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Christophe Beaugrand et son mari victimes d'une violente tentative de home-jacking : plus violentes, plus nombreuses, ce types d'agression inquiètent de plus en plus. Regardez l'interview de Philippe Franchet, commissaire de police, chef de la brigade de répression du banditisme à la direction régionale de la police judiciaire de Versailles.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 06 juin 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto
00:05Il est 8h17, l'interview d'Amandine Bégaud au coeur de l'actualité.
00:08Hier, l'animateur Christophe Beaugrand, qu'on connaît bien ici à RTL,
00:11a été victime d'un home-jacking, autrement dit d'une agression très violente chez lui à son domicile,
00:16où il se trouvait avec son mari et leur enfant.
00:18Les agressions de ce type sont de plus en plus nombreuses,
00:20raison pour laquelle ce matin, Amandine nous avait choisi d'inviter le commissaire de police, Philippe Franchet.
00:24Il est le chef de la brigade de répression du banditisme à la direction régionale de la police judiciaire de Versailles.
00:30Bonjour et bienvenue à vous.
00:31Bonjour et merci beaucoup d'être là ce matin.
00:33On a, une fois encore, tous été extrêmement choqués par la violence des faits.
00:37Une famille réveillée en pleine nuit, le mari de Christophe Beaugrand,
00:40qui a visiblement été frappé très violemment à la tête à coup de club de golf.
00:44Est-ce que c'est le type de scénario que vous, vous avez l'habitude de voir ?
00:49Bonjour Amandine Bégaud.
00:50Tout d'abord, permettez-moi d'adresser mes pensées les plus sincères,
00:52de rétablissement à votre confrère Christophe Beaugrand, ainsi qu'à son mari.
00:56Moi, j'attache vraiment une réelle importance à ces propos,
00:58car je sais pour avoir côtoyé des victimes de hot jacking,
01:01à la fois quelques heures après les faits et ensuite quelques temps après la commission,
01:04parfois quelques mois, que le traumatisme est toujours prégnant.
01:09Et donc, clairement, j'adresse mes plus sincères rétablissements.
01:13Alors, pour savoir si c'est un phénomène qui évolue,
01:18c'est un phénomène qui est plutôt en déplacement.
01:21C'est-à-dire que le délit d'appropriation a toujours existé.
01:25Et aujourd'hui, en fait, il se déplace sur le phénomène qu'on appelle l'home jacking,
01:29qui, à différence du cambriolage simple, signifie que la victime est présente au domicile.
01:34Mais pourquoi justement ne pas agir ?
01:36Enfin, c'est peut-être une question très bête,
01:38mais c'est quand même plus facile de cambrioler quelqu'un quand il n'est pas là que quand il est là, non ?
01:43Alors, l'intérêt pour les auteurs, c'est de pouvoir s'approprier des biens qui sont portés par la victime.
01:48Par exemple, des bijoux, de la maroquinerie de luxe, ou parfois des fortes sommes en liquide.
01:53Et donc ça, ça nécessite pour eux, dans leur esprit, la présence nécessaire de la victime au domicile,
01:59puisque la victime transporte au quotidien, et ils le voient en fait sur les réseaux sociaux,
02:05une montre de luxe, des bijoux particulièrement chers.
02:11Et donc ils veulent s'en approprier.
02:12Et donc la nécessité, c'est d'avoir la présence de la victime au domicile.
02:15Le fait que ça se passe comme ça, en pleine nuit, ça c'est le scénario classique ?
02:20C'est le scénario classique, parce que globalement, une personne est à son domicile entre 21h et 6h du matin.
02:26Les auteurs jouaient également sur l'effet de surprise, sur la sidération de la victime,
02:31sur la pression qu'ils vont pouvoir exercer sur les membres de sa famille.
02:34On l'a vu avec l'affaire Bruno Guyon, par exemple.
02:36Et donc globalement, puisque la victime est dans un état de sidération,
02:40ils savent, ces auteurs, qu'ils vont pouvoir exercer toute la pression nécessaire,
02:43les violences psychologiques, les violences physiques, pour pouvoir atteindre le but.
02:47D'après les premiers éléments de l'enquête concernant l'affaire d'hier,
02:51les clubs de golf n'appartenaient pas aux couples.
02:54Ça veut dire que les malfaiteurs seraient venus avec.
02:57Des malfaiteurs, des cambrioleurs qui débarquent avec des clubs de golf, c'est étonnant ça, non ?
03:02Alors, ça peut paraître étonnant. En effet, nous, à la Berbe et Versailles,
03:06on a déjà été surpris, par exemple, par des auteurs qui, au lieu de se munir de gants
03:10pour préserver leur empreinte génétique, s'étaient munis de chaussettes,
03:15qu'ils avaient prises sur leur propre pied quelques heures avant l'effet.
03:19Alors, en fait, qu'est-ce que ça signifie ?
03:20Ça signifie tout simplement qu'on a affaire à une sorte d'amateurisme,
03:23parce que le profil de ces auteurs est très jeune, parfois 14 ans.
03:2714 ans ?
03:28Parfois 14 ans.
03:28Ils font des homejackings à 14 ans ?
03:29Exactement. Parfois, nous avons eu des affaires à la Berbe avec des auteurs de 14 ans
03:34qui ont été identifiées, qui ont reconnu les faits.
03:36Donc, enfin, c'est pas une vue de l'esprit.
03:38Et si vous voulez, ce sont des gens qui sont déjà connus des services de police et de justice
03:41pour des petits délits d'appropriation, pour des petits trafics de stupéfiants,
03:45mais qui n'ont jamais passé vraiment le cap de ce qu'on va dire,
03:48la sphère de la criminalité organisée.
03:49Or là, le homejacking, c'est clairement du délit et de la criminalité organisée.
03:53Qu'est-ce qui fait qu'il bascule comme ça ?
03:54Comment, à 14 ans, on se retrouve à commettre un homejacking ?
03:57C'est l'appât de l'argent, c'est l'appât du gain.
03:59C'est la fausse promesse d'une impunité de la justice.
04:04Et cette fausse promesse, en fait, elle est émise par le commanditaire ou le recruteur
04:07qui va les accrocher sur la situation.
04:09Ils sont recrutés par quelqu'un ?
04:10Ils sont, évidemment.
04:11C'est une organisation criminelle.
04:13Et donc, à ce titre, elle s'organise de manière pyramidale.
04:16C'est-à-dire, dans un premier temps, en haut de la pyramide, si on peut dire,
04:18on a un commanditaire qui, lui, va rentrer en contact avec un recruteur.
04:23Et ce recruteur, ensuite, sur des boucles, Telegram, des boucles Snapchat,
04:27va passer des petites annonces.
04:29Ça se passe par petites annonces sur Snapchat ou autre ?
04:32Sur Snapchat, oui.
04:33C'est pour ça que ces gens-là, en fait, qui vont au contact,
04:34ces jeunes petits délinquants, on les appelle les jobbers.
04:38Jobbers.
04:38Jobbers, voilà.
04:39Comme pour les trafics de drogue, non ?
04:40Exactement.
04:40C'est vraiment exactement le même système.
04:42Et ces gens-là, en fait, qui ont une expérience de la petite délinquance,
04:47mais qui basculent, j'ai envie de dire, en l'espace de quelques heures
04:50dans la sphère de la criminalité organisée,
04:53vont compenser le manque d'expérience par plus de violence.
04:56C'est ça qui est inquiétant et sans doute aussi déstabilisant pour vous, enquêteurs.
05:02Hier, c'était Christophe Beaugrand et sa famille.
05:04Mais par le passé, il y a eu bien d'autres cas.
05:05Vous rappelez le cas de Bruno Guillon.
05:08Bernard Tapie aussi et son épouse.
05:10Il y a eu des joueurs de foot.
05:11Est-ce que c'est de plus en plus fréquent ?
05:13Alors, c'est compliqué de dire que le phénomène est de plus en plus fréquent.
05:18Ce qui est sûr, c'est que lorsque le phénomène touche des gens
05:21qui sont exposés médiatiquement dans leur vie du quotidien,
05:24il y a une caisse de résonance qui est beaucoup plus importante.
05:26Ça touche des anonymes aussi ?
05:27Ça touche également des anonymes.
05:28Au final, qui ça va toucher ?
05:30Ça va toucher des gens qui, pour le quotidien,
05:38affichent des signes de réussite professionnelle.
05:40Et donc, ça peut supposer pour les bandits
05:43que derrière la réussite professionnelle,
05:45il y a potentiellement des gros gains à se faire
05:48s'ils devraient déclencher d'homme jacking.
05:50Donc, ça peut toucher des entrepreneurs privés.
05:53Et ça touche également la sphère publique,
05:55des acteurs, des animateurs ou des présentateurs.
05:59Comment se renseignent-ils ces malfaiteurs ?
06:01Via les réseaux sociaux aussi ?
06:02Souvent, essentiellement, via les réseaux sociaux.
06:05On pense que, globalement, 70-80% de leurs sources
06:09sont issues des réseaux sociaux en source ouverte,
06:13c'est-à-dire accessibles par tous,
06:14avec des moteurs de recherche basiques,
06:16sur des réseaux sociaux, lors de rencontres,
06:19dans des galas, des échanges sportifs,
06:22où, en fait, ils vont cibler leurs futurs objectifs
06:26par rapport aux vêtements,
06:28par rapport aux trains de vie qu'ils vont pouvoir afficher
06:31et qui supposent, derrière, d'avoir encore d'autres biens
06:35à leur domicile.
06:35Oui, souvent, d'ailleurs, fantasmés, parfois.
06:37Ils fantasment.
06:38Et souvent, même, on a des victimes qui nous disent
06:41« Mais ils sont rentrés chez moi,
06:42et tout de suite, ils m'ont demandé le coffre, le coffre, le coffre. »
06:44Alors qu'en fait, le coffre n'existe pas.
06:45Mais il y a cette espèce de légende
06:47qui consiste à dire que, chez la victime,
06:49il y a un coffre rempli d'argent liquide,
06:50alors que ce coffre n'existe pas.
06:52Bon, quel est le conseil que vous donnez ?
06:55Pas de réseaux sociaux ?
06:56On ne peut pas, en fait, demander à une personne
06:58qui a une notoriété publique
06:59d'arrêter de s'afficher sur les réseaux sociaux.
07:01Mais je pense qu'il faut faire deux sphères.
07:04La sphère publique et puis la sphère privée.
07:06Sur la sphère privée, vous pouvez brouiller, en fait,
07:09des pistes, déjà, en ne mettant jamais
07:11vos déplacements privés.
07:13Ou, si vous en mettez...
07:14Donc, quand on part en vacances,
07:15on ne le met pas à ce moment-là.
07:16On les met quand on est de retour de vacances, par exemple.
07:19Ou même...
07:19Ou on ne le met pas, d'ailleurs.
07:20Ou on ne met pas de photos.
07:21Voilà, on ne met pas de photos.
07:22Ou on peut très bien mettre des fausses photos.
07:24Je veux dire, ça n'a aucune importance, au final.
07:27Avoir un petit peu de vigilance.
07:29Et puis, on peut aussi faire de la situation préventionnelle.
07:32La prévention situationnelle.
07:33La police nationale est très forte là-dedans.
07:35Où on va proposer des caméras.
07:37La mise en place de caméras de surveillance au domicile.
07:39Ou aux abords des domiciles.
07:41Et nous-mêmes, nous pouvons prévenir parfois
07:42ce genre de phénomène.
07:45En faisant ce qu'on appelle des enquêtes
07:46sous pseudonyme sur Internet.
07:49Où là, en fait, on va se faire passer,
07:50pour des voyous, sur des boucles télégrammes,
07:52des boucles snashables,
07:53pour rentrer en contact avec les commanditaires
07:54et pour pouvoir déjouer leurs actions criminelles.
07:57Si par malheur, on s'y retrouve confrontés.
07:59Quelle est la bonne attitude à adopter ?
08:02C'est-à-dire qu'il existe une...
08:03Je pense qu'il y a plein d'auditeurs
08:04qui se disent, en entendant tout ça,
08:06qu'est-ce que je ferais si ça m'arriverait ?
08:08Qu'est-ce qu'il faut faire ?
08:09L'idée...
08:09L'idée...
08:11Alors, moi, par exemple,
08:12j'ai en tête le souvenir d'un footballeur
08:15connu qui avait fait installer
08:17des systèmes de caméras de surveillance.
08:19Les systèmes ont déclenché
08:20une alerte intrusion dans le jardin.
08:21Immédiatement, il a fait le 17.
08:23Ce qui a permis à la police secours
08:24d'intervenir très rapidement
08:25et d'interpeller trois auteurs
08:27alors qu'ils étaient à son domicile.
08:29Donc déjà, en prévention,
08:31peut-être installer un système
08:32qui va permettre de détecter l'intrusion.
08:34Première chose.
08:34Deuxième chose,
08:35si malheureusement,
08:36les victimes sont en contact
08:37de ces auteurs,
08:38laissez faire, donner.
08:40L'idée, c'est que les auteurs
08:41repartent le plus vite possible.
08:43Parce que...
08:43Et surtout, lorsqu'il y a des enfants,
08:45les enfants vont assister à une scène
08:46avec des parents
08:47qui sont en difficulté.
08:48Et là, il va y avoir
08:49une déconstruction du cocon familial.
08:51Et en termes de retentissement psychologique,
08:53c'est très compliqué, en fait,
08:54par la suite.
08:54Et vous le disiez,
08:55effectivement,
08:56les traumatismes
08:57sont souvent durables
08:59pour les parents
09:00comme pour les enfants.
09:02Donc on fait en sorte
09:03qu'ils partent le plus vite.
09:03Exactement.
09:04Merci beaucoup,
09:05Philippe Franchet,
09:06d'être venu nous voir,
09:07chef de la brigade de réprocession
09:08du banditisme
09:08à la direction régionale
09:09de la police judiciaire de Versailles.
09:11Merci.

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