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  • 03/06/2025
Le policier auteur du tir qui a tué le jeune Nahel le 27 juin 2023 à Nanterre sera jugé pour meurtre aux assises, ont annoncé mardi 3 juin 2025 le procureur et le président du tribunal de cette ville, épicentre d'une semaine d'émeutes à la suite de ces faits.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 03 juin 2025.

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Transcription
00:01RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfian.
00:03Bonsoir Franck Berton.
00:05Bonsoir Yves Calvi.
00:06Vous êtes l'avocat de la mère de Naël.
00:07Ce jeune homme de 17 ans a été tué lors d'un contrôle de police fin juin 2023.
00:12Une balle tirée à bout portant par un policier.
00:14Nous avons appris aujourd'hui que cet homme sera jugé pour meurtre.
00:18Comment la mère de Naël, votre cliente, a-t-elle réagi ?
00:21Écoutez, elle est soulagée.
00:23Elle n'a jamais désespéré de la justice,
00:25même si au départ vous savez que ce dossier partait sur un mensonge.
00:30Et que s'il n'y avait pas eu la vidéo qui avait été diffusée du tir,
00:36on ne serait peut-être pas là aujourd'hui.
00:38Mais elle est soulagée parce qu'en réalité c'est une application stricte de la loi pénale
00:42par deux juges d'instruction qui rendent aujourd'hui cette décision.
00:45Ce qu'on appelle une décision conforme aux réquisitions du procureur de la République.
00:49Puisque le procureur de Nanterre avait dit que les faits étaient constitutifs d'un meurtre
00:54sur ce jeune adolescent de 17 ans.
00:57Donc ce procès est légitime.
00:58Et j'ajouterai même, si je vous comprends bien, nécessaire.
01:01Il est nécessaire parce que finalement, vous voyez,
01:04la justice replace tout le monde à sa juste place.
01:07C'est-à-dire qu'il y a eu une interprétation par les juges.
01:09Il va y avoir une décision de justice
01:11où véritablement on analysera les faits, la réalité des faits.
01:14L'accusé sera défendu et soutenu sûrement par sa corporation policière.
01:21Et puis la victime sera reconnue comme victime.
01:23C'est ça où surtout la maman de Naël attend.
01:27C'est qu'elle retrouve sa juste place de famille et de victime dans ce qui est une violence policière.
01:33caractérisée, vous savez, quand vous tirez à bout portant avec une arme à feu dans le thorax d'un jeune,
01:42vous savez que vous allez le tuer.
01:44Il n'y a pas d'autre solution.
01:45Ce n'est pas possible autrement.
01:46Et c'est ce que la loi qualifie de meurtre.
01:48Si ce n'est que les policiers parlent de légitime défense face à une victime qui avait refusé d'obtempérer.
01:53Alors, le système de défense des policiers, et souvent en la matière, c'est la légitime défense.
01:58C'est de venir dire on a peur pour nous ou on a peur pour les autres.
02:02Donc on a tiré, donc on a fait feu.
02:04En réalité, il y a un certain nombre d'expertises qui ont été rendues dans ce dossier
02:07qui viennent contredire cette version et surtout balayer cette notion de légitime défense
02:13en venant dire que non seulement il n'y avait aucun risque pour eux,
02:16et surtout aucun risque pour des tiers.
02:18Et plusieurs experts sont venus dans le cadre de l'instruction,
02:21tant au moment de la reconstitution qu'au moment de l'instruction elle-même,
02:25venir contredire et balayer cette notion de légitime défense.
02:28Ce qui du reste a conduit les juges à retenir non seulement l'intention au missile,
02:32mais l'absence de légitime défense, ce qui était soulevé par les policiers.
02:35Alors, lors du réquisitoire, les syndicats de police parlaient d'un signal désastreux pour la profession.
02:39Vous l'interprétez justement comme, non pas comme quelque chose de factuel,
02:44mais finalement juste un désir de défense de l'activité des policières ?
02:49Écoutez, vous savez, moi je ne suis pas, et la maman de Naël n'est pas non plus dans un combat politique,
02:54de venir dire que, voilà, il faut coûte que coûte s'élever contre la police, les contrôles, etc.
03:01C'est pas ça.
03:02C'est que là, on a une situation de fait à juger.
03:05Lorsqu'un policier n'est pas en danger, il ne l'était pas, ni pour lui, ni pour les autres,
03:09et fait feu à bout portant, je le dis, sur un gamin de 17 ans,
03:14qui est dans une position, il dit, c'est l'ordonnance de renvoi devant la cour d'assises,
03:17qui dit que, non seulement la direction du tir, la distance entre l'arme et le corps,
03:21l'absence de visibilité et la zone vitale touchée,
03:24fait que ces faits sont caractéristiques d'un meurtre.
03:27Alors, oui, je veux dire, c'est un cas particulier,
03:30et j'ai envie de dire, il faut l'espérer que c'est un cas particulier,
03:32et que, fort heureusement, on ne trouve pas ça tous les jours.
03:36Et c'est à souhaiter, vous voyez, mais que, en effet, dans une situation comme celle-ci,
03:40une cour d'assises se réunisse pour juger de faits graves
03:43qui ont conduit à la mort d'un jeune homme,
03:44je trouve ça légitime dans notre système démocratique
03:47et dans la justice du XXIe siècle.
03:50Alors, justement, parlons de la justice du XXIe siècle, Franck Berton.
03:53Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, souhaite la suppression du sursis pour, je cite,
03:59« toute agression envers un représentant de l'État, par exemple, trois mois de prison ferme,
04:02réellement exécuté, minimum, ou encore une amende très élevée pour toute destruction. »
04:08Ça vous paraît utile ?
04:09Moi, je ne veux pas, surtout après le drame qui est arrivé à Naël,
04:16rebondir sur, vous savez, des annonces politiques qui consistent à dire,
04:20on mélange à la fois l'atteinte au bien, l'atteinte aux personnes,
04:24on va rétablir les peines planchées,
04:26sans finalement regarder ce qui se passe dans la réalité d'un dossier,
04:30la réalité d'une interpellation.
04:32Si tel était le cas dans la plupart des dossiers,
04:34il n'y aurait plus d'individualisation de la peine,
04:36il n'y aurait plus d'individualisation, finalement,
04:39des dossiers tels qu'ils peuvent être regardés par les juges.
04:42Vous savez, le regard du juge, il est essentiel.
04:45Et si on le prive, on le prive la justice de ce regard du juge,
04:48et qu'on considère qu'on a une sorte d'automaticité des peines,
04:51eh bien, on a une justice qui devient automatique et finalement inhumaine.
04:54Si ce n'est, Maître Berton, que ces déclarations sont consécutives au débordement,
04:57après le sacre du PSG en Ligue des champions,
05:00cet après-midi, le Premier ministre François Véroux en rajoute une couche
05:03et plaide pour des peines minimales face à l'exaspération.
05:05J'ai bien dit l'exaspération des Français.
05:07On peut changer la loi face à des délinquants qui ne semblent plus avoir peur de la justice, non ?
05:12Oui, on peut changer la loi, on peut déposer...
05:14C'est le but du Parlement, de déposer des projets de loi, des propositions de loi.
05:19Elles sont débattues à l'Assemblée nationale puis au Sénat.
05:22Mais vous savez ce qui me gêne, en réalité, c'est les annonces qui sont faites
05:26de manière répétitive, quotidienne et journalière,
05:29où on rebondit à chaque fois sur des faits divers pour dire
05:32« Je vais vous créer une nouvelle loi, il va y avoir de nouvelles sanctions, etc. »
05:36Travaillons tranquillement, je pense que j'ai envie d'inviter les députés et les sénateurs à faire ça,
05:39travailler tranquillement pour enfin peut-être modifier la loi,
05:42modifier les sanctions si besoin en été, mais en tout état de cause,
05:46en dehors de toute annonce finalement qui dépend des faits divers et de la réalité quotidienne.
05:52Si on ne parle pas de la réalité quotidienne, j'allais vous dire quand justement il y a des drames,
05:57quand va-t-on en débattre pour les Français et avec les Français ?
06:01Les condamnations ne sont plus à la hauteur de la violence que connaît notre pays, selon le garde des Sceaux.
06:05Il a raison ou c'est de l'opportunisme politique selon vous ?
06:08Encore une fois, moi je ne suis pas un homme politique, je suis avocat, vous voyez ?
06:12Ce n'est pas que je me désintéresse de la vie de la société.
06:14J'espère.
06:16Mais bien évidemment, soyez dans certains.
06:18Mais il y a un code pénal qui prévoit des sanctions.
06:22Si les hommes politiques veulent changer ou réformer ce code pénal,
06:26ce n'est pas la peine d'envoyer des lettres circulaires aux juges
06:29ou faire des effets d'annonce, de dire par exemple
06:32je supprimerai les peines de prison pour les délinquants en col blanc,
06:36où il y aura des minima maintenant pour les peines, etc.
06:40Les effets d'annonce ne servent à rien.
06:42Donc la loi sert.
06:43La loi est appliquée dans les tribunaux,
06:45est appliquée dans les cours d'assises,
06:46est appliquée dans les juridictions.
06:47Donc il faut réformer la loi.
06:48Gérald Darmanin propose aussi de supprimer les aménagements de peines obligatoires
06:52et de mettre en place une condamnation minimum systématique
06:54une fois la culpabilité reconnue.
06:56En gros, on va dire revenir à une justice beaucoup plus sévère.
06:59Vous comprenez que pour beaucoup de Français, ce sera ma dernière question,
07:02des aménagements de peines obligatoires sont choquants ou perturbants ?
07:05Vous savez, l'aménagement de peines, ça peut paraître choquant ou perturbant,
07:09mais le principe de l'aménagement, c'est la réinsertion.
07:12Si vous n'avez pas dans l'exécution d'une peine,
07:15pour un délinquant, pour un condamné,
07:17cette notion, cette perspective finalement de réinsertion,
07:21il va continuer.
07:23Et donc l'un ne va pas sans l'autre.
07:25On ne peut pas condamner et punir
07:27sans envisager un aménagement de peines et une réinsertion.
07:30L'un ne va pas sans l'autre.
07:31C'est ça, c'est une réalité finalement
07:33qui est aussi vieille que Beccaria
07:34qui avait fait son traité sur les peines
07:37et qui expliquait en réalité le sens de la peine,
07:40le sens de la punition
07:41et surtout le sens de la réinsertion.
07:42Merci infiniment, Franck Berton.
07:44Vous êtes l'avocate de la mère de Naël.
07:45Le jeune homme de 17 ans a été tué
07:47lors d'un contrôle de police fin juin 2023.
07:50Et nous avons donc appris aujourd'hui
07:51que cet homme, le policier, sera jugé pour meurtre.
07:54Dans un instant, le journal de 18h30
07:57avec Agnès Bonfillon.
07:58Puis nous demanderons au professeur Benjamin Bess
08:00les dernières avancées dans la recherche
08:02contre le cancer, vaccins, immunothérapie.
08:05Certaines annonces sont visiblement très prometteuses.
08:07Rendez-vous donc à 18h40
08:10avec le professeur Bess.
08:12Agnès Bonfillon et Yves Calvi
08:14RTL

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