Elle est la plus jeune alpiniste à l'avoir fait : Constance Schaerer, 26 ans, a gravi l'Everest.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Thomas Sotto du 06 juin 2025.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Thomas Sotto du 06 juin 2025.
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00:00L'invité du 9-10
00:01Elle n'a que 26 ans et est devenue, il y a quelques jours, la plus jeune française à atteindre le sommet de l'Everest.
00:07Bonjour Constance Scherrer.
00:08Bonjour.
00:09Et merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur RTL.
00:12Bienvenue, oui.
00:13Merci.
00:13C'était le 19 mai dernier, à 6h10, et si vous avez réalisé cet exploit sur lequel on va revenir,
00:20c'est pour votre papa, décédé d'un cancer du pancréas, vous aviez 9 ans.
00:24Expliquez-nous le lien entre sa disparition et cet exploit.
00:27Effectivement, j'ai perdu mon papa à 9 ans d'un cancer du pancréas après 4 ans de combat.
00:36Et il y a, en 2021, en mai 2021, j'ai retrouvé une lettre dans laquelle il expliquait qu'il souhaitait que ses cendres soient dispersées sur les 7 sommets.
00:45Donc c'était pour sa cérémonie d'enterrement.
00:48Et c'est comme ça que tout a commencé.
00:51Vous n'aviez aucun rapport particulier avec la montagne, avec l'alpinisme, avec l'escalade ?
00:56Alors, l'alpinisme, non. Mais la montagne, oui, parce qu'il m'avait mis sur des skis à 2 ans et demi.
01:01J'étais rentrée en club à 6 ans et j'étais en circuit Coupe d'Europe.
01:04Enfin, j'étais en haut niveau à ski pendant 10 ans.
01:08Vous avez mis combien de temps pour arriver tout là-haut ?
01:10C'est combien, les vrais, c'est 8 8 849 ?
01:148 849. Combien de temps vous avez mis ?
01:16Pour arriver au sommet, 39 jours.
01:18Wow.
01:1839 jours ?
01:20Oui, c'était long.
01:21C'était long, 39 jours d'épreuve, racontez-nous.
01:24Alors, pas tous les jours d'épreuve, mais les 5 derniers jours, c'était vraiment une épreuve.
01:29On était très fatiguées et j'avais hâte qu'on finisse par atteindre le sommet.
01:35On va écouter justement un petit extrait.
01:37Vous êtes presque au bout.
01:39Et à ce moment-là, regardez, écoutez.
01:41Il part pour le sommet.
01:43Tente-toi à être avec moi.
01:45Tente-toi à être avec moi.
01:48Je suis là.
01:51On va vraiment avoir besoin de tourner dedans.
01:54On va vraiment avoir besoin de tourner dedans.
01:58Les émotions, les ressentis sont décuplés.
02:01C'est quoi ? C'est la fatigue ? C'est l'altitude ?
02:03C'est le fait de toucher au but ?
02:05Alors, c'est le fait de toucher au but.
02:08C'est aussi qu'on a vu et on a malheureusement eu des mauvaises nouvelles en arrivant au camp 4.
02:14Donc, on a aussi réalisé les dangers qu'on prenait en tentant cette dernière partie d'ascension.
02:23Puisqu'il y avait une personne qui est morte dans notre équipe et on l'a appris quelques heures avant d'arriver au camp 4.
02:32Et il y avait une autre personne qu'on a vue qui était décédée sur le chemin.
02:36Vous avez croisé les corps dans ces cas-là ?
02:40Vous n'aviez pas mesuré ça ?
02:43En fait, tant que tu ne le vois pas et que tu ne le vis pas vraiment, tu ne peux pas te rendre compte de ce que c'est.
02:56Et surtout quelqu'un de notre équipe.
02:58C'était vraiment dur.
02:59Et entre le camp 4 et le sommet, quand vous y arrivez, il y a combien de temps il reste à peu près ?
03:04Nous, on a mis 7h40.
03:06Donc, on a été vraiment très rapide.
03:07On a doublé beaucoup de monde.
03:08On est arrivé dans les 30 premiers au sommet.
03:10Donc, on n'a pas eu beaucoup de plus.
03:11Vous dites une équipe, il y avait combien de personnes ?
03:14C'est toute une expédition ?
03:15Parce que nous, on imagine l'alpiniste qui parait avec son sac à dos, son piolet, ses petits crampons et qui grimpe.
03:21Mais vous êtes en groupe en fait ?
03:23Oui. Alors, moi, j'étais dans une petite agence. Il y avait une douzaine de clients. Enfin, c'était une agence locale népalaise.
03:31Et pour l'ascension de l'Everest, il y avait 5 clients. Après, pour la dernière partie, on n'est qu'en binôme avec notre Sherpa.
03:37Donc, chacun, on ne part pas tous à la même heure. Et on ne va pas tous mettre le même temps. Mais on n'attend personne. On continue de grimper.
03:46Il y a beaucoup de monde. Je me rappelle d'un film qui avait été fait où on voyait qu'il y avait beaucoup d'agences qui proposaient la prestation d'emmener les gens qui voulaient monter l'Everest le faire.
03:54Et on voyait ces scènes dans les différents camps. Énormément de monde avec des agences de clients.
04:00Est-ce qu'il y a beaucoup de monde ? Est-ce que c'est le périphérique quasiment, j'allais dire, l'Everest aujourd'hui avec énormément de prestataires qui, moyenne en finance, vous font monter l'Everest ?
04:10427 permis ont été délivrés cette année. Donc, je ne sais pas si 427 personnes, c'est énormément de monde.
04:17Mais vous, visuellement, vous avez trouvé qu'il y avait du monde et que ça vous a surpris de voir qu'il y avait autant d'activités humaines ou pas tant que ça ?
04:22Non. Honnêtement, je m'attendais même à plus de monde, que ce soit dans l'icefall où on m'avait dit, tu vas beaucoup attendre dans l'icefall.
04:29Honnêtement, j'attendais. Il y a quelques fois où sur des parties vraiment techniques où on met un peu de temps à monter, on a attendu 100 minutes.
04:38Mais ce n'était vraiment pas du tout gênant. Mais c'est surtout qu'en fait, c'était le jour avant nous où c'était la meilleure fenêtre météo.
04:48Donc là, il y a une grande partie des gens qui ont tenté l'Everest cette année. Parce qu'il n'y a que 3 jours de fenêtre météo.
04:53Donc, ça veut dire que quand on voit des photos et qu'on dit qu'il y a du surtourisme à l'Everest, c'est un jour dans l'année.
04:59D'accord.
04:59Donc, c'est vraiment...
05:01Il n'y a que 3 jours dans l'année qu'on dit de la fenêtre ?
05:02Là, c'était le 18-19-20.
05:05D'accord.
05:05Donc, tout le monde a fait l'Everest sur ces 3 jours-là.
05:09Et le reste de l'année, il n'y a personne ?
05:10Mais non.
05:11Là, l'icefall est fermé.
05:13Donc là, on ne peut plus monter l'Everest du tout.
05:16À part du côté tibétain.
05:17Ça, c'est pour l'exploit physique, la performance que vous avez faite.
05:21Mais bien sûr, dans votre ascension, il y a une dimension extrêmement personnelle, symbolique.
05:28Pour votre papa, quand vous êtes arrivée là-haut, qu'est-ce que vous avez ressenti ?
05:33Alors, on n'a pas eu de chance pour la météo.
05:35Ça faisait depuis 13 ans qu'ils n'avaient pas vécu une météo pareille.
05:39On a eu moins 40 avec des vents à 50 km heure.
05:42Donc, j'ai été frigorifiée.
05:43Donc, j'avais vraiment très, très, très, très froid.
05:46Et on n'est pas resté très longtemps.
05:48On n'a pas pu rester très longtemps au sommet, comparé à d'autres personnes qui l'avaient fait l'année précédente,
05:54et qui avaient pu rester une heure au sommet.
05:55Donc, c'était un peu frustrant.
05:57Mais, enfin, énormément d'émotions et incroyablement heureuse d'avoir pu atteindre le sommet.
06:05Mais en même temps, c'est sûr qu'on aurait beaucoup aimé avoir une meilleure météo pour profiter vraiment du moment.
06:11Pardon, ma question est peut-être naïve, mais 39 jours pour monter et pareil pour descendre ?
06:15Non, deux jours pour descendre.
06:16À deux jours ?
06:17En fait, on n'a pas dormi du tout au camp 4.
06:19D'accord.
06:20Et au camp 3, on s'est levé à 2h du matin.
06:23Donc, on part du camp 3 à 2h.
06:26Il faut que l'altitude, les camps 3 et 4, qu'on se fasse une idée ?
06:28Le camp 3, il est à 7100.
06:31Et le camp 4, il est à 7800.
06:33Alors, vous avez créé une association qui s'appelle 7 sommets contre la maladie,
06:37qui vient en aide aux enfants de parents malades.
06:39On a contacté quelques-uns de ces enfants qui ont beaucoup de questions à vous poser.
06:43Je crois que le premier, c'est Basile qui commence.
06:45Je m'appelle Basile, j'ai une question pour Constance.
06:50Est-ce que tu as eu peur de traverser les crevasses ?
06:54Les crevasses !
06:56Vous en avez eu peur, Constance ?
06:57Oui.
06:58Oui, oui.
06:59Les premières, oui.
07:01Les premières, c'est quand même très impressionnant parce qu'elles sont grandes.
07:07On a un membre de notre équipe qui est tombé dans une crevasse en plus,
07:10donc c'est encore moins rassurant.
07:13Il y a des moments où on est très fatigué, surtout au retour, quand il fait nuit,
07:18on a eu de la neige, on a eu des mauvaises météos.
07:21Donc oui, au début, j'ai eu peur.
07:23Après, j'avoue qu'il y en avait tellement, tellement, tellement à sauter que tu t'y fais.
07:28Il y avait une dernière, la toute dernière, en descendant, parce que l'icefall bouge beaucoup,
07:33on peut bouger de deux mètres.
07:34L'icefall, c'est quoi ?
07:35L'icefall, c'est la partie la plus technique de l'Everest et la plus dangereuse aussi.
07:40C'est là où il y a les échelles, c'est là où il y a beaucoup de crevasses.
07:46Question suivante ?
07:46Constance, est-ce que des fois, tu avais peur d'échouer ?
07:54Oui, d'échouer, de rater.
07:57Oui, oui, j'ai eu souvent, enfin, je suis, en fait, comme on avait raté le Denali il y a deux ans,
08:04l'ascension du Denali en Alaska, et que ça m'a bien remis les idées en place sur la montagne, etc.,
08:13j'étais, non, je n'étais pas du tout sûre d'arriver au sommet.
08:17Parce que donc, votre objectif, c'est quand même les sept sommets ?
08:19Oui, l'objectif, c'est de gravir les sept sommets.
08:21Vous en êtes où ?
08:22Là, j'en ai fait quatre.
08:24Il en reste trois ?
08:25Et il en reste trois, donc l'Antarctique, le Mont Vinson, le Poukhajaïa en Papouasie-Nouvelle-Guinée,
08:31et l'Elbrouze en Russie.
08:32Et vous avez un calendrier, déjà, ou vous savez quand est-ce que vous allez les faire ?
08:36À peu près.
08:36C'est-à-dire ?
08:37Je ne peux pas le dire encore.
08:39Mais pourquoi ?
08:39Je garde la surprise.
08:41D'accord.
08:41On suit tout ça sur vos réseaux sociaux, évidemment.
08:43Oui, sur mes réseaux sociaux.
08:45La dernière question, on va déclencher l'alerte mignonnerie avec Manon.
08:48Coucou Constance, qu'est-ce que cela te fait quand je te dis que tu es devenue mon idole ?
08:53Gros bisous, Manon.
08:55Trop chou.
08:57Ça vous émeut ?
08:58Oui.
09:00Non, mais les enfants, ils sont incroyables.
09:02Ils me donnent une force incroyable.
09:03Et je suis tellement, tellement...
09:05Enfin, je pense qu'avoir créé cette association, c'est la plus belle chose que j'ai faite de ma vie.
09:10Donc, c'est beaucoup plus fort que d'avoir grampé l'Everest.
09:13Et il y a des liens incroyables qui se créent avec eux, avec les bénévoles de l'association, tous les événements qu'on organise.
09:22Enfin, c'est vraiment...
09:23Donc, c'est une association, on le rappelle, d'aide aux enfants dont les parents sont malades ?
09:28Ou ont perdu un parent.
09:29En fait, on les accompagne, on accompagne les parents qui ont des cancers très très graves et où on sait que ça va être la fin de vie.
09:37Donc, on essaye de leur organiser encore des très beaux événements pour que les enfants aient des souvenirs avec leurs parents.
09:43Et puis après, c'est l'accompagnement d'après qui est aussi très difficile pour les enfants et pas du tout accompagné en France aujourd'hui.
09:54Et si on veut vous aider, on tape 7 sommets contre la maladie et la renvoi, évidemment, pour avoir toutes les informations.
10:01Vous avez dit qu'il faisait très très très très très froid là-haut.
10:03Vous avez vu les doigts gelés.
10:05Est-ce que vous avez des séquelles de ça ou est-ce que ça va ?
10:09Non, ça va mettre quelques mois avant que je...
10:11Quelques mois ?
10:12Oui, oui, oui.
10:13Et ça veut dire quoi concrètement là sur vos doigts ?
10:14C'est un peu comme si j'avais des fourmis dans les doigts.
10:17Ah oui ?
10:17Tout le temps ?
10:18Oui, tout le temps.
10:19Ça ne vous inquiète pas plus que ça, vous êtes tranquille.
10:21Mais j'avais déjà eu ça pour la Concagua, après c'était revenu.
10:23Ah bon, ça va alors.
10:24Et ça suppose un entraînement permanent, tout ça ?
10:27Oui, tous les jours, enfin, régulier ?
10:29Là, je prépare le marathon du Mont Blanc, donc...
10:31Oui, pourquoi pas y aller en courant ?
10:33Rien ne vous arrêtera, en tout cas pour finir et atteindre votre objectif ?
10:40Ah non, non, là, c'est...
10:41Maintenant que j'ai réussi l'Everest, là, c'est sûr que ça ne va plus m'arrêter.
10:46Et puis, il y a plein de beaux projets pour la suite.
10:48Alors, il y a la fonte de tous les glaciers.
10:50Ah, on y retourne.
10:52C'est en Suisse, là, le glacier qui s'est détaché.
10:54Oui, c'est...
10:54Il y a un village, oui.
10:55Un village, et là, c'est sur le recul des glaces qu'on voit les dégâts du dérèglement climatique.
11:01C'est sur le recul des glaces qu'on voit les dégâts du dérèglement climatique.
11:05Oui.
11:06Vous l'avez vu, par rapport à ce que vous ont dit les Sherpas, les équipes sur place,
11:10ils sentent, ils voient visuellement des choses changer dans ces sommets avec le réchauffement ?
11:16Parce que là-haut, il est relatif, le réchauffement, quand même.
11:17Pas trop, mais après, nous, on l'a vu...
11:24Après, je ne sais pas comment ça se passe les années précédentes,
11:26mais c'est sûr qu'au camp de base, entre le moment où on est arrivé en avril
11:31et le moment, enfin, un mois après, quand on est parti en mai,
11:34les paysages avaient vraiment complètement changé.
11:36Enfin, ça avait complètement fondu.
11:40Après, dans l'icefall, ou même de manière générale au-dessus,
11:45il y a quand même vraiment beaucoup, beaucoup de neige.
11:47Donc, non, il n'y a pas de...
11:49Il doit être sacrément fier, quand même, votre papa, là, non ?
11:53Je pense.
11:54En fait, c'est surtout que lui voulait faire les 7 sommets
11:57pour devenir un modèle pour toutes les personnes atteintes de cancer.
12:00Et il voulait médiatiser son projet, justement, faire des plateaux télé,
12:03écrire un livre, etc.
12:04Donc, je pense qu'il est aussi très, très fier que je...
12:07Il y aura un livre aussi ?
12:08Vous écrivez un livre ?
12:10Vous avez le droit de le dire.
12:11On a compris la réponse.
12:12Il y aura un livre, on ne sait pas quand, et on n'a pas l'heure d'en parler, c'est ça ?
12:15Bon, merci beaucoup, Constance Scherrer, d'être venue nous parler de cet exploit.
12:20Bye !