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00:0034. 11h, 13h, Pascal Praud sur Europe 1. Thérèse Zargot, bonjour. Bonjour. Vous êtes sexologue. La France est le quatrième pays le plus consommateur de porno dans le monde et des sites pornographiques suspendent à partir d'aujourd'hui leur accès en France mesure prise afin de protester contre l'obligation de vérification de l'âge des utilisateurs.
00:19Selon l'Arcom, chaque mois un site porno très connu est visité par plus d'un tiers des adolescents de 12 à 17 ans. Des 12 ans en plus de la moitié des garçons se rendent chaque mois sur ces sites. 30% des mineurs.
00:33Évidemment c'est quelque chose qui vous inquiète, vous êtes venu souvent nous en parler même si j'imagine que c'est quand même très difficile d'établir les conséquences pour un gosse de 14-15 ans qui voit des films porno et même s'il a 10 ou 11 ans,
00:49ça ne doit pas être simple de mesurer les conséquences.
00:53Non mais on commence à les voir maintenant depuis le temps que cette génération qu'on appelle la génération YouPorn, celle qui a grandi avec la pornographie ultra accessible,
01:01on commence à observer les conséquences à la fois sur leur santé mentale, sur leur santé sexuelle, sur leur santé relationnelle.
01:07Non, moi j'allère te l'opinion publique depuis longtemps là-dessus.
01:09Précisément par exemple sur les sentiments.
01:11Alors sur les sentiments, c'est surtout le rapport à soi qui va être biaisé.
01:17Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ces sites, ces images pornographiques vont engendrer par exemple ce qu'on appelle nous les sexologues,
01:24les angoisses de performance, peur de ne pas réussir à faire ce que j'ai vu.
01:29Et donc ça donne des complexes et on sait bien que dès qu'on a peur et qu'on est complexé, plus rien ne fonctionne dans la sexualité.
01:34Donc il y a beaucoup de dysfonctions sexuelles, particulièrement chez les garçons, chez les hommes qui viennent de cette consommation de pornographie.
01:40On voit aussi une difficulté à aller vers l'autre et à avoir un rapport sexuel avec quelqu'un d'autre,
01:44puisque le cerveau s'est habitué à avoir du plaisir selon un certain protocole.
01:49Une tension, deux, trois clics, quelques images, une excitation, un plaisir et puis après c'est terminé.
01:55Alors que d'aller engager un rapport sexuel avec une vraie personne dans la vraie vie est plus compliqué.
02:00Les jeunes me disent madame c'est tellement plus facile de regarder un porno que d'aller draguer une fille dans la vraie vie.
02:04En plus, on rajoute l'air post-me-too, il y a quand même une inquiétude un peu d'aller vers l'autre par peur de manquer de respect.
02:11Non, non, les conséquences elles sont très importantes, c'est pour ça que c'est une très bonne nouvelle.
02:15Finalement la loi elle était très claire sur ce sujet, toute personne en dessous de 18 ans qui voit du contenu à caractère pornographique
02:20est considérée comme une victime d'une industrie qui cherche à faire du profit sur leur dos.
02:25Donc les coupables ce ne sont pas les enfants, même s'ils cochent qu'ils n'ont plus de 18 ans,
02:28c'est l'industrie qui ne les protège pas du contenu.
02:30Simplement ce que fait le gouvernement et on les en remercie, ils appliquent enfin la loi.
02:35Merci de le faire, on vous attendait.
02:37Bon, il y a des addictions pour les plus jeunes, est-ce qu'il y a des adultes qui également sont des grands consommateurs,
02:42mais est-ce qu'il y a des conséquences aussi pour les adultes ou est-ce qu'ils savent faire la différence,
02:47prendre un petit peu de distance sur ces images ?
02:49Alors, ce qu'il faut vraiment bien comprendre avec ce qui est en train de se passer,
02:52avec ces plateformes de vidéos pornographiques à la demande qui ont décidé d'arrêter de diffuser en France,
02:57en tout cas pour le moment, je ne sais pas combien de temps elles vont tenir,
03:00parce que par exemple pour Pernob qui est une grande plateforme,
03:03la France est le deuxième plus grand consommateur, donc c'est un business qu'ils perdent.
03:07Donc ils font un petit peu leur diva, leur caprice, mais je ne sais pas combien de temps ils vont tenir.
03:11Ce qu'il faut vraiment comprendre, c'est que ces plateformes ne réalisent pas eux-mêmes du contenu.
03:17Ça veut dire qu'ils diffusent du contenu et comment est-ce qu'ils génèrent du profit ?
03:21Avec le trafic qu'il y a sur leur site internet, sur leur plateforme.
03:25Autrement dit, pour gagner un maximum d'argent, il faut qu'il y ait beaucoup d'utilisateurs,
03:30qu'ils restent longtemps et qu'ils reviennent souvent,
03:32c'est-à-dire qu'ils fonctionnent sur un système d'addiction.
03:35Ce qui n'était pas le cas à l'époque du film érotique sur Canal+, le samedi soir,
03:39qui n'était pas le cas quand on avait haché le magazine, la vidéo.
03:41C'est ça qui a complètement changé, j'aimerais bien que les auditeurs comprennent.
03:44Quand on vient parler de pornographie aujourd'hui,
03:46l'industrie a changé et elle fonctionne sur un principe d'addiction pour générer du profit.
03:52Et comment faire pour que beaucoup d'utilisateurs consomment de la pornographie ?
03:57Eh bien, ils ne sont pas idiots, ils se disent que si on commence très jeunes,
04:00collégiens, lycéens, même enfants, on va habituer des consommateurs à regarder ce contenu.
04:06C'est pour ça qu'ils protestent, parce que leur business s'effondre
04:09s'il y a une interdiction des mineurs à regarder leur contenu.
04:12Et en fait, moi, tous les adultes que je vois en consultation,
04:14au début, je ne me rendais pas trop compte que ça posait problème chez les adultes,
04:18mais à force de les écouter en cabinet, parce que moi, je reçois beaucoup d'adultes
04:20qui viennent me voir parce qu'ils sont dépendants à la pornographie et qu'ils en souffrent.
04:24Mais c'est-à-dire dépendants ?
04:26Ça veut dire qu'en fait, ils en regardent régulièrement
04:28et en fait, ça ne les rend pas bien, en fait, finalement, dans cette consommation-là.
04:33Mais à partir de combien d'heures ?
04:35Vous avez des gens qui peuvent regarder 3h, 4h, 5h de porno par jour ?
04:39Oui, et puis après, bien sûr, bien sûr, bien sûr.
04:41Et après, plusieurs fois par jour, comme une habitude.
04:43En général, ce qui se passe, c'est quand le conjoint, c'est la femme qui a repéré
04:48que son compagnon regardait la pornographie et c'est elle qui lui dit
04:51« Non, mais tu as un problème avec ça ».
04:52Et en général, c'est là qu'il y a un révélateur.
04:54Mais ce que je veux dire par là, c'est que ce qui est très important,
04:57qu'il faut vraiment que tout le monde comprenne,
04:59c'est qu'aujourd'hui, le business a changé.
05:01Et donc, il faut que les enfants consomment pour s'assurer qu'adultes,
05:04ils soient des gros consommateurs.
05:05C'est exactement comme l'industrie du tabac.
05:08Si on veut que des adultes soient des gros consommateurs de cigarettes,
05:11il faut faire en sorte que des collégiens et des lycéens commencent à fumer.
05:14Plus on commence jeune, plus on assure l'addiction.
05:17C'est exactement la même chose et c'est ça qui vient être modifié aujourd'hui.
05:21Alors, ma question va peut-être vous surprendre,
05:23mais est-ce qu'il y a un aspect bénéfique à regarder un film porno ?
05:28Est-ce qu'il y a quelque chose de positif qui peut exister
05:31pour quelqu'un qui a 16, 17, 18 ans par exemple ?
05:35Alors, moi je suis sans aucune mesure par rapport à la pornographie.
05:39Je pense qu'il n'y a rien de bon dans le porno.
05:40C'est ce que j'ai fait depuis des années.
05:42Par contre, je suis hyper pro-érotisme.
05:44Et ce n'est pas la même chose.
05:45Je suis vraiment grande prédresse de l'érotisme.
05:47Je pense que l'érotisme est nécessaire à la vie sexuelle épanouie,
05:50pas la pornographie.
05:51La différence qu'on fait, c'est que l'érotisme,
05:53c'est une production artistique qui vise à éveiller le désir.
05:56Il peut y avoir des livres, il peut y avoir des vidéos,
05:57il peut y avoir des photographies.
05:58Ce n'est pas du porno soft.
06:00L'érotisme, c'est que l'intention est plutôt une visée esthétique,
06:03c'est-à-dire de montrer vraiment la richesse,
06:05la diversité, de la sexualité.
06:07La pornographie, c'est une industrie qui cherche à faire du profit.
06:10C'est un peu le McDo du sexe,
06:12là où l'érotisme, c'est le gastronome.
06:13Les deux font du burger,
06:15elles vendent des burgers, mais pas de la même façon.
06:16Et en gros, moi je trouve que le burger, c'est fantastique,
06:19mais évidemment quand c'est bien produit.
06:21McDo n'a pas eu comme intention
06:23de faire en sorte que tout le monde ait une bonne alimentation.
06:26C'est comment gagner un maximum d'argent.
06:27C'est comme ça qu'il faut penser la pornographie.
06:29Donc, ce qu'on voit aussi actuellement,
06:31c'est que beaucoup de jeunes regardent des images pornographiques
06:34parce que la nature a horreur du vide.
06:37Donc, qu'est-ce qu'on leur propose aussi
06:39pour éveiller leur sexualité,
06:41pour découvrir toutes les richesses ?
06:45Et je pense qu'en fait,
06:46l'énorme problème ces dernières années,
06:47c'est que l'industrie était tellement puissante,
06:50l'industrie pornographique,
06:51qu'elle a phagocyté l'érotisme.
06:53C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
06:54tu tapes érotisme sur Internet,
06:56tu vas tomber sur du contenu pornographique,
06:57tout est porno, quoi.
06:58Et je pense qu'on va sortir de cette culture pornographique
07:01en réhabilitant l'érotisme,
07:03et c'est ça dont on a besoin.
07:03Thérèse Argaud est avec nous,
07:05elle est sexologue,
07:06il est à 12h41,
07:07nous sommes ensemble sur Europe 1,
07:09des sites pornographiques suspendent
07:10à partir d'aujourd'hui leur accès en France,
07:12et c'est pourquoi nous en parlons ensemble.
07:14Alors, les hommes et les femmes étaient très différents
07:17il y a quelques années
07:19par rapport à l'image pornographique.
07:21Est-ce que vous diriez aujourd'hui
07:22que les jeunes filles sont devenues des hommes comme les autres ?
07:26Oui, alors, c'est sûr,
07:27et c'est très important,
07:28tous les parents qui nous écoutent
07:29ne pensaient pas que la pornographie est une affaire de garçons,
07:32les filles sont autant concernées que les garçons,
07:34dès lors qu'elles ont un smartphone
07:36ou n'importe quel écran.
07:38J'ai reçu en consultation des petites filles
07:40de 9, 10, 11, 12 ans
07:42avec le serre-tête sur la tête,
07:43le petit chemisier en liberté,
07:45et on leur a donné le bon Dieu sans confession,
07:47et qui regardaient du contenu pornographique
07:49depuis des années,
07:50et des centaines et centaines de vidéos pornographiques.
07:51Qu'est-ce qu'elles disent ?
07:52C'est terrifiant quand on voit ça.
07:55Quand vous me dites ça,
07:56moi, c'est des questions que je n'ai jamais abordées,
07:58par exemple, avec mes enfants.
07:59Ils sont où j'ai quatre filles.
08:00Parce qu'elles se trouvent,
08:00elles ont regardé quand elles avaient 9 ans, 10 ans.
08:02Elles sont grandes maintenant,
08:05mais je n'ai jamais osé, d'ailleurs,
08:07leur demander,
08:07mais qu'est-ce que tu as pensé quand tu as vu...
08:10Parce qu'à 9 ans, 10 ans,
08:11je trouve que ça doit être traumatisant.
08:12Ah, mais c'est traumatisant, c'est trop jeune.
08:14Oui, mais la première exposition aujourd'hui,
08:16elle est plutôt autour de 10 ans.
08:18Elle n'est pas autour de 16 ans.
08:18Donc là, c'est très traumatisant.
08:19C'est des bébés à 10 ans.
08:20C'est pour ça qu'on en parle.
08:21C'est pour ça que je viens de vous en parler ici.
08:23C'est pour ça qu'on combat cette industrie
08:25qui expose nos enfants.
08:26Ce n'est pas du tout la même chose quand on est adulte.
08:29Ces images, elles sont partout, Thérèse Argo.
08:30Oui, et donc l'idée, c'est que...
08:32Est-ce que tous les gosses de 10 ans,
08:34aujourd'hui, à votre avis,
08:35ont vu une image pornographique ?
08:36Alors, on dit, en fait,
08:37un enfant sur deux,
08:38à peu près à cet âge-là.
08:39Et si vous avez un enfant
08:40qui, par exemple, en CM1, CM2,
08:42vous lui parlez de pornographie,
08:43il va comprendre
08:44parce qu'il y a dans sa classe
08:45des enfants qui en ont vu.
08:46Donc, en fait,
08:47ils sont indirectement tous concernés.
08:49Au collège, de plus en plus.
08:51Et alors, au lycée,
08:51n'en parlons pas.
08:52C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
08:53la pornographie n'a plus rien de transgressif.
08:54C'est celui qui n'a jamais vu
08:55d'image pornographique
08:56qui est anormal, atypique.
08:59Non, la quasi-totalité des jeunes
09:00n'en ont vu.
09:01C'est sidérant parce que...
09:02Ce qui est sidérant,
09:05c'est que nos parents...
09:06Alors, dans ma génération,
09:07mes parents étaient nés
09:09avant la guerre, en 1935,
09:10tu grandissais sans une image.
09:12C'est-à-dire que l'image n'existait pas.
09:13Il n'y avait pas d'image,
09:14il n'y avait pas de photo du tout,
09:15mais de personne.
09:16Donc, des photos de nus,
09:18tu n'en voyais pas.
09:19Tu n'en voyais pas.
09:20Et alors, dans ma génération,
09:22la première fois que j'ai dû
09:23voir un film pornographique,
09:24déjà, j'avais 16, 17, 18 ans
09:26et je me souviens très bien,
09:28c'était dans un garage.
09:29C'était complètement par hasard.
09:31On nous avait proposé ça
09:32à Jouazur,
09:32ce n'était pas glamour,
09:33ce n'était pas quelque chose.
09:34En revanche,
09:35il y avait effectivement
09:36des films érotiques.
09:37C'était Hamilton
09:37qui faisait ces films-là
09:39dans les années 70.
09:40Hamilton,
09:40dont on a appris ensuite
09:42que c'était un violeur,
09:43il s'est suicidé d'ailleurs.
09:45Donc, il y avait quand même
09:46une sorte d'érotisme
09:48qui existait,
09:49qui était plus présent.
09:50Bon, aujourd'hui,
09:51vous dites,
09:51tout le monde a accès
09:52à ces images-là
09:52et c'est une catastrophe.
09:53Donc, il faut comprendre
09:54que ce n'est pas du tout
09:55la même chose
09:56si on a été exposé
09:58sans le vouloir à ces images,
09:59comme le sont les enfants,
10:02de changer soi-même ce contenu
10:03quand on a plus de 15 ans.
10:04Ça n'a pas les mêmes conséquences
10:06au niveau psychologique.
10:07Et aujourd'hui,
10:08cette industrie,
10:09elle laisse traîner ces images
10:10pour que des enfants
10:11aient accès,
10:11pour enclencher ce que je vous disais,
10:13le mécanisme de la récompense
10:14et donc enclencher
10:15le phénomène d'addiction.
10:17Mais, je veux dire,
10:18ce n'est pas la même chose
10:19que de vouloir avoir
10:20une curiosité sexuelle.
10:21À cet âge-là,
10:21on ne l'a pas encore.
10:22Mais est-ce que
10:22le tournage de films pornographiques,
10:27est-ce que vous pensez
10:27que ce serait une solution
10:29que ce soit interdit ?
10:31Ah non, moi, en tout cas,
10:32je ne vais pas me battre
10:33pour interdire la pornographie.
10:34Je pense qu'elle peut exister.
10:36Il faut évidemment l'encadrer.
10:39Il faut réglementer
10:40cette industrie.
10:42Là, aujourd'hui,
10:42c'est une espèce de zone
10:43de non-droit.
10:44Et on sait bien aussi
10:45que les premières victimes
10:45sont les ailleurs,
10:46les acteurs et les actrices
10:47de ces films-là
10:49qui ne sont pas bien respectés
10:50toujours.
10:51Donc, voilà.
10:51Là, c'est sûr
10:51que c'est une industrie encadrée.
10:52Mais la priorité des priorités,
10:55c'est de protéger
10:55les mineurs contre ce contenu,
10:57exactement comme on le fait
10:58pour la cigarette,
10:58l'alcool, la drogue
11:00et voilà,
11:01comme tous les produits addicts.
11:01Et que peut dire un parent
11:02à son enfant,
11:04à sa petite fille ?
11:04Moi, j'ai une fille de 12 ans.
11:05Voilà.
11:06Vous me dites que
11:06tous les enfants,
11:07peut-être,
11:08ont regardé des images
11:09pornographiques.
11:09Je pense qu'elle m'en aurait parlé.
11:11Mais quels sont les mots
11:11pour prévenir ça, justement ?
11:13Alors, c'est très important.
11:15Si vous êtes parent
11:16d'un enfant,
11:17d'un collégien
11:17ou d'un lycéen,
11:18parler de ce sujet,
11:20exactement comme vous parlez
11:21des dangers de la cigarette,
11:22de l'alcool
11:23ou de la drogue.
11:23Ce n'est pas parce qu'il s'agit
11:25de représentations sexuelles
11:27qu'il faut avoir une honte
11:27ou une gêne.
11:28C'est un phénomène de société.
11:30C'est des images qui sont présentes
11:31sur Internet
11:32et c'est de l'éducation
11:33aux écrans.
11:34Donc, n'ayez pas de honte
11:35à en parler.
11:36Il faut même le faire
11:37parce que sinon,
11:39les enfants vont rester seuls
11:40avec un sentiment
11:42de culpabilité
11:42s'ils en ont vu.
11:43En général,
11:44quasi la totalité des enfants
11:45ne vont pas chez leurs parents
11:46en disant
11:46« Papa, maman,
11:47j'ai vu des images bizarres
11:48sur mon téléphone ».
11:49Parce qu'ils se sentent coupables,
11:51ils pensent qu'ils ont fait
11:51une bêtise en voyant ces images.
11:53Il faut leur dire
11:54que si tu vois ces images,
11:55ce n'est pas normal,
11:56ce n'est pas ta faute.
11:58Aujourd'hui, en France,
11:59on n'a pas bien protégé
12:00les enfants contre ce contenu.
12:02Et sache une chose,
12:03c'est que ces images
12:04ne sont pas faites
12:04pour te faire du bien.
12:06Elles ne sont pas faites
12:06pour t'apprendre
12:07à avoir une belle vie
12:08de femme,
12:09de garçon sexuel épanoui.
12:11Elles sont faites
12:12pour gagner un maximum d'argent
12:13en faisant en sorte
12:14que tu ailles tout le temps
12:15voir ces images-là.
12:16Donc, si ça t'arrive,
12:17tu peux en parler
12:18et puis, voilà,
12:19ça ne doit pas être
12:19un sujet très beau.
12:20Il y avait Antoine
12:21qui nous attendait,
12:22mais je trouve que
12:23c'est dommage
12:24parce qu'Antoine,
12:25ça aurait été bien
12:25qu'il soit au début
12:26de notre entretien.
12:27Il a appelé un peu tard
12:28parce qu'il consomme
12:29beaucoup de films porno.
12:31Antoine, vous êtes avec nous ?
12:33Oui, bonjour.
12:34Quel âge vous avez, Antoine ?
12:37Alors, j'ai 25 ans.
12:38Bon, et quand vous dites
12:39que vous consommez beaucoup,
12:41c'est-à-dire que,
12:41par exemple,
12:42il est 12h47,
12:43vous avez déjà regardé
12:43une image pornographique
12:44depuis que vous vous êtes levé ce matin ?
12:46Non, pas depuis ce matin.
12:48Bon, donc ce n'est pas
12:48une addiction totale.
12:49Hier soir, vous avez regardé ?
12:52Oui, oui, oui.
12:53Combien de temps ?
12:53Moi, je vais plutôt le soir
12:54parce que la journée,
12:55je travaille.
12:55Combien de temps ?
12:57Bon, je pense une petite heure.
12:59Une petite heure.
12:59Mais vous en souffrez
13:01ou vous n'en souffrez pas ?
13:03Non, je pense que c'est...
13:07C'est trop petit
13:08pour dire que c'est une souffrance.
13:10Vous n'en souffrez pas.
13:11Trop petit, une heure par jour.
13:12Vous diriez que vous avez
13:13une vie sexuelle classique,
13:15si tant est qu'une vie sexuelle
13:17puisse être classique,
13:17à savoir, est-ce que vous avez
13:18une petite amie ?
13:19Est-ce que vous avez
13:19des rapports régulièrement ?
13:22Ça va, ça va.
13:25On se maintient.
13:26Et qu'est-ce que vous venez chercher ?
13:29Ben...
13:31J'en consomme beaucoup
13:36pour moi,
13:38pour en regarder,
13:39pour...
13:40Oui, mais qu'est-ce que vous venez chercher ?
13:41Alors, est-ce que c'est
13:42des bonnes questions
13:42que je pose, Thérèse Argot ?
13:44Non, c'est plutôt ma question,
13:45c'est quand est-ce que
13:46vous avez commencé ?
13:46La première fois que vous avez vu
13:47des images pornographiques,
13:48c'était à quel âge ?
13:50J'avais moins de 10 ans.
13:52Moins de 10 ans ?
13:53Moins de 10 ans la première fois ?
13:54C'est mon temps qu'il m'avait montré.
13:55Et vous avez 25 ans
13:56et que vous en consommez
13:57une heure par jour.
13:57C'est ce que j'essayais
13:58de démontrer.
13:58C'est pour ça
14:02qu'ils font la gueule,
14:04la porn-hub, etc.
14:04Parce qu'en fait,
14:05c'est leur business model.
14:07On commence tôt
14:08et comme ça,
14:08à 25 ans,
14:09on en regarde une heure par jour
14:09et eux,
14:10ils gagnent de l'argent
14:11même si vous ne le payez pas.
14:11Mais ils ne souffrent pas.
14:12Alors, s'ils ne souffrent pas,
14:13il ne va pas s'arrêter.
14:13Non, mais bien sûr
14:14qu'on ne voit pas la souffrance
14:15comme ça.
14:15Mais moi, je sais
14:16qu'il doit y avoir des conséquences
14:17dans la vie personnelle.
14:19Ce n'est pas
14:20sans aucune conséquence.
14:22C'est quoi les conséquences ?
14:24C'est quoi les conséquences ?
14:25On y pense très souvent.
14:26ça devient un sujet de vie,
14:30ça devient une importance
14:31de son manière capitale.
14:32Exactement.
14:33Comme la clope.
14:34Merci Thérèse Argot.
14:36Merci évidemment Antoine.
14:37Merci.
14:38C'était vraiment intéressant.
14:39Vous auriez dû nous appeler
14:40un peu plus tôt
14:40parce que ça,
14:41c'est vraiment passionnant
14:42de pouvoir échanger.
14:43Précisément,
14:44je disais qu'il faudrait faire
14:46des consultations avec vous.
14:47Quand vous voulez.
14:48C'est intéressant votre auditeur.
14:50C'est exactement ce qu'on va.
14:51Évidemment que c'est intéressant.
14:52On est au cœur de ça.
14:5425 ans et à 10 ans,
14:55première exposition.
14:55et puis consommateur régulier.
14:57Il est 12h49.
14:59Merci beaucoup.
15:00Merci à vous d'en parler.
15:01Vous avez cette belle veste bleue
15:03aux couleurs d'Europe 1.
15:05Vous savez quoi ?
15:06Vous allez revenir.
15:07Comme ça, vous aurez le droit.
15:08On avait dit la dernière fois
15:09qu'on ferait une consultation
15:10tous les vendredis.
15:11Mais oui,
15:12mais c'est passionnant.
15:13Parce que c'est la vie.
15:14Regardez ce qu'il disait Antoine.
15:16C'était vraiment passionnant.
15:16On le rappellera.
15:18Il est 12h49.
15:19A tout de suite.
15:19Dans un instant,
15:20le grand débrief
15:20de Laurent Tessier sur Europe 1.
15:22Sous-titrage Société Radio-Canada
15:23Sous-titrage Société Radio-Canada