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  • 04/06/2025
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, le 4 juin 2025 sur franceinfo.

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Transcription
00:00Je voudrais qu'on revienne quand même sur la question du maintien de l'ordre parce qu'il y a quelque chose qui m'a intrigué dans ce que vous disiez tout à l'heure, vous disiez qu'il y a une part de responsabilité de Bruno Retailleau si je vous ai bien compris, on va faire de la politique fiction, Famille Roussel, si vous aviez été Place Beauvau samedi soir, qu'est-ce que vous auriez fait différemment pour que ces incidents ne se produisent pas ?
00:17Eh bien j'aurais mobilisé beaucoup plus de moyens, de moyens de sécurité, pas seulement à Paris, pas seulement sur les Champs-Elysées mais dans beaucoup de villes de provinces où il y a eu des dégradations et j'ai lu des commentaires de maires qui ont été surpris qu'il n'y ait pas de cartes de CRS mobilisées, de moyens de police présentes et qui ont été appelés un petit peu hors accro à la dernière minute.
00:43Moi si j'étais ministre de l'Intérieur, j'aurais mis depuis longtemps en place une police de proximité, j'aurais mis en place un plan de formation et d'embauche de 60 000 policiers comme je le propose depuis la campagne des élections présidentielles parce que la sécurité en France n'est pas le tout d'en parler, il faut la mettre en œuvre et ça ne se met pas en œuvre avec des déclarations et des slogans, ça se met en œuvre avec des moyens humains et avec des hommes et des femmes formés, formés et avec une doctrine, une doctrine de maintien de l'ordre qui n'est pas celle que met en place de l'ordre.
01:13M. Retailleau, c'est-à-dire avec des moyens qui ne sont pas suffisants et donc quand il les déploie, les gars ils y vont à coups de gaz lacrymogènes et à coups de matraques.
01:22Donc tout ça était évitable.
01:23Et là ça défouraille en tous sens, y compris en gazant des personnes, des familles qui étaient là pour passer un bon moment et donc ça a contribué à gâcher la fête.
01:33Je n'en ai pas seulement M. Retailleau en responsabilité, les premiers que j'ai pointés sont les délinquants qui ont provoqué ces désormes.
01:39Mais on entend que pour vous il a une responsabilité qui assure la sécurité.
01:43Donc le dispositif de sécurité n'était pas à la hauteur selon vos mots et il y a d'autres mots qui ont été utilisés par le ministre de l'Intérieur lui-même, Bruno Retailleau.
01:51Lui il a parlé de barbares, une fabrique de barbares dont les piliers de civilisation ont tous été déconstruits, respect, autorité, hiérarchie.
02:00Ces mots-là vous pourriez les utiliser contre ces gens, ces personnes qui ont été auteurs de violences ?
02:05Je vois que M. Retailleau a des mots durs à l'encontre des auteurs de ces violences.
02:13Et justement j'en ai parlé avant-hier à Alès, où je me suis rendu pour porter soutien à ces 20 personnes qui ont été agressées par un groupuscule d'extrême droite néo-nazi.
02:26Et envers qui M. Retailleau n'a eu aucun mot. Aucun mot. Aucun mot de soutien aux victimes et aucun mot à l'encontre de ces groupuscules.
02:34Et c'est là où je trouve encore une fois qu'il y a du deux poids, deux mesures.
02:37Il peut avoir des mots durs à l'encontre de l'auteur de ces violences et on peut avoir des mots durs à l'encontre de l'auteur de ces violences.
02:44Alors barbares quand même, étymologiquement barbares, étaient appelés barbares par les grecs et romains.
02:49Ceux qui ne parlaient pas leur langue, c'était l'étranger, pas civilisé.
02:53Le choix du mot-là est particulier.
02:54C'est une manière encore une fois pour M. Retailleau de faire des amalgames entre l'auteur des violences, l'origine de ces auteurs.
03:06Et à chaque fois de faire un trait d'égalité entre immigration, violence, migrants, terrorisme.
03:13On y a droit à chaque fois. Mais ça c'est un classique de sa part.
03:16Et c'est pour ça que je fais le lien avec ce qui s'est passé à Alès.
03:19Justement pendant la fériat, c'est une fête populaire où il y a un groupe d'extrême droite néo-nazis
03:26qui s'est volontairement déchaîné dans un bar populaire.
03:31Et on va parler de ce crime dans le Var où là c'est un...
03:34Oui, on en parlera, mais il y a beaucoup de sujets dans l'actualité.
03:38Un coiffeur tunisien qui a été lâchement tué de cinq balles.
03:41Il y a une parole raciste décomplexée qui se déchaîne dans notre pays, y compris par des responsables politiques, par des médias,
03:51et qui fait que des groupes néo-nazis se sentent tout permis et que des personnes racistes se sentent autorisées de prendre leur fusil.
03:57Alors sur ce sujet, il faut être précis parce qu'on vous dit et de tirer.
04:00Vous dénoncez des paroles politiques.
04:03À qui ? À quoi ? Faites-vous précisément référence dans le cas de la mort de cet homme dans le Var ?
04:08Je vais vous citer le ministre de l'Intérieur qui porte une responsabilité, lui, dans le climat qui existe dans notre pays.
04:16L'immigration n'est pas une chance, abat le voile, a-t-il crié à la fin d'un meeting.
04:21Une société multiculturelle comporte des risques, non à la submersion migratoire.
04:27En fait, il ne fait jamais de différence, lui, entre l'immigration illégale et l'immigration légale.
04:33Il tient les mêmes propos, les mêmes paroles que l'extrême droite, que le Rassemblement national.
04:38Et toutes ces paroles-là, toutes ces paroles-là sèment dans notre pays un climat de racisme, de haine de l'étranger,
04:49qui conduit, qui conduit fatalement, fatalement à ce qu'un jeune Malien soit tué de 40 coups de couteau à la grand combe.
04:59Que ce soit ce coiffeur tunisien qui se prend 5 balles par un homme,
05:04qui, entre deux tracts du RN, écrivait sur son post Facebook « Sortez vos fusils et tirez dans le tas ».
05:11Enfin, est-ce qu'on peut mesurer ? Vous savez, quand je suis allé à l'Est, il y a une dame.
05:16Il y a une dame qui m'a pris le bras, qui m'a reconnu et qui m'a dit « Monsieur Roussel, on a peur ».
05:21La dame portait le voile, elle rentrait chez elle, elle m'a dit « On a peur, on a peur de vivre en France ».
05:27C'est la première fois que j'ai des personnes comme ça qui m'interpellent et qui m'arrêtent
05:31en me parlant de ce climat de haine qu'ils ressentent pour eux, dans leur chair et pour leurs enfants.
05:37Est-ce qu'on va prendre conscience de ce climat ?

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