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  • il y a 3 jours
Depuis une vingtaine d'année, le rappeur Médine est connu pour ses textes engagés. Il s'est imposé par sa plume percutante et sa capacité à déployer une véritable réflexion politique et sociale. Au micro de 20 Minutes, il revient dans Hit Tips sur 3 titres de sa carrière.
« Stentor », son dernier album est sorti le 16 mai 2025.

Catégorie

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Éducation
Transcription
00:00Stantor c'est un personnage mythologique, d'où l'expression avoir une voix de Stantor.
00:06Moi je lis ça une fois sur ma propre personne dans un média lyonnais je crois,
00:12qui dit « Made in, une voix de Stantor ».
00:14Tout de suite je ne connais pas le mot et ça m'interpelle,
00:18je googlis, je regarde qui est Stantor,
00:20et je me rends compte que c'est un personnage mythologique
00:23qui a la puissance vocale de 50 hommes quand il arrive sur un champ de bataille.
00:30Son cri s'élève, le coq hurle à la mort et le soleil se lève.
00:33L'aube est parfumée de soja, Sohane est vietnamienne et son père est soldat.
00:38Alors « Enfant du destin » c'est une série qui est née en 2004,
00:42je ne savais pas que j'allais en faire une aussi longue série à l'époque,
00:45je pensais faire 2-3 titres dans cette veine-là.
00:48Ce qui m'intéressait c'était d'abord le procédé stylistique,
00:51c'est que des storytelling, je suis amoureux des storytelling dans le rap français,
00:55j'en écoutais à travers les textes de Oxmo Puccino, de Akhenaton,
01:00c'était eux les maîtres du storytelling à l'époque,
01:03et c'était vraiment le style qui m'intéressait,
01:05et puis bien sûr la cause d'enfants qui subissent la violence des adultes
01:12et qui sont propulsés très rapidement dans le monde des adultes,
01:16je voulais absolument traiter ces sujets-là.
01:19Particulièrement pour la série « Enfants du destin »,
01:22il y a vraiment un travail de documentation,
01:24parce que je veux vraiment maîtriser les sujets que je traite,
01:28donc oui c'est un travail de chercheur,
01:31j'essaie de croiser des informations.
01:34Pour certains « Enfants du destin », je suis même allé sur le terrain,
01:37j'ai fait un voyage au Myanmar, en ex-Birmanie,
01:40pour documenter justement un texte qui parlait de la situation des rohindiens.
01:46Je ne suis pas Made in Russia qui censure tous les podcasts,
01:49je ne veux pas d'un président torché à la mauvaise vodka,
01:52qui empoisonne ses opposants avec des neurotoxiques,
01:55croire en faire l'image de son peuple à la chirurgie plastique.
01:58Je ne suis pas Made in USA, Made in America,
02:00ils ne sont jamais retournés sur la lune, mais deux fois en Irak,
02:04il y a eu du chemin de fées depuis que les noirs luttèrent,
02:06mais les rues les plus violentes sont celles qui portent le nom Martin Luther.
02:10On va revenir à Made in France,
02:12c'est un texte qui est critique sur les sociétés occidentales,
02:15capitalistes, aussi sur la France,
02:18vous faites des critiques, mais aussi un peu votre amour,
02:21et aussi sur l'Algérie.
02:23Est-ce que c'est ça aussi qui est difficile quand on est immigré,
02:26binational, d'avoir un pied entre,
02:29ok, j'aime mes origines, j'aime mon pays,
02:31mais aussi j'ai du mal à m'identifier à une terre.
02:36Pourquoi ?
02:37Je n'ai pas trop de problèmes à m'enraciner,
02:40moi aussi bien en France qu'en Algérie,
02:43parce que j'ai choisi ce pourquoi j'aimais ces pays respectivement.
02:48Je ne me suis pas laissé imposer un narratif,
02:51ou imposer des symboles, des valeurs,
02:55par des groupes politiques,
02:57ou par une intelligentsia qui voudrait nous voir uniquement français,
03:03mais que de cette façon-là,
03:05ou alors algériens que de cette façon-là.
03:07Est-ce que pour vous, le rap a évolué,
03:09est un peu moins engagé qu'à vos débuts,
03:12ou quand en 2022, quand vous avez sorti Made in France ?
03:15Est-ce que le rap est moins engagé aujourd'hui qu'il y a quelques années ?
03:19Oui, je pense que ce n'est pas le rap qui est moins engagé,
03:23je pense que c'est le climat de censure qui s'est accentué,
03:27qui fait qu'il y a une parole qui est verrouillée.
03:32Dès qu'un rappeur s'exprime, il est tout de suite criminalisé.
03:36Dès qu'un citoyen lambda racisé s'exprime,
03:40il est très rapidement criminalisé.
03:43On va essayer de le raccorder à des idéologies qui ne sont pas les siennes,
03:46le raccorder à trois poignées de main de quelqu'un qui est très peu fréquentable,
03:50pour ne pas entendre ce qu'il a à dire.
03:52Donc ce n'est pas le rap qui, je pense, s'est appauvri en engagement.
03:56Je crois que c'est l'époque, la société, qui s'est resserrée.
04:00Tout n'est plus vraiment permis d'être dit, d'être entendu.
04:04Tout dépend qui le dit.
04:06Nos vies des films d'horreur, quand on les regarde en gros plan,
04:09en dézoomant des films d'amour et des bromances.
04:13J'ai vu mon reflet dans leurs insignes,
04:14j'ai su que le vilain petit canard était un signe.
04:18C'est nous la France périphérique, toujours au centre du débat.
04:21On rend le pays féérique avec les centres de Demba.
04:24Quand on fait l'Aune de l'équipe, on est des fiertés nationales.
04:27Mais dans les contrôles de routine, on est des ramasseurs de bâtes.
04:30Comment ça s'est fait, cette collab avec la haine, la comédie musicale ?
04:34Est-ce qu'on peut appeler ça une comédie musicale ?
04:36Oui, ils appellent ça une comédie musicale, je crois.
04:38Ils appellent ça la haine sur scène, précisément.
04:42C'est Mathieu Kassovitz qui m'appelle un an avant que le projet ait lieu.
04:45Il me dit que j'aimerais que tu fasses le final de ce spectacle
04:50avec un morceau qui recentre politiquement, socialement,
04:55tout ce qu'a incarné le film et tout ce que veut raconter aujourd'hui
04:58la mise en scène de ce spectacle.
05:02Donc j'accepte la mission.
05:04C'est une mission très complexe, je trouve,
05:06que de finaliser un spectacle,
05:08parce qu'on brise le quatrième mur avec ce titre.
05:10Et donc je pense avoir rempli la mission avec ce texte,
05:14vu les standing ovation quasi instantanées à chaque spectacle.
05:18Je déplore le fait qu'on ait besoin encore d'avoir ce genre de texte aujourd'hui.
05:25Bien sûr que j'aimerais écrire sur tout à fait autre chose.
05:28J'aimerais écrire sur la légèreté de la vie,
05:30j'aimerais écrire sur une solidarité existante,
05:35j'aimerais écrire sur la légèreté du paysage.
05:41J'aimerais, mais malheureusement, en fait,
05:43le climat de censure, d'extrême-droitisation de la parole
05:50et la normalisation des actes islamophobes, antisémites,
05:55font que tout ça, en fait, on ne peut pas l'ignorer.
06:00Et il faut à un moment donné mettre les pieds dans le plat,
06:02les traiter, tout en essayant de voir,
06:07ou plutôt, tout en essayant de traiter ces sujets avec tendresse.
06:12C'est ça, là, le plus dur.
06:14On est dans une foire d'empoigne aujourd'hui
06:16où tout le monde se renvoie les idées des uns et des autres
06:20et personne ne s'écoute.
06:22Et du coup, peut-être qu'avec un peu plus de tendresse
06:26dans la façon de délivrer les choses,
06:28on arriverait à être plus intelligibles.
06:31Au cul, j'ai le même, au QTS, que l'Imam, Arsani, Hussein.
06:34Cassé, je viens comme Marie de Madeleine.
06:36J'aime la France, même au mariage, pas de l'aile.
06:37Maria ne veut plus que je sois son alem.
06:39Ce sera ma première dame quand je serai le maire.

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