Les relais routiers vont-ils disparaître ? On en parle avec le photographe Guillaume Blot

France Inter

Dans les années 1970, la France en comptait 4 500. Aujourd'hui, il n'y en a plus que 700. En cause, le développement des autoroutes avec ses grandes aires de repos, l'arrivée des frigos et des réchauds dans les cabines et le Covid-19, entre autres.    Pour rendre hommage à ces lieux populaires en voie de disparition, le photographe Guillaume Blot a sillonné le pays pendant 6 ans à la rencontre des chauffeur.se.s qui s'y arrêtent encore et des gérant.e.s qui font vivre ces espaces de vie collective hauts en couleurs.   Le travail de Guillaume Blot vient d'être publié dans le livre "Restos Routiers" aux éditions Hoëbeke.  Un reportage de Manon Mella, journaliste à France Inter

Transcript

00:00J'aime bien le routier, c'est sympa, il y a du choix en entrée,

00:02et puis on mange rapidement aussi, pour un prix correct.

00:05On n'est pas la génération sandwich.

00:06Je vous emmène dans un relais routier, le relais de Sancy,

00:10qui se trouve au bord de la Nationale 4, sur l'axe Paris-Nancy,

00:15à Sancy-les-Provins, dans le 77.

00:17Et je suis avec le photographe Guillaume Bleau,

00:19qui a sillonné la France pendant plusieurs années

00:21pour documenter plus de 120 restaurants routiers.

00:24Son travail vient d'être publié dans un magnifique livre,

00:27« Restos routiers » publié aux éditions Webeck.

00:30Les relais, ce sont ces établissements qui longent les départementales et les nationales,

00:34et qui ont été conçus pour accueillir les chauffeurs routiers le temps d'une pause,

00:38pour manger, boire un verre, se doucher ou dormir.

00:41Des lieux populaires et conviviaux qui font partie du patrimoine français,

00:46mais qui sont aujourd'hui menacés, notamment par l'expansion des autoroutes.

00:50Chez nous, c'est 19 euros le complet.

00:52Entrée, plat, dessert, fromage, une boisson, avec le café.

00:55Il y a des petits travaux là-bas ?

00:57On a avancé les travaux.

00:58Bravo.

00:59Beaucoup de travail.

01:00J'imagine.

01:00On n'est pas aidés avec la fermeture de route.

01:04Donc financièrement, c'est très compliqué.

01:05Et ça fait que nos camions qui viennent de l'Est,

01:08ils ont du mal à arriver jusqu'à nous sans avoir une coupure à faire plus haut.

01:12Donc on a perdu 50% de notre chiffre d'affaires.

01:15Ça plombe les trois routiers qu'il y a après cette déviation.

01:20Tous les fins de mois et début de mois, c'est un état de stress permanent pour moi

01:26parce que je me dis comment on va faire.

01:29Bonne journée Laurent.

01:30Il y a peut-être une forme d'appréhension à pousser la porte alors que c'est un endroit magnifique,

01:35où on mange très bien pour un prix honnête.

01:38On peut même se doucher et dormir sur le parking.

01:41Toute cette vie, je voulais vraiment la raconter.

01:42Surtout que j'ai vu qu'il y en avait de moins en moins depuis les années 70.

01:46Donc il y avait une vertu de vraiment rendre une forme d'hommage déjà à ceux qui sont en place

01:52et de donner envie peut-être aux autres aussi de continuer de reprendre le flambeau

01:56pour que les personnes qui sont sur la route puissent avoir un havre de repas et de repos.

02:03Je viens boire un coup.

02:04Un péril.

02:05Exactement.

02:06Vous êtes routier ?

02:07Non.

02:07Je viens m'occuper d'esprit en voyant du monde.

02:09J'ai fait un livre sur les restaurants routiers.

02:11Ah oui d'accord.

02:11Du coup là on en revient dans un que j'avais beaucoup aimé

02:13pour un peu faire l'exemple et montrer par la rencontre qu'on fait actuellement

02:19tout le côté de l'hyper simple et qui fait du bien de papoter

02:23et donc c'est dans ça que c'était le projet.

02:27La combialité, la chaleur humaine, ça joue au jeu.

02:30Malheureusement.

02:32C'est ce qui manque, vous dites ?

02:33Bah oui.

02:35Le monde change.

02:36C'est pas ce qu'on a connu.

02:39On a connu autre chose.

02:40Les gens sont plus indépendants, plus individualistes, plus chacun pour soi.

02:46C'est plus pareil.

02:49Même au niveau des routiers, maintenant avec les gens de l'Est, ils n'arrêtent plus.

02:52On a leur camion ou ils sont à deux.

02:54C'est plus pareil.

02:55C'est pas les routiers, mais avant, ils se rassemblaient tous.

02:58Avant, on s'arrêtait plein.

02:59Ils se rassemblaient tous.

03:00Ils mangeaient, on mangeait bien, on rigolait bien.

03:02Et on repartait.

03:03Non, c'est pas pareil.

03:07Avec le petit kirk, avec modération.

03:10Nous, on ouvre à 4h du matin.

03:14Et on est ouvert en continu.

03:16Donc on fait à manger de 10h30.

03:18À partir de 10h30, on peut servir à manger.

03:20De 10h30 jusqu'à 23h, où on ferme la cuisine à 23h, mais on ferme à minuit ici, le restaurant.

03:26Donc ça fait combien d'heures par jour ?

03:273h du matin, 23h le soir, ou 20h.

03:33Vous passez votre vie ici ?

03:34Je passe ma vie ici.

03:35Moi, je ne me verse pas de salaire, donc voilà.

03:36Mais j'ai du personnel derrière, j'ai des familles qui comptent sur moi.

03:40Et donc, quand je vois qu'on est en train de chuter, c'est pas ton temps évident.

03:45On fait ça du lundi au samedi.

03:47L'État, ils s'en foutent de nous.

03:48Pour nous, quand on reste au ferme, ils s'en fichent.

03:50C'est incroyable de dormir que 3h.

03:53Et le fait, avec l'égard de sourire, pour répondre à nos questions ce midi, moi, je trouve.

03:57Je suis émératif de ces héroïnes du quotidien qui nous font vivre quand nous, on se déplace.

04:05Et elles sont là pour nous accueillir.

04:08Chapeau, vraiment.

04:09Les relais routiers, je vais y manger encore et encore.

04:11Il n'y a pas vraiment de faim.

04:12Le livre, c'est en plus un jalon, une étape importante,

04:15pour déjà raconter une France des relais routiers aujourd'hui.

04:18Mais j'ai trop envie de continuer, bien sûr, à m'y arrêter déjà manger,

04:22et ensuite faire quelques photos.

04:27Ah ouais, ok.

04:28Ah ouais, ok.

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