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  • 10/6/2025

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Transcripción
00:00Mario Vargas Llosa, escribien peruvien que j'admire beaucoup, que j'ai toujours plaisir de recevoir apostrophe.
00:06Votre dernier roman est un érotique, il s'intitule Éloge de la Marat, réparé aux éditions Gallimard,
00:11dans une traduction de l'espagnol d'Albert Ben Soussan.
00:13Alors, on a beaucoup parlé de vous, Mario Vargas Llosa, depuis plusieurs mois,
00:18mais dans la rubrique des journaux de la politique étrangère.
00:20En effet, vous étiez candidat à la présidence du Pérou.
00:24Le deuxième tour du scrutin a eu lieu dimanche dernier.
00:27Vous avez été longtemps favori, et puis un candidat de dernière heure vous a supplanté.
00:33Il l'a donc emporté dimanche, c'est M. Alberto Fujimori, qui est d'origine japonaise.
00:37Alors, d'abord, merci d'être là ce soir, parce que vous m'avez fait dire que, élu président ou pas,
00:42vous seriez ce soir à apostrophe, ce qui est quand même formidable.
00:45Ma première question, c'est, cinq jours après cette élection, quel est votre état d'esprit ?
00:50Ça va. J'ai survis à l'expérience.
00:56Je me dis que les sélecteurs péruviens ne se sont resignés pas que j'abandonne la littérature,
01:02et que pour ça, ils l'ont choisi à mon adversaire.
01:05Comme vous voyez, c'est une justification très encourageante pour l'écrivain.
01:10Oui. Mais est-ce que, quand même, vous êtes profondément déçu,
01:15ou est-ce qu'il y a quand même chez vous, en même temps, une part de, disant, bon,
01:19finalement, tant mieux, je vais me remettre à l'écriture, c'est mon vrai métier.
01:22J'aurais préféré gagner l'élection, bien sûr. J'ai beaucoup travaillé.
01:25Mais ça a été quand même une expérience extraordinaire, une expérience très, très riche.
01:30Alors, je ne les déplore pas. Il faut accepter...
01:36Oui, mais c'est d'autant plus dur d'accepter une défaite pour vous,
01:39parce que vous avez été longtemps favori.
01:40Enfin, tous les journaux français, 15 jours encore avant le premier tour,
01:44et puis d'un seul coup, ce candidat de dernière heure vous a supplanté.
01:48C'est quand même dur à supporter.
01:49C'est-à-dire que j'ai fait la comprobation de quelque chose que je croyais,
01:54que je crois depuis longtemps, c'est que l'histoire n'est pas écrite.
01:57Alors, on disait que j'étais favori, mais il y a toujours des événements extraordinaires,
02:02et tout ça a changé rapidement, à la fin du premier tour.
02:06Oui, mais enfin, quand même, vous êtes dans un pays, on sait, qui ne va pas très bien.
02:10Vous étiez quand même, vous risquiez de mourir d'une minute à l'autre,
02:13quand même sous les balles de ces terroristes du Sentier Lumineux.
02:16C'est quand même terrible d'accéder au poste du président.
02:21Vous risquiez quand même votre vie à tout moment.
02:24Si ça n'était pas le cas, je n'étais pas candidat.
02:30J'acceptais ce défi parce que mon pays vit dans une situation très, très difficile.
02:36Alors, c'est pour ça que beaucoup de Péruviens comme moi, qui n'étaient pas, enfin, des politiciens par vocation,
02:42ont décidé de faire de la politique.
02:44C'était vraiment une situation d'émergence.
02:47Et pour moi, peut-être le meilleur souvenir de cette expérience,
02:51c'est le nombre de Péruviens comme moi qui ont montré pendant cette campagne une générosité extraordinaire,
02:57et même de l'héroïsme.
02:59Oui.
03:00Même de l'héroïsme.
03:01Mais un intellectuel pour vous qui se lance dans une bataille politique
03:04et qui a l'ambition de devenir le président de son pays, il sait qu'il va salir les mains.
03:09C'est difficile d'accepter quand même pour la politique.
03:12C'est difficile d'accepter, oui.
03:13Oui, parce que la politique est très différente quand on la voit, enfin, des livres,
03:19de la perspective des idées, des valeurs,
03:22et très différente quand vous y êtes submergé.
03:26Ça, c'est très différent.
03:28Et ce qui est difficile, c'est de se souvenir pendant une campagne électorale,
03:33surtout dans un pays avec le problème du Pérou,
03:35que vous êtes dans la politique parce que vous défendez certaines idées ou certaines valeurs.
03:41C'est très difficile de se souvenir tout le temps de ça,
03:44parce que vous vous êtes entraîné petit à petit à faire des choses que vous n'aimez pas.
03:47Alors, j'ai oublié ce livre malheureusement chez moi,
03:49mais il y a un livre qui vient de paraître en France d'une jeune reporter,
03:52c'est paru aux éditions de Tsuru,
03:54mais j'ai oublié le nom aussi de l'auteur,
03:58et qui raconte, elle a rencontré tous ces tueurs,
04:01parce que moi je ne les appelle pas autrement, du Sentier Lumineux,
04:03et c'est absolument terrifiant ce qui se passe dans votre pays.
04:07Ce sont des fanatiques.
04:08Ce ne sont pas tellement différents des fanatiques qu'il y a ailleurs.
04:12Ils ne sont pas très nombreux.
04:13Ah bon ?
04:14Ils font beaucoup de mal parce qu'ils sont des fanatiques,
04:16ils sont prêts à tuer et à mourir.
04:18Alors, on peut faire beaucoup de mal.
04:21On peut tuer, on peut détruire, mais ils ne sont pas très nombreux.
04:24La grande majorité des Péruviens, ils l'ont montré dans ces élections.
04:27Oui, ils n'ont pas eu peur d'aller voter d'ailleurs.
04:29Ils sont allés, il y a eu une concurrence vraiment massive des électeurs,
04:33et je crois que les Péruviens ont montré que malgré leur pauvreté,
04:38ils sont pour la démocratie.
04:40Mais, Mario Vargas Llosa, est-ce que votre sens politique a été à la hauteur de votre courage et de votre intelligence ?
04:46Probablement pas, puisque je n'ai pas gagné.
04:49Probablement pas.
04:51Mais vous pensez que vous avez commis quelques fautes dans la campagne ?
04:53Oui, beaucoup.
04:54Oui ?
04:55Oui, nous.
04:56Oui, bien sûr, votre équipe.
04:57Oui, nous avons commis des fautes, bien sûr.
04:59Oui.
05:00Est-ce qu'il y a eu dans l'élection de M. Fujimori, est-ce qu'il y a eu un vote anti-blanc contre vous ?
05:06Malheureusement, je crois que c'est un des facteurs qui a joué.
05:10C'est la première fois que dans une campagne électorale au Pérou, il y a eu sept facteurs,
05:15disons, ethniques et aussi religieux.
05:18C'est la première fois que…
05:20C'est un grand dommage pour le Pérou, parce que nous sommes un pays pluriracial, pluriculturel,
05:26et jamais on s'était divisés sur ces lignes-là.
05:31Mais j'ai l'espérance que maintenant tout ça va se dissoudre petit à petit.
05:37Ça a été utilisé pendant la campagne et je crois que c'est très mauvais pour le Pérou.
05:41Est-ce qu'il y a aussi contre vous un vote anti-intellectuel ?
05:44C'est-à-dire un intellectuel comme vous, cosmopolite, qui parle plusieurs langues,
05:47qui est reçu et fêté à Paris, à Londres, à Madrid, à New York ?
05:52Je ne sais pas si anti-intellectuel.
05:54Je crois qu'il y a eu…
05:56À un moment donné, on a dit…
05:57Enfin, ce n'est pas un Pérouvien, c'est un Européen,
05:59parce que j'avais dit que je voulais faire de mon pays un pays semblable à ceux de l'Europe.
06:04Ce pays que j'ai…
06:05Je l'ai dit dans la campagne.
06:06Oui, je veux que le Pérou devienne un pays semblable.
06:10Pas identique, mais semblable.
06:12Et ça a été joué aussi.
06:14Ça a été un facteur, on a dit.
06:15Enfin, il n'est pas Pérouviens.
06:16Il veut changer l'identité du Pérou.
06:18Et peut-être que ça a eu une influence sur quelques sélecteurs.
06:22Alors, si vous aviez été élu, je vous aurais donc reçu aujourd'hui comme président du Pérou,
06:26et j'aurais pu dire que vous étiez le premier président d'un État au monde à avoir publié, à avoir écrit et publié un livre érotique.
06:33Ah, l'éloge de la Marade.
06:35L'éloge de la Marade, dont nous parlerons dans un instant.
06:38Non, c'est un livre qui a participé à la campagne électorale.
06:42Oui.
06:43Parce que, vous voyez, mon adversaire a lu des extraits à la télévision pour montrer que j'étais un pornographe et un perverti.
06:50Mais maintenant, je dis, il y a quand même 40% de sélecteurs péruviens qui ont voté pour la pornographie et pour la perversion.
06:59Merci.
07:00Merci.
07:01Merci.
07:02Merci.

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