Le philosophe Michel Onfray revient sur les émeutes qui ont éclaté dans le cadre de la victoire du PSG : «Ce sont les milices de Jean-Luc Mélenchon».
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00:00Ce n'est pas que ça symbolise, ça met en évidence l'état de la France.
00:03Moi, ça fait des années que je parle de guerre civile à bas bruit,
00:06ça fait des années qu'on me dit que j'ai tort.
00:07Là, c'est de moins en moins à bas bruit, c'est extrêmement visible.
00:10Ce sont les milices de Mélenchon, ces gens.
00:11Ce sont des gens sur lesquels Mélenchon a tablé.
00:14C'est-à-dire Mélenchon, donc la France insoumise, donc le nouveau Front populaire.
00:17Donc les socialistes, in fine, qui sont tous dans cette logique-là,
00:20qui nous disent que la créolisation de la France est formidable.
00:23Je rappelle quand même que le théoricien,
00:25je peux faire un peu de philosophie pour le coup,
00:26le théoricien de la créolisation, qui est Édouard Glissant,
00:28nous fait savoir qu'il n'y a jamais eu d'exemple au monde
00:31d'une créolisation qui ne se soit pas faite sans violence.
00:34Il nous le dit.
00:35C'est la violence de la créolisation.
00:37Donc, ce n'est pas le symbole, c'est juste la visibilité.
00:41Donc, on voit des gens qui viennent, on l'a vu d'ailleurs ensuite,
00:43quand on nous a dit qui était arrêté, qui était interpellé,
00:45quelles étaient les identités de ces individus-là.
00:48C'est l'avant-garde éclairée de Jean-Luc Mélenchon.
00:50C'est l'avant-garde éclairée de la créolisation, du mélange.
00:53Ça renvoie à des choses extrêmement primitives.
00:55C'est-à-dire, quand vous prenez l'ordre primitif de Darwin,
00:58qui dès 1871 écrit un texte extrêmement intéressant,
01:02pas seulement sur l'origine de l'homme,
01:04mais sur le fonctionnement des premières tribus,
01:06on a des tribus primitives avec des mâles dominants,
01:10avec des femelles dominées.
01:11On voit bien d'ailleurs, très peu de femmes ici.
01:13Quasiment pas même, je pense.
01:15Les rares qui étaient dans la rue ont été agressées.
01:16Donc là, c'est le machisme absolu.
01:18Il y a une journaliste de Libération qui l'a dit.
01:21Le machisme absolu, les mâles dominants, ils sont orsenus.
01:24C'est totalement primitif.
01:25Il ne fait pas une chaleur à crever,
01:27au point qu'on soit torse nu pour faire ce genre de choses.
01:30C'est-à-dire, on se comporte en sauvage,
01:31comme les premiers hommes.
01:32Il y a des bandes, il y a des bandes rivales.
01:34Alors évidemment, à l'époque de la préhistoire,
01:36pas de tournevis, pas de marteau,
01:37pas de bête de baseball, pas de couteau,
01:39mais on se massacre comme ça.
01:41C'est le retour du primitif dans une société
01:43dans laquelle il n'y a plus de surmoi.
01:45Mais en quoi est-ce qu'ils sont instrumentalisés par Jean-Luc Mélenchon ?
01:48Ce n'est pas lui qui leur a demandé de sortir dans la rue.
01:50Non, je n'ai pas dit qu'ils sont instrumentalisés.
01:51J'ai dit que c'était le produit de ce qu'il veut,
01:55de le produit de ce que la gauche veut depuis 1983.
01:57Je ne suis pas sûre qu'ils intellectualisent, eux, beaucoup.
01:59Non, mais demandez-moi d'intellectualiser.
02:01Non, non, mais je pense à eux.
02:02Oui, mais j'aurais tout aussi bien pu dire
02:04que c'était le bras armé de Terranova
02:06qui, dans les années Strauss-Kahn,
02:09disait qu'il fallait abandonner le peuple à Marine Le Pen
02:11ou à la famille Le Pen
02:12et qu'il fallait tabler sur, justement, ce peuple créolisé.
02:16Donc, Marx pensait qu'il y avait une avant-garde
02:18éclairée du prolétariat pour faire la révolution.
02:20Mélenchon et les tenants de la créolisation
02:22pensent qu'on a besoin de ces gens qui font le désordre.
02:24Il faut les laisser faire.
02:25D'ailleurs, on a vu Antoine Léaumont nous disant
02:27« Vous avez vu le bazar de... »
02:28Une députée française soumise, oui.
02:30Oui, c'est ça, qui lui dit
02:31« Regardez le bazar, là, c'est Retailleau. »
02:32C'est de la faute de Retailleau.
02:33C'est Retailleau.
02:33C'est ça.
02:34Des gens qui nous disent, finalement,
02:36« On ne va sûrement pas accabler les gens qui font le bazar. »
02:39Mais accablons le ministre de l'Intérieur
02:40qui est responsable de ce qui, finalement,
02:42fait la joie de la France insoumise.
02:44Pas de critique.
02:45Et puis après, tous les gens qui,
02:46dans la gauche de la magistrature,
02:48se viennent nous expliquer
02:48que ce n'est pas grand-chose,
02:50ce n'est pas très grave.
02:51Je crois que c'est le procureur de Paris
02:52qui nous dit « Il faut contextualiser tout ça.
02:54S'ils n'ont rien fait précédemment,
02:55on ne va tout de même pas les punir.
02:56On va attendre qu'ils l'aient fait 15 fois.
02:58Quand ils l'auront fait 15 fois,
02:59on ne les punira pas forcément.
03:00On leur demandera de... »
03:01Donc c'est le symptôme d'une guerre civile.
03:03Et c'est le symptôme de ce qui se passait.
03:06Ça rappelle quand même étrangement
03:07ce qui se passait avant la Révolution française.
03:09Et pendant la Révolution française,
03:10ce sont les sans-culottes d'aujourd'hui.
03:12Ceux qui portaient...
03:12Parce que l'aristocratie portait culottes.
03:16Et aujourd'hui...
03:17Et eux portaient des pantalons.
03:18Donc ces fameux sans-culottes
03:19faisaient référence à la violence,
03:21voulaient la violence,
03:22célébraient la violence,
03:23estimer que la violence
03:24était la coucheuse de l'histoire.
03:26C'est la grande théorie de Marx aussi
03:27qui nous dit
03:27« Si nous voulons faire des révolutions,
03:29faisons-les avec de la violence. »
03:31Donc la violence fait le jeu
03:32de tous ces gens
03:33qui veulent de la révolution.
03:34Voilà pourquoi je parle de Mélenchon.
03:35Mais Mélenchon, il est emblématique
03:36d'une certaine manière.
03:37Ce n'est même pas le Jean-Luc
03:38auquel je songe.
03:40C'est l'homme politique
03:41qui instrumentalise tout ça
03:42et qui sait très bien ce qu'il fait.
03:43Michel Onfray.