Un adolescent a agressé au couteau une surveillante d'un collège ce mardi 10 juin dans la Haute-Marne. La victime, âgée de 31 ans, n'a pas survécu. Les faits se sont déroulés alors que des gendarmes effectuaient un contrôle aux abords de l'établissement. La Présidente de l'Assemblée nationale a réagi sur X peu après le drame en estimant que l'école doit être "un lieu sûr, exigeant, protecteur". Elle est l'invité de Thomas Sotto. Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Thomas Sotto du 11 juin 2025.
00:02Et tout de suite l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui Yael Brunpivet, la présidente de l'Assemblée Nationale.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, madame la présidente de l'Assemblée.
00:12Bonjour.
00:13Elle s'appelait Mélanie, elle avait 31 ans, elle était la maman d'un petit garçon de 4 ans.
00:17Hier, Mélanie est allée travailler dans son collège de Nogent, en Haute-Marne, où elle était surveillante.
00:22Et c'est là-bas donc que Mélanie a été tuée, poignardée par un élève de 14 ans.
00:26Alors il reste les larmes d'une famille, il reste la sidération d'un pays.
00:30Et aussi la colère de tous ceux qui n'acceptent pas.
00:33Et après, madame la présidente, et après ?
00:36C'est difficile de se dire, et après, le lendemain d'un tel drame.
00:41Hier, à l'Assemblée Nationale, nous avons tous été stupéfaits.
00:45Nous nous sommes recueillis en communion avec la famille de la victime.
00:51Et c'est vrai que ce drame doit tous nous interroger.
00:54Donc d'abord, ce matin, avoir un message, évidemment, de compassion et de solidarité avec ces personnes qui sont touchées de façon absolument abominable.
01:03Mais la compassion est nécessaire ?
01:05Elle est indispensable.
01:06On ne peut pas, quand il y a de tels drames, passer tout de suite en mode solution.
01:12Il faut d'abord se recueillir.
01:15Il faut après essayer de comprendre ce qui s'est passé sur les faits même.
01:18Et puis après, il faut évidemment agir.
01:21Et nous sommes des hommes et des femmes politiques, donc nous devons après être dans l'action.
01:24C'est la raison pour laquelle je disais, la compassion est nécessaire, mais elle ne suffit pas.
01:27Comment répondre à ce déferlement de violences insensées, comme l'a dit Emmanuel Macron ?
01:32Ce qui est en train de devenir une réalité de tous les jours, une épidémie, pour reprendre les mots de François Bayrou, le Premier ministre cette fois.
01:38On fait quoi ?
01:39Ce qui est invraisemblable, c'est qu'il y ait des gamins, des enfants, qui se promènent dans la rue avec des armes sur eux, dans leur poche, dans leur sac à dos,
01:47qui peuvent aller à l'école, songer un enfant qui le matin va faire son sac, va prendre ses cahiers, ses cours d'histoire et va mettre un couteau dans son sac.
01:56Ça semble absolument inimaginable et pourtant c'est cette réalité à laquelle on est confronté.
02:01Donc il faut agir.
02:03Je pense qu'il faut d'une part rappeler très fermement l'interdiction.
02:06En fait, on ne se promène pas dans la rue avec un couteau et ça n'est pas juste.
02:11On ne se promène pas, c'est une infraction.
02:13Ça on sait.
02:13C'est une infraction.
02:156 000 fouilles en 3 mois, 200 couteaux trouvés.
02:17Nous on le sait, je ne suis pas sûre que tous les centaines de milliers d'enfants en France le sachent.
02:23Donc il faut déjà rappeler la règle très fermement, c'est interdit et c'est un délit pénal de se promener avec un couteau dans la rue, quelle que soit la raison.
02:33Donc un enfant ne se promène pas avec un couteau dans la rue, je pense qu'il faut rappeler la règle.
02:36Donc il faut leur expliquer à l'école qu'ils peuvent être punis et il faut qu'il y ait une pénition effective.
02:40Je pense qu'il faut leur rappeler dans toutes les classes de France que ça ne se fait pas, il faut rappeler la règle.
02:46Après il faut rappeler l'interdiction et la faire respecter.
02:49Ça veut dire que dans les écoles il faut, lorsqu'il y a des couteaux qui sont découverts, qu'il y ait des sanctions disciplinaires immédiates.
02:55Et il faut également que le cas échéant, il y ait des signalements aux autorités judiciaires pour que les enfants et leur situation puissent être prises en compte.
03:03Les portiques, vous y croyez ou pas ? Les portiques comme à l'aéroport ? On imagine mal vu le temps qu'on met quand on passe un portique à l'aéroport ? Non.
03:10Je n'y crois pas parce que les pays qui l'ont essayé, j'ai regardé les Etats-Unis, Israël ou d'autres pays, ont un des bilans extrêmement mitigé.
03:19Le portique c'est une fausse impression de sécurité.
03:22Nos établissements scolaires ne sont pas des prisons, il n'y a pas de murs d'enceinte.
03:25Je regardais dans la ville où j'habite, c'est des simples grilles, donc il n'est très facile d'introduire des objets autrement que par la porte d'entrée et par le portique.
03:35Donc moi je n'y crois pas, c'est coûteux, ça semble inefficace et ça donne une fausse impression de protection.
03:41Et d'après ce qu'on vous lit dans les études, c'est même anxiogène et donc ça n'aurait pas d'utilité.
03:46Vous parlez de punition, ça peut être quoi la punition pour les élèves qui viendraient avec un couteau ?
03:49Alors il y a deux choses, punition disciplinaire, donc ça peut être une exclusion, des heures de colle, des travaux d'intérêt généraux au sein de l'établissement.
03:58Après il y a la voie judiciaire, en fonction de chaque situation, en fonction de chaque fait.
04:04Il ne faut pas hésiter à ce qu'il y ait une saisine des autorités judiciaires.
04:08Donc il faut plus de sévérité ?
04:09Il faut de la sévérité, mais ça ne suffit pas la sévérité.
04:11Après il faut regarder quelles sont les causes, donc rappeler la règle.
04:16Après affirmer le principe de la sanction et respecter les sanctions, et après regarder les causes.
04:21On entend beaucoup parler des réseaux sociaux, de l'interdiction potentielle des réseaux sociaux.
04:25C'est ce qu'a dit Emmanuel Macron hier soir.
04:26C'est ce qu'on a voté à l'Assemblée nationale.
04:28Mais il faut le faire ou pas ça ?
04:29On a voté une loi.
04:30Mais est-ce qu'on peut le faire, ou est-ce que c'est une liste au Père Noël ?
04:32Le problème c'est qu'on a une législation européenne qui nous empêche d'être autonome sur ce plan-là.
04:38Donc l'Assemblée nationale a voté une loi avec le Sénat qui est interdit les réseaux sociaux aux enfants de moins de 15 ans.
04:45Maintenant cette loi aujourd'hui n'est pas applicable à cause de réglementations de l'Union Européenne.
04:50Donc c'est ce que disait le Président de la République.
04:52Il faut qu'on aille convaincre nos partenaires.
04:55Je vois qu'il y a un certain nombre de pays qui s'engagent dans cette voie-là.
04:59Il y a des pays qui l'ont fait, l'Australie par exemple.
05:01Il faut y aller.
05:02Après il y a l'usage des écrans.
05:04Juste, deux tiers des moins de 13 ans en 2021, et on peut penser que ça ne s'est pas arrangé depuis,
05:08deux tiers des moins de 13 ans avaient déjà un compte sur les réseaux sociaux.
05:11Oui, mais c'est pour ça qu'il faut absolument que nous nous saisissions de ce sujet.
05:16Mais il ne faut pas le dire, il faut le faire.
05:19On peut attendre des mois et des mois ?
05:22La loi est faite, elle a été votée.
05:24Il suffit maintenant de réussir à convaincre nos partenaires.
05:26Je pense que c'est drame.
05:27Et regardez ce qui vient de se passer en Autriche, avec une dizaine d'enfants, une tuerie dans une école.
05:33Donc on voit bien que tous les pays sont confrontés à cette violence chez nos jeunes.
05:37Et donc il faut agir. Je pense qu'à l'Union Européenne, on peut les convaincre.
05:41Mais après, il y a aussi la question de l'éducation à l'utilisation des écrans.
05:46Au-delà des réseaux sociaux, il n'y a pas que les réseaux sociaux.
05:48Moi, je suis atterrée de voir parfois, en tant que maman, des gamins dans la rue de 3 ans, 4 ans, 5 ans,
05:55avec un téléphone dans la main, avec un iPad dans la main et tout ça.
05:58Ça n'est pas possible.
05:59Nos enfants doivent pouvoir grandir en dehors de ces écrans.
06:02Et là encore, comment on fait ?
06:03Eh bien, il faut là, éduquer aussi un petit peu les parents,
06:07pour qu'à la maison, il y ait une régulation dans l'usage du téléphone, des écrans, de la télé, des jeux vidéo.
06:14Moi, j'ai élevé 5 enfants.
06:16Eh bien, il y avait des règles à la maison.
06:17La télé, ce n'était pas tous les jours.
06:19Les jeux vidéo, ce n'était pas tous les jours.
06:20Il faut aussi peut-être sanctionner les parents qui mettraient leurs enfants devant des écrans.
06:23Il ne s'agit pas de sanctionner.
06:25On ne peut pas être tout le temps dans la sanction.
06:26Mais il faut simplement alerter sur le danger, faire prendre conscience à chacun,
06:31pour que chacun puisse agir au mieux avec ses enfants.
06:34Et donc, vous voyez bien que c'est une action conjointe des parents,
06:38de la communauté enseignante, de la justice et de la police.
06:41La communauté enseignante a de plus en plus de mal à impliquer les parents, vous le savez ça.
06:44Je sais bien, mais c'est pour ça qu'il faut absolument les responsabiliser,
06:47éduquer à la parentalité.
06:49C'est un grand chantier que nous devons ouvrir aujourd'hui.
06:52Parce qu'on voit que tout cela, ça induit aussi des problèmes psychiatriques,
06:56psychologiques chez nos enfants,
06:57et qu'on a également un problème de prise en charge.
07:00La santé mentale des ados, des jeunes, ça devait être une priorité.
07:03Qu'est-ce qu'il faut faire ?
07:03Il y a un psy pour 1500 élèves aujourd'hui.
07:05Alors, c'est le problème de toute la médecine scolaire.
07:08À l'école, c'est l'absence ou l'insuffisance d'infirmières,
07:13l'insuffisance de médecins, l'insuffisance de psychologues.
07:16La médecine scolaire étant détresse, on le sait tous.
07:20Mais il faut embaucher ?
07:21Il faut embaucher ?
07:23Là, il faut dépenser ?
07:24Là, il ne faut pas faire des économies ?
07:25Il ne faut pas faire d'économies sur notre jeunesse.
07:28Notre jeunesse, c'est notre avenir.
07:29Notre jeunesse, c'est...
07:31Il faut investir sur notre jeunesse,
07:33et donc faire en sorte qu'elle puisse grandir correctement.
07:35Mais à nouveau, il n'y a pas de solution magique.
07:38Les portiques ne sont pas une solution magique.
07:40Le traitement psy n'est pas une solution magique.
07:42L'éducation des parents n'est pas une solution magique.
07:44Il faut tout combiner, mais il faut un effort national.
07:47Et justement, ce type d'événement doit nous inviter à un sursaut collectif
07:52et à agir tout azimut.
07:53Si on élargit un petit peu la photo, on va dire,
07:56si on dézoome un peu, depuis quelques jours, quelques semaines,
07:59François Bayrou a parlé d'une décomposition de la société dans laquelle nous vivons.
08:02D'autres parlent d'ensauvagement, de décivilisation.
08:05On a aussi eu, la semaine dernière, les barbares de Bruno Retaillomo,
08:07qui l'a repris hier.
08:08Tous ces mots-là, vous les reprenez, vous, Yael Brown-Pivet ?
08:10Je n'en reprends aucun.
08:11Aucun ?
08:12Aucun.
08:13Pourquoi ?
08:13Parce que je pense qu'ils ne correspondent pas à la réalité.
08:17Alors, quand je dis ça, on va dire,
08:19elle est naïve, elle ne voit pas ce qui se passe.
08:20Je vois très bien ce qui se passe.
08:22Mais je pense qu'il y a une gradation dans les faits,
08:24et il faut qu'il y ait une gradation dans les mots que nous utilisons.
08:28Il s'agit de nos enfants,
08:30il s'agit de l'avenir de notre pays,
08:32et nous avons un rôle en tant que parents,
08:35en tant qu'adultes.
08:36Et donc, ça n'est pas en traitant nos enfants d'ensauvagiers ou de barbares
08:41que nous résoudrons la question.
08:43Ils voient ce que vous ne voyez pas,
08:44ou ils font de la démagogie
08:45et montrent leur impuissance parfaite sur enchères verbales ?
08:48Je ne vais pas juger le vocabulaire qu'ils utilisent,
08:52ça n'est pas le mien, je ne l'ai jamais utilisé.
08:54Je pense, en revanche, qu'il faut que nous réagissions très fermement.
08:58Donc, c'est justice pénale des mineurs
09:00pour avoir davantage de fermeté,
09:02davantage d'éducation à nouveau à la parentalité.
09:06Et il faut que nous revoyons la façon dont nous enseignons à nos enfants.
09:10Je pense qu'il y a beaucoup à faire
09:11pour les éduquer peut-être un peu différemment.
09:15Et là, j'attends beaucoup de la convention
09:16qui va s'ouvrir sur le rythme des enfants.
09:18Moi, je crois beaucoup à la prise en charge
09:21beaucoup plus globale.
09:23Il faut appliquer la loi,
09:24dit-vous, est-ce qu'il faut la durcir la semaine dernière
09:26après les incidents dramatiques
09:27qui ont suivi le match du Paris Saint-Germain ?
09:29Gérald Darmanin, le garde des Sceaux,
09:30a annoncé vouloir supprimer le sursis.
09:32François Bayrou lui a embrayé en se disant favorable
09:34aux peines planchées.
09:35Là, ils ont raison ou pas ?
09:37Là aussi, moi, je suis en désaccord.
09:39Je suis contre les peines planchées
09:41car je pense qu'il faut individualiser
09:43la sanction pénale.
09:45C'est un principe constitutionnel
09:47et qui est au fondement de notre droit.
09:49s'agissant de la suppression du sursis,
09:51j'y suis également opposée.
09:53En revanche, moi, je plaide pour, effectivement,
09:56de courtes peines qui auraient lieu immédiatement.
09:58Et depuis très longtemps,
09:59j'avais écrit un rapport sur les prisons
10:01et je plaidais pour des prisons
10:02en structure très allégée,
10:04comme ils le font dans les pays nordiques.
10:06Elles se construisent rapidement,
10:08elles permettent de réinsérer,
10:09de réapprendre aux jeunes à avoir un cadre.
10:12Et ça, c'est important
10:13parce que c'est souvent des jeunes
10:14qui n'ont plus de cadre.
10:15et donc, ce cadre,
10:17il est impératif de le donner.
10:18On a plusieurs solutions.
10:20Je pense qu'il faut y aller très franchement.