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  • 09/06/2025

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Transcription
00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1, 9h31h avec Thomas Hill et votre invité ce matin Thomas.
00:06Oui, je reçois ce matin l'animateur et comédien Thierry Beccaro.
00:09Je crois que la dernière fois qu'on s'est vu Thierry, c'était pour parler de la fiction télé adaptée de votre livre
00:14« Je suis né à 17 ans » dans lequel vous racontez votre enfance.
00:18Et alors aujourd'hui, cette enfance difficile, vous avez voulu la raconter sous une autre forme, la scène.
00:23Oui, je m'aperçois que je suis en train de réaliser ce que je pourrais appeler un triptyque
00:31sans savoir que tout ça allait arriver lorsque le livre est sorti, lorsque le film est sorti sur France 2, adaptation de ce fameux livre.
00:44Et puis maintenant, je vais réaliser le triptyque, c'est-à-dire que ça va être le seul en scène
00:49où grâce à Emmanuel Robert Espalieu qui a adapté le livre et brillamment adapté,
00:57je vais vous proposer l'histoire, pas forcément l'histoire de Thierry Beccaro,
01:01mais l'histoire peut-être de beaucoup de personnes qui sont concernées par la maltraitance,
01:07la violence faite aux femmes, des difficultés, ces chemins de ronces qu'on traverse tous
01:16sans forcément en parler à son voisin.
01:20Je vais vous proposer l'histoire d'un peintre.
01:22C'est pour ça que la pièce ne s'appelle pas « Je suis né à 17 ans » comme le livre,
01:27mais cette fois, vous l'avez appelé « L'amour à la menthe ».
01:30C'est votre manière de définir la façon qu'avait votre père de vous aimer.
01:34Je vais vous raconter l'histoire de cet homme qui était en même temps un père formidable
01:43et qui, malheureusement, pour des raisons que vous comprendrez en voyant le spectacle,
01:49régulièrement tombait dans l'alcool et pour naïvement masquer le fait qu'il ait bu,
01:58prenait une petite pastille de menthe.
02:00Donc, quand mon père rentrait du travail et qu'il m'embrassait, ça sentait la menthe.
02:10Donc, moi, je savais.
02:12Et donc, c'était quelque chose d'assez affolant parce que je ne savais pas ce qui allait se passer.
02:18Et Emmanuel Robert Espallieu a trouvé, quand il m'a proposé ce titre,
02:22il a fait la synthèse de ce que j'ai pu vivre avec mes parents.
02:27Et c'est une pièce très poétique dans laquelle il y a cet homme qui revient sur sa vie en peinture.
02:36Et en même temps qu'il choisit ses couleurs, il nous raconte des anecdotes, des morceaux de son passé.
02:41Et en fait, la toile, ça devient l'illustration de sa vie.
02:43C'est ça ce que vous avez voulu faire ?
02:45Chaque couleur que je vais poser sur la toile sera l'évocation d'un souvenir.
02:51Le vert du jardin de chez Méméranna, ma grand-mère, qui m'a élevé.
02:55Le bleu du ciel de l'Italie, là où on allait en vacances.
03:00Le orange, comme le soleil, etc.
03:06Et on a une vraie toile à la fin.
03:07Est-ce que vous êtes peintre aussi, Thierry ?
03:10C'est ce qui a donné cette idée à Emmanuel Robert Espaglieu, justement,
03:14de ne pas faire monter Thierry Beccaro, comédien, ancien animateur, etc.
03:20C'est un peintre.
03:22C'est un peintre qui, je ne sais pas ce qu'il va raconter,
03:26mais il parle à sa petite sœur.
03:28Car il ne faut pas oublier que, dans tout ce que j'ai vécu,
03:30et dans tout ce que vivent parfois les gens encore aujourd'hui,
03:33toutes ces femmes qui sont victimes de violences,
03:36dont on entend parler des féminicides,
03:40n'oublions jamais, et on a trop tendance à séparer les violences,
03:44que quand une femme est victime de violences,
03:46les enfants ne sont pas loin.
03:49Et moi, je vais raconter tout ça.
03:51Je vais raconter la violence que ma mère a subie aussi,
03:55que je subissais,
03:58et dont ma sœur était témoin,
04:01sans qu'il ne la touche une seule fois.
04:04Et donc, c'est poétique, c'est fort.
04:09Moi, j'ai envie de dire que c'est un peu comme si je décidais,
04:11et certains le font, et savent que c'est difficile,
04:14qu'on décide de faire le Saint-Jacques de Compostelle.
04:19Vous le vivez comme ça ?
04:20C'est-à-dire qu'il y a des étapes.
04:22Le spectacle va faire une heure, une heure dix.
04:25Une heure dix, oui.
04:26Et je vais naviguer, grâce aux couleurs,
04:30d'étape en étape,
04:31pour arriver à dire aux gens que je suis encore là.
04:36Ce sera au Festival d'Avignon du 5 au 26 juillet prochain.
04:39Alors, il y a des couleurs, il y a du son aussi,
04:41avec des musiques comme celle-ci, par exemple.
04:43Parce que la musique, elle a joué un rôle majeur dans votre enfance, Thierry Beccaro.
04:56Vous aviez la radio sous l'oreiller.
04:58C'est incroyable, ça me touche beaucoup d'ailleurs,
05:01que vous ayez programmé ce petit extrait qui sera,
05:05j'ai envie de dire, très important, voire capital dans le spectacle.
05:11C'est parce que c'est... Voilà, j'ai fermé les yeux là au moment où je vous en parle.
05:14C'était des moments de douceur,
05:17comme si la tempête se calmait un petit peu, quoi.
05:21Et en même temps, dans Make Me Over,
05:23vous avez tout dans le titre de la chanson.
05:26« Ne me laisse pas tomber ».
05:28Il y a tout comme ça, des...
05:30D'une façon subliminale,
05:33la musique exprimera ce que j'ai pu vivre,
05:37ce que j'ai pu ressentir.
05:39Et alors, si j'ai bien compris en lisant le texte,
05:41votre père va prendre aussi la parole.
05:44C'est-à-dire que vous allez jouer votre père ?
05:47Ouais.
05:48C'est particulier.
05:49La vraie difficulté, c'est de...
05:52Et le vrai bonheur,
05:53qu'Anouche, c'est de bon, qui met en scène brillamment
05:56et avec beaucoup de classe, ce spectacle,
05:59c'est que vous, dans la salle,
06:03vous verrez mon père,
06:05vous allez deviner ma sœur,
06:07vous verrez ma mère,
06:09et ce tableau que je vais peindre,
06:13ça sera votre tableau.
06:17Tout ce que je vais vous raconter,
06:19c'est vous qui le...
06:20Vous le verrez sur la toile,
06:22sans que je sois obligé forcément
06:23de vous montrer la toile.
06:25Mais vous vivrez
06:27une grande partie de ma vie,
06:34avec, j'espère, quand vous sortirez de la salle,
06:37avec cette espèce de bonheur
06:39de se dire que...
06:40Je vous offre une dernière phrase du spectacle,
06:43la peinture du nuit,
06:45et se dire qu'on est encore là.
06:50Voilà.
06:51C'est ça qui est important,
06:52c'est qu'on a un sac à dos sur les épaules,
06:55et il faut faire avec.
06:56Alors, il n'est plus léger,
06:59mais on ne va pas s'arrêter, quoi.
07:01Et si on fait tout le travail
07:02pour comprendre ce qui nous est arrivé,
07:04ce qui s'est passé,
07:05ce qui est arrivé à papa,
07:06ce qui est arrivé à maman,
07:08on va réussir à pardonner,
07:10et on va avancer,
07:12voilà,
07:12pour vivre,
07:13pour vivre un peu mieux.
07:14Alors, ce ne sera pas facile tous les jours,
07:16il y aura des up and down,
07:18c'est normal,
07:19mais il faudra l'accepter,
07:20et puis il faudra faire
07:21ce que j'ai essayé de faire
07:22pendant 35 ans,
07:24ces fameuses trois décennies
07:26à France Télévisions,
07:27de donner du sourire aux gens.
07:30Et vous l'avez tellement bien fait.
07:32La pièce s'appelle
07:33L'amour à la menthe
07:34d'Emmanuel Robert Aspaillot,
07:35donc avec Thierry Beccaro,
07:37c'est à voir au Festival d'Avignon
07:38du 5 au 26 juillet prochain,
07:40ce sera au Théâtre de Laurie Flamme,
07:42tous les après-midi.
07:44Restez avec nous, Thierry,
07:45pour suivre l'actu des médias
07:46dans un instant.
07:46Oui, le journal des médias
07:47de Julien Pichnet
07:48arrive dans un instant
07:49sur Europe 1.

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