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Zuidcoote et ses environs, 85 ans plus tard...

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📚
Éducation
Transcription
00:00:00Je chante un baiser
00:00:30La mer du nord en hiver
00:00:33Sortait ses éléphants gris-verts
00:00:36Des adamots passaient bien couverts
00:00:39Donnant à la plage son caractère naïf et sincère
00:00:44Le vent de Belgique transportait de la musique
00:00:49Des flonflons à la française
00:00:53Des fansifères à la fraise
00:00:56Elle s'est avancée
00:00:59Rien n'avait été organisé
00:01:02Autour de moi elle a mis ses bras croisés
00:01:06Et ses yeux se sont fermés
00:01:08Fermés
00:01:10Jugez ma fortune
00:01:13Sous l'écharpe les boucles brunes
00:01:17C'est vrai qu'en blonde j'ai des lacunes
00:01:20En blonde j'ai des lacunes
00:01:24Oh le grand air
00:01:26Tournez le vent, la dune à l'envers
00:01:29Tournez le ciel et tournez la terre
00:01:33Tournez, tournez le grand air
00:01:36La Belgique locale
00:01:40Envoyait son ambiance musicale
00:01:43De flonflon à la française
00:01:46De fansifères à la fraise
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00:14:19Pour la Grande-Bretagne, la guerre semblait être finie, avant même d'avoir commencé.
00:14:27Le noyau de l'armée britannique est sur le point de se faire éliminer, sans aucune possibilité de s'échapper.
00:14:35On est resté sur la plage pendant 48 heures, sans nourriture, sans eau. Il n'y avait nulle part où aller ni se cacher.
00:14:42Les avions de la Luftwaffe nous survolaient. On était des cibles faciles.
00:14:46On espérait juste qu'ils nous ratent.
00:14:49Un navire hôpital a explosé. Une bombe est tombée dans la cheminée et a fait éclater le bâtiment en morceaux.
00:14:56L'eau était pleine de jeunes en train de mourir ou déjà morts.
00:15:00Mais le capitaine a dit « On ne peut pas arrêter, messieurs, on ne peut pas arrêter. »
00:15:05Finalement, on a atteint la Manche et on s'est tous sentis extrêmement soulagés.
00:15:11Une fois à Douvres, on a embrassé le sol et on a pleuré toutes les larmes de notre corps.
00:15:18En hommage au courage de ces soldats britanniques et de ceux qui les ont secourus,
00:15:28les grands reportages vous présentent ce soir l'histoire d'un sauvetage épique que nous ne devons jamais oublier,
00:15:33raconté par ceux qui l'ont vécu.
00:15:35L'opération Dynamo est le moment culminant d'un des plus grands sauvetages de tous les temps.
00:15:41Des centaines de navires britanniques, dont beaucoup de bateaux privés,
00:15:45traversent la Manche pour secourir les militaires en détresse,
00:15:48plongeant courageusement dans le feu de l'action.
00:15:50« J'ai connu l'enfer. Je pense encore chaque jour et je rêve chaque nuit à ces jours-là
00:15:57où j'ai traversé tant d'épreuves afin de pouvoir vivre.
00:16:02J'ai 99 ans et 4 mois maintenant et je suis toujours là. »
00:16:09« Chaque matin en me réveillant, j'y pense. Ça m'étonne d'être encore vivant. »
00:16:15« J'en rêve encore toutes les nuits. »
00:16:18« Je suis le seul survivant connu de mon bataillon qui soit encore en vie. »
00:16:24« Un parmi des millions. »
00:16:26« Plus personne ne se souvient de ça. »
00:16:28« Je parle à des gens qui me disent, c'était pendant quelle guerre ? »
00:16:32« C'est l'attitude du monde d'aujourd'hui. »
00:16:36« Les écoliers d'aujourd'hui n'ont jamais entendu parler de Dunkerque. »
00:16:40« Leurs enseignants non plus. »
00:16:42« Les événements de Dunkerque sont tellement importants du point de vue politique et militaire mondial. »
00:16:48« Ça m'étonne que les gens ne s'en souviennent pas. »
00:16:50« Jusqu'à la sortie du film, le grand public n'avait généralement aucune idée de ce que représentait Dunkerque. »
00:16:57« Ceux qui savaient ce qui s'y est passé voyaient ça comme une anecdote de l'histoire britannique qui s'est produite avant que les États-Unis entrent en guerre pour nous sauver. »
00:17:05« C'est beaucoup plus important que ça. »
00:17:08« C'est une histoire universelle de survie. »
00:17:10« Ça a été un miracle en ce sens qu'autant de soldats en sont revenus vivants, alors qu'à première vue, ça semblait peu probable. »
00:17:17« Le fait que ces militaires britanniques soient rentrés chez eux signifiait que la Grande-Bretagne n'avait pas à signer un traité de paix avec Hitler, qu'elle n'avait pas à se rendre. »
00:17:25« Si les troupes avaient été anéanties, la guerre aurait été finie et on en subirait encore les conséquences aujourd'hui. »
00:17:35« Il n'y a pas de gloire dans la guerre. Ce n'est qu'une question de survie. »
00:17:45« Je suis né en 1918 dans une famille assez pauvre. Ma mère n'était pas une femme agréable et j'étais incontrôlable. »
00:17:54« Ils m'ont donc dit que j'irais à l'asile du docteur Barnardo. »
00:17:58« J'y suis resté de l'âge de 5 ans jusqu'à 8 ans. Puis, je suis allé au foyer pour enfants de Norwood pendant deux ans et à celui de Sidcup ensuite. »
00:18:08« Ça a été ça, mon enfance. »
00:18:10« Croyez-moi, vous ne pouvez pas comprendre la vie à cette époque. »
00:18:14« C'était dur, très dur. »
00:18:18« Je me suis enrôlé dans l'armée territoriale à l'âge de 18 ans. »
00:18:23« Je l'ai fait parce que la bière ne coûtait pas cher à la cantine et parce que les filles aimaient les hommes en uniforme. »
00:18:30« Je ne me suis pas vraiment enrôlé pour devenir soldat. »
00:18:33« Je suis entré dans l'armée territoriale à Brixton. »
00:18:36« En tant que canonnier anti-char, je m'installais devant l'infanterie et ma tâche était de tirer sur les chars d'assaut. »
00:18:43« Je faisais du vélo avec un ami sur le terrain communal de Wimbledon. »
00:18:48Un sergent recruteur nous a demandé « Voulez-vous vous engager dans l'armée ? »
00:18:53On a dit « Oui. »
00:18:54« Quel âge as-tu ? »
00:18:55J'ai répondu « 16 ans. »
00:18:57Il a refusé parce que j'étais trop jeune.
00:19:00« Attendez, » je lui ai dit. « Ce n'est pas vrai. J'ai 17 ans. »
00:19:03Et il m'a enrôlé.
00:19:07Ma vie n'était rien.
00:19:09C'est pour ça que je me suis engagé dans la marine.
00:19:11Je n'avais pas tout à fait 17 ans.
00:19:13Un jeune de cet âge trouve ça merveilleux, porté un uniforme.
00:19:19Je suis née en Belgique, à Anvers.
00:19:45Quand la guerre a éclaté, il a fallu qu'on parte.
00:19:50Les Allemands ont réduit notre maison en miettes.
00:19:53On a dû tout laisser derrière nous.
00:19:55Je n'avais que 9 ans.
00:19:57La guerre a été déclarée le 3 septembre 1939.
00:20:02J'ai été mobilisé la fin du mois de septembre, donc pas mal dès le début.
00:20:06J'étais conscrit.
00:20:07J'ai bien vu la guerre venir.
00:20:12Mon père m'a conseillé de quitter l'armée et de m'engager dans l'aviation.
00:20:17Il fallait se soumettre à un examen médical pour l'armée de l'air.
00:20:20Comme je portais des lunettes, j'ai échoué à l'examen.
00:20:24Ça m'a sauvé la vie.
00:20:26Parce que la majorité de mes camarades n'ont pas survécu à la guerre.
00:20:30Mes lunettes m'ont sauvé la vie.
00:20:32Au début, on voyait ça comme une aventure.
00:20:39On ne s'imaginait pas comment ça serait.
00:20:43Personne n'aurait pu deviner ce qui allait se passer.
00:21:02La Seconde Guerre mondiale deviendra le conflit international le plus brutal et le plus destructeur de l'histoire.
00:21:15À la suite de l'invasio allemande de la Pologne, en septembre 1939,
00:21:19le corps expéditionnaire britannique est envoyé en Europe.
00:21:22Au début de la guerre, en 1939, le corps expéditionnaire britannique s'est rendu en France.
00:21:34Il était composé de jeunes hommes qui n'avaient jamais été à l'étranger de leur vie.
00:21:39C'était donc une expérience incroyable pour eux.
00:21:41Montés à bord de bateaux et de trains, traversés la France,
00:21:45se ruer aux fenêtres pour voir de quoi avait l'air un pays étranger.
00:21:48Comme il ne se passait pas encore grand-chose, ils en ont profité pour connaître les Français,
00:21:53découvrir la cuisine française et faire des choses qu'ils n'avaient jamais faites avant,
00:21:58car ils étaient loin de chez eux.
00:21:59C'était une sorte d'aventure pour ces jeunes-là.
00:22:06La Grande-Bretagne ne se fâche pas facilement et n'a jamais voulu de cette guerre.
00:22:11Maintenant qu'elle nous a été imposée, nous sommes déterminés à la mener jusqu'au bout,
00:22:14peu importe les sacrifices requis.
00:22:16Or, ce sont ceux qui font les plus grands sacrifices,
00:22:19les combattants, qui sont les plus enthousiastes.
00:22:28On a visité le château de Brias, un grand château.
00:22:32C'était très beau.
00:22:34On a effectué la traversée le jour de Noël
00:22:37pour accoster à Cherbourg, en France, le lendemain.
00:22:40C'est comme ça qu'on a passé Noël.
00:22:42On est arrivés dans un village appelé Gondecourt, près de la frontière belge.
00:22:51Je faisais partie d'un bataillon de mitrailleurs.
00:22:53C'était très différent de la vie à la maison avec maman.
00:23:01Les soldats reçoivent des rations alimentaires conçues pour répondre à leurs besoins nutritionnels.
00:23:06Ils nous donnaient une boîte de corned beef, un paquet de biscuits du genre biscuits pour chien,
00:23:13et c'était tout ce qu'on avait à manger pour la journée.
00:23:16Ces biscuits, pas moyen de mordre dedans.
00:23:19Il fallait les remprendre en morceaux et les ramollir pour arriver à les avaler.
00:23:23On s'était dur.
00:23:26Ils nous disaient que ces biscuits renfermaient beaucoup d'énergie.
00:23:29On était bien obligés de les croire.
00:23:32Le cuisinier nous servait parfois ce qu'il appelait du ragout.
00:23:35Il valait mieux ne pas demander ce qu'il y avait dedans.
00:23:37Le corps expéditionnaire qui débarque en Europe en 1939 est une armée totalement mécanisée.
00:23:50Mais son entraînement, scandaleusement inadéquat,
00:23:53le rend incapable de combattre l'armée allemande bien mieux préparée.
00:23:57Ils manquaient d'entraînement. Ce n'était pas de vrais soldats.
00:24:01Pratiquement aucun d'entre eux n'avait déjà combattu.
00:24:03C'est étonnant, mais plusieurs de ces soldats n'avaient littéralement jamais utilisé d'armes à feu.
00:24:09Quand on est arrivé en France, on savait à peu près de quel côté de la mitrailleuse la balle sortait.
00:24:14On savait marcher au pas.
00:24:16Après l'instruction de base, il nous donnait un fusil, on s'entraînait un peu au tir
00:24:21et il nous assignait un camion qui allait être le nôtre jusqu'à la fin.
00:24:27On s'efforçait d'apprendre les tâches des uns et des autres sur les vedettes de combat.
00:24:31Je pouvais tirer, démonter une arme, la réassembler.
00:24:35Je pouvais même tenir la barre du bateau.
00:24:37Il fallait savoir tout faire.
00:24:44En mai 1940, la situation en Europe semble désastreuse.
00:24:49L'armée de Hitler lance des attaques dévastatrices contre la France, la Belgique et les Pays-Bas.
00:24:54C'est en mai que les combats ont vraiment débuté.
00:25:02Les Allemands ayant gagné du terrain, le corps expéditionnaire britannique a avancé
00:25:06pour aller les affronter à un point préétabli en Belgique.
00:25:10Les Britanniques n'avaient pas reçu l'autorisation d'entrer dans ce pays.
00:25:14La Belgique était censée rester neutre et ne s'impliquer dans la guerre que si elle était attaquée.
00:25:18Quand les Allemands ont envahi la Belgique, les forces britanniques et françaises ont quitté leur position en France pour se rendre à leur rencontre.
00:25:28Le premier endroit où on est allé, c'était Bruxelles.
00:25:31La rue où on se trouvait était vide.
00:25:34Elle avait été complètement évacuée.
00:25:36Les civils étaient tous partis.
00:25:37On est montés dans le train à Anvers, mais ils n'avançaient pas.
00:25:46On est donc descendus et on a traversé la Belgique pour aller jusqu'en France.
00:25:51On a parcouru toutes ces distances à pied.
00:25:55Quand le Blitzkrieg a débuté le 10 mai, c'est là qu'on a affronté les Allemands pour la première fois.
00:26:02On a suivi la rivière d'Isle tout au long.
00:26:05Les Allemands étaient de l'autre côté.
00:26:08Ils tiraient sur nos canons et on tirait sur les leurs.
00:26:11On avait un avion lysandre dans les airs qui m'envoyait de l'information que je transmettais à l'armée.
00:26:19Et j'ai fini par trouver la cible et abattre leur avion.
00:26:22Tout le monde s'attendait à ce que chacun reste sur ses positions, comme durant la Première Guerre mondiale.
00:26:30Une guerre d'usure avec très peu de mouvements.
00:26:33Les soldats pensaient qu'ils finiraient dans leur tranchée face aux Allemands dans les leurs,
00:26:37parce qu'ils étaient habitués à ce genre d'affrontements.
00:26:39Ce n'est pas ce qui s'est passé.
00:26:41Les Allemands ont monté cette attaque incroyablement audacieuse à travers les Ardennes,
00:26:46avec leurs chars d'assaut, les Panzers, qui transperçaient toutes les défenses.
00:26:51Personne n'aurait cru qu'on pouvait franchir une zone boisée avec des chars.
00:26:54Mais les Allemands y sont parvenus.
00:26:56Comme ils n'avaient pratiquement aucune force défensive derrière eux,
00:26:59ils ont atteint la côte en quelques jours à peine.
00:27:02La mauvaise communication réduit l'efficacité des différentes armées alliées.
00:27:11N'étant pas soumises à l'autorité d'un même commandement,
00:27:14elles suivent uniquement leurs propres objectifs.
00:27:17On ne savait pas ce qu'on faisait.
00:27:20À cause du manque de communication entre les armées britanniques et françaises avant la bataille de Dunkirk,
00:27:26aucun des deux camps ne savait vraiment ce que faisait l'autre.
00:27:29Le sergent Grover m'a dit « Henry, tu te mets à cet endroit avec ton canon.
00:27:35Si des chars d'assaut arrivent avec le canon pointé vers l'avant, ce sont des ennemis.
00:27:40Si leur canon est tourné de l'autre côté, ce sont des alliés. »
00:27:44Je lui ai répondu « D'accord, sergent. »
00:27:47Quand des chars sont arrivés, il m'a dit « Tire sur ces salauds ! »
00:27:52Mais je ne les voyais pas.
00:27:54« Oh, d'accord, attends un peu. »
00:27:56Soudainement, ce sont eux qui ont commencé à nous tirer dessus et à nous mettre en pièce.
00:28:03J'ai pensé « C'est épouvantable, c'est épouvantable. »
00:28:08Mon canon a été frappé et j'ai perdu connaissance pendant quelques minutes.
00:28:12Quand j'ai repris connaissance, j'ai entendu « Monsieur, oh monsieur, on est vraiment désolé, on pensait que vous étiez des Allemands. »
00:28:19C'était des foutus Français qu'il y avait dans ce char d'assaut, gros comme une maison.
00:28:24Ils avaient fait 17 victimes chez les nôtres.
00:28:30Ils ont appris une leçon.
00:28:32À l'avenir, non seulement les Alliés devraient-ils communiquer beaucoup mieux entre eux, mais aussi au sein de leurs armées respectives.
00:28:38Les Alliés sont incapables d'égaler la force et la férocité des attaques éclairs allemandes.
00:28:47Face à la puissance aérienne supérieure de la Wehrmacht et à son commandement unifié,
00:28:53les Britanniques et les Français ne sont tout simplement pas à la hauteur.
00:28:56L'armée allemande était mieux équipée, mieux formée et plus expérimentée.
00:29:02Tous leurs armements étaient meilleurs que le nôtre.
00:29:06Ils avaient de meilleures mitrailleuses, de meilleurs canons anti-chars et de meilleurs chars d'assaut.
00:29:11Ils gardaient toujours une longueur d'avance sur nous.
00:29:15Ils avaient de plus gros chars qui pouvaient tirer plus loin.
00:29:18Ils restaient hors de notre portée et nous lançaient un obus après l'autre.
00:29:22Les défenses de Paris sont complètement thermétiques.
00:29:25Les avions ennemis rencontreront une barrière d'acier qui protège le cœur palpitant de la France.
00:29:31La mer Leçon de 1914 a donné lieu à la construction de la célèbre ligne Maginot.
00:29:36Kilomètre après kilomètre, les frontières est et nord-est de la France sont jalonnées de tourelles d'acier et de béton
00:29:42reliées sous terre par de vastes salles souterraines.
00:29:46Ici, des armées entières peuvent être cantonnées dans un environnement confortable et climatisé.
00:29:52On ne passe pas !
00:29:54Tel est le cri de guerre historique du soldat français.
00:29:57Les tirs croisés des canons de la ligne Maginot feront en sorte que la nouvelle guerre mondiale ne se déroulera pas en France.
00:30:06Les alliés sont incapables d'endiguer l'avancée de l'ennemi.
00:30:09Dans la ville de Wormuth, à 27 kilomètres de Dunkirk, les troupes britanniques sont facilement maîtrisées par les forces allemandes.
00:30:20Alors que les forces de Hitler avancent à la vitesse de l'éclair sur le territoire français, les alliés semblent de plus en plus désemparés.
00:30:27Ça prenait beaucoup de courage. Je n'y ai jamais vu de lâche.
00:30:37Ce n'est que plusieurs années après les événements de Dunkirk que la psychiatrie militaire deviendra un élément essentiel des soins offerts aux soldats.
00:30:45Ces soldats qui sont revenus du front, je sais exactement ce qu'ils ressentaient.
00:30:51J'ai longtemps eu des flashbacks, mais je n'ai jamais reçu de traitement ou quoi que ce soit d'autre du genre.
00:30:56Personne n'allait en thérapie pour ça. On apprenait à vivre avec.
00:31:00Je n'avais pas besoin de thérapie. Je dois dire que les hommes de cette époque-là étaient bien différents de ceux d'aujourd'hui.
00:31:07Une thérapie, un coup de pied au derrière, oui. Ces histoires de consultations, c'est des conneries.
00:31:14D'abord, il n'y avait personne à consulter, du moins pas officiellement.
00:31:24Moins nombreux, moins bien équipés et mal dirigés, les alliés désespérés battent en retraite à l'approche de la machine de guerre nazie.
00:31:37Leurs attaques éclaires avaient permis aux Allemands d'encercler l'armée britannique dans le nord de la France.
00:31:48Les chars d'assaut allemands ayant pénétré jusqu'à la côte, le corps expéditionnaire britannique était effectivement encerclé.
00:31:55Avant même que les combats aient vraiment débuté, les Britanniques étaient déjà en difficulté.
00:32:00Et il était clair qu'ils allaient devoir battre en retraite.
00:32:03Les Allemands nous ont encerclés. Tout s'est passé très vite. La seule issue possible, c'était la mer.
00:32:10À ce moment-là, Dunkerque était le seul endroit par où les Britanniques pouvaient s'échapper.
00:32:15Une voiture de l'état-major allemand passait sur la route.
00:32:27La patrouille a tiré sur le conducteur.
00:32:30L'officier assis à l'arrière a sauté hors de la voiture et s'est enfui.
00:32:34Mais il a laissé sur le siège
00:32:36son casque,
00:32:40sa ceinture avec son lougueur
00:32:42et une manette
00:32:44qui a immédiatement été transportée
00:32:48au quartier général de division.
00:32:50Elle contenait les plans pour le corps militaire allemand
00:32:54qui devait attaquer Dunkerque.
00:32:59Ça leur a donné deux jours de grâce,
00:33:02ce qui a permis aux citoyens français
00:33:04de quitter la ville de Dunkerque
00:33:06qui avait été lourdement bombardée
00:33:08et aux soldats français de la barricadée
00:33:11pour être en mesure de la défendre.
00:33:14La situation devient rapidement désespérée.
00:33:17Les chars allemands ayant atteint la Manche
00:33:19après avoir franchi la ligne Maginot sans difficulté,
00:33:23les armées françaises et belges
00:33:24battent en retraite chacune de son côté de la frontière.
00:33:27Il ne reste plus qu'une seule option
00:33:29pour le corps expéditionnaire britannique,
00:33:31se retirer jusqu'à Dunkerque.
00:33:33Vaincus et humiliés,
00:33:40les alliés sont acculés au pied du mur.
00:33:42La reddition semble inévitable.
00:33:45Tout porte à croire que les Allemands
00:33:47ont remporté la guerre en Europe.
00:33:50Cette débâcle incroyable,
00:33:52car c'est bien ce que c'était,
00:33:53une écrasante défaite,
00:33:55semblait sonner le glas de l'armée britannique.
00:33:59Comme elle était déjà coincée sur plusieurs fronts,
00:34:01les Allemands n'avaient plus qu'à compléter la courbe
00:34:03pour l'encercler complètement.
00:34:05Et dans ce cas-là,
00:34:07comment aurait-elle pu faire autre chose que de se rendre?
00:34:11Le général nous a dit que personne ne pouvait nous aider.
00:34:15Pour moi, la guerre était perdue.
00:34:18On se disait qu'ils allaient envahir la Grande-Bretagne
00:34:20et que tout était fini.
00:34:22Je me demandais comment on aurait pu encore gagner à ce stade-là.
00:34:27On avait tout perdu,
00:34:27l'armée britannique au complet et tout son équipement.
00:34:31C'est dans le chaos
00:34:33que le corps expéditionnaire se dirige vers Dunkerque.
00:34:38Pendant que l'armée britannique recule,
00:34:40il devient clair pour Lord Gort,
00:34:42le commandant-chef du corps expéditionnaire,
00:34:44que si la Grande-Bretagne veut continuer à se battre,
00:34:47elle doit organiser une évacuation.
00:34:50C'est aussi évident que cette évacuation
00:34:52peut uniquement se faire par Dunkerque,
00:34:54car tous les autres ports sont tombés
00:34:56l'un après l'autre aux mains des Allemands.
00:34:58Le seul qui reste encore entre nos mains,
00:35:00c'est Dunkerque.
00:35:01Les soldats britanniques, eux,
00:35:02ignorent encore pourquoi ils battent en retraite.
00:35:05On ne savait pas ce qui se passait.
00:35:07Il faisait nuit.
00:35:09On a marché, marché et marché jusqu'à Bray-Dune.
00:35:12On a fini par décider de se rendre
00:35:13jusqu'à l'endroit d'où venait cette fumée,
00:35:16Dunkerque.
00:35:16On a chargé les troupes françaises
00:35:20de retenir les Allemands pendant notre retraite.
00:35:23On a ensuite roulé jusqu'aux abords de la panne.
00:35:27Il était censé y avoir quelqu'un
00:35:28qui nous y rejoindrait
00:35:29et qui nous dirait où aller.
00:35:32Bien entendu,
00:35:33quand on est arrivé,
00:35:34il n'y avait personne.
00:35:36On a marché jusque dans la mer.
00:35:38L'homme montait à peu près jusqu'à la poitrine.
00:35:41Les avions de la Luftwaffe
00:35:42volaient au-dessus de la plage
00:35:44en mitraillant.
00:35:48Il n'y avait pas de navire,
00:35:50pas de bateau du tout.
00:35:51Ils nous ont fait sortir de l'eau
00:35:53en nous disant que chaque équipe d'artillerie
00:35:55devait se débrouiller
00:35:56pour trouver son chemin.
00:36:00On n'avait pas de nourriture,
00:36:02pas d'eau non plus.
00:36:04J'ai dit à mon compagnon Abby
00:36:05« Qu'est-ce qu'on va faire ? »
00:36:07Il m'a répondu
00:36:08« Harry, il y a un vieux bœuf là.
00:36:10On va l'abattre. »
00:36:13Le bœuf faisait « heuuh ».
00:36:15Je l'entendais,
00:36:16je l'entendais gémir,
00:36:17le pauvre vieux.
00:36:19On l'a tué d'un coup de fusil
00:36:21et Abby en a coupé quelques morceaux.
00:36:24On a mangé un steak
00:36:25épais comme ça.
00:36:29On a fini par rencontrer des soldats,
00:36:32ceux du régiment du Tchétchire.
00:36:34Ils ont été très bons envers nous
00:36:35et nous ont nourris.
00:36:37On a mangé beaucoup
00:36:38de leurs biscuits durs,
00:36:39des trucs horribles.
00:36:44Avec l'ennemi à ses trousses,
00:36:46l'armée britannique en déroute
00:36:48poursuit son chemin vers la côte.
00:36:51La consigne était que
00:36:53si on trouvait un entrepôt
00:36:54des forces armées,
00:36:55on pouvait y entrer et se servir.
00:36:57Car les Allemands allaient tout prendre
00:36:59de toute façon.
00:37:00J'y suis donc entré
00:37:01et j'ai pris des cigarettes.
00:37:02mon copilote,
00:37:05qui n'a jamais conduit le camion,
00:37:07a pris du whisky.
00:37:08C'était un Écossais.
00:37:10Il est allé à l'arrière du camion
00:37:12et il s'est saoulé.
00:37:13Je ne l'ai plus revu
00:37:14avant qu'on arrive à la plage.
00:37:16Des milliers de civils sans défense
00:37:23s'enfuient eux aussi
00:37:24pour échapper à la mort.
00:37:26Les soldats britanniques
00:37:27sont témoins
00:37:27d'innombrables scènes d'horreur.
00:37:29Sous-titrage Société Radio-Canada
00:37:59Il y avait tellement de réfugiés
00:38:06sur les routes
00:38:07qui voulaient seulement partir de là.
00:38:09Ça a donc beaucoup gêné
00:38:10la retraite des Britanniques
00:38:12parce qu'ils devaient partager la voie
00:38:13avec ces centaines de milliers,
00:38:15ces millions de civils
00:38:16qui tentaient aussi de s'échapper.
00:38:18C'était le chaos sur les routes.
00:38:20La situation était totalement chaotique.
00:38:23Tout le monde se demandait
00:38:24ce qui allait arriver,
00:38:25mais personne ne le savait.
00:38:28On n'avait pas le choix
00:38:29de continuer,
00:38:30mais les Français ont beaucoup souffert.
00:38:33Oh, on a vu des choses affreuses là-bas,
00:38:36vraiment affreuses.
00:38:37Les cadavres sur le côté de la route,
00:38:39c'était terrible.
00:38:46Les choses horribles qu'on a pu voir,
00:38:49ces centaines de personnes
00:38:50assassinées, bombardées ou brûlées.
00:38:52Tous ces réfugiés avec des poussettes,
00:38:58des chevaux et des charrettes
00:39:00et la Luftwaffe qui les mitraillait,
00:39:03ça semait le chaos
00:39:04et bloquait les routes.
00:39:07Ils bombardaient tout.
00:39:09Ils ne faisaient aucune distinction.
00:39:12On a vu tant de morts sur le chemin,
00:39:14de cadavres pourris de civils,
00:39:16de soldats, de chevaux, de bétail,
00:39:18n'importe quoi.
00:39:19C'était absolument épouvantable.
00:39:23Malgré toutes ces horreurs,
00:39:24les soldats n'ont pas le choix
00:39:25de boursuivre leur route.
00:39:28On voyait de pauvres jeunes
00:39:29se faire mettre en pièce
00:39:30et on y faisait plus attention.
00:39:34On passait outre.
00:39:35C'était arrivé et c'est tout.
00:39:39C'était vraiment horrible
00:39:40de voir ces femmes et ces enfants
00:39:42se faire blesser,
00:39:44mais on ne pouvait pas
00:39:44y faire grand-chose.
00:39:45C'est impossible de sauver
00:39:49qui que ce soit
00:39:50quand on est en pleine mission.
00:39:52On ressent du désespoir
00:39:54et on fait de son mieux,
00:39:55mais on sait qu'on a une tâche
00:39:57à accomplir.
00:40:00Il y avait ce petit garçon
00:40:01qui est rentré de l'école
00:40:03et qui a vu que sa maison
00:40:04venait d'être bombardée.
00:40:07Sa mère et son père étaient morts.
00:40:09Ils demandaient,
00:40:10« Où est ma mère ? »
00:40:13Il a fini par suivre
00:40:14les soldats avec nous.
00:40:16Ils avançaient avec leurs charrettes,
00:40:18leurs vélos et leurs poussettes.
00:40:20Tout ce qu'on faisait,
00:40:21c'était soigner les pieds
00:40:22des paysans.
00:40:23Ils avaient les pieds meurtris
00:40:24et notre médecin
00:40:25allait leur bombarder.
00:40:27Mes pieds étaient
00:40:28en très mauvais état.
00:40:30Les soldats me portaient
00:40:31sur leur dos
00:40:32parce que je ne pouvais
00:40:33plus marcher.
00:40:34Je n'étais qu'une enfant.
00:40:37C'était horrible.
00:40:39Mon père a renoncé.
00:40:40Il ne voulait plus.
00:40:41Il a dit,
00:40:42« Je n'irai pas plus loin.
00:40:44Les boches peuvent m'avoir. »
00:40:49C'est dans les profonds tunnels,
00:40:51s'étendant sous le château de Douvres,
00:40:53que les Britanniques
00:40:54commencent à élaborer
00:40:55l'opération Dynamo.
00:40:56Le grand responsable
00:40:58de l'évacuation
00:40:59était le vice-amiral
00:41:00Bertram Ramsey,
00:41:02un vieil homme de confiance
00:41:03de la marine
00:41:04qui a été placé
00:41:05dans une situation
00:41:06extrêmement difficile.
00:41:08Il travaillait à Douvres,
00:41:09dans la salle
00:41:10de la Dynamo du château.
00:41:11C'est d'ici
00:41:12qu'est parti le message
00:41:13comme quoi l'opération Dynamo
00:41:15allait commencer.
00:41:17Ce sauvetage
00:41:18n'a rien d'une opération
00:41:19militaire ordinaire.
00:41:21Le vice-amiral Ramsey
00:41:22conçoit un plan d'évacuation
00:41:24qui implique
00:41:25plus de 900 embarcations.
00:41:26La Luftwaffe avait presque
00:41:32entièrement détruit
00:41:32le port de Dunkerque.
00:41:35Le port était presque
00:41:36inutilisable.
00:41:37Il ne restait donc
00:41:38que les plages.
00:41:41Le problème,
00:41:42c'est que les navires
00:41:42étaient trop gros
00:41:43pour s'approcher des plages
00:41:44car la mer y était
00:41:45très peu profonde.
00:41:48C'était de vastes plages
00:41:49plates,
00:41:51jalonnées de dunes.
00:41:53C'est génial
00:41:53pour se faire bronzer,
00:41:54mais si on essaie
00:41:56d'amener de gros destroyers
00:41:57jusqu'à la plage
00:41:58pour que des hommes
00:41:59qui s'y trouvent
00:42:00montent à bord,
00:42:01ils ont découvert
00:42:02que c'était impossible.
00:42:04Ce dont ils avaient besoin,
00:42:06c'était de plus petits bateaux
00:42:07pour transporter les soldats
00:42:09depuis les plages
00:42:10jusqu'aux grands navires
00:42:12militaires et civils
00:42:13au large de la côte.
00:42:16Le gouvernement britannique
00:42:18lance un appel
00:42:19aux propriétaires
00:42:20de petites embarcations
00:42:21afin qu'ils participent
00:42:22à cette mission de sauvetage
00:42:24qui deviendra
00:42:24la plus grande évacuation
00:42:26de l'histoire militaire.
00:42:28Aux grands mots,
00:42:29les grands remèdes.
00:42:30L'appel a été lancé
00:42:32à la radio.
00:42:33C'est tout ce que les gens
00:42:33savaient.
00:42:35Ce n'est que très tard
00:42:37pendant l'évacuation
00:42:38que les journaux
00:42:39et la radio ont rapporté
00:42:40qu'elle était en cours.
00:42:41Ça avait été gardé secret.
00:42:44Tout s'est déroulé
00:42:45très rapidement.
00:42:46Ils ont réquisitionné
00:42:47les navires
00:42:48du jour au lendemain.
00:42:49C'était le chaos organisé.
00:42:51Tous ceux qui pouvaient
00:42:52donner un coup de main
00:42:53l'ont fait.
00:42:54Bien des propriétaires
00:42:55ignoraient que leur bateau
00:42:56avait été réquisitionné.
00:42:58Si le propriétaire
00:42:58se trouvait aux alentours,
00:43:00il pouvait participer
00:43:01au sauvetage.
00:43:02Sinon, la marine
00:43:02prenait quand même
00:43:03son bateau.
00:43:09Plusieurs des soldats
00:43:10qui arrivent épuisés
00:43:11aux abords de Dunkerque
00:43:12n'ont pas mangé
00:43:13depuis des jours.
00:43:14J'ai conduit
00:43:18pendant 48 heures.
00:43:20Je m'endormais au volant
00:43:21et je me réveillais
00:43:22quand je frappais
00:43:22la bordure de la route.
00:43:24Finalement,
00:43:24je suis arrivé à la plage.
00:43:28Je suis entré
00:43:29dans un café
00:43:29et j'ai demandé
00:43:30s'ils pouvaient remplir
00:43:31nos bouteilles d'eau
00:43:32parce qu'on n'avait
00:43:33rien à boire.
00:43:35La dame m'a dit
00:43:36« Je suis désolé,
00:43:37il n'y a plus d'eau
00:43:38à Dunkerque.
00:43:39Les Allemands ont fait
00:43:40sauter le réseau d'eau.
00:43:42Elle m'a quand même offert
00:43:43de les remplir
00:43:44de vin rouge.
00:43:45Alors,
00:43:46on a bu du vin rouge
00:43:47sur la plage. »
00:43:57Dunkerque est un véritable
00:43:58désastre pour l'armée britannique
00:44:00qui y perd une grande partie
00:44:01de son équipement militaire.
00:44:06À leur arrivée
00:44:07à Dunkerque,
00:44:08les soldats ont été
00:44:09surpris d'apprendre
00:44:10qu'ils allaient devoir
00:44:10faire sauter leur voiture,
00:44:12leurs chars,
00:44:12tout ce qu'ils avaient
00:44:13utilisé pour se rendre là.
00:44:15La grande majorité
00:44:16de l'équipement
00:44:17que l'armée britannique
00:44:18avait emporté en France
00:44:19a été perdu.
00:44:20Il a fallu abandonner
00:44:21toute l'artillerie lourde
00:44:22et presque tous les véhicules
00:44:23en France
00:44:24parce que c'était impossible
00:44:25de les rapporter
00:44:26de l'autre côté de la Manche.
00:44:28Ils ont reçu l'ordre
00:44:29de mettre du sable
00:44:30dans les réservoirs à essence
00:44:31pour faire bloquer
00:44:32les moteurs
00:44:32parce qu'il ne fallait pas
00:44:34que les Allemands
00:44:34puissent utiliser l'équipement.
00:44:36Une fois rendu à la plage,
00:44:51le lieutenant m'a dit
00:44:53« Tu es de l'armée de l'air
00:44:55et ces hommes sont tous
00:44:56de l'armée de terre.
00:44:57S'ils t'attrapent,
00:44:58ils vont te tabasser
00:44:59parce qu'ils n'ont jamais vu
00:45:00d'avion venir les aider. »
00:45:02Il m'a donc conseillé
00:45:03d'enlever mes souliers
00:45:04et de mettre des bottes,
00:45:07un imperméable
00:45:08et un casque en métal.
00:45:11Comme ça,
00:45:13j'étais complètement déguisé
00:45:14en soldat de l'armée de terre.
00:45:20Les dizaines de milliers
00:45:22de soldats rassemblés
00:45:23sur le sable
00:45:24des plages de Dunkerque
00:45:25sont témoins
00:45:26de scènes de destruction
00:45:27qu'ils n'oublieront jamais.
00:45:29Tout était en feu
00:45:32sur la plage.
00:45:35On se faisait attaquer
00:45:36par des bombardiers
00:45:37et les schloukas
00:45:38descendaient en piquet
00:45:39vers la plage.
00:45:41Les gens ne s'imaginent pas ça,
00:45:42mais mon Dieu,
00:45:44on voyait tous nos amis
00:45:45se faire pulvériser
00:45:46des navires explosés
00:45:48en morceaux.
00:45:54On entendait
00:45:55les canons tonner.
00:45:57On était impuissants.
00:45:59sans endroits
00:46:00où s'abritaient.
00:46:01On se couchait
00:46:02dans le sable.
00:46:03Je me souviens
00:46:03que j'étais caché
00:46:04derrière un grand banc de sable
00:46:05et je pouvais entendre
00:46:06les balles le pénétrer
00:46:07de l'autre côté.
00:46:09Il fallait se coucher
00:46:10dans le sable.
00:46:11C'était assez déplaisant.
00:46:13Les chasseurs
00:46:13et les bombardiers
00:46:14survolaient la plage
00:46:15sans arrêt
00:46:16en mitraillant.
00:46:17On n'avait aucun moyen
00:46:18de protection,
00:46:19alors on restait assis
00:46:20sur le sable.
00:46:21Il n'y avait nulle part
00:46:22où aller.
00:46:23On espérait juste
00:46:23qu'ils nous ratent.
00:46:24Là où je me trouvais
00:46:27sur la plage,
00:46:28il n'y avait pas
00:46:28d'officier du tout.
00:46:30Il fallait
00:46:30qu'on se débrouille
00:46:32tout seul.
00:46:33Je ne me rappelle pas
00:46:34avoir vu un officier là.
00:46:35C'était chacun pour soi.
00:46:38Le moral est au plus bas
00:46:39parmi les troupes
00:46:40qui attendent les secours
00:46:41sans ravitaillement
00:46:42et sans grand espoir.
00:46:44Environ quatre jours
00:46:49sans nourriture,
00:46:50sans eau,
00:46:51sans rien.
00:46:54Il y en a, je suppose,
00:46:55qui ont fini par abandonner.
00:46:57Je ne saurais dire.
00:47:00Ce sentiment de désespoir
00:47:02ne quittait jamais
00:47:03notre esprit.
00:47:04On ne savait pas
00:47:05ce qui allait se passer.
00:47:06On était hébétés,
00:47:09incapables de penser.
00:47:10On se demandait bien
00:47:11ce qui allait arriver.
00:47:14Contraints d'attendre
00:47:22sous une pluie de bombes,
00:47:24les soldats sans défense
00:47:25ont l'impression
00:47:26d'être abandonnés
00:47:27par la Royal Air Force.
00:47:30Le sentiment général
00:47:31parmi les soldats
00:47:32sur la plage
00:47:33était que la RAF
00:47:34les avait abandonnés.
00:47:37La puissance de défense
00:47:39était insuffisante.
00:47:40Où étaient les canons
00:47:42antiaériens?
00:47:42Il n'y en avait pas.
00:47:44Je n'ai pas vu
00:47:45un seul avion britannique.
00:47:47Ils n'ont pas fait grand-chose.
00:47:48Il faut dire
00:47:48qu'on n'avait pas
00:47:49beaucoup d'avions.
00:47:51Les soldats et les marins
00:47:52critiquaient la RAF
00:47:54et le commandement
00:47:55des chasseurs
00:47:55qui ne venaient pas
00:47:56les défendre à Dunkerque.
00:47:58Chaque fois qu'ils levaient
00:47:58les yeux vers le ciel,
00:48:00ils ne voyaient que des Allemands.
00:48:01Où était donc la RAF?
00:48:03des aviateurs dont l'avion
00:48:10avait été abattu
00:48:11ou qui travaillaient au sol
00:48:12tentaient eux aussi
00:48:14de monter à bord des navires
00:48:15pour rentrer au pays.
00:48:16Ils se sont fait repousser
00:48:17et même attaqués
00:48:18par des gens
00:48:19qui leur disaient
00:48:19« Vous ne montrez pas à bord,
00:48:20vous n'avez rien fait
00:48:21pour nous aider. »
00:48:22Ils étaient détestés
00:48:23à ce point-là.
00:48:25Je trouvais ça
00:48:26un peu déplacé.
00:48:27Une fois rentrés en Angleterre,
00:48:31on a su que la RAF
00:48:32protégeait les troupes
00:48:33sur la plage,
00:48:35mais pas sur notre plage.
00:48:47Affaiblie par les pertes subies
00:48:49durant la campagne française,
00:48:51la RAF n'est pas en mesure
00:48:52d'arrêter l'assaut aérien allemand.
00:48:55Cela dit,
00:48:56elle peut certes l'entraver.
00:48:57Les soldats et les marins
00:48:59croyaient tout simplement
00:49:00que la RAF n'était pas là,
00:49:02ce qui était vraiment injuste
00:49:03parce qu'elle était
00:49:04bel et bien là.
00:49:06Ils étaient là,
00:49:07peut-être pas au-dessus des plages,
00:49:09mais un peu plus loin,
00:49:10sur terre ou en mer.
00:49:13Bien sûr,
00:49:13avec la bataille d'Angleterre,
00:49:15l'attitude envers les membres
00:49:16de la RAF a changé.
00:49:18Ils sont devenus
00:49:19les héros de la nation.
00:49:27Pendant que les divisions allemandes
00:49:30s'entassent autour de Dunkerque,
00:49:32le corps expéditionnaire britannique
00:49:34est au bord de l'anéantissement.
00:49:36Son sort,
00:49:37en équilibre sur le fil du rasoir.
00:49:39Le 27 mai 1940,
00:49:46le capitaine William Tennant,
00:49:48officier supérieur de la marine,
00:49:50arrive à Dunkerque
00:49:51pour coordonner l'évacuation.
00:49:53Tennant s'est rendu compte
00:49:58que même si le port
00:49:58avait été détruit,
00:50:00il y avait quand même
00:50:00un long brise-lame,
00:50:01une digue de protection.
00:50:03Elle n'avait absolument pas été conçue
00:50:05pour qu'un navire s'en approche.
00:50:07Elle servait seulement
00:50:08à empêcher le sable
00:50:09d'atteindre le port
00:50:10et de l'envaser.
00:50:13Il a immédiatement pensé
00:50:15à faire amarrer les bateaux
00:50:16le long de cette digue de protection
00:50:17pour que les troupes
00:50:18soient ensuite en mesure
00:50:19de monter à bord.
00:50:20Il a fait avancer un bateau
00:50:24le long de la digue
00:50:25pour voir ce que ça donnerait.
00:50:27Et ça a marché.
00:50:36Des centaines de bateaux,
00:50:37dont l'équipage est composé
00:50:39de membres de la Royal Navy
00:50:40et des volontaires civils,
00:50:42traversent les eaux traîtresses
00:50:43de la Manche.
00:50:44Plusieurs de ces marins
00:50:45assistent à des scènes
00:50:46qui les marqueront à jamais.
00:50:50C'était horrible.
00:50:51Je n'avais jamais vu
00:50:52quelque chose comme ça avant.
00:50:54Plein de gens se faisaient tuer.
00:50:57Les Stukas descendaient.
00:50:59Boum, boum, boum, boum.
00:51:00Sans arrêt.
00:51:06La majorité des petites embarcations
00:51:08qui ont fait la traversée
00:51:09avaient été réquisitionnées
00:51:10et étaient pilotées
00:51:11par des membres
00:51:12de la Royal Navy
00:51:13qui souvent n'avaient aucune idée
00:51:15de la façon dont fonctionnaient
00:51:16ces bateaux.
00:51:17Beaucoup d'entre eux
00:51:18ne savaient pas ce qu'ils faisaient.
00:51:19Il y avait un bateau
00:51:20avec 60 personnes à bord.
00:51:22Quand il est arrivé,
00:51:23il flottait à bonne hauteur.
00:51:25Mais avec la soixantaine
00:51:26de passagers,
00:51:27il s'est enfoncé.
00:51:29L'eau arrivait
00:51:29à environ 60 cm du plat-bord.
00:51:33La raison d'utiliser
00:51:34ces petits bateaux,
00:51:35c'était d'amener
00:51:36les soldats des plages
00:51:37jusqu'aux plus gros navires
00:51:38au large de la côte.
00:51:40L'opération allait donc
00:51:41se répéter maintes et maintes fois.
00:51:45J'ai commencé vers 9 heures
00:51:47et j'arrêtais vers 16 heures.
00:51:49J'avais environ 3 voyages
00:51:51à aller-retour
00:51:51pour aller chercher du monde.
00:51:55On essayait chaque fois
00:51:56de monter sur les bateaux
00:51:58qui arrivaient,
00:51:58mais ils se remplissaient
00:51:59avant qu'on les atteigne.
00:52:02On a attendu sur cette digue
00:52:04pendant une éternité
00:52:05pour avoir une place
00:52:06dans un bateau.
00:52:07On se faisait tirer dessus.
00:52:09Oh, Seigneur!
00:52:10On faisait des signes
00:52:13de la main
00:52:13pour que les bateaux
00:52:14s'arrêtent pour nous.
00:52:15Beaucoup d'entre eux
00:52:16passaient tout droit.
00:52:18Ma mère agitait
00:52:19sa chemise de nuit.
00:52:20Elle n'arrêtait pas
00:52:21de leur faire des signes,
00:52:22de crier
00:52:23« Je suis britannique! »
00:52:28Les marins sont la cible
00:52:33des attaques sans merci
00:52:34de la Luftwaffe.
00:52:36Les bateaux se faisaient
00:52:40détruire à droite
00:52:41et à gauche.
00:52:42C'était comme entrer
00:52:43en enfer.
00:52:45Le tiers des navires
00:52:46qui ont participé
00:52:47à l'opération
00:52:47ont été détruits
00:52:48ou mis hors service.
00:52:50C'était donc une entreprise
00:52:51extrêmement dangereuse.
00:52:53C'était infernal,
00:52:55horrible.
00:52:56Moi, je nageais dans l'eau
00:52:57en ramassant des gars
00:52:58qui avaient perdu leurs jambes
00:52:59ou leurs pieds
00:53:01pour les mettre
00:53:01sur des canaux de fortune
00:53:02et les pousser
00:53:03vers les bateaux.
00:53:06Il y avait de l'essence
00:53:11et du sang dans l'eau
00:53:13et quelque chose de vert.
00:53:14Je ne sais pas
00:53:15ce que c'était,
00:53:15mais c'était gluant
00:53:16et vert.
00:53:22On pouvait se faire
00:53:23écraser par un bateau
00:53:24dont l'équipage
00:53:25n'avait pas remarqué
00:53:26la présence de soldats
00:53:27dans l'eau.
00:53:28Il arrivait aussi
00:53:29que la mer s'enflamme.
00:53:31Quand ces gros bateaux
00:53:31coulent,
00:53:32leur moteur explose
00:53:33et le diesel se retrouvent
00:53:35partout à la surface.
00:53:37On pouvait facilement
00:53:38se faire tirer dessus.
00:53:39Beaucoup de ceux
00:53:40qui sont revenus morts
00:53:41sur les bateaux
00:53:41ont été abattus
00:53:42ou bombardés dans l'eau
00:53:44par des avions allemands.
00:53:45Beaucoup d'autres
00:53:46n'ont pas survécu
00:53:46à la traversée.
00:53:48Quand les premiers bateaux
00:53:49ont commencé à rentrer
00:53:50en Angleterre,
00:53:51ils ont soulevé
00:53:52la barrière
00:53:52et ont vu un bateau
00:53:53arriver dont la moitié
00:53:54des passagers
00:53:55étaient morts.
00:53:58Quand on est entrés
00:54:00dans le port de Douvres,
00:54:01les gars nous ont tirés dessus.
00:54:04J'ai dû leur dire
00:54:04d'arrêter de tirer
00:54:05qu'on était des Anglais.
00:54:07On n'était plus que
00:54:07quatre sur douze
00:54:08au départ.
00:54:16Alors que la bataille
00:54:17fait rage sur terre,
00:54:19en mer
00:54:19et dans le ciel,
00:54:20les hommes travaillent
00:54:22jusqu'aux limites absolues
00:54:24de leur endurance.
00:54:26Personne ne se parlait.
00:54:28C'était
00:54:28« Partez, partez ! »
00:54:31Tout le monde
00:54:32essayait de quitter Dunkirk
00:54:33par quelques moyens
00:54:34que ce soit.
00:54:35Quand les petits bateaux
00:54:36sont arrivés,
00:54:36ils ont ramassé
00:54:37beaucoup de gens.
00:54:38« Venez les gars,
00:54:39prochain arrêt,
00:54:40Douvres ! »
00:54:42On était aux anges.
00:54:44Après ça,
00:54:44on a prié
00:54:45et prié
00:54:46et prié
00:54:46pour réussir
00:54:47à se rendre
00:54:48jusqu'à Douvres.
00:54:49On a atteint
00:54:50la digue
00:54:51et on a fini
00:54:52par trouver
00:54:52un chalutier,
00:54:53le Lord Grey.
00:54:55Il y avait quelqu'un
00:54:56qui comptait
00:54:56ceux qui montaient
00:54:57à bord.
00:54:58Il a dit
00:54:58« C'est assez maintenant,
00:55:00partons. »
00:55:01Je me suis couché
00:55:01et je me suis endormi
00:55:02aussitôt.
00:55:03Ma mère a eu
00:55:08la bonne idée
00:55:09de dire
00:55:09« On va éviter
00:55:10les grandes embarcations
00:55:12parce que les Allemands
00:55:13les bombardent
00:55:13sans cesse.
00:55:15On est donc montés
00:55:15sur ce petit pétrolier
00:55:16qui s'appelait
00:55:17le Satin.
00:55:18Ils nous ont installés
00:55:19dans la cabine
00:55:20du capitaine
00:55:21et ils nous ont dit
00:55:22que le bateau
00:55:22pouvait être bombardé
00:55:24à tout moment.
00:55:25C'était très dangereux
00:55:26de passer à travers
00:55:27tous ces débris.
00:55:28On a dû traverser du feu
00:55:29pour en sortir.
00:55:30Tout ce temps-là,
00:55:32les bombes tombaient
00:55:33et les mitrailleuses
00:55:34nous tiraient dessus.
00:55:36Certains bateaux
00:55:36ont coulé,
00:55:37d'autres s'en sont tirés.
00:55:40Des bombes,
00:55:41des bombes
00:55:41et encore des bombes.
00:55:43Vous ne pouvez pas
00:55:43vous imaginer cet enfer.
00:55:45Il fallait y être
00:55:46pour y croire.
00:55:47On entend
00:55:48toutes sortes
00:55:48de balivernes
00:55:49que certains ont dit
00:55:50qu'ils n'avaient pas peur
00:55:51mais on ne pouvait
00:55:52s'empêcher d'avoir peur.
00:55:54Après ça,
00:55:55on a prié
00:55:56et prié
00:55:56et prié
00:55:57pour réussir
00:55:58à se rendre
00:55:58jusqu'à Trouvre
00:55:59et on est effectivement
00:56:01rentrés à Trouvre.
00:56:02C'était merveilleux,
00:56:03absolument merveilleux.
00:56:05Le Shangri-La,
00:56:06le lever du jour.
00:56:09On était abattus,
00:56:10complètement abattus.
00:56:13Mais
00:56:13quelle sensation
00:56:14ça nous a procuré
00:56:16d'être rentrés
00:56:16en Angleterre.
00:56:19Je la ressens encore.
00:56:21C'était un miracle
00:56:26et on était heureux
00:56:27d'être en vie.
00:56:30Ma compagnie
00:56:31comptait
00:56:31107 membres.
00:56:33Il y en a
00:56:33juste 31
00:56:34qui sont rentrés
00:56:35sur 107.
00:56:41Les soldats britanniques
00:56:43qui ont quitté
00:56:43les plages de France
00:56:44au plus profond
00:56:45du désespoir
00:56:46sont accueillis
00:56:47chez eux
00:56:47comme des héros
00:56:48conquérants.
00:56:49On venait de perdre
00:56:54une bataille
00:56:54mais le peuple
00:56:55d'Angleterre
00:56:56nous traitait
00:56:56comme des héros.
00:57:00Ce dont je me souviens
00:57:01encore aujourd'hui,
00:57:03ça a l'air de rien,
00:57:04je sais,
00:57:04mais c'était incroyable
00:57:06pour nous
00:57:06quand on est arrivés
00:57:07à Harwich,
00:57:09c'est qu'il y avait
00:57:09des centaines
00:57:10de femmes
00:57:11sur les quais.
00:57:12De toute évidence,
00:57:13elles s'étaient fait dire
00:57:14« Dès que les navires
00:57:15entreront au port,
00:57:17employez un soldat
00:57:18et occupez-vous de lui. »
00:57:21Debout sur le quai
00:57:22se trouvaient
00:57:23toutes ces charmantes dames
00:57:24et elles voulaient
00:57:25toutes s'emparer
00:57:26des héros blessés
00:57:26comme moi.
00:57:28Les femmes
00:57:29du service volontaire
00:57:30féminin
00:57:30m'ont causé
00:57:31plus de problèmes
00:57:32que n'importe quel allemand.
00:57:34Elles essayaient
00:57:35toutes de m'attraper.
00:57:36Le médecin m'a dit
00:57:37« Vous êtes encore en vie,
00:57:38vous faites l'affaire. »
00:57:40Une dame m'a pris
00:57:44par le bras
00:57:45et m'a amené
00:57:46dans un hangar
00:57:47pour me donner
00:57:48du thé
00:57:48et des sandwiches.
00:57:50Mon copilote
00:57:51qui avait survécu
00:57:52lui aussi
00:57:53disait à tout le monde
00:57:54que je lui avais
00:57:55sauvé la vie
00:57:56mais ce n'était pas
00:57:58tout à fait vrai.
00:57:59J'avais conduit
00:58:00le camion
00:58:01pendant qu'il se saoulait
00:58:02à l'arrière.
00:58:04Je l'avais amené
00:58:04jusqu'à la plage
00:58:05et je l'avais fait sortir
00:58:07avant qu'on abandonne
00:58:08le camion.
00:58:09D'une certaine façon,
00:58:10on peut dire
00:58:11que je l'avais sauvé
00:58:11mais pas vraiment.
00:58:15Quand mon bataillon
00:58:16s'est finalement réuni,
00:58:18j'ai été surpris
00:58:19de voir combien
00:58:19de ses membres
00:58:20avaient réussi à revenir.
00:58:22C'est un miracle
00:58:23qu'on ait réussi
00:58:24à sortir de là.
00:58:25Les gens étaient
00:58:25très gentils
00:58:26quand on est arrivés
00:58:27en Angleterre.
00:58:28Ils nous ont aidés
00:58:29et nous ont donné
00:58:30des vêtements.
00:58:31On n'avait rien.
00:58:33Il a fallu
00:58:33se déshabiller,
00:58:34se laver
00:58:35et se faire désinfecter.
00:58:38Dunkirk,
00:58:40pour moi,
00:58:40ça a été
00:58:41une épopée
00:58:41de bravoure absolue.
00:58:43J'ai traversé
00:58:44l'enfer
00:58:45pour sortir
00:58:46de l'enfer.
00:58:47Je suis revenu
00:58:48sain et sauf.
00:58:51C'est comme ça
00:58:53que je le vois.
00:58:57L'opération Dynamo
00:58:59est la plus grande
00:59:00évacuation militaire
00:59:01de l'histoire.
00:59:02Cette campagne
00:59:03permet d'éviter
00:59:04de justesse
00:59:05la reddition
00:59:06de la Grande-Bretagne
00:59:07devant les forces
00:59:07de Hitler.
00:59:09Elle marque
00:59:09un tournant majeur
00:59:10de la Seconde Guerre mondiale.
00:59:12Mais pour les soldats
00:59:13qui reviennent
00:59:13de Dunkirk
00:59:14en 1940,
00:59:16ça représente
00:59:16un échec.
00:59:18Les troupes britanniques
00:59:19qui ont été évacuées
00:59:20se considéraient
00:59:22en quelque sorte
00:59:22comme les vestiges
00:59:23d'une armée vaincue.
00:59:25Ces soldats
00:59:25avaient pris part
00:59:26à une terrible défaite.
00:59:28Ils sont rentrés
00:59:28honteux.
00:59:30Eh bien,
00:59:31c'était une évacuation,
00:59:33non ?
00:59:34On est montés
00:59:34sur un bateau
00:59:35et c'est tout.
00:59:37C'étaient des héros
00:59:39parce qu'ils avaient
00:59:39survécu
00:59:40et ça signifiait
00:59:41que la Grande-Bretagne
00:59:42avait un avenir.
00:59:44L'évacuation
00:59:45de Dunkirk
00:59:46a permis aux Britanniques
00:59:47de rester dans la guerre.
00:59:48Ça a été un triomphe
00:59:49parce qu'ils ont réussi
00:59:50à secourir bien plus de gens
00:59:52qu'ils ne l'auraient
00:59:52cru possible.
00:59:54C'était incroyable
00:59:56combien ils en ont secouru.
00:59:58Ils ne s'attendaient pas
01:00:02à sauver plus de 45 000 hommes.
01:00:04Au bout du compte,
01:00:08ils ont réussi
01:00:08à retrouver
01:00:09et à ramener
01:00:10près de 340 000 soldats.
01:00:13L'armée britannique
01:00:14avait survécu.
01:00:24Une euphorie patriotique
01:00:25s'empare du public britannique.
01:00:27La fumée de la bataille
01:00:33plane sur Dunkirk,
01:00:35ce port de l'autre côté
01:00:36de la Manche
01:00:37d'où rentrent
01:00:37des milliers d'hommes
01:00:38du corps expéditionnaire
01:00:39britannique.
01:00:40La magnifique opération
01:00:41d'arrière-garde
01:00:42menée par les armées
01:00:43britanniques et françaises
01:00:44n'a d'égal
01:00:45que le splendide travail
01:00:46de la marine
01:00:47pour protéger les soldats
01:00:48et les ramener
01:00:49chez eux
01:00:50dans des navires de guerre
01:00:51et des embarcations
01:00:52de toutes sortes.
01:00:53Ils se battent sans cesse
01:00:54depuis deux semaines
01:00:55et le monde entier
01:00:56est émerveillé
01:00:57par leur immense courage
01:00:58et leur discipline
01:00:59inébranlable
01:01:00sous le brillant commandement
01:01:01de leurs supérieurs.
01:01:03Jamais dans toute son
01:01:04histoire militaire,
01:01:05la Grande-Bretagne
01:01:05n'a-t-elle été aussi fière
01:01:06de ses fils combattants ?
01:01:08La route sera encore longue
01:01:14vers la victoire finale.
01:01:16La Seconde Guerre mondiale
01:01:17se poursuivra
01:01:18durant quatre autres années.
01:01:20Mais ce sont
01:01:20les événements de Dunkirk
01:01:22qui rendent possible
01:01:23cette grande marche
01:01:24vers la paix.
01:01:25Plusieurs ont pris
01:01:27quelques jours
01:01:27pour récupérer.
01:01:29On a tous eu droit
01:01:30à trois jours.
01:01:32L'adjudant est arrivé
01:01:34et nous a dit
01:01:35« J'ai bien peur
01:01:36que le réveil
01:01:37soit à six heures ici.
01:01:40Vu que vous étiez
01:01:41à Dunkirk,
01:01:43vous pouvez vous lever
01:01:43à sept heures et demie
01:01:44ou huit heures
01:01:45et prendre le déjeuner.
01:01:48Mais c'est tout. »
01:01:50Les hommes du corps expéditionnaire
01:01:56profitent de quelques moments
01:01:57de répit
01:01:58après le retrait
01:01:58héroïque des Flandres.
01:02:00Ici,
01:02:00dans un camp de repos,
01:02:01ils se dépoussièrent,
01:02:02se ressaisissent
01:02:03et se laissent aller
01:02:04à chanter un peu.
01:02:05Mon copain,
01:02:13Ginger et moi,
01:02:14on est restés ensemble
01:02:15pendant toute la guerre.
01:02:17On a tous les deux
01:02:18survécu à Dunkerque.
01:02:20Au moment de monter
01:02:21sur un bateau,
01:02:22on est allés
01:02:23dans des directions
01:02:24différentes.
01:02:26J'ai supposé
01:02:26qu'il avait été tué
01:02:27ou fait prisonnier
01:02:28et il a pensé
01:02:29la même chose
01:02:30à mon sujet.
01:02:31« Le lendemain matin,
01:02:33quand je marchais
01:02:34dans la rue
01:02:34pour aller déjeuner,
01:02:36j'ai croisé Ginger.
01:02:38Il m'a vu
01:02:38et est venu
01:02:39me serrer dans ses bras
01:02:41comme si on avait été
01:02:42des amants
01:02:43qui s'étaient perdus
01:02:45de vue depuis longtemps.
01:02:46On croyait tous les deux
01:02:47que l'autre avait péri.
01:02:51On l'échappait belle
01:02:52tellement de fois.
01:02:53C'était absolument incroyable.
01:02:55On était dans un cinéma,
01:02:57Ginger et moi,
01:02:58regardaient un film
01:02:59dont j'ai oublié le titre
01:03:00quand la salle
01:03:01a été touchée
01:03:02par une bombe.
01:03:03Plus de 500 personnes
01:03:05sont mortes
01:03:06mais on est sortis
01:03:07tous les deux de là
01:03:08tout juste recouverts
01:03:09de poussière.
01:03:18L'opération Dynamo
01:03:20a été portée
01:03:21au grand écran
01:03:21à plusieurs reprises.
01:03:23La sortie de Dunkirk
01:03:24du réalisateur
01:03:25Christopher Nolan
01:03:26en 2017
01:03:27a une fois de plus
01:03:28attiré l'attention
01:03:29du monde
01:03:30sur ces événements
01:03:31qui ont changé
01:03:32le cours
01:03:32de la Seconde Guerre mondiale.
01:03:35Pour moi,
01:03:36c'est un des plus grands
01:03:37moments de l'histoire
01:03:37de l'humanité.
01:03:39Je suis très heureux
01:03:40que certains
01:03:40des anciens combattants
01:03:41qui ont vécu
01:03:42l'évacuation
01:03:43soient ici.
01:03:44Quand on leur a projeté
01:03:45le film,
01:03:46ça a été une des choses
01:03:47les plus intimidantes
01:03:48que j'ai jamais vécues
01:03:49en tant que cinéaste,
01:03:50d'avoir à me tenir
01:03:51devant ces gens
01:03:52qui ont vécu
01:03:52cet événement
01:03:53et qui ont maintenant
01:03:54plus de 90 ans
01:03:55pour leur montrer
01:03:56notre version
01:03:57de leur histoire.
01:03:59On a assisté
01:04:00à la première
01:04:01de Dunkerque
01:04:02à Lester Square.
01:04:04J'étais sur le tapis rouge.
01:04:06Les gens venaient
01:04:07me faire un câlin.
01:04:08Ils étaient des centaines
01:04:13derrière les barrières
01:04:15qui s'approchaient,
01:04:16qui applaudissaient
01:04:17et qui nous saluaient.
01:04:19C'était ahurissant.
01:04:21C'était un bon film,
01:04:23mais les seuls
01:04:24qui peuvent comprendre
01:04:25comment on se sentait
01:04:26à Dunkerque,
01:04:27c'est ceux qui y étaient.
01:04:29Personne d'autre
01:04:29ne peut s'imaginer
01:04:30comment c'était.
01:04:33J'ai trouvé ça très bon.
01:04:35Il y avait quelques
01:04:36petites erreurs mineures
01:04:37que j'aurais pu lui reprocher,
01:04:39mais en général,
01:04:40c'était assez exact.
01:04:45Le prince Harry
01:04:46m'a invité au palais.
01:04:49Quel homme merveilleux.
01:04:51Mais je n'étais
01:04:52que le deuxième homme
01:04:53le plus âgé.
01:04:54Ça, c'est une honte.
01:04:58Ils nous ont traités
01:04:59en héros.
01:05:00Vous êtes des héros.
01:05:01Vous l'étiez.
01:05:02Vous l'étiez
01:05:03et vous l'êtes toujours.
01:05:04J'espère que quelqu'un
01:05:06vous a aidé à monter
01:05:06la colline.
01:05:08Une dame m'a poussé
01:05:09un petit bout de temps.
01:05:11Ensuite,
01:05:11quelqu'un est venu
01:05:12du palais
01:05:12et m'a demandé
01:05:13« Savez-vous qui c'était ? »
01:05:15J'ai dit « Non,
01:05:16c'était Kate. »
01:05:17Je ne pouvais pas le savoir,
01:05:19il était derrière moi.
01:05:22Il a vraiment été charmant,
01:05:24le prince Harry.
01:05:25Il est descendu
01:05:26et il nous a parlé.
01:05:28Il est très gentil.
01:05:28Je n'arrivais pas
01:05:31à mettre mes souliers
01:05:32parce que j'ai les pieds
01:05:33qui enflent.
01:05:34J'ai dû y aller
01:05:34en pantoufles.
01:05:36J'ai dit au prince Harry
01:05:37« Excusez-moi
01:05:38pour mes pantoufles. »
01:05:39Il m'a répondu
01:05:40« Au moins,
01:05:40elles sont bleues royales. »
01:05:45Le prince Harry
01:05:46nous a bien remerciés.
01:05:48Je dirais qu'on a été
01:05:49de vrais héros
01:05:50et j'ai remercié le Seigneur.
01:05:52Je le remercie encore.
01:05:53Je le remercie encore.

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