:56face à des parents qui montraient les images d'adolescents
21:59qui se sont suicidés à cause de...
22:00À rendre des comptes.
22:01Ils s'excusent.
22:02Oui, je pense qu'il faut se rappeler que l'inaction
22:05et se dire que la responsabilité, c'est nous,
22:07c'est trop peu.
22:08Il faut aussi demander des comptes au réseau.
22:10C'est leur responsabilité d'abord.
22:11Vous avez des enfants.
22:12Comment vous faites avec eux ?
22:14Alors moi, j'ai un pré-ado.
22:16Et moi, je suis sur les réseaux en tant qu'influenceur.
22:20Donc, c'est forcément un sujet qu'on discute.
22:24Moi, je suis très précautionné avec ça.
22:26Et je lui explique que pour le coup,
22:27les réseaux, je les utilise pour mon métier
22:29d'une manière très sécurisée.
22:31J'essaie de faire un temps précis avec ça.
22:33Et on en parle beaucoup.
22:34Aujourd'hui, lui, il n'a pas accès au réseau.
22:36Parce que vous ne le voulez pas.
22:40C'est une décision familiale.
22:42C'est une décision absolument familiale.
22:44Et je considère qu'effectivement,
22:45ça devrait être interdit aux mineurs.
22:47Ou en tout cas, pas les réseaux comme ils sont aujourd'hui.
22:50Je suis assez d'accord.
22:51YouTube, par exemple, a mis en place YouTube Kids
22:53il y a quelques années.
22:54Même si ce n'est pas extrêmement bon,
22:57c'est quand même toujours mieux.
22:58C'est-à-dire que c'est des contenus validés
22:59pour les enfants.
23:01Et mon enfant n'a le droit.
23:02Il ne peut pas aller de vidéo en vidéo
23:04jusqu'à des vidéos violentes.
23:07Il reste dans du vidéo de contenu pour enfants.
23:10Je pense que tant que les réseaux
23:11n'auront pas ce type de contenu pour mon enfant,
23:14mon enfant n'ira pas sur les réseaux.
23:15Sophie Joël, est-ce que vous avez l'impression
23:18que la société aujourd'hui est capable
23:20d'aborder ces choses-là de façon un petit peu plus saine ?
23:24Et notamment dans la façon dont on parlait à nos enfants.
23:27Parce qu'il est clair que l'interdiction,
23:28enfin, moi, par expérience, je sais que c'est un échec absolu
23:32car j'ai aussi été un enfant et un adolescent.
23:35Oui.
23:36Alors, moi, je pense que ce qui se passe,
23:38c'est qu'en France, on a quand même développé
23:40un grand nombre de ressources éducatives.
23:43Parce qu'on parlait tout à l'heure un peu de l'école
23:45et de comment est-ce qu'on peut accompagner les jeunes.
23:47Et je suis complètement d'accord.
23:48Il y a une vraie intelligence, bien sûr,
23:50des jeunes qui se créent en relation
23:52avec les plateformes numériques.
23:53Mais il faut aussi avoir des espaces dans l'école
23:56où on puisse la développer.
23:58acquérir des connaissances,
24:00comprendre ce qui s'y passe,
24:02comprendre la nature des problèmes que l'on peut poser.
24:05Donc ça, c'est à mon avis un des grands risques
24:07de l'interdiction aux mineurs de 15 ans.
24:11C'est de diminuer encore la place
24:14qui est déjà maigrelette
24:16de l'éducation aux médias et au numérique
24:19à l'école, au collège en particulier.
24:21Il n'y a pas de volume horaire minimal
24:22qui soit proposé pour ces contenus
24:26alors que c'est une urgence publique.
24:27Et la solution par l'interdiction,
24:30elle risque vraiment de mettre en difficulté
24:33le peu qui existe.
24:34Alors il y a beaucoup de ressources,
24:35mais il n'y a pas beaucoup de volume horaire.
24:37C'est un peu ça le problème actuel.
24:40Ensuite, je pense que la société
24:42dans laquelle nous sommes,
24:43elle est très clivée.
24:44Vous voyez, nous avons les mêmes pouvoirs publics
24:46qui peuvent à la fois négocier
24:48au niveau de la Commission européenne
24:49pour obtenir une meilleure régulation
24:51et notamment protection de l'enfance
24:53et de l'adolescence des plateformes numériques.
24:55Et puis, le lendemain, le Président de la République
24:57va nous dire, non, mais on va tout interdire.
24:59Donc, il y a un problème de constance, je dirais,
25:04dans les directives, dans les orientations politiques.
25:08Et c'est ça qui est particulièrement problématique.
25:12Il y a des problèmes générationnels.
25:13J'étais en train de me demander si...
25:14Moi, je suis d'une génération,
25:15j'ai été élevé avec un petit poste de radio
25:17que j'écoutais dans mon lit
25:18et je regardais la télévision en permanence.
25:20Bon, enfin, les deux.
25:20J'étais curieux de tout ça.
25:22Est-ce que c'est du même ordre ?
25:24Et est-ce que ça pose les mêmes problèmes ?
25:27Comment percevez-vous les choses ?
25:28Béatrice Millette.
25:32Je ne sais pas si c'est du même ordre
25:33parce qu'on a la notion du volume aussi
25:36qui est...
25:37Ce que vous disiez, c'est que vous étiez curieux,
25:39vous alliez sur du contenu.
25:41Les jeunes, vous leur posez la question
25:42de la durée.
25:43Oui.
25:44Deux secondes par contenu.
25:47Ils scrollent, ils zappent.
25:48Deux secondes.
25:48Donc, deux secondes.
25:50Je me disais tout à l'heure,
25:51il n'y a pas l'esprit critique,
25:52il n'y a pas rien.
25:53Et deux secondes, c'est le maxi.
25:54Ils voient passer un bout de bazar,
25:56ils regardent, ils like
25:56parce qu'il faut liker.
25:58Parce que c'est le truc.
26:00Et ils sont comme ça.
26:01Donc, deux secondes,
26:02on est dans un volume
26:03qui n'est absolument pas le même.
26:04Alors qu'il pourrait même...
26:05Il y a des petites vidéos
26:06qui font même 15 secondes
26:07où on a de l'information quand même dedans,
26:09de la vraie information.
26:10Ils ne vont même pas sur...
26:12Donc, on n'est déjà pas dans le même...
26:14À cause de ce volume,
26:15on n'est pas du tout dans le même registre.
26:17Et on n'est pas dans le même registre non plus
26:18parce qu'effectivement,
26:20on a cette captation de la...
26:22Enfin, on sait très bien
26:23que les algorithmes,
26:25les plateformes, les machins,
26:26ils sont là pour vous tenir captifs,
26:27bien évidemment.
26:27Bah oui.
26:28Donc, ce qui n'était pas le cas de la télé.
26:30La télé, elle nous gardait captifs
26:31avec la pub,
26:32avec la série,
26:33on en avait une par semaine.
26:35On avait envie de voir l'épisode suivant.
26:37Et on était...
26:37Enfin, je ne sais pas,
26:37moi je regardais Vidoc
26:38tous les mardis soirs
26:39ou tous les jeudis,
26:40je ne sais plus.
26:41Excusez ma mémoire.
26:41Et c'était un par semaine
26:43et on était super contents.
26:44Là, c'est d'abord,
26:45vous binge-watchez tout le bazar
26:47quand vous les regardez
26:47une série d'un coup.
26:49Et vous êtes par deux secondes.
26:50Donc, on n'est pas du tout
26:51dans le même registre.
26:52Ah, Axelle Dessin ?
26:53Alors, il y a quand même
26:54des choses similaires.
26:56Je crois que c'est Patrick Lelay
26:57quand même qui disait
26:57sur TF1...
26:58Ancien président de TF1.
26:59Voilà, que lui,
27:01voilà, il vendait
27:02de l'espace de cerveau disponible.
27:03Oui.
27:04Eh bien, on est dans ça démultiplié.
27:06En fait, vraiment,
27:07ce qui est problématique,
27:07c'est le modèle.
27:08Et c'est dommage
27:11qui peuvent être intéressants.
27:13Moi, pardon,
27:13je relativise un peu.
27:15Les jeunes développent
27:16eux-mêmes d'esprit critique.
27:17Ils font attention
27:19à ce qu'ils regardent aussi.
27:21Ils choisissent des contenus.
27:22Alors, évidemment,
27:23tout le monde n'a pas
27:23ce niveau d'éducation
27:24et ce niveau de recul.
27:26Donc, je vais rejoindre
27:27ce qui venait d'être dit.
27:29C'est-à-dire,
27:29l'éducation, elle est la clé.
27:31Alors, moi,
27:31je vais le défendre encore plus
27:32parce que je dirige
27:33un programme d'éducation numérique.
27:34On propose plus de 200 ressources
27:35gratuites quand même
27:36sur notre site
27:36pour aborder justement
27:38les enjeux,
27:38comprendre les modèles
27:40de ces réseaux.
27:41Quels sont nos droits
27:42et devoirs en ligne ?
27:42C'est un sujet
27:43qu'on n'aborde pas.
27:44De comprendre aussi
27:45que chaque action
27:47qu'on a en ligne,
27:48le moindre like,
27:49le moindre commentaire
27:49engage notre responsabilité.
27:51C'est-à-dire,
27:52si on commence
27:52à embêter quelqu'un,
27:53ça peut devenir
27:53du cyberharcèlement,
27:54c'est un délit.
27:55Il y a des limites
27:55à la liberté d'expression.
27:57Alors, on a du mal
27:57à y croire
27:58quand on voit
27:58à quel point la haine
27:59se répand
27:59dans les commentaires
28:00des réseaux sociaux
28:01aujourd'hui.
28:02Donc, il faut leur donner
28:02des repères,
28:03leur expliquer comment protéger
28:04leur identité numérique.
28:06Qu'est-ce que c'est ?
28:06Comment on protège
28:07ces données personnelles ?
28:09Parler d'intimité,
28:10d'espace public,
28:11d'espace privé.
28:12Et aujourd'hui,
28:13le problème,
28:13c'est que cette éducation-là,
28:14elle n'est pas systémique.
28:17Il y a les outils,
28:18mais il n'y a pas l'espace.
28:19On va revenir
28:19sur cette notion d'éducation
28:20dans un tout petit instant.
28:21Avec Axel Dessin,
28:33Béatrice Millettre,
28:34Sophie Joël
28:34et Cookie Calcaire.
28:37Interdire,
28:37il y a des questions
28:39techniques très précises.
28:40Interdire,
28:41est-ce possible ?
28:42Et est-ce qu'on peut
28:43sélectionner les choses
28:44sur le téléphone
28:45ou apprendre à le faire,
28:46bien entendu,
28:47par exemple,
28:48à son ado ?
28:49Axel Dessin.
28:50Alors,
28:51sur la question
28:52de l'interdiction technique,
28:53c'est un sujet,
28:55quand même,
28:56aujourd'hui,
28:57c'est vraiment
28:58au niveau européen.
28:59La régulation
29:01des plateformes,
29:02l'encadrement des plateformes,
29:03elle se fait vraiment
29:04au niveau européen.
29:05Je doute que ce soit possible
29:06de faire des choses
29:06à l'échelle de la France.
29:09Les solutions
29:10qui sont proposées
29:11sont des solutions
29:11de vérification d'âge.
29:13Déjà,
29:13les plateformes eux-mêmes
29:14ont décidé
29:15que c'était à partir
29:15de 13 ans.
29:16Donc,
29:16elles mettent déjà en place
29:17une vérification
29:18à partir de 13 ans.
29:19après,
29:19on peut questionner
29:2015 ou 18 ans.
29:21Le problème,
29:22c'est que les solutions,
29:23elles viennent rencontrer
29:24aussi d'autres questions
29:25de droit.
29:26La protection
29:26à la vie privée.
29:27Le RGPRED,
29:28par exemple,
29:29prévoyait que
29:29la vérification d'âge
29:31ne soit pas atteinte
29:31à la vie privée.
29:32Donc,
29:32on ne va pas pouvoir
29:33demander l'identité
29:34de quelqu'un.
29:34Donc,
29:35ça repose sur quoi ?
29:36Sur des solutions
29:36pour pouvoir vérifier l'âge.
29:38Si on ne peut pas
29:39vérifier l'identité,
29:40il faut d'autres solutions.
29:43C'est un des critères,
29:44en tout cas.
29:46Les solutions techniques,
29:46elles sont possibles,
29:47mais c'est le problème
29:48de la fiabilité.
29:49Donc,
29:50les autres options,
29:50elles reposent
29:51sur de la vérification,
29:53de la reconnaissance
29:55par rapport à un scan,
29:57une photo,
29:58ou même,
29:59il y a des techniques...
29:59La reconnaissance faciale ?
30:00La reconnaissance faciale.
30:01D'accord.
30:02Le problème,
30:03il y a des solutions
30:04qui existent,
30:04c'est qu'elles n'ont pas
30:05forcément fait preuve
30:06d'une grande fiabilité.
30:09Et que ça questionne aussi
30:10sur son image,
30:11qui est quand même
30:11le partage
30:12d'une donnée personnelle.
30:13Donc,
30:14après,
30:14des stratégies
30:15vraiment aujourd'hui
30:16à donner à son enfant
30:17pour pouvoir réguler,
30:18ça y en a aussi.
30:19Cookie Calcaire,
30:20vous avez vous-même testé
30:22ces limitations ?
30:25Oui,
30:26je peux même vous dire
30:26que l'année dernière,
30:27j'ai essayé d'ouvrir
30:28un compte OnlyFan.
30:29Si vous voyez ce que c'est
30:30la plateforme,
30:30pour ouvrir un compte OnlyFan,
30:31il faut faire un scan 3D
30:32de son visage
30:33et donner sa carte de crédit.
30:35Alors,
30:35je suis d'accord
30:35que ça ne fonctionne
30:37peut-être pas à 100%,
30:38et j'entends toujours
30:40cet argument-là,
30:41mais à mon avis,
30:42ça fonctionne
30:42à bien 90-80%.
30:44Moi,
30:46je pense qu'on les a,
30:47les outils,
30:47et puis je travaille
30:48dans la tech à côté.
30:49Honnêtement,
30:50je sais qu'on les a
30:52depuis des années.
30:53Je trouve ça un peu étrange
30:54qu'on n'interroge pas plus
30:56la responsabilité
30:56des plateformes
30:57qui,
30:58en fait,
30:58je ne comprends pas pourquoi
30:59en 2010,
31:00quand Facebook ou Instagram
31:01ont été lancés,
31:02il n'y avait pas d'office
31:04un compte pour mineurs.
31:05Pour moi,
31:05ça me paraît un peu étrange.
31:08Et en fait,
31:08je trouve que
31:09commencer à interroger ça
31:10et dire qu'en termes
31:11de technologie,
31:12on est capable
31:13de détecter des digpics,
31:14qu'on est capable
31:15de détecter du contenu
31:16inapproprié,
31:16des messages inappropriés.
31:17Ça fait des années
31:18qu'on sait faire ça.
31:19Encore une fois,
31:19peut-être pas à 100%,
31:20mais à très haut pourcentage
31:22de probabilités.
31:23Je pense qu'on est prêt,
31:24en fait.
31:24C'est juste un choix
31:25de...
31:25Mais ils ne veulent pas.
31:26Ils ne veulent pas.
31:27Ils ne veulent pas,
31:28nous dit Axel Dossard.
31:30Non,
31:30ils ne veulent pas
31:31parce qu'ils savent bien
31:32que ce sera un frein
31:33à l'utilisation.
31:33On va retrouver les mêmes choses
31:34que ce qu'on retrouve
31:35sur les sites pornographiques
31:36et leur stratégie aujourd'hui
31:37à ces plateformes,
31:38ces réseaux sociaux,
31:38c'est de dire
31:39que ce n'est pas
31:40à leur niveau
31:40que ça doit se faire.
31:41C'est au niveau des stores.
31:42Des stores d'applications
31:43pour éviter justement
31:44que la vérification d'âge
31:46se fasse sur chaque application,
31:49que ça se fasse
31:50au niveau des stores.
31:52C'est-à-dire qu'on puisse empêcher
31:53qu'avant 10 ans,
31:5412 ans, 14 ans,
31:55on peut fixer des âges,
31:56les applications interdites
31:57puissent être téléchargées.
31:59Donc, chacun se rejette
31:59la faute, en fait.
32:01Sophie Joël,
32:01le problème,
32:02c'est qu'un ado,
32:02ça rapporte aussi.
32:05Oui, oui, complètement.
32:06Et même que les plateformes numériques,
32:08leur manière de jouer,
32:10enfin, d'être gamifiées,
32:12de valoriser toutes les activités
32:15possibles et imaginables
32:17à partir de petites récompenses,
32:19elles sont pensées
32:20par rapport à des adolescents
32:22et même, à mon avis,
32:23des adolescents très jeunes.
32:26Donc, c'est là aussi
32:27où on se bat
32:28avec un modèle d'organisation,
32:31un modèle d'affaires
32:32qui intègre les adolescents
32:35comme cible première.
32:36pas exclusives, bien entendu,
32:37puisque l'intérêt
32:38pour les plateformes,
32:39c'est ensuite
32:40d'avoir l'ensemble
32:42de la population,
32:44les autres générations
32:45qui vont vouloir,
32:45elles aussi,
32:47aller voir
32:48comment font les jeunes
32:49et venir aussi
32:50sur ces plateformes.
32:51Mais oui,
32:52il y a une adresse particulière
32:54pour les adolescents.
32:56Ce qui est intéressant,
32:57Béatrice Milad,
32:57c'est qu'on se rend compte
32:58qu'en fait,
32:58on attire d'abord les jeunes
32:59d'une certaine façon
33:00pour faire venir ensuite
33:01les adultes.
33:02Oui, bien sûr.
33:03Vous n'êtes pas naïf ?
33:04Non, vous n'êtes pas naïf,
33:05mais ça vous arrive
33:05de faire les courses
33:06au supermarché ?
33:07Qu'est-ce que vous avez
33:07à la caisse ?
33:08Vous avez les bonbons,
33:09des trucs comme ça.
33:10C'est juste.
33:11Non, mais c'est exactement pareil.
33:12Non, mais c'est...
33:14Et on sait bien que...
33:15Moi, j'ai été surprise,
33:16une fois, j'ai accompagné
33:16quelqu'un qui travaille
33:17chez Disney
33:18et qui me dit,
33:19elle n'a pas de patrouille,
33:20elle est faite exprès
33:21pour capter les enfants,
33:23pour les rendre,
33:24pour conditionner
33:25leur regard
33:28et qu'ils reviennent.
33:28Vous dites, mais non.
33:30Donc ça, c'est vrai
33:30dans tous les domaines,
33:32si vous voulez,
33:32parce que c'est une énorme
33:35ressource commerciale,
33:36les enfants, les ados.
33:37Je crois que vous venez
33:38de nous dire
33:38la dernière vérité
33:39de cette émission.
33:40Merci infiniment
33:40les uns et les autres
33:41d'y avoir participé.
33:43Alors, demain,
33:43c'est Olivier Faure,
33:44le premier secrétaire
33:45du Parti Socialiste
33:46qui sera l'invité
33:47de notre interview politique
33:49à 7h40.
33:50Dans un instant,
33:51vous retrouvez Faustine Bollard
33:52pour son émission Héros.
33:53Bonsoir Faustine,
33:54dites-nous
33:55qui est votre invitée ce soir.
33:56Bonsoir Yves,
33:57bonsoir à tous.
33:58Allez écouter la voix
33:59d'un homme dont on connaît
34:00moins le prénom
34:01que le nom.
34:03Julien Dassin
34:03sera avec moi
34:04dans ce studio.
34:05Il publie un livre
34:06où pour la première fois
34:07il veut parler de son papa,
34:09un peu moins de l'artiste
34:10et ça nous permet
34:11de revenir sur leur vie
34:12à tous les deux
34:13qui a été vraiment
34:14hors du commun.
34:15C'est vraiment un destin
34:16que vous allez écouter.
34:17A tout de suite sur RTL.
34:18Yves, je vous attends.
34:19Merci Faustine.
34:20RTL, il est 20h.