Le journaliste Fred Verdier, qui a commenté la finale de Roland-Garros sur Amazon Prime, est revenu sur le duel titanesque entre Carlos Alcaraz et Jannick Sinner ce dimanche.
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00:00Est-ce que vous êtes l'homme le plus heureux du monde après avoir commenté cette finale de légende ?
00:05Cuisine.
00:06Ben oui, c'est totalement prodigieux.
00:09Franchement, je m'attendais à tout, mais pas un truc comme ça quand même,
00:13une espèce de truc complètement démentiel.
00:17Je veux dire, c'est la légende, quoi.
00:18J'ai vraiment vu la légende s'écrire une fois de plus.
00:21Je suis un privilégié, mais sous mes yeux.
00:23J'avais la plus belle terrasse et la plus belle cabine du central pour moi.
00:28Je vois ça et je n'en crois pas mes yeux parce qu'il se passe, il y a cinq matchs en un seul.
00:34Donc effectivement, oui, ça a été un bonheur jusqu'au bout.
00:37Et en plus, c'était dépassionné pour mon compte personnel
00:40puisque je n'avais pas soit un joueur que je trouvais absolument insupportable ou moins méritant
00:46et un autre dont j'étais absolument fanatique.
00:49Je veux dire, j'étais très content que l'un des deux gagne, quel qu'il soit.
00:52Donc j'ai pu vraiment plonger dans le pur sport.
00:55Et ça, quand ça arrive, c'est prodigieux.
00:57Racontez-nous comment c'était à Roland-Garros, Fred.
00:59Vous l'avez commenté pour Prime, évidemment.
01:02Le côté un peu irréel, irrationnel, complètement hors du temps de cette finale qui s'est disputée,
01:08on le rappelle, en 5h29.
01:09C'est la finale la plus longue de l'histoire de Roland-Garros.
01:13Oui, elle explose de trois quarts d'heure, la finale Villander-Villas,
01:16dont j'ai revu quelques extraits il n'y a pas longtemps.
01:19Je peux vous dire qu'il y a des longueurs.
01:21Donc ce n'est pas du tout le même genre de tennis.
01:22Mais là, ça a commencé.
01:25D'abord, il faisait très beau.
01:2615 000 personnes.
01:27Les gens étaient chauffés à blanc, mais toujours très sportifs.
01:30C'est pareil, il n'y avait pas un des deux qui était nettement plus encouragé que l'autre.
01:34Donc ça a commencé très bien.
01:36Et tout de suite, on se dit que Sinner est vraiment monstrueux.
01:39Je rappelle qu'il n'avait pas perdu le moindre set du tournoi.
01:41Et là, il s'en fait en fait deux de plus.
01:44Ça fait 27 sur 20.
01:46Il semble injouable.
01:47D'autant plus qu'il va réussir à braquer dans le début de troisième.
01:51Et là, on se dit, bon, d'accord, on a compris, c'est terminé.
01:54Et puis finalement, ça s'équilibre.
01:57Alcaraz arrive à recoller comme ça dans le troisième set.
02:00Et à chaparder le troisième, ça sent un peu le champ du signe quand même.
02:04Parce que Sinner remet le couvert dans le quatrième.
02:07Et surtout, il y a ce 5-3, 0-40.
02:11Il a trois balles de match consécutives.
02:13Ce qui est évidemment en général rédhibitoire.
02:15Parce qu'on peut se lâcher au moins sur la première, voire sur la deuxième.
02:18Il n'y a pas ce côté avantage ou tie-break.
02:21Donc là, on se dit qu'il va tenter des choses.
02:23Effectivement, il y a au moins deux balles de match sur trois.
02:26Où il fait la faute et il peut faire un peu mieux que ça.
02:29Et finalement, on ne pense pas à ce moment-là que la chance est passée.
02:33C'est pourtant ce qui va arriver.
02:34Même si, en fait, le cinquième set est extrêmement mouvementé.
02:38Alcaraz, break d'entrée.
02:40On sent qu'il a vraiment le truc en main.
02:42Et inexplicablement, lui aussi, il va plonger à 5-3.
02:46Il sert pour le match et Sinner débreak dans une ambiance absolument indescriptible.
02:50Là, c'est la folie.
02:52Je ne vous parle même pas, je vous fais grâce du niveau de tennis.
02:54Puisqu'on n'est pas du tout dans une tension, dans une espèce de chape de plomb.
02:57On est vraiment dans des gars qui inventent des coups.
03:01Pratiquement à chaque jeu, on voit des trucs de dingue.
03:03Il faut bien préciser que Sinner, ce n'est pas du tout le robot ou l'espèce de machine
03:07que parfois on a l'impression de voir.
03:09Il a été extrêmement inspiré, très créatif aussi dans cette finale.
03:13Fred, il est toujours dans sa finale.
03:14Il s'en expose tout.
03:17Fred, il est toujours dans sa finale.
03:18Je pense que dans la nuit, dans son lit, il va s'en refaire.
03:21Il va s'en refaire toute cette finale.
03:23Il va continuer à commenter.
03:24Il va continuer à commenter, évidemment.
03:25Alors, Fred, avant de vous laisser filer, on est tous…
03:29Enfin, on voit passer plein, plein, plein d'avis, de questions.
03:32Est-ce que c'était la plus grande finale de l'histoire des grands chelems
03:36entre Alcaraz et Sinner ?
03:38On en a vécu des moments de légende, même récemment,
03:41avec les Nadal, les Djokovic, les Federer.
03:44Et ce soir, on en vient à se poser la question.
03:46Si on en vient à se poser la question, c'est que c'était quand même exceptionnel.
03:49Votre avis, avant de nous laisser ?
03:53Alors, je vais être très tranché sur Roland-Garros.
03:57Pour moi, c'est la plus belle.
03:59Voilà.
04:00Pour moi, il n'y a pas de discussion.
04:01Une finale comme ça, avec deux joueurs qui sont en plus des monuments de fair play,
04:06de classe, c'est important aussi.
04:08C'est-à-dire qu'il n'y a aucun moment, il n'y a une hostilité, une agressivité,
04:12une espèce de haine stupide.
04:13On est vraiment dans deux gentlemen parfaits.
04:16D'ailleurs, la réaction de Sinner est génialissime à la fin.
04:18Il est d'une dignité totale, alors qu'il a tout le mollard du monde sur les épaules.
04:23Donc, là-dessus, je ne discute pas.
04:24Et le niveau de tennis a été prodigieux.
04:26Et en plus, vous avez l'abondissement.
04:27Donc, je pense qu'à Roland-Garros, on a atteint une espèce de perfection,
04:31de sommet que moi, en tout cas, je n'avais jamais vu.
04:34Après, sur l'histoire du tennis, on est clairement dans le panthéon des finales,
04:38pour moi, sur les quatre grands chelèmes.
04:40Je pense qu'on est dans les quatre, cinq plus grands matchs de l'histoire,
04:43en tout cas, les quatre, cinq plus grandes finales de l'histoire,
04:48que j'ai vécues, en tout cas.
04:49J'ajouterais la Federer-Nadal de 2017 à l'Open d'Australie.
04:54J'ajouterais la Nadal-Djokovic de 2012 à l'Open d'Australie,
04:57encore plus longue que celle-là et incroyable aussi.
05:00J'ajouterais, évidemment, la Nadal-Federer de Wimbledon en 2008.
05:04Et j'en oublie sûrement.
05:05Mais vous voyez, déjà, on est sur quatre, cinq matchs, là, qui sont prodigieux.
05:08Et celui-là, qu'on vient de vivre, est vraiment de ce niveau.